TOURMALINE
L’épouvante s’est frayée de la cendre aux acides :
Le ciel est si dur qu’il fait de l’astre un pleur
J’ai compté sur les strates les ans d’un destin vide,
Cette guerre impuissante à sidérer mes peurs.
Au creux d’un ciel plus doux, le bleu s’est fait vapeur
La cendre a reverdi : ma vie s’inscrit en lignes,
Nimbée du plein midi quand les soleils font signes…
J’ai compté les destins d’un horizon rieur.
La cendre a disparu : la nuée s’imagine
Dans les reflets d’un lac où le ciel est vainqueur,
Dans les vallées ombrées de la mort en ses fleurs,
Cernée des froids minuits que la lune assassine.
Dans les rets d’une nuit d’avant les origines,
La horde des noirceurs épanche un sang vengeur :
Crépuscule incendié, cette aube aux doigts trompeurs
Irrigués des tumeurs que le démon dessine.
Au précipice ambrée s’étanchent les tueurs
La mer viciée en stase deviendra tourmaline
Absorbant les rictus des punitions divines,
Funérarium insane exsudant leurs terreurs.
La mer viciée, en stase, devenue tourmaline,
Est soudain divisée pour se rendre en douceur
À ce ciel purifié où l’azur est rosé,
Ce sourire discret aux êtres qui culminent.
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