Chapitre 9 : Récit de Perséphone

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"Comme tu l'as compris je n'ai pas passé deux cents ans à parcourir le monde après l'extinction de l'Ancienne Humanité. Je… Enfin… Après la mort de Rachel, et avec elle de plus de quatre-vingt-dix pourcent de l'humanité, j'ai cru que j'allais me détruire complétement. Il faut comprendre que le monde a cette époque-là était devenue une véritable ruine. Rien à voir avec ton monde Homère. Vous avez l'impression d'être miséreux par rapport à l'Ancienne Humanité mais si tu avais vu comme moi ce qu'était devenu leur survivant… Vous êtes bien plus civilisés qu'eux et sans comparaison."

"Comment ils se sont éteints? Hé bien à dire vrai… Je n'en sais rien. Ça a pris quelques mois à peine. Une étrange maladie qui touchait presque tout le monde. Le corps des humains connaissaient une sorte de dégénérescence, je ne trouve vraiment pas d'autres mots plus appropriés. Ça a touché massivement les pays industrialisés mais par les journaux télévisés on a su que ça avait fini par toucher les pays du sud. Il faut que tu comprennes que c'était le chaos! Tout le monde était touché : aucunes distinctions de sexes, de richesses, de santé, de couleur de peaux. Cette étrange maladie se foutait pas mal de savoir si l'on était bien portant ou malade. J'ai vu le voisin de Rachel, un vieil homme riche touché par un cancer du poumon qui avait fini par laisser tomber sa chimiothérapie, survivre à mon amie. Il n'a malheureusement pas survécu aux pillards."

"Je me demande ce qui a fait le plus de mal à l'humanité : cette mystérieuse maladie ou le nihilisme qui s'était emparé des survivants? Je pourrais honnêtement pas te le dire. Mais en tout cas, toute la civilisation de l'Ancienne Humanité reposait sur le fait que chacun accomplisse son travail. Du jour au lendemain, les gens mourraient ou désertaient leur travail se disant que s'ils allaient mourir à quoi server de se lever pour accomplir un travail stupide à remplir des cases sur un tableur, pour les moins malchanceux d'entre eux? Mais voilà toutes les strates de la population pensèrent ainsi et rapidement les survivants restant se sont retrouvés sans rien, sans nourriture, sans eau ni électricité. L'Ancienne Humanité était très spécialisée. La plupart des gens ignoraient comment assurer leur propre subsistance sans l'ordre collectif, sans échanges marchands. Personne ne savait comment travailler la terre, purifier de l'eau ou prévoir des stocks pour l'hiver. Et quand les denrées alimentaires vinrent à manquer lorsque que les frigos ne fonctionnèrent plus, les premiers pillards sont apparus."

"Je… je ne voulais pas assister à ça. S'il y a bien une chose que j'ai hérité de Monique Borro et que je conserve toujours en moi aujourd'hui en moi, c'est son empathie. J'avais vu les hommes capables de s'élever et cette fois-ci face à l'adversité ils se massacraient. Une fois j'en ai chopé un en train de vouloir violer une gamine à peine pubère. Avant que je lui enfonce mes doigts dans sa trachée il m'a parlé de survie du plus fort, de la loi de la jungle et de loups qui bouffent l'agneau… Les hommes de ton espèce ont trop souvent surestimés leurs forces physiques pour écraser les faibles. Face à n'importe quel autre animal, l'être humain est d'une faiblesse effarante. La clef de la survie de votre espèce n'a jamais résidé dans la force brute mais bien dans votre force sociale, votre intelligence. Mais ton Ancienne Humanité semblait incapable de faire preuve d'autant d'intelligence et d'esprit pratique que les hommes du néolithiques. Pourtant ils disposaient encore d'outils que leurs et tes lointains ancêtres ne disposaient pas."

"Partout où j'allais je ne voyais que scène de massacres, de violences, de destructions. C'est drôle de penser comme ça mais la plupart des dégâts qu'il y a eu dans vos cités ont été causés par vous. Le temps n'est venu qu'éroder le reste tout doucement. J'ai vu tellement d'incendies, entendus de cris et de pleurs. J'en avais assez, j'étais épuisée. Je n'étais pas en vie pour contempler ça. Je voulais mettre fin à mes jours plutôt que d'assister au suicide programmé de ton espèce."

