Réflexions holographiques
Allongée sur le ventre dans la pelouse du jardin, je scrute au ras du sol la grandeur de ce monde miniature. Il se déploie devant moi. Je suis l’exploratrice du monde d’en bas, spectatrice d’un cinéma en panorama. Il est sauvage et grandiose, organique et foisonnant. Je suis la minuscule bestiole qui s’obstine à conquérir un pan de ce drap de bain jeté négligemment sur ce micro univers. L'araignée sauteuse en quête de nouveaux horizons s’est arrachée du filament de soie brillant pour fureter ailleurs. Boutons d’or, pâquerettes, coquelicots et dents de lion s’érigent au-dessus de mon nez titillé par les étoiles champêtres, aigrettes suspendues au gré du vent en dispersion. Le forsythia jaune trône au sommet de la pente et paraît aussi haut que le mur de la grange. Je me retourne et la tête perdue dans l’océan bleu azur, je suis l’enfant des cieux bercé par les branches du hêtre de ses chatons, mobiles, embrasses pompons roses délicats caressés par le vent, je réalise l’importance de mon infime partition dans cette immense orchestration. Je suis l’infiniment petit et l’infiniment grand aussi.
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