Un feu ardent emplissait mon corps entier. Celui de la colère, de la revanche, du combat. Oui, je me consumais de haine pour cet adversaire qui se tenait face à moi. Dans cette arène hurlante qui exigeait le sang des combattants, je fulminais de fureur. J'étais fin prêt. Pour une fois, donner satisfaction à ce peuple assoiffé de violence devenait ma joie. L'ennemi que j'avais poursuivi toute ma vie était à ma merci.

Enfin presque ; il se rua vers moi à l'improviste et faillit me surprendre ; mais faillit seulement.

Mon bouclier, levé juste à temps, me protégea. Hélas la masse d'arme hérissée de pointes s'enfonça dans le bois dur et le fendit en deux. J'en jetais les débris sur le sol de silice et me baissais vivement pour éviter une seconde attaque, effectuais un roulé boulé, puis volte-face.

Cette fois, je passais à l'offensive, pas question de rester en défensive. Je m'élançais vers lui, sans bouclier certes, mais déterminé. Enfin, je frappai avant qu'il ne réagisse. Toute ma rage contenue concentrée dans mon épée. Il en résulta en premier lieu que lui aussi perdit son écu : je l'éclatais ! En second, je le désarmais avec brio, envoyant sa masse d'arme valdinguer trop loin de lui pour qu'il puisse la récupérer.

Enfin, je concluais ce combat, je me jetais sur lui, l'empêchant de réagir et le transperçant de part en part, le tuant ainsi, mais je ne m'arrêtais pas là. Emporté par une sauvagerie que je ne me connaissais pas, je mis son corps en charpie.

Puis je tombais à genoux sur le sable ensanglanté de l'arène, vidé de toute mon énergie, ma rage consommée.

Une ovation jaillit de l'assistance, on saluait le massacre. Alors, écœuré par mon attitude, je jetais mon épée au loin et éclatait en sanglots convulsifs.