"Mais j'étais incapable de mettre ma fin à exécution. J'avais trouvé un pistolet chargé. Il m'aurait suffi de poser le canon sur ma tempe et une balle aurait réduit en bouillie mon cerveau synthétique trop rapidement pour que je ne puisse m'en rendre compte. Ça aurait été simple comme tout. Mais j'avais beau posé l'arme sur ma tempe droite, ma main refusait d'appuyer sur la gâchette. Ce n'était pas une quelconque protection dans ma programmation. Tous les pare-feu avaient sauté grâce à the Majestic, Rainbow et toute leur équipe. Non c'était bien plus profond que ça. Ça venait de quelque chose au fond de moi. L'espoir de voir un nouveau monde renaître de ces cendres fumantes."

"Alors je me suis rendue au seul endroit où résidait pour moi un espoir de voir un meilleur avenir : l'ancienne demeure de Rachel. La maison était là, petite bâtisse construite dans le style du beau siècle, le dix-neuvième, celui du patron de ta mère. Elle attendait avec toutes ses petites courbes fleuries en fer forgés et son jardin redevenue foisonnant sans personne pour le contraindre. La porte avait été fracturé, bien entendu, mais je ressentis un certain soulagement en me rendant compte qu'elle avait eu à faire à des pillards respectueux. Ils ne s'étaient souciés que de ce qui avait réellement de la valeur dans ce temps-là : des vivres. Les placards avaient été méthodiquement vidés et quelques livres avaient disparues des étagères, ce qui aurait fait surement plaisir à Rachel quand j'y songe. Mais les pillards n'avaient rien détruit pour détruire et à part cela tout était en plutôt bonne état si l'on exceptait la poussière."

"Tiens ça me fait songer. Je te l'ai jamais montré n'est-ce pas? Elle est là dans la poche de ma veste. Attends je vais la retrouver."

"Oui c'est une photo d'elle! Rachel…"

"C'est la seule chose que j'ai pu garder d'elle. Je sais bien que le cliché est abîmé mais c'est déjà pas mal non? Je l'ai trouvé dans un de ses vieux albums photos. Elle est plus jeune que quand je l'ai connu mais je n'ai pas m'empêcher de prendre celle-ci… Elle a l'air tellement heureuse dessus. C'est comme ça que je veux me souvenir d'elle."

"Donc une fois dans la maison je me suis rendue dans la cave. Il y restait plein d'ustensiles de robotiques et notamment une cuve de transport. Je me suis installée dans ce cercueil blanc et je me suis plongée dans l'état de veille le plus long que je n'ai jamais connu. Je me disais que comme dans les vieux conte mon sauveur ou ma sauveuse viendrait me réveiller et que moi aussi j'aurais le droit à mon "ils vécurent heureux et eurent pleins d'enfants". Oui bien sûr, je savais bien que la maternité ce serait jamais pour moi mais je te fais parfaitement confiance pour comprendre l'idée qu'il y a derrière cette image mon ami conteur."

"C'est pendant ce long sommeil artificiel que j'ai appris beaucoup de choses sur ma vie antérieur en tant que Monique Borro. Les choses deviennent plus claires quand on met un peu sa conscience de côté. J'ai compris ce qui l'avait poussé à me créer involontairement. C'était une jeune femme pleine d'ambitions : elle rêvait de faire médicine, de devenir oncologue. Oncologue? C'est ceux qui soignent le cancer, c'était une maladie très répandue à l'époque de l'Ancienne Humanité. Le genre de maladies qui arrivent quand on ne prend pas le temps de mourir d'autre chose avant. Mais voilà, elle avait certaines inclinations que sa famille désapprouvait… Oui elle aimait les femmes et non les hommes. Et ça posait beaucoup de problèmes à sa famille. Enfin beaucoup de problèmes… C'est surtout un bel euphémisme pour dire qu'ils avaient ça en horreur. Alors ils se sont contentés de la foutre à la porte de chez eux : elle était en troisième année de médecine, la tête pleine de rêves et d'ambitions mais elle manquait de ressources pour les réaliser. Alors quand elle est tombé sur cette annonce de la société Galatée qui offrait une belle somme d'argent contre une batterie d'analyses physiologies et psychologiques avec un scan de son cerveau intégral de son cerveau elle a sauté sur l'occasion. Le pire pour moi c'est qu'après cette journée, je ne sais plus rien d'elle. J'ignore ce qu'elle est devenue, si elle a réussi ses études, si elle a fini par épouser la femme pour qui elle a quitté sa famille, si elle a eu une longue vie heureuse ou si elle a simplement périt avec les premiers lors de la grande infection. Non, je ne sais rien de ma propre mère…"

