Chapitre 1
Une jeune fille au long cheveux chatains et aux yeux verts rentrait chez elle, serrant contre elle un paquet de la taille d'un livre. Elle arborait un magnifique sourire que rien ne semblait pouvoir effacer, pas même la tempête qui menaçait de s'abattre sur la ville d'un instant à l'autre. Elle marchait d'un pas pressé et portait son paquet comme si ce petit objet était d'une grande valeur. Il commença à pleuvoir lorsqu'elle arriva devant ce qui devait être sa maison. Une fois arrivée devant sa porte, elle s'arrêta avec une expression d'hésitation sur le visage. Après quelques instants de réflexion, elle secoua légèrement la tête et ouvrit la porte.
Lorsqu'elle ferma l'entrée, telle fut accueillie par un énorme câlin. Un homme grand aux cheveux blonds et aux yeux verts serrait la jeune fille contre lui comme si sa vie en dépendait. Celle-ci laissa échapper un petit rire, le paquet toujours contre elle.
- Salut! On dirait que je t'ai manqué.
- Plus que tu ne pourrais l'imaginer...
L'homme lui adressa un sourire, cependant on pouvait lire dans ses yeux qu'il était on ne peut plus sérieux.
- Tu exagères! Je ne suis partie que quelques minutes.
- Mais tu sais bien que ce soir je risque d'avoir beaucoup de travail. C'est normal que je veuille profiter de mon temps libre avec toi...
Un moment de silence règna entre les deux individus, l'homme une expression partagée entre l'embarassement et le sérieux imprimée sur le visage tandis que la fille, elle, avait un sourire amusé sur les lèvres.
Les amis étaient maintenant assis l'un contre l'autre devant un feu dans ce qui semblait être leur salon. Ils discutaient paisiblement de tout et de rien lorsque les yeux de l'homme se posèrent sur l'étrange paquet. Il fit l'inventaire de tous les objets pouvant correspondre à la taille et à la forme de ce qu'il contenait dans son esprit, mais rien de ce qu'il trouva ne lui sembla crédible.
- Qu'est-ce que c'est? Demanda l'homme curieusement en faisant un geste de la tête vers le paquet.
- C'est une surprise que je voulais te faire.
La fille prit l'objet et le tendit à son amis. Elle semblait nerveuse et impatiente à la fois.
- Je travaille dessus depuis un moment. Je voulais te l'offrir ce soir mais vu que tu l'as déjà remarqué...
L'homme lui offrit un regard interrogatif avant de prendre le paquet. Son visage s'illumina lorsqu'il se retrouva avec un livre entre les mains. Ses yeux se baladèrent le long de la couverture. La couverture était décorée par quelques enluminures dorées. Le titre était écrit avec une cursive fine et élégante au centre. Cependant, aucun nom d'auteur n'était écrit.
- Un livre!? Je venais justement de terminer mon dernier livre. De quoi traite-t-il?
- Tu verras quand tu le liras.
L'homme adressa à nouveau un regard interrogatif à la jeune femme.
- Pourquoi tant de mystère?
La jeune femme rougit et chercha une excuse vainement. L'ami laissa échapper un petit rire amusé et ouvrit le livre. Il commença à lire:
" Il était une fois, une jeune fille du nom de Kayla. C'était une fille normale à une exception près: elle avait une histoire quelque peu atypique. Elle avait eu une enfance assez horrible. Son père était un homme atroce: il adorait ridiculiser sa femme et sa fille. Elle vécut une grande majorité de son enfance dans la crainte. Cependant, la petite voulait toujours rester forte comme le lui avait demandé sa mère.
