Dans l’ombre se cache une lueur d’espoir 

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Aujourd’hui est un jour spécial, un jour unique en son genre.

En me retournant, je m’aperçois que mon père s’est éclipsé me laissant seul au milieu de cette foule. En cherchant des traces de mon père, je remarque que différents groupes de gens se sont mobilisés pour assister à ce spectacle. Je les observe tous un par un. Je ne réalise pas à quel point je suis seul jusqu’au moment où je suis entouré de gens. Je ressens soudainement cette boule au ventre : la solitude. Je perçois tous ces gens parler, échanger, rire entre eux. Chaque personne est associée à un groupe, sauf moi. Chaque personne à sa place dans ce bas monde, mais pourquoi la mienne est si inconfortable? Au final, la solitude n’est pas l’absence de compagnie, mais le sentiment que personne ne vous comprend vraiment.

Tout le monde regarde vers le haut, c’est bientôt l’heure de ce fameux moment. Oui, ce fameux moment, un peu comme le nouvel an où les gens entament un décompte et finissent par crier: Bonne année! Puis, il ne suffit que de quelques secondes avant que l’euphorie ne s’étouffe ainsi que de quelques jours avant que l’on oublie nos résolutions et que l’on retombe dans nos mauvaises habitudes. Ceci dit, ces moments sont rares et chacun doit en profiter au maximum, je ne peux donc pas les plaindre d’agir ainsi. Les gens ont bien raison d’être excités à l’idée d’assister à une éclipse solaire.

Alors que la lune s’incruste entre le soleil et la Terre, l’ombre gagne de plus en plus de terrain: les ténèbres approchent. Certains sortent leur cellulaire, pour ma part, je garde les yeux rivés sur ce phénomène absolument magnifique. Je me laisse avaler par cette obscurité. L’instant d’un moment, c’est le silence total.

Mon père surgit de nulle part et me fait revenir à la réalité. Il me dit que l’on devrait rentrer pour éviter les embouteillages. J’acquiesce d’un hochement de tête et le suit jusqu’à la voiture. Pendant tout le trajet du retour, mon père et moi n’avons échangé aucun mot. Il regardait la route et moi j’observais le ciel partiellement nuageux, si calme et apaisant. Comment ai-je pu oublier à quel point le ciel est splendide? Comment ai-je fait pour passer des journées sans contempler la nature et ses merveilles? Puis soudain, en traversant une zone complètement déboisée, je me rappelle pourquoi. La nature et ses merveilles sont belles certes, mais nous l’avons détruite. Il ne suffit que de penser au blanchissement des coraux causés par les montées de chaleur. Des milliers d’écosystèmes sont dégradés, détruits, réduits à néant à cause de nos activités. Des espèces souffrent, meurent et sont menacées d’extinction pour les mêmes raisons. Parfois, je me demande si les technosciences n’ont pas altérées négativement notre vision du monde. Nous empêchant de voir le monde tel qu’il est, d’en admirer la beauté, le mystère car leur seul but est de transformer la nature en outils. Par contre, qu’arrivera-t-il lorsque nous aurons épuisé toutes les ressources que la nature a à nous offrir? Qu’arrivera-t-il lorsque nous aurons éradiquer toutes les espèces de cette planète? Et ce cauchemar ne s’arrêtera pas, tant que l’on ne comprendra pas qu’on ne peut pas se nourrir de billets d’argent. Pour être tout à fait franc avec vous, chers lecteurs, nous avons hérité d’un paradis que l’on ne mérite clairement pas.

De retour à la maison, je descends les escaliers en direction de ma chambre. Une fois à l'abri, je m’assure de fermer les rideaux car chaque regard par la fenêtre me rappelle qu’il n'y a plus aucun espoir. D’habitude lorsque je me trouve dans ma chambre, j’utilise mon cellulaire pour me distraire, je perds mon temps à m’ennuyer. Je le sais, mais je ne peux m’en empêcher. C’est mon seul moyen d’éviter d’affronter la réalité. Par contre, le problème est que mon cellulaire matérialise ma solitude. Lorsque je passe des heures sur mon téléphone et que je ne reçois pas un seul message, je me pose la question : y’a-t-il une personne qui tient à moi? Or, aujourd’hui je n’ai pas envie de toucher à mon téléphone. Alors, je m’allonge dans mon lit et scrute ma chambre du regard. Du coin de l’œil, j’aperçois un livre sur l’astronomie. Sur la page couverture, on peut apercevoir un magnifique ciel étoilé. Lorsque j’étais petit, je passais des nuits entières à admirer les étoiles briller dans le ciel grâce à mon télescope. Qu’est-ce qu’il était splendide ce ciel parsemé d’étoiles! Dorénavant, je ne peux même plus en voir une seule à cause de la pollution lumineuse des villes. Il nous ait impossible de retrouver l’étoile polaire, nous avons perdu le nord. Les étoiles ne brillent plus, il n’y a plus aucune lueur d’espoir, il n’y a plus aucune beauté. Je suis triste pour les jeunes d’aujourd’hui. Quel enfant voudrait vivre dans ce monde si obscur, dans ce monde si misérable?

