Plusieurs jours étaient passés. J’avais réussi à camoufler son décès en le faisant passer pour un accident. Je n’avais jamais reçu autant d’appels de soutien.

Bien sûr, des soupçons avaient été évoqués, mais aucune preuve n’allait à mon encontre. J’avais même joué sur la preuve de ma demande en mariage, ainsi que la réservation du restaurant.

J’étais insoupçonnable. Pourtant, rien n’allait. J’avais commis d’autres justices à la suite de sa mort, pensant me libérer de ma peine. Cela ne marchait pas. J’avais toujours autant mal.

À l’hôpital, ils s’étaient cotisés pour m’offrir des jours de congé. Mon piteux état avait fait ressortir leur bonté ; à moins qu’ils ne voulussent simplement se débarrasser de moi.

J’avais donc décidé de partir un temps. Quitter la France me permettrait peut-être de reconstruire ma vie, de refermer la plaie de mon cœur, d’oublier l’espace de quelques semaines, ma vie minable.

Je cherchais un endroit loin, très loin. Un tarif réduit pour un voyage tout compris à la Réunion me parut une bonne affaire. Quelques jours plus tard, j’embarquais à bord d’un avion, m’envolant vers le Jour 0 de ma vie. Je ne pouvais qu’avancer désormais. Le fond était déjà atteint.

— Nous lui laissons encore une autre chance ?! N’est-ce pas un accès de bonté ?

— Son cas est complexe. Nous le mettrons à l’épreuve.

— Il échouera. Son âme est viciée.

— Nous verrons bien.

FIN.