Le jour de ses 14 ans fut une journée qui changea le cours de son destin à jamais. La mère de Kayla avait réussi, par miracle, à convaincre son père de les emmener dans un des endroits favoris de l'enfant: le théatre. Ils étaient silencieusement assis dans le fiacre quand les chevaux prirent peur et le fiacre se renversa. Son père mourut sur le coup. Quant à sa mère, elle était toujours vivante mais plus pour longtemps. Celle-ci avait utilisé son corps pour protéger son unique fille, lui permettant de survivre. La petite était sonnée et commençait à sombrer dans l'inconscience. Elle eut juste le temps d'apercevoir un homme s'approcher du reste de fiacre. Elle tenta de l'appeller à l'aide mais elle n'eut pas assez de force et tout sombra dans l'obscurité autour d'elle.
Quand Kayla se réveilla, elle n'était pas sur un lit d'hôpital mais sur une couche luxueuse. Pour être plus précise, elle se trouvait dans une chambre très luxueuse. Elle resta allongée pendant un moment sans bouger, rien qu'à observer les objets qui l'entouraient et qui contribuaient à décorer la pièce. Lorsqu'elle commença à s'ennuyer, elle voulut tenter de se lever mais sa tête en avait décidé autrement. Elle gardait les yeux fermés en attendant que sa tête cesse de faire danser le monde qui l'entourait. Elle entendit quelqu'un frapper à la porte de sa chambre et entrer dans la pièce. Elle ouvrit enfin les yeux pour observer son visiteur. Elle resta interdite en voyant un homme aux traits fins et à l'expression paisible s'approcher d'elle. Ses cheveux blonds entouraient parfaitement son visage et ses yeux verts étaient perçants, comme s'ils pouvaient voir à travers son âme.
- Comment vous sentez-vous?
Demanda l'homme avec un sourire rassurant.
- Comme quelqu'un qui s'est fait compresser par un fiacre...
Kayla était en train de se remémorer son accident et se demandait si sa mère avait survécu. Puis, elle repensa à son père et sentit une vague de soulagement et de honte. Oui, elle se sentait honteuse de se sentir apaisée par la mort de l'homme qui lui avait donnée vie. Le sauveur de la jeune fille dut sentir qu'elle ne se sentait pas bien parce que son sourire disparut. Il prit ses mains entre les siennes, ce qui fit réagir la jeune fille.
- Concernant votre mère... Je suis vraiment désolé, mais son heure était venue...
- Son heure était venue... ?
- Oui... Je ne peux rien vous dire de plus. Ou du moins je ne peux rien vous dire sans vous blesser...
- Me blesser... Comme si ça pouvait être pire que maintenant...
- Si, c'est possible... Et je souhaiterais l'éviter... Par égard pour vous. Quoi qu'il en soit, vous avez besoin de repos. Considérez mon manoir comme le vôtre pendant ce temps.
Après avoir dit cela, l'homme se leva et se dirigea vers la porte de la chambre.
- Attendez!
Kayla l'interpela inconsciemment.
- Oui?
- Je... Quel est votre nom?
Un éclair de prise de conscience apparut dans son regard. Le sourire qu'il avait en entrant dans la pièce revint.
- Mais où sont passées mes manières? Je m'appelle Aldaïr.
Il ouvrit la porte et fit un pas en dehors de la pièce avant de s'arrêter. Il arborait une expression sombre et restait le regard fixé sur le mur en face de lui.
- Une dernière chose Kayla, vous n'avez pas à vous sentir coupable... Pour votre père...
Kayla resta figée sur place, se demandant comment Aldaïr connaissait son nom et comment savait-il qu'elle se sentait coupable.
La jeune fille dut rester plusieurs mois dans le manoir de cet homme étrange et charismatique. Durant ce temps, elle apprit à connaître le jeune homme et se prit d'affection pour lui. Malheureusement, vint le jour où elle dut rentrer chez elle. Elle retourna donc dans la maison où elle avait vécu avec ses parents. Elle n'avait plus de proches et se retrouva seule. La solitude commença à la ronger de l'intérieur jusqu'au jour où elle ne put le supporter plus longtemps. Elle tenta de commettre l'irréparable. Cependant, elle ne savait pas que quelqu'un avait continué à veiller sur elle.
