Au Sirius de mes nuits
Ô Sirius de mes nuits, ah, te rappelles-tu
Quand nous nous sommes mariés sur le sommet pentu,
En plein cosmos, delà la sphère des fixes,
En l’éther par-delà la sphère des fixes,
Sur le mont Olympe, tous les dieux réunis,
Te souviens-tu, ma vie, te souviens-tu, ma vie ?
Pour gager notre lien, tu m’as offert ce lien ;
Ce collier à mon cou, qui pend jusqu’à l’enfer,
D’où tu m’as sorti sans faire l’erreur d’Orphée,
Et où je retombe, poussé par ton absence
Tout en bas du Styx, où je ne peux qu’observer
Les catastrophes en haut : la chute des Romains,
Antoine mort, Hadrien épleuré, Sirius
Séparé, sa poussière enflammée jetée sur
Notre mont, devenu le volcan décimant
L’empire mythologique de notre amour.
Mon amour, pourquoi as-tu gauchi dans mes bras ?
T’échappant de mes bras, glissant entre mes mains,
Passant entre mes doigts quand je voulais te tenir,
Comme l’eau, celle que jadis je buvais
Jusqu’à ce que je m’y noie, tout au fond, tout au fond ?
Feu soleil de mes nuits, pourquoi t’es-tu couché,
Pourquoi es-tu tombé tout au pied de mon lit,
Pourquoi m’as-tu noyé de rayons irradiés d’eau incandescente ?
Je n’ai jamais voulu que mes bras te pétrissent,
Ni t’assommer d’amour, ni te serrer trop fort
Alors que tu tu ne veux que fléchir
Devant Chaos, ton plus ancien ami.
S’il te plaît, pardonne ta marâtre, qui par son traitement
T’a éloigné de moi, me jetant en enfer –
Car, je te le demande, qu’est-ce que l’enfer, mon amour, sinon la vie sans ta chaleur pour me garder dans l’extase, près de Dieu ? Sans ta beauté rayonnante qui assombrit tout l’univers, me rapprochant de Dieu ? Et qu’est-ce que la nuit, grand soleil de ma vie, sinon la neurasthénie mélancolique, froide, acerbe, qui tombe comme une ombre sur l’univers quand tu couches loin de moi, t’amputant de mes côtés ? Et pourquoi, mon amour, ai-je gauchi en t’enlaçant ?
Antoine de ma vie,
Il me faut vivre sans toi,
Mais c’est bien difficile
Et je n’en ai pas envie.
Antoine de ma vie,
Il me faut vivre sans toi,
Et avec ton collier, raccourci maintenant,
Autour de mon cou, tout près de mon cœur, me tenant compagnie dans ton absence infernale,
Je le ferai. Pour autant, même quand je ne t’aimerai plus, tu seras toujours dans mon cœur ; jamais je ne t’en voudrai d’avoir été blessé et de m’avoir blessé.

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