Romance jurassienne
Tu m'avais emmenée en balade à Arlay ,
Simple village de mes premières vacances ,
Pieds nus dans le ruisseau et le serpolet ,
Humble retour au paradis de mon enfance .
Le soleil incendiant les toits sur Poligny
Amorçait inéluctablement son déclin ,
Je me souviens de l'émouvante nostalgie
Qui faisait se dénouer nos tremblantes mains ,
Une vieille chapelle dominait la vallée
Et l'antique cloche qui tintait si doucement ,
Résonnait en moi comme un glas meurtrier ,
Echo répèté par les folles rafales du vent .
Ornans se baignait dans les eaux claires de la Loue ,
Et c'était déjà la fin de notre voyage ,
Tu avais déposé l' amour à mes genoux
Or le crépuscule nous volait ce paysage ,
Notre rêve s' évanouissait dans la nuit
Comme Orphée se retournant sur Eurydice ,
Même la lyre charmant les sorciers de minuit
N'a pu empêcher cet ultime supplice ...
Ô mon triste et tendre chevalier Yvain ,
Vois- tu , ce soir , ta peine immense , je la comprends ,
Et j'ai pitié de ton inconsolable chagrin ,
Mais je n'ai plus le goût de croire aux vains serments .
Anne Campagnolo
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