SANS EFFORT
Ma feuillée est ton aile et mon vol est ton ombre
Mes racines t’effraient, tu ne veux que mon ciel,
Penché contre mon gré pour servir de pénombre
Au silence ajouré de tes néants sériels…
Fractale appesantie sous un ciel délavé,
Mon tronc est le rempart débordant de soleil
Qui protège ta vue et ta vie dépravée
Du secret bien scellé au levant sans pareil !
Entends dans mon murmure un soupir désolé
De te savoir voyant, de te savoir parfait,
Alors que tu ne fais, pauvre enfant esseulé,
Que scruter le miroir, perdu dans ses reflets !
Vois s’agiter au gré d’un vent privé de souffle
Des rayons sans lumière évadés de leur source
Pour te permettre enfin de trouver la pantoufle
De la parèdre nue, ton ultime ressource !
Ressens en ton cœur lent, la cadence de l’eau !
Elle revient vers toi, opale immaculée,
Ornée de l’émeraude où le vent s’est formé :
Laisse-la te chanter comme un silence est beau !
Allonge-toi sur l’or de ma terre natale !
Son rayon doux, cuivré, environne à l’envi
Le nimbe en ton esprit à qui tu dois la vie :
En lui est le recours du supplicié Tantale !
Ne fais aucun effort, c’est là le plus grand tort !
Laisse-toi donc porter sans arrière-pensées
Au gré du grand néant au pourtour irisé :
Sois l’arc en son plein ciel où disparaît la mort !
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