"Mais bon, j'arrête cette digression et je reprends où j'en étais. J'ai donc dormi pendant presque deux siècles, soit deux fois plus que la belle au bois dormant. Comment ça? Ça dépend des versions? Je te jure… Vous les conteurs et votre importance des détails…"

"La première chose que j'ai vu en me réveillant ça a été le visage de Frêne. Une jeune femme d'à peine vingt-cinq ans avec de longs cheveux noirs et habillés de cuirs et de peaux de bêtes. Je te jure pendant un instant je me suis demandé si je n'avais pas en réalité remonté le temps. Il m'a fallu quelques temps pour que mon cerveau soit capable d'analyser ce qu'il se passait. La première chose que je lui aie demandé c'était comment elle avait pu réussir à me réveiller. Tu sais ce qu'elle m'a répondu? Je ne sais pas, il y avait pleins de boutons alors j'ai appuyé dessus. Et j'ai éclaté de rire. Bien entendu."

"Elle m'a aidé à retrouver un panneau solaire que j'avais laissé là et j'ai pu recharger mes batteries qui étaient dans un état assez critiques. Je n'avais pas pensé une seule seconde que mes circuits survivraient aussi longtemps. Quand je me suis allongée dans ce cercueil de verre, j'étais quasi persuadée que je ne me réveillerais jamais. Et pourtant…"

"Plusieurs de mes pièces et organes synthétiques étaient dans un piètre état. J'ai demandé à Frêne s'il était possible de m'amener en lisière de la forêt de Fontainebleau pour trouver le bordel de mon ancien propriétaire pour que je puisse me réparer. Elle semblait fasciner par moi. Elle ne comprenait alors pas tout à fait ce que j'étais. Elle m'a juste demandé si j'étais la propriétaire des lieux. Je lui répondis que non mais que j'avais été une de ses amies. Je tentai de lui expliquer ce que j'étais réellement mais des bruits violents se firent entendre à l'étage. Frêne était poursuivi pas des chevaliers de la Forteresse pour avoir attaqué une de leurs patrouilles. A l'époque la Forteresse ne cessait de mener des attaques contre les cavalières pour soumettre cette tribu de femmes qui prenaient de plus en plus de terrains et qui gagnaient chaque jour plus de membres et de force. Elle s'était cachée ici dans l'espoir qu'elle pourrait se cacher. Je remarquai alors que ses bras étaient recouverts de sang. Pas le sien me répondit-elle en pleurs. Non c'était celui de son gardien. Ils l'avaient lardé de flèches et elle n'avait rien pu faire pour le soigner. Il ne lui restait plus que son fidèle protecteur, un massif chien aux poils aussi noirs que ceux de sa cavalière et qui encadrait la porte en grognant avec de plus en plus d'intensité à mesure que les bruits se rapprochaient d'elles. Je lui promis que je l’aiderais à se sortir de ce mauvais pas si elle m'aidait pour mes pièces ensuite. Je ne peux pas changer ma batterie seule, à moins de me brancher sur une autre source d'énergie mais vu comment était habillé cette femme, je doutais que l'électricité soit aussi facile à obtenir qu'à mon époque."

"On a scellé notre pacte avec un simple oui et je suis montée à l'étage avec la plus grande discrétion. Ils étaient quatre : trois dans la demeure de Rachel et un à l'extérieur qui devait monter le gué. J'entendit l'un des trois jurer en donnant des coups de pieds dans ce qui était un meuble en bois pourri par les années d'humidité et d'abandon. L'état de la maison était devenu réellement déplorable : le toit s'était effondré sur lui-même laissant apparaître un soleil vif de printemps. L'eau s'était engouffré et avait saccagé plus méthodiquement les pièces de la maison que n'importe quel pillard. Les meubles, les livres, le papier, tout semblait avoir gonflé et pourri sous la pression de l'eau qui s'était accumulé au fil des ans. Et un petit arbre avait perforé les lattes de bois du salon pour commencer à pousser en direction du toit défoncé. L'odeur était rance et humide. Un vrai massacre…"

"Les trois chevaliers de la Forteresse n'eurent pas le temps de faire grand-chose. Je les ai surpris par derrière, dans ce qui était autrefois la cuisine et je les ai cogné aussi fort que je le pouvais. Je crois que j'ai défoncé le casque de l'un d'entre eux, je ne suis pas sure, mais en tout cas ils étaient complètement K.O. Le dernier surement alerté par le bruit de la tôle des armures de ses petits camarades et venu à leur rescousse et a moins de chance que les autres : Frêne l'a éventré avec sa lance d'un seul coup. Je… je ne dis pas que certains de mes coups n'ont jamais tué mais je n'ai jamais pu tuer avec une telle froideur que Frêne. La voie de Monique Borro est trop forte en moi. Je l'ai entendu dire quelque chose à l'oreille du chevalier agonisant et puis une fois son dernier souffle rendu, essuyer la pointe de sa lance sur son surcot."