En effet, elle fut sauvée par le même homme qui l'avait hébergée par le passé. Lorsque Kayla se réveilla, elle fut à nouveau accueillie par le visage d'Aldaïr mais il n'était pas souriant. Il avait le regard froid comme celui d'un homme blessé ou en colère.
- Je peux savoir ce qui t'a pris? Demanda-t-il.
Sa voix était glacial et à peine perceptible. Kayla ne lui répondit pas, à la fois confuse et fatiguée. Elle se demandait pourquoi elle se trouvait là et pourquoi son ami avait l'air en colère.
- Je t'ai posé une question...
Aldaïr reprit la parole un peu plus fort. Kayla hésita avant d'ouvrir la bouche. Elle ressentit une vague de rage et de lassitude l'envahir.
- Parce que je ne veux plus vivre... Je n'ai vécu que dans la peur et la solitude... J'en ai marre, je veux arrêter de sentir. Je veux arrêter de souffrir!
Aldaïr regarda Kayla dans les yeux.
- Et tu ne t'es pas demandé ce que ça pourrait me faire si tu venais à mourir?
La jeune fille resta interdite à observer le jeune homme. Celui-ci laissa échapper un soupir de frustration et commença à marmonner sans s'en rendre compte.
- Bon sang... J'aurais dû l'écouter et ne pas m'attacher à une mortelle... ça m'aurait épargné cette situation... Je suis censé m'occuper des âmes humaines pas faire des sentiments avec une humaine, qu'est-ce qui m'a pris...
- De... De quoi tu parles... ?
Kayla avait les yeux écarquillés en entendant le discours que son ami venait de tenir. Le jeune homme leva la tête et se rendit compte qu'il avait parlé à voix haute. Il soupira une fois encore et croisa les mains. Il avait un air solennel.
- Tu as bien entendu... Tu ne te demandes pas comment il se fait que je te sauve par deux fois?
- Si...
- C'est parce que je sais qui doit mourir et quand... Tes parents devaient mourir ce jour-là... et toi aussi... Mais quand je t'ai vue, je n'ai pas eu le coeur de le faire. Donc je t'ai laissé une 2ème chance... Que tu as tenté de gâcher en voulant mourir...
- Je... Je ne comprends pas...
En réalité, Kayla avait peur d'avoir compris la révélation d'Aldaïr.
- Si, tu as compris. Je suis ce que les humains appellent la Mort. Et j'ai décidé de te laisser vivre.
Aldaïr se leva, le visage toujours aussi crispé par la frustration.
- Tu dois te reposer alors je vais te laisser. Je te demanderai... Plutôt, je t'ordonne de prendre soin de ta vie à l'avenir.
Une fois que le jeune homme fut sorti de la pièce, la fille se plongea dans une profonde réflexion.
Les jours qui suivirent, Aldaïr ne se montra pas une seule fois. Kayla prit conscience qu'elle l'avait vraiment blessé sans le vouloir et se sentit coupable. Elle décida donc de se faire pardonner et de tenir compagnie à son ami. Après tout, la mort devait aussi se sentir seule non?
Se faire pardonner ne fut pas chose facile mais la jeune fille était déterminée. Elle parvint à ses fins après 1 an à vivre sous le même toit. Année durant laquelle Aldaïr et Kayla se rapprochèrent. Année durant laquelle Kayla découvrit un sentiment qu'elle ne voudrait abandonner pour rien au monde: l'amour. "
Le jeune homme releva les yeux du livre, un peu perdu.
- Mais qu'est-ce que...
- Allons, tu n'as pas encore compris?
La jeune femme avait le visage empourpré et semblait vouloir éviter le regard de l'homme en face d'elle.
- Si... C'est notre histoire... En revanche, ce que je ne comprends pas c'est pourquoi tu as mis autant de temps à me le dire...
La jeune fille s'apprêtait à lui répondre quand elle sentit des lèvres presser les siennes. Une fois que le jeune homme s'écarta, ils sourirent l'un l'autre.
- Moi aussi je t'aime, Kayla!
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