CHAPITRE 6 - ISSUE
Au bout d’un terrible effort, nous atteignons enfin la sortie du Puits. Je suis complétement abasourdie. Je n’arrive pas encore à me convaincre que tout cela était réel.
Antoine semble aussi perdu que moi. Cette vision venue d’un autre monde a détruit avec une facilité déconcertante, les barrières que nous avions construites autour de nos cœurs. Elle nous a confronté à nos fautes, et nos plus grandes peurs… Qu’est-ce que cette chose a pu lui montrer ?
Nous poussons la porte vers Subterror. La lourdeur qui pèse sur mon cœur ne fait que se renforcer. Il y a un danger imminent, il ne faut pas que l’on s’attarde.
Et comme par hasard, nous sommes attendus à la sortie. Vik et ses acolytes protéinés nous encerclent :
« Je t’avais promis un passage, mais nous n’avions pas négocié un retour, ma belle. »
Je n’ai pas la force de répliquer. Nous sommes à deux contre une vingtaine… ça peut le faire, mais dans notre état, rien n’est sûr. Un regard de la part de mon ami m’encourage à agir. On va tenter notre chance.
Il décoche la première droite. Je suis son mouvement et ensemble, nous essayons de nous frayer un chemin au travers des hommes de main de Vik, à grands coups de mains et de pieds.
Nous ne sommes plus que deux corps en furie, se débattant contre la poigne de certains, esquivant les mouvements d’autres, pour renvoyer des coups dès que l’occasion se présente.
Au bout d’un certain effort, nous voyons la fin de cette masse de testostérone. Ils sont tous au sol, agonisant, les estomacs ou les coudes retournés. Le seul obstacle qui se dresse entre nous et notre issue est Vik. Encore debout sur ses deux jambes, il nous fixe du regard, et nous attend fermement, les poings levés.
Antoine et moi nous élançons et d’un seul coup, nous éliminons la dernière embûche sur notre passage. Nous nous en sommes sortis finalement. Il va falloir courir maintenant.
Nous courons à vive allure. Nous courons pour notre vie, tant l’impression de danger se rapproche, et devient de plus en plus intense… Nous traversons la ville, passant devant les badauds incompréhensifs, et les bâtiments sombres, afin de retrouver notre route vers la surface.
Et soudain, je le remarque. Le ciel de la ville est plus lumineux. Les corbeaux ont disparu. Tous sans exception. Je n’avais pas porté attention à ce léger détail… Mais je ne peux me retourner pour être sûre de leur départ.
Alors que nos respirations sont de plus en plus saccadées, et que nos jambes hurlent leur besoin en oxygène, nous retrouvons enfin la trace de nos pas sur le sol poussiéreux. La trappe n’est plus très loin.
Nous continuons encore, avant que je ne la vois. Armée de mes dernières forces, je me saisis de la poignée et nous nous engouffrons dans le néant qui s’offre à nous.
Alors que je bataille avec mes muscles et ma vision trouble pour fermer la trappe, j’entrevois un nuage noir qui s’abat sur la ville en contrebas.
Subterror se fait submerger en quelques instants. Le nuage se retire et les rares bâtiments anciennement sur pied, deviennent ruines en un battement de cils. Le nuage a tout détruit sur son passage. Sans un cri, et dans un mouvement général, les corbeaux ont tout réduit en poussière.
Sur cette vision troublante, je referme enfin la trappe malgré mes doigts tremblants, et nous rejoignons la surface.
La lumière.
La vie.
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A SUIVRE...
BNT
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