"Elle m'a expliqué un peu plus tard pourquoi elle avait une telle haine pour les hommes de la Forteresse. C'est une histoire assez intime, je ne sais pas si je peux vraiment te la raconter en vrai. Ce serait un peu violer son intimité mais sache juste qu'elle n'a pas toujours été une cavalière. Les nobles et les chevaliers de la Forteresse ont autrefois trahis certains serments avec son peuple et lui ont finalement volé l'existence paisible à laquelle elle aurait dû avoir le droit. Je suis même assez ébahie de la voir aujourd'hui pactiser avec eux, bon c'est par nécessite je te l'accorde, mais je reste tout de même impressionnée par cette capacité qu'elle a de faire abstraction de ses propre sentiments pour faire le choix le plus logique pour ses sœurs. C'est peut-être pour ça que je trouve qu'elle fait une aussi bonne Matriarche pour les Cavalières…"

"Donc elle m'a emmené parmi les siennes et quand elle a expliqué aux autres qui j'étais, j'ai finalement compris qu'elle avait très bien cerné ce que j'étais mais qu'elle s'en foutait. Tant que je me révélais être une alliée, le reste importait peu. L'ancienne Matriarche ne partageait pas cet avis et voulut m'interdire les terres des cavalières. Mais Frêne objecta : elle avait fait un pacte d'honneur avec moi et me devait un service. Après si elle le voulait la Matriarche pourrait m'interdire les terres des sœurs cavalières, elle n'en avait rien à faire mais avant il y avait ce pacte qui nous liait. Chêne, l'ancienne Matriarche, fut surprise : comme je l'ai appris plus tard ce n'était pas les questions d'honneur qui étouffaient Frêne habituellement. Et c'est toujours un peu le cas aujourd'hui. Elle se moque de combattre avec honneur si ça cause la mort de ses sœurs au final. Le pragmatisme avant tout."

"Frêne et quelques amies à elles l'ont aidé à s'acquitter de sa dette envers moi. Il y avait Bouleau, que tu connais bien, et une autre nommée Pin ou Sapin, je ne l'ai pas retenu. Nous nous sommes rendues à la ruine qu'était devenue l'ancien établissement de mon premier et unique propriétaire. Tout le rez de chaussé et le premier étage était détruit : le premier étage s'était complétement effondré. Je vis quelques corps de mes semblables, peut-être surpris lors d'un de leur sommeil, je n'en sais rien mais ça me faisait froid dans le dos. Leurs corps était bouffé par la rouille et de la terre et des feuilles mortes commençaient à les enterrer doucement. Finalement même les androïdes finissent un jour ou l'autre par retourner à la poussière. J'ai dû enjamber je ne sais combien de ces pauvres corps ravagés avant de tomber sur le vieil accès à la cave, là où mon ancien propriétaire conservait tous les outils pour notre entretien. J'ai dû soulever quelques pierres mais j'ai fini par réussir à dégager l'entrée suivie de mes trois cavalières."

"L'endroit était relativement intacte si l'on exceptait la couche de poussière énorme qui recouvrait tout. Il n'y avait plus la moindre once de courant et son générateur était à sec. On s'est donc éclairé avec des torches avant d'avancer précautionneusement dans la cave. L'endroit était assez grand et je n'ai pas pu m'empêcher de pousser un cri de joie quand j'ai vu un autre modèle Eve-X, comme moi, dans le même genre de cercueil dans lequel j'avais passé deux cents ans à dormir. Je me suis approchée, un peu fébrile. J'étais si heureuse de me dire que je n'étais pas la seule, qu'il devait y en avoir d'autres comme moi. Mais j'ai rapidement été déçue. Elle avait beau être visiblement en très bon état, il m'était impossible de la réactiver. Rien à faire, même en me raccordant à sa batterie pour la booster un peu, aucun système ne répondait. Elle était là, allongée simplement, intacte, morte. Ça m'a effrayé. J'ai fouillé le matos que conservait mon ancien propriétaire et j'ai finalement trouvé la batterie que je cherchais. J'ai alors fais quelque chose qui me hante parfois la nuit. J'ai expliqué aux cavalières comment monter ma batterie sur le cadavre de ma semblable…"

"Heureusement pour moi l'intervention était simple : décoller ma peau synthétique de mon enveloppe corporel, soulever mon capot abdominale, déloger la batterie de son emplacement, la débrancher puis la rebrancher, et enfin me refermer. Je pouvais accomplir toutes ces étapes seule excepté me débrancher pour me rebrancher. Frêne a été parfaite, je me suis éveillée quelques secondes après avec cette nouvelle batterie et ma force retrouvée."

