Jour 3
Le soleil joue sur les vagues, la lumière a chassé la nuit et avec elle, les mauvais rêves.
Au petit-déjeuner, elle décide d'en parler. Pas à son compagnon, mais à son amie, qui saura la comprendre. Elle lui explique le cliquetis, les portes, le drap et le cri.
Son amie lui confirme. Le cri ne provient pas de sa chambre. Son fils invalide sa théorie. Il ne s'est pas levé et n'a rien entendu. Elle comprend qu'elle n'aura pas d'explication. Mais il fait beau, la plage les attend, on y repensera une autre fois.
Quand la nuit revient, toute cette aventure lui est sortie de la tête et elle dort d'un sommeil de plomb, épuisée de sa journée et de sa nuit écourtée.
Le soleil revient mais au petit-déjeuner, son amie semble secouée. Sa nuit à elle a été mouvementée.
Elle a entendu le cliquetis dans un demi-sommeil, mais ce qui l'a réveillé, c'est la caresse sur son épaule. Lorsqu'elle a ouvert les yeux, son compagnon lui tournait le dos, endormi.
Les hommes captent la conversation, se moquent gentiment d'elles, attribuent les phénomènes à leur imagination débordante. Ils espèrent probablement les rassurer, mais elle sait ce qu'elle a ressenti, entendu. Elle n'en parlera plus.
La journée passe, chaude et lumineuse, mais à mesure que le soleil s'approche de l'horizon, l'angoisse la saisit. Elle n'en fait rien paraître, mais elle ne peut chasser ce nœud dans son estomac, comme un poids qui l'oppresse. Elle redoute l'heure où les lumières s'éteindront sur la demeure et où elle se retrouvera seule face à sa peur.
Pour cette nouvelle nuit, elle décide d'un plan. Plus de drap et plus de son. La voilà allongée sur son lit, toute habillée, casque sur les oreilles. Elle bénit le ciel ne n'avoir rien vu les nuits précédentes, car elle n'arrive pas à trouver le sommeil et ses yeux ne peuvent rester clos bien longtemps. Elle tourne sans fin dans son lit, incapable de s'endormir plus de quelques minutes à cause de la musique qu'elle a mise en bruit de fond mais tout aussi incapable de la débrancher, trop effrayée d'avoir à réentendre les bruits inexpliqués que la maison s'obstine à produire.
Elle voit avec soulagement l'aube se lever sur cette longue nuit, partagée entre le soulagement de n'avoir rien perçu mais percluse de fatigue à la suite à cette nuit sans sommeil.
Il ne leur reste plus qu'une nuit avant le grand départ et si l'angoisse ne la quitte pas de la soirée, l'épuisement a raison d'elle et la laisse inconsciente, à la minute où sa tête touche l'oreiller.
Elle, si contente au départ de ces vacances où le dépaysement devait rivaliser avec la détente, se retrouve impatiente de finir ses valises et de repartir au plus vite, pour ne plus avoir à ressentir cette peur qui l'aura saisie chaque nuit.
Elle hésite à en parler aux propriétaires qui viennent les aider à tout ranger. Comment dit-on fantôme dans leur langue natale ? Elle ne le mentionnera pas, ne souhaitant pas ajouter un nouveau degré de réalité à son expérience.
Et maintenant que la maison s'éloigne dans son dos, elle revient sur son expérience. Son compagnon la raille en mettant ses perceptions sur le compte des émissions dont elle se délecte. Elle fulmine intérieurement, parce qu'il ne la croit pas, il ne lui fait pas confiance. Elle se pose mille questions et l'esprit est prompt à trouver des réponses. Et pourtant elle sait que ce qu'elle a vécu ne trouvera pas d'explication rationnelle.
Les voitures s'éloignent sur le chemin escarpé, reviennent à la civilisation. Ils ont fermé les volets de la maison, la rendant à l'obscurité et au silence qui l'habite. Mais elle en est persuadé, le silence se brisera de nouveau, une nuit prochaine. Y aura-t-il quelqu'un à ce moment-là pour en témoigner ?
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