LE PORTRAIT
Je n’ai rêvé de toi qu’au temps où je fuyais :
Je ne vis qu’avec moi et je suis seul, je sais.
Je n’ai pensé à toi qu’au temps où je mentais :
Trahi ou isolé, je suis ce que je tais.
Je ne meurs que sans moi mais où suis-je déjà ?
Dans la glace au sommet ou sur la mer salée ?
De l’amont à l’aval, du silence au fracas…
Je ne meurs qu’avec toi mais où es-tu passée ?
De la larme aux regrets, il y a si peu de « mais » :
Pourquoi me contredire alors que je m’enfuis ?
Où est donc « désormais » dans un séjour sans nuit ?
Ma vérité est là où je suis le plus laid.
Pourquoi me consoler du temps où je mentais ?
J’ai fait semblant toujours et toujours je l’ai su :
Que veux-tu que j’efface ? Ce n’était qu’un portrait,
Une image à reflets, pour mieux me mettre à nu…
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