Quel beau mur!
Quel beau mur !
Je l'ai découvert par hasard, au détour de l'une de mes nombreuses pérégrinations dans cette nature que j’apprécie tant. Haut mais pas trop, dessiné d'un nombre conséquent et particulièrement attrayant de prises, j'embrasse d'un regard sa complexité avec envie. Ma joie à l'idée de l'escalader –et serais-je la première à en avoir l'honneur ?– m'incite à m'y atteler sans tarder. Et ce, malgré l’impression qu'il me donne d'être de troisième catégorie. Après tout qu'ai-je à craindre ? Ne suis-je pas la meilleure dans notre monde fermé de la varappe professionnelle ?
Je me détends, relaxe mes articulations –contrairement à ce que vous pourriez penser, elles sont sans doute la partie du corps la plus importante à la tâche–, et fais mien le premier interstice. Comme je m'en doutais, cette paroi est tout bonnement excellente. Dès la première prise je m'y suis sentie à mon aise, c’est-à-dire pas moins bien que si j'avais continué à fouler le sol. Je l'escalade avec une aisance qui semblerait certainement déconcertante à qui m'observerait présentement. Mais qui pour m'observer ici ? De la hauteur que j'atteint maintenant, nulle part ne vois-je de potentiels spectateurs.
J'en profite pour scruter l'horizon. Là-bas au loin, par-delà la forêt de buissons que j'ai dû traverser pour atteindre cet endroit féérique, je découvre la merveille d'une infinie pelouse tondue. Les dieux de ce monde ont un goût pour la perfection qui est indéniablement au diapason de mon propre art ! Plus loin encore j'aperçois une forêt composée d'arbres gigantesques. Et au-delà de cette dernière… je ne sais pas, je n’ai pas encore eu le plaisir d’aller flâner dans cette direction. Un jour, j'irai vérifier de mes propres yeux…
En attendant je vais un peu me reposer ici. Non pas que je sois fatiguée, loin s'en faut ! Mais j'ai vraiment envie de profiter du décor. D'autant que le feu du ciel est radieux. Il faut en profiter tant qu'il se maintient. D'ailleurs tiens, quand on parle d'empêcheurs d'admirer dans la lumière, que vois-je là l'ombre d'un vilain nuage s'épaissir dans ma dir…
***
Dans leur monde, deux divinités échangent sur un ton détaché :
— Qu'est-ce qui te prend Gabriel ?!
— Ho rien, tracasse, répondit l'homme en s'essuyant la main sur le jeans. Y avait juste une saleté d’araignée sur le support du banc.
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