LES VIEUX
Le réel n’apparaît que pour être effacé
C’est la mort à son œuvre, et la vie qui revient :
Le réel apparaît : c’est un reflet glacé,
Une image polie, du diable qui nous tient !
La matière a fondu, nous sommes égarés :
Dans la vision du monde où miroir est sans tain !
Ce réel, ce déclin, où nos yeux aveuglés
Contemplent un matin qui est un fils de rien.
Le sommeil est un leurre où se dit vérité
Je crois dormir rêver ? Pour de vrai, c’est un train,
Qui me conduit vers où je croyais me cacher,
Sans comprendre le vrai et mon destin scellé !
Le réel n’apparaît que pour être effacé :
Mais d’où surgit ce monde où le chemin est vain ?
Il surgit d’outre-là pour les êtres parés
Et disparaît d’emblée, quand l’ultime est atteint.
Il était une fête où le monde est voilé
Pour dire en vérité, quand le lampion s'éteint,
Que la farce est finie au sein de la clarté,
Et qu’il ne reste rien, que des champions éteints !
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