Être humain

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S'attaquer à l'une des plus grandes questions de l'humanité : qui sommes nous ? Voilà un défis bien bien alambiqué !

Mais puisse qu'il nous faut philosopher, autant s'interesser à un sujet aussi abstrait que les visages obtenu après une chirurgie esthétique ratée.

Pour traiter une question aussi large, je vous propose de tenter de définir ce qu'est l'être humain à travers une oeuvre que nous connaissons tous de près ou de loin : Frankenstein, roman si connu et si souvent maltraité par une partie de puriste scientifique - c'est du sarcasme, ne me frappez pas.

On dit souvent que l'on ne juge pas un livre à sa couverture et je suis bien d'accord à ce sujet : cependant, on peut le juger au choix de son titre, et ici, on se trouve face à une perle rare. En effet le titre complet de cette oeuvre est : "Frankenstein ou le Prométhé des temps moderne". C'est plus qu'interessant non ? Prométhée, ce fameux titan dans la mythologie antique qui a donné le feux sacré de la vie aux Hommes... Exactement comme ce bon vieux Frankenstein, homme de science - et probablement un peu timbré sur les bords - qui a effleuré l'un des secrets les plus profonds de la nature humaine, renonçant dès lors à son humanité.

Une question me vient alors : est-il un dieu, un Prométhée pour autant ? Non, non, absolument pas. Sinon, il n'aurait pas eu besoin de récupérer des morceaux de corps : il aurait lui même créé ce corps. Il n'a fait que récupérer les restes de Mère Nature. C'est comme si en faisant les poubelles, tu trouvais des boulettes, des pâtes et de la sauce tomate. En les mélangeant, tu obtiens des pâtes bolognaises, pourtant, tu n'as ni fait ces boulettes, ni ces pâtes, ni cette sauce : tu n'as fait que les assembler pour créer quelque chose qui ressemble à des pâtes à la bolognaise.

Je sais, j'ai un don pour trouver des exemples particulièrement rafinés et philosophique.

Enfin bref. Revenons à nos pâtes à la bolognaise. Même si elles en ont l'apparence, ce ne sont pas vraiment des pâtes à la bolognaise puisque tes ingrédients ne viennent pas d'un magasin mais des poubelles, tu comprends ? De la même manière, la création de Viktor Frankenstein n'était pas non plus humaine. Frankenstein a échoué : sa chose n'a pas obtenue l'humanité qu'il a perdu. Comme c'est amusant ! Cet imbécile n'est définitivement pas un Prométhée.

Sa créature est si imparfaite qu'elle n'a même pas de nom propre. Elle n'est désignée ni par un nom d'être vivant, ni par le nom d'un objet. D'ailleurs, cela aurait été absurde de lui donner un autre nom que "la chose". Après tout, qui sait ce qu'elle est réellement. Elle n'est pas humaine, mais n'est pas non plus une machine puisqu'elle présente des caractéristiques humaines telle que le sentiments amoureux et la recherche de ceux-ci.

Ahah, quelle erreur ! Pauvre chose. Être pourvu d'un pathos comme les humains. Être capable de ressentir l'amour et la tristesse, mais incapable de susciter une autre émotion que le dégoût chez les Hommes. Enfin, si la ressemblance avec les humains s'arrêtait là, elle ne souffrirait peut-être pas autant. Mais voilà : elle possède également le ratio et le logos. Voyez-vous ça, elle est intelligente cette chose, au même titre que les Hommes. Elle possède même un but très humain : trouver l'Amour. Si ce n'est pas pathétique.

Enfin, trouver l'Amour. Trouver quelqu'un qui lui est semblable plutôt. Pauvre créature ! Elle aussi a besoin de ce sentiment si humain d'appartenance. Mais elle est unique, personne ne lui ressemble. Elle possède toutes les caractéristiques d'un humain, du corps jusqu'à l'esprit en passant par les sentiments, pourtant elle ne se reconnait ni n'est reconnu comme tel.

Étrange vie que celle qu'elle mène !

Pourtant, tu sais, elle est capable de trouver des gens qui pensent être semblables à elle. Au début de son existence, alors que Frankenstein, son créateur, l'a abandonnée, effrayé par son geste - pauvre âme, il pensait pouvoir rester humain malgré ce qu'il avait fait ! - la chose a rencontré un homme qui pensait être son semblable. C'était un vieil aveugle, il lui a appris à lire et à écrire, à développer sa ratio et son logos ; sa raison et sa logique.

D'aucun dirait que cet aveugle était peut-être le plus clairvoyant des Hommes. Ne pouvant voir l'apparence monstrueuse, à peine humaine de la chose, il a su trouver en elle l'humanité - comme disait un autre auteur éclairé "On ne voit bien qu'avec le coeur"... Attention cependant : il n'agit là que de ce que le vieil homme croyait être l'humanité. Il serait fou de croire que la chose soit humaine. Non, non...  Le vieil homme n'avait aucun a priori sur la chose puisqu'il est aveugle. Il a donc basé son jugement sur ce qu'il peut apercevoir au fond de la chose et en vient à la conclusion qu'elle est humaine puisqu'elle lui est semblable. Mais voilà : ce vieillard n'est plus humain.

Comment cela ? C'est bien simple. Après la perte de ses yeux, lui-même n'a plus été considéré comme entièrement humain à cause de son handicape. Oh, il en faut bien peu aux humains pour qu'ils excluent de leur communauté un être. Tout ce jugement dans leurs yeux... Ils aiment se regarder entre eux, se dire qu'ils sont bien mieux que ce pauvre type qui sent la clope avec son vieux cabas assis au fond du bus... Enfin, pour en revenir à ce que je disais : ce pauvre vieil homme n'était plus humain - ou du moins n'était plus considéré comme tel. Aussi, tu comprendras aisément que sont jugement était faussé : la chose n'était pas plus humaine que lui.

Je terminerais là mon explication en affirmant que la plus grande preuve du fait que la création de Frankenstein ne peut pas être humaine est qu'elle reste constamment déchirée par la difficulté que lui pose les sentiments et les dilemmes humains : elle souffre de vivre comme un Homme et d'en supporter le métier puisqu'elle n'en est pas réellement un.

Voilà qui devrait donner matière à de nombreuses réflexions. J'espère que cet "Essai" vous aura plu. N'hésitez pas à me faire part de vos reflexions en commentaires ! Je serais ravie de philosopher avec vous - car qu'est ce que la philosophie sans débat ni dialogue ?

J'espère que ma façon de faire ne vous aura pas trop heurter : on m'a demandé d'être originale, votre humble serviteur n'a fait qu'obéir.

Sur ceux, une bonne journée et réflexion à vous, amis philosophe !

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