"Frêne m'a alors confié ce qu'elle pensait réellement : la Matriarche Chêne commettait une erreur fatale en me refusant comme alliée. J'avais une force physique qui pouvait se révéler être un atout primordial dans leur bataille contre les chevaliers. Elle avait même établi un plan : combattre les chevaliers dans le territoire des cavalières, au milieu des bois et par surprise. Elle en était tellement persuadée qu'elle trahit l'ancienne Matriarche pour mener ce combat contre sa volonté, en réunissant toutes les sœurs qui le souhaitaient. C'est grâce à moi que lors de cet assaut contre les camps militaires qu'avaient dressés les chevaliers de la Forteresse sur les abords de la forêt, que Frêne parvint à capturer Eric Forter comme otage. L'assaut avait été mené avec brio et même si la Matriarche eut envie de punir Frêne pour l'avoir défier, le nombre de cavalières sympathisantes envers cette dernière lui retira toute envie de le faire. Elle savait pertinemment que si elle le faisait cela signerai purement et simplement la fin de son règne. Pourtant je n'étais pas aussi enthousiaste que Frêne sur l'issue de ce combat."

"J'ai toujours détesté la violence. Comme qui dirait ça ne fait pas réellement partie de mon code génétique. Monique Borro n'avait pas cela en elle, et je n'ai pas cela en moi. Les horreurs auxquelles j'ai assisté cette nuit... Voir la vie de créatures si fragiles que vous être emporté avec une telle facilité... J'ai toujours trouvé ça d'une ignoble bêtise. Vous mourrez tellement rapidement et pour rien. C'est stupide d'achever votre existence aussi prématurément. Pourtant je comprends pourquoi les cavalières ont mené ce combat : parfois il faut se battre pour assurer sa survie contre un oppresseur. Bien sûr tout cela n'arriverait pas si initialement l'oppresseur n'avait pas lui-même fait preuve de violence à leur égard, mais tout de même ça se comprend plus."

"Frêne était au sommet de sa popularité auprès de ses sœurs quand je suis partie des cavalières dans la quête de... en réalité je ne sais pas ce que je voulais réellement trouver... J'ai pris initialement la direction du Nord. Je n'ai rien trouvé à part quelques villages de paysans, des tribus itinérantes que je n'osais pas aborder. C'est assez drôle de voir à quel point vous autres les humains vous m'effrayez et me fascinez à la fois. Je suis aussi illogique que vous finalement."

"J'ai passé vingt ans à parcourir le nord de la Francie et au-delà. Il n'y avait pas grand-chose excepté des villes en ruines et bouffées par la végétation. Je suis retournée presqu'en pèlerinage sur tous les lieux que j'avais connu autrefois, espérant, je sais pas... qu'il restait quelque chose des gens que j'avais connu il y a plus de deux cents ans. Bien sûr ça s’est soldé sur un échec. Les humains, une fois mort, ne laisser généralement pas beaucoup de traces d'eux-mêmes. Même les plus grandes constructions de vos ancêtres vont finir par se détruire et retourner à la poussière. Je me demande... Est-ce que tes ancêtres auraient-ils vécu de la même manière s'ils avaient su que à peine deux cents ans après leur mort ils ne resteraient plus grand chose d'eux. Se seraient-ils quand même levé pour aller faire un travail barbant, se seraient-ils aliénés à des proches toxiques toute leur vie, auraient-ils continué à prier des dieux désespérément muets? Je ne sais pas, peut-être que oui. Après tout l'Ancienne Humanité vivait constamment avec l'idée que leur civilisation allait disparaître un jour ou l'autre. Je ne peux pas te dire combien de leurs récits, films, univers virtuels portent sur ce sujet. C'est impossible à compter. Tes Ancêtres rêvaient bien trop souvent de leur propre destruction. Ils savaient qu'ils détruisaient avec leur mode de vie leur planète et pourtant ils continuaient de foncer droit dans le mur."

"Tu vois Homère. Finalement tes ancêtres n'étaient pas vraiment meilleurs que vous…"

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