Un invité inattendu
Il y avait, au sein d’une petite ville, une famille pas comme les autres. Pas de père, pas de mère, pas même de tantine. Mais trois frères et leur grande sœur : Léo, Salim, Swan et Fred. Fred s’intéressait beaucoup à la politique, depuis que ses parents avaient quitté le foyer. Elle essayait d’être adulte pour ses petits frères ; elle était majeure, mais encore une enfant.
Un soir, peu avant Noël, alors que les flocons de neige tant attendus ne se montraient toujours pas, que le sapin débraillé brillait d’une unique guirlande blanche et que les deux plus grands des frères réclamaient, comme chaque hiver, au Père Noël la seule présence de leurs parents, le jeune Léo sortit son stylo rouge fétiche. Assis sur son petit lit, ses petits pieds fourrés dans ses petits chaussons et ses petits yeux plissés dirigés vers sa liste de Noël, il se mit à écrire :
Cher Papa Noël,
Tous les hivers je te demande la même chose et tous les hivers je la ressois jamais. Fred elle dit que tu peux pas faire des merveils pour tout les enfants du monde parce que sa te prendrai trop de temps. Mais moi je crois que tu te reposes beaucoup toute l’année. Je crois que tu travailles pas beaucoup à faire des merveils. Je crois que t’existes pas. Je crois que le monde il est trop moche pour croire en toi. En fait, c’est Fred qui dit que le monde est moche et moi je la crois. Alor sache, cher Papa Noël, que cette année je veux pas que mes parents reviennent. ils serai pas heureux dans ce monde trop moche. Je veux que le monde devienne beau ou qu'il parte. Qu’il parte comme mes parents. il a pas le droit d’être moche comme sa, nous on a rien demandé. Et puis, si le monde il part, tu aura plus à travaillé et tu pourra te reposé tout le temps. J’espère que tu va y pensé, au moins. Et joyeux Noël.
Léonard
Après un long bâillement significatif, Léo plongea sous sa couette et dans un sommeil léger.
Soudain, un bruit de casserole qui tombe sur du carrelage ! Léo ouvre les yeux. Sa chambre étant la plus proche de la cuisine, il s’y rend en deux pas. Personne ne semble s’être réveillé, il est seul. Il a un peu peur mais prend une voix qu’il espère menaçante :
« Qui est là ? J’ai un pistolet hein !
— Ah, c’est toi ! s’exclame une voix nasillarde.
— Qui a parlé ? Qui êtes-vous ? Vous ne me faites pas peur ! »
Sa voix tremblait et il tournait son regard vers chaque coin de la pièce de façon frénétique.
« Je n’ai pas besoin de te faire peur, ni de me cacher, regarde. »
Celui qui parlait apparut de nulle part.
« C’est toi qui as écrit la lettre, n’est-ce pas ? »
Le petit garçon ne dit mot, ébahi face à la créature qui se dressait devant lui. Pas plus haute que trois pommes, elle levait sa tête cramoisie pour s’adresser à lui. Un sourire malicieux trônait sur ses lèvres verdâtres et une main aux ongles crochus triturait sa barbe touffue tandis que l’autre tenait un chapeau vert pointu rapiécé de toutes parts. Elle semblait très vieille, avec ses haillons, ses traits tirés et ses rides, mais son œil pétillant et énergique semblait cacher un esprit d’enfant.
« Vous êtes quoi… ? demanda l’enfant, moins effrayé que perplexe.
— Ce n’est pas la question ! Veux-tu, oui ou non, que le monde disparaisse ? J’ai besoin de ton accord oral, précisa la chose. C’est de la paperasse, c’est ennuyant mais c’est comme ça. Alors, oui ou non ?
— Quoi ? Mais… C’est que… La lettre… balbutia Léo sous le regard moqueur de son interlocuteur.
— Oui, c’est rapide, je sais. Allez, hop ! Ta réponse, maintenant ! »
Léo tomba par terre, ses jambes réalisant le poids de ce qu’on attendait de lui. Réalisant que ce qu’il avait désiré était sur le point d’arriver. Il regarda ce qui ressemblait à un lutin s’impatienter et taper du pied. Il se mit alors à penser à ses frères, à sa grande sœur, à l’appartement dans lequel il était né, à ses copains de l’école, à sa maîtresse et à son maître de l’année passée, qui l’avait réconforté un jour. Il pensa finalement à ses parents. Ce fut son tour de lever la tête pour s’adresser au petit être qui le regardait de haut.
L’enfant s’exprima avec émotion :
« Je veux juste que mes parents reviennent.
— Je suis pas le Père Noël, garçon. Tu m’as fait perdre mon temps. Adieu. »
Il disparut comme il était venu.
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