Tu n’as pas peur de moi en mon séjour ombré ?

Tu as longtemps foulé mon chemin incendié :

Tu voyais bien les morts sur tous mes bas côtés…

Mais tu savais aimer ma cendre éparpillée.

Aujourd’hui, c’est midi pour la dernière fois :

Je suis un peu partout mais tu ne me vois pas.

Je suis allongé là où se figent tes pas :

Qu’il est doux de mourir pour la dernière fois…

J’ai aimé ton amour, la douceur de mes jours,

J’avais promis juré de partir après toi :

Arrête donc tes pas, j’ai été pris de court…

Ne viens pas mon amour, je ne suis qu’un grand froid.

La piste où je repose est ton chemin de croix :

Il n’y aura que pleurs et hurlements d’effroi !

Quand tu verras enfin qui j’étais avant toi :

Arrête, ne viens pas, cet enfer n’est qu’à moi !

Silhouette abandonnée au soleil du damné,

Tu crois faire des pas quand ma mort t’a figée.

Cesse donc d’avancer, je vais te dévorer :

Pauvre corps en sursit, cœur saignant éploré.

Je suis de tous mes yeux : je Te vois, Infini !

Tu as toujours été le Monstre à rassasier :

Nourris-toi de ma vie, sauve-la du charnier !

Elle ne savait pas ce qui faisait ma nuit…

Sauve-toi mon amour avant d’être engloutie !

Sauve-moi si tu peux en ton cœur si meurtri…

Mais je t’en prie, va-t-en ! Ne reviens plus ici !

Sauve-toi, je le veux ! Rejoins donc l’éclaircie !

Je suis de la poussière éblouie de lumière :

Mes yeux multipliés contemplent, sidérés,

Ce qui va m’échapper de n’avoir su t’aimer…

Chaque jour, le dernier et sans pensées amères.

Tourbillon ralenti, je quitte le midi,

Pour ne plus revenir avant que soient bénis

Mon rêve et ses misères, la fièvre où j’ai tant fui :

Tourbillon sans matière où s’éteint l’incendie.

Ta main vient se poser sur nos vies à rebours :

Je peux pleurer enfin et faire demi-tour…

Je vois ton cœur qui bat sur l’écran de lumière :

Tout est bien dans ce rêve où dansent nos prières !