LE CHARNIER
Enfant désincarné, esprit au parfum lourd,
J’ai dévoré ma mère au sortir du charnier,
Quand la sorcière en transe a battu son tambour,
J’étais déjà fumée sans cœur et sans pitié.
Dans le cercle rougi aux allées sans retour
Sont les ébats obscurs de l’amour falsifié
Les fureurs assoiffées ignorant les détours
Rythmant les voluptés des ombres émaciées.
La lune était en noir sous le sceau du scorpion
Le ciel n’était plus rien qu’impossible ascension
Le soleil était mort dans mon œil écliptique.
Les nuées d’un cri seul, incendiées par mes fauves,
Se délectaient d’un sang que seule la mort sauve:
Les scorpions s'envolaient en nébuleux cantique !
Enfant au corps violé, esprit au destin gourd,
Je suis précipité au bas des escaliers,
Fuyant les jeux pervers de parents sans amour,
Flottant à tout jamais dans un ciel sans piété.
Je suis tombé sans fin, je n’ai plus de recours...
Dans cette nuit si froide où je n’ai jamais pied,
Je suis un défilé de cauchemars vautours
Contemplant ma dépouille au futur estropié.
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