Là où tout a commencé
- Nous y voilà !
- Ma douce, tu ne sais pas à quel point ça me réchauffe le cœur d’être de retour ici. Cette maison me rappelle tant de choses.
- Moi aussi ! Tu n’as pas idée.
- Oh ! Ah oui... Te souviens-tu de ça ? Oncle Ben nous l’avait offert pour notre premier anniversaire.
- Toi alors... Comment oublier cette bonne vielle horloge. Tiens regarde, il y a encore nos initiales gravées dessus.
- Oui, c’est drôle. Je me souviens encore de cette petite querelle qu’on avait eue pour décider à qui appartiendrait ces initiales. Il avait certainement oublié qu’on avait les mêmes.
- Je ne crois pas, non. Il fallait voir nos têtes ce jour-là,... d’un sérieux effarant, presque ridicule ! En fin de compte, elles étaient les miennes... N’est-ce pas M. Michael Shelton ?
- Ah non ! Du tout Mme. Sarah McPherson Shelton.
- Si si...
- Mais non...
- Allez, viens par-là toi.
Sarah prit Mike par le cou et, lui, il lui enlaça la taille. De vrais cœurs. Après un léger échange de regards de tendresse, de caresses en caresses, les voilà se donnant des baisers, à la manière des adolescents qu'ils étaient. Quoi de mieux que de revivre ces petites coquetteries du bon vieux temps passé dans une maison si riche en souvenirs.
- Toujours aussi cabochard dis-donc, dit Sarah de retour au réel.
- Pourquoi changer ? Autrement j’aurais passé ces trente dernières années de ma vie à me demander où elle était... où tu étais.
- Hhhh, arrête joueur !
- T’imagines une seconde si je n’avais pas oublié ma montre dans cet amphithéâtre...
- Eh oui ! Toujours aussi maladroit. Il y a des choses qui ne changent pas dis-donc, dit-elle en esquissant un sourire.
- Je peux en dire autant pour toi aussi figure-toi.
- Quand j’y pense, tu me dois toujours des talons. A cause de toi je les ai égarés en courant comme une folle à ta poursuite pour te la rendre.
- Ah ouais, je croyais que tu n’en voulais plus de toute façon. D'un autre côté, si tu ne les avais pas enlevés, tu n’aurais pas pu galoper assez vite pour me rattraper. Je m'imagine encore la scène, dit-il en rigolant, on croirait une folle à lier.
- Hey! Bon... d'un autre côté ce n'est pas faux, Hhhh ! Hum...la vie nous réserve souvent des surprises.
Pendant que nos tourtereaux se baladaient dans les pièces de la maison, main dans la main, en se rappelant chaque moment passé dans chacune d'elle, la valeur sentimentale de chaque meuble, de chaque couvert, encore couverts de poussière, quelque chose attira l'attention de Mike. Il fixa Sarah un moment. Intriguée, elle se demandait ce qui se passait. Mike se rapprocha davantage d'elle pour y voir plus clair.
- Sarah ne bouge surtout pas, je viens de voir quelque chose par-dessus ton épaule.
Sarah frissonna d'un coup. De quoi pouvait-il bien s'agir? Ils sont pourtant seuls dans la maison. Enfin... a priori. La mine froncée de Mike l'inquiétait davantage à mesure qu'il se rapprochait. Elle avait déjà froid dans le dos. Puis... Tap.
- C’est bon.
- C’é...c'était quoi ?
- Juste une araignée.
Sarah poussa un soupir de soulagement quand...
- Huh, Mike, dit Sarah toute stupéfaite.
- C’est bon elle est partie. Tu ne crains rien.
- Non ce n’est pas ça !
- Quoi donc ?
Une chose plus curieuse figea Sarah sur place.
- Regarde...dit-elle en tendant le doigt devant elle.
- C’est... c’est bien ce que je pense ?
- Oui Mike.
- Tout ce temps passé. Moi qui croyais l’avoir perdu. Je... ce n’est pas possible... comment ?
- Non Mike. Maintenant tout redevient possible. Tu sais ce que cela signifie ?
- Et comment ! Mais tu es sûre de vouloir faire ça ? Il paraît usé quand même, remarqua-t-il en le dépoussiérant. Rien ne nous dit que ça marchera. Quoique...
A partir de là, tout deux savaient dorénavant la rude décision qui les attendait. C'était une opportunité, une seconde chance qui se présentait à eux.
- Je ne le ferai pas sans toi, Mike.
- Mais, tu connais les risques. Le monde tel que nous le connaissons... tu vois?
- Je sais... il n’existera plus. Non, il pourrait ne plus exister.
- Mais ça on ne le sait pas encore.
- Moi, ça m’est égal. J’ai besoin d’y retourner. Ne réalises-tu pas? Nous n’avons plus rien dans ce monde. Tous nos amis, nous ont oubliés dès qu’ils sont devenus riches ou célèbres. Nos parents nous ont quittés. Nos proches...tous partis.
- Mais...Et nos enfants ?
- On n’en a pas Michael ! S'écria Sarah toute en larmes. Tu ne te souviens pas? On les a adoptés car je ne pouvais pas en faire. Et là nous avons une chance de tout refaire, d’éviter cet accident, d’oublier tout ceci et de repartir à zéro.
- Comment pouvons-nous être sûrs de ne pas commettre les mêmes erreurs ?
- Nous ferons en sorte de garder nos meilleurs souvenirs. Il faut y croire fermement, qu’on s’y accroche pour qu’ils restent en nous. Ne t’inquiète pas... cela ne va durer qu’un instant.
Ils observèrent l'objet tant précieux durant un long moment, en silence, parcourant leurs souvenirs à vive allure, chaque peine, chaque larme, chaque sourire. Mais, il fallait qu'ils le fassent. Ils regrettaient tant toutes ces pertes. Ils ne se les sont jamais pardonnés. Quelque part, c'est peut être leur faute. Il fallait qu'ils sachent en prenant ce risque. Ils devaient repartir.
- Es-tu prêt, Mike?
- Oui Sarah, dit-il en essuyant les larmes de sa bien-aimée. Je te fais confiance. Allons-y.
Mike enclencha le mécanisme qui régit le fonctionnement de cet objet aux natures mystérieuses et aux pouvoirs si divers. Aucun d'eux n'en connait le fond. Ils n'ont jamais osé l'ouvrir. Est-ce possible? Est-ce nécessaire? L'essentiel est que, dorénavant, tout redevenait possible.
- Ça y est ! Elle marche Mike.
L'heure était enfin arrivée pour eux d'y aller. La maison commença à vibrer, un tourbillon fit tomber tous les meubles, emportant et balançant les couverts çà et là. Le pouvoir de l'objet se manifestait. Et le temps de dire...
- A tout de suite Mike !
- A tout de suite Sarah !
- ...
- ...
L'horloge de l'oncle Ben sonna. Une accalmie profonde régna sur toute la maison.
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