Arpagon
Sujet 2 (30 minutes)
- Cadavre exquis : SMN / Arpagon s’extasie littéralement avec le sang des impies
- Mot contrainte : Une lorette = une jeune femme coquette aux mœurs faciles
- Contrainte spécifique : Pas de démoniaque ni de médiéval
***
Arpagon s’extasie littéralement avec le sang des impies. L’inspecteur traque ce groupe d’ahuris depuis des mois, des mois ! Il en est allé jusqu’à mettre sa vie entre parenthèses, sa femme, son jeune fils, il ne les voit presque plus depuis que cette affaire a commencé. Mais maintenant, enfin, devant cette flaque de sang et cette petite lorette égorgée prêt d’un arbre, il les tient.
— Mackenson ! Venez par ici !
Le jeune assistant arrive au pas de courses et s’arrête brusquement en remarquant le cadavre.
— Seigneur tout puissant… encore une.
— Le sang est tout frais, cette jeune femme faisait visiblement partie des impies. Mais elle n’est pas morte depuis plus d’une heure ou deux, les traces de pas font penser qu’ils l’ont laissé là après être partis précipitamment. Sûrement la joggeuse qui a hurlé en les voyant. Venez, on va se mettre en embuscade pour les choper ces fumiers.
— Vous pensez vraiment que ce sont eux ? Ce sont vraiment les impies ?
Les impies, cette secte maléfique et cannibale, vénérant la mort plus que tout. Ces fous lavent le cerveau de leurs membres, ils leur font accepter des choses inconcevables à tout bon chrétien, pire ils leur font penser que le suicide est la seule vraie forme de salut. Et que manger ses congénères les fait vivre au travers nous, en supprimant leur enveloppe charnelle, on libèrerait l’âme qui sinon resterait enfermée dans le corps des défunts.
Arpagon crache sur le sol à côté de la victime.
— Et qui veux-tu que ce soit d’autres ? Elle tient encore le couteau dans sa main, la rigor mortis la lui fait serrer comme une damnée et la coupure sur sa gorge montre clairement l’orientation caractéristique d’un auto-égorgement ! Evidemment que ce sont eux ! Suis-moi au lieu de dire des conneries.
La colère le fait marcher violemment, tapant des pieds sur le sol couvert d’épines de pins. Ils sont en pleine forêt, sans aucun renfort qui pourrait les rejoindre, et s’ils prennent le temps de faire l’aller-retour, ils peuvent être surs que le cadavre sera récupéré par la secte. Leur fanatisme les forçant à aller la récupérer coûte que coûte. Ces tarés ont même attaqué un poste de police pour essayer de récupérer un corps qui devait être autopsié...
Arpagon s’arrête net et prend une grande inspiration. Cette affaire lui porte sur les nerfs mais elle est sur le point de se conclure, alors ça ne sert à rien de s’énerver se dit-il. Se massant la nuque et s’étirant, il fait quelques exercices de respiration pour se détendre. Mackenson, en retrait, ne pipe mot. Il connait très bien l’inspecteur Arpagon et sait que lorsqu’il cherche à se détendre, lui parler n’arrangerait rien.
Après quelques minutes, Arpagon reprend sa marche, visiblement plus décontracté.
— Allez viens, p’tit gars, on va boucler l’affaire du siècle.
— J’vous suis, Chef !
Presqu’une heure après le début de leur planque, ils entendent des bruits de pas venant vers eux, de l’autre côté de la jeune femme. Des impies !
— Planque-toi ! dis rapidement Arpagon à voix basse.
Les impies entourent le cadavre. Près d’une dizaine d’entre eux sont venus le chercher.
— Et merde ils sont trop nombreux… Merde, merde, merde ! s’exclame Arpagon, contrôlant tout juste sa voix
— Calmez-vous Chef, ils vont vous entendre…
— Je…
Arpagon n’a pas le temps de répliquer à Mackenson qu’il remarque du coin de l’œil un mouvement. Il a tout juste le temps d’éviter un violent coup de machette qui vient s’écraser dans la terre, là où il était allongé à l’instant. Dans la seconde qui suit, deux coups de feu retentissent et l’impie à la machette s’effondre au sol. Arpagon remarque alors trois autres impies avec lui, dont un sur Mackenson qui retient ses bras.
— Putain, ils étaient venus en deux groupes, ces enculés ! crie Arpagon
— Chef !
Une balle dans la tête calme rapidement l’impie aux prises avec Mackenson et celui-ci, tout en se relevant, tire trois balles dans celui qui lui courait dessus.
— Crève, sale bouffeur de cadavre ! hurle Mackenson
Arpagon, plus composé, vient bloquer la machette du dernier et le maitrise à mains nues, puis lui tranche la gorge.
— Ah ! Alors ça te plait, fils de pute ?
Les autres impies lui courent dessus et soudain c’est la mêlée générale. Arpagon et Mackenson crient à pleins poumons, Arpagon sent un coup derrière la tête lui saper toute son énergie et tombe au sol, puis il voit une machette se lever et… un coup de feu !
Puis trois, quatre, une douzaine, des dizaines. Les impies se font déchiqueter par la pluie de balles qui s’abat sur eux. Arpagon ne comprend pas, mais il voit soudain le visage de Mackenson, heureux comme un enfant.
— Tu les as appelés avant de venir petit merdeux ! lui lance Arpagon en riant.
— Je savais que vous ne voudriez pas !
— Ah ! Bien joué, petit ! Les règles sont faites pour être transgressées !
Le carnage finit, la secte était définitivement dissoute, ils trouvèrent rapidement toutes les dernières planques et refuges de ces fanatiques. Mackenson eut droit à une gueulante et une bouteille de whisky et Arpagon à une promotion.
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