Rencontre nocturne
L'atmosphère glaciale de la nuit, transparente, presque cristalline, associée à la phosphorescence lunaire, jette sous mes pas de petits éclats de lumière. Je m'empresse sur le chemin pierreux. Je suis en retard assurément, je vais manquer le début de la soirée. Cela me fait regretter de ne pas avoir utilisé mon véhicule. Mais la maison d'Arthur n'est éloignée que d'un kilomètre de la mienne, cela m'a semblé inutile de sortir la voiture du garage pour si peu de distance.
Je m'engage sur un raidillon glacé ; c'est une coursière, l'emprunter me permettra d'arriver plus vite de l'autre côté de la colline. La sente est bordée d'arbres décharnés aux formes fantasmagoriques ; le gel achève de les rendre effrayants, un hululement d'oiseau de nuit retentit, je sursaute et m'arrête. Je lève les yeux sur le sommet du talus qui me parait s'éloigner, au fur et à mesure que j'avance et c'est là que je la vois. Silhouette éthérée et pâle qui se découpe sur le disque lumineux d'une lune argentée. La forme est incontestablement féminine. Fascinée et effrayée à la fois, je contemple cette apparition. Qui est-elle, que veut-elle, d'où vient-elle ? Autant de questions sans réponse et je redoute d'être face à une manifestation spectrale.
Ma curiosité prend le pas sur ma peur, j'avance de nouveau sur la venelle verglacée, mon pas est prudent. La femme semble porter un vêtement arachnéen, une longue robe d'un blanc transparent qui laisse entrevoir un corps filiforme. Lentement mais sûrement, je m'approche, et de façon progressive, l'apparition semble se déliter dans l'air ; quand j'arrive en haut de la colline, elle n'est plus là !
Mon cœur se met à battre à une allure folle, cette fois la terreur prend le pas sur tout le reste, je dévale la colline, manquant plusieurs fois de trébucher sur le sol gelé. Quand j'arrive en bas, sur la petite route goudronnée menant au lotissement, je me sens en sécurité. Toutefois, je me retourne et lève les yeux sur la colline, la peur m'emporte, elle est toujours là !
Alors, je prends mes jambes à mon cou, et sans demander mon reste, je file vers les maisons en me jurant que pour le retour, je demanderai à l'un de mes amis de me raccompagner...
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