La Montagne
Juste mes mains, couvertes de pauvres gants de laine, un filin qui me lie à ce sommet, si loin, presque inaccessible. Des chaussures aussi, bien fines pour parvenir à escalader des parois abruptes, aux prises rares, quasiment à pic. Un challenge plus qu'ardu. J'aurais pu m'abstenir, mais mon esprit de compétition, aussi ténu soit-il, existe bel et bien.
Près de moi : les autres concurrents, un ou deux guère plus équipés que moi, d'autres un peu plus armés. Puis les favoris, solidement vêtus, cuirassés, gantés et chaussés de cuir. Certains enroulés d'une aura de certitude ; à juste titre : ce sont des cadors. Mais j'y crois. Mes doutes, mes interrogations, ma désespérance, mon inévitable impression de stagnation et enfin l'échec cuisant ; tous cela ne m'apparaitra que plus tard.
Alors, je tomberai dans ce gouffre fait de larmes, d'espoirs balayés, d'ego blessé ; avouons-le aussi.
Pour l'heure, je reste confiante. Le signal du départ est donné, je m'élance.... Voilà, c'est parti : des heures de souffrance m'attendent. Dans le ciel, un condor passe et crie. Misère, j'ai l'impression que de moi, il rit. Je m'accroche, serre les dents, l'oublie.
Les premiers mètres sont passés… Je lève les yeux.
Le soleil poudroie le sommet enneigé, puis un éclair d'or : la récompense !
À la fin, il ne devra en rester qu'un...
Annotations
Versions