Le silence…

La vie m’a rendu silencieux. Je pense beaucoup trop, j’observe beaucoup trop, je ressens beaucoup trop. Or, je parle si peu. Le silence me berce / comme bateau se laisse bercer / par les vagues / au milieu d’un océan. Un bateau dont je suis le seul membre de l’équipage. Alors que je guette l’horizon, je ne vois personne. J’erre seul dans ce monde. Mon futur m’angoisse, mais il n’y a personne pour me réconforter. J’ai peur de ne plus jamais être heureux. J’ai peur que les années passent, mais que ma situation ne change pas, que ce cycle ne cesse jamais. J’ai d’autant plus peur de mettre fin à ce cycle plus tôt que prévu. C’est très dur de ne pas vouloir se réveiller le matin, mais de ne pas vouloir dormir non plus. D’espérer se faire des amis, mais d’éviter toutes interactions sociales. De vouloir parler, mais de rester silencieux. Je me noie dans mes larmes, mes pensées en guise de poids m’empêchent de remonter à la surface. Je me laisse emporter dans les profondeurs des abysses. Il fait de plus en plus froid, il fait de plus en plus sombre. C’est ainsi que j’ai été accompagné par le silence et la solitude toute ma vie. Ce sont mes meilleurs amis, peut-être bien les seuls. Notre activité préférée consiste à rester tous ensemble dans ma chambre, s’allonger dans mon lit et ils m’aident à entreprendre une introspection sur ma vie. Je me demande ce qui a mal tourné. Je me demande ce que j’ai fait pour mériter tout ça. Je me demande ce que j’ai fait pour avoir l’air si misérable. Alors que tout le monde sort, je m’isole dans ma chambre. Alors que tout le monde rigole, je pleure. Alors que tout le monde vit, je meurs.

Chaque matin est un calvaire. Certains se réveillent d’un cauchemar, pour ma part, je me réveille dans un cauchemar. À mon réveil, je ne souhaite pas du bonheur, seulement un peu moins de peine. Sortir de mon lit est le moment le plus difficile de ma journée, car lorsque l’esprit n’est pas motivé, le corps cesse de fonctionner. Malgré tout, j’entreprends ma routine, une routine assez particulière. Alors que les gens normaux choisissent leur accoutrement pour la journée, de mon côté, je choisis avec précaution le masque que je vais porter. Mon objectif étant d’optimiser mes chances de paraître comme étant un être convenable, un seul masque ne peut suffire. Donc la plupart du temps, j’en amène plusieurs avec moi et les change au cours de la journée. Ainsi, je suis une personne différente pour différentes personnes. Idiot pour un, talentueux pour un autre, silencieux pour certains, inconnu pour beaucoup. Or, qui suis-je au final? Personne ne sait. Non, personne ne sait qui je suis réellement, moi y compris.

Bien que je semble souffrir d’un mal être, je garde en tête que dans l’ombre se cache cette lueur d’espoir.

Vous rappelez-vous de ma réflexion sur le nouvel an et de l’euphorie qui s’étouffe? J’ai l’impression que depuis ce court instant à apprécier l’éclipse, l’obscurité ne m’a jamais quittée. Cependant, ce que je retiens de cette éclipse, c’est que même dans les moments de noirceur, on peut retrouver de la beauté. Souffrir pour apprendre, l’univers nous donne parfois le contraire de ce qu’on veut pour tester si nous sommes réellement dignes. Vous cherchez l’amour, attendez-vous à connaître la solitude. Au cours de notre vie, notre chemin vers l’épanouissement sera semé d’obstacles, des rochers peuvent parfois se voir nuisibles à notre périple. Il est en notre devoir de faire un choix, c'est-à-dire de soit utiliser ces rochers pour construire un mur ou bien de nous façonner un pont menant à nos objectifs. Tout au long de notre aventure, il est essentiel de faire face au soleil afin que notre ombre soit derrière nous. Focalisons-nous sur le moment présent, profitons de ce long voyage agréable et laissons le passé ainsi que nos remords à la traîne.

Nous avons la chance de mourir. Ce que je veux dire par là, c’est que ce qui fait de nous des êtres vivants, c’est avant tout le fait qu’un jour, notre aventure prendra fin. Mais d’ici notre dernier souffle, tâchons de profiter de chaque instant. Se réveiller et ressentir les rayons du soleil sur sa peau. Sortir afin de se faire bercer par la brise et respirer l’air frais du matin. Observer le ciel bleu rassembler, tel un berger, les nuages en forme de mouton. Discuter avec différentes personnes, les écouter et, ensemble, partager un bon moment à rire et s’amuser. Remercier sa mère pour chaque geste qu’elle commet et se laisser bercer par la joie qu’apporte son merveilleux sourire. Apprendre davantage sur notre monde grâce à la science, vivre différentes émotions grâce à l’art et réaliser qu’il reste tout de même de la beauté autour de nous. Il est nécessaire de trouver la force d’extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin. Et n’ayons pas peur de l’obscurité, car après tout, les étoiles ne brillent-elles pas plus intensément lors des nuits les plus sombres?

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