CHAPITRE II : face-à-face ( 2/2 )
Girin pointa du doigt un groupe d’orc :
— Attention ! chuchota-t-il. Regarde là-bas.
— Des orcs… Comment va-t-on passer ? demanda Elàlia.
— Pour l’instant, descendons, répondit le nain, nous verrons une fois en bas, mais j’ai l’impression qu’ils cherchent quelque chose.
— Je vous suis, dit Elàlia tout en suivant les pas de Girin.
Les orcs, ces créatures aussi grandes qu’un homme, avec une peau grisâtre qui tend sur le vert pour certains. Leur protection se composait de morceaux d'armures récupérées sur les cadavres de leurs victimes. Ils possédaient donc parfois différentes parties d’armures provenant de plusieurs contrées, en fonction d’où ils avaient été. Leurs traits se ressemblaient énormément : un visage, souvent balafré, laissait apparaître de grands yeux ronds et des dents pourries. Ils parlaient d'une voix rauque et grave. Tous les orcs n’étaient pas des idiots : les plus intelligents se plaçaient en tête des armées et la hiérarchie chez les orcs paraissait simple. Un simple soldat pouvait devenir capitaine à condition de battre son propre capitaine lors d’un duel à mort. La orcs ne conaissaient pas le savoir-faire des autres races : les forgerons ne fabriquaient pas d’armures solides et ne faisaient que les réparer la plupart du temps, leurs armes n’étaient souvent pas de bonnes qualités et se brisaient souvent lors des combats et en tant que créatures magiques, ils ne pratiquaient pas la magie. Seul leur nombre les rendait vraiment dangereux. Néanmoins, il arrivait qu’un chef de guerre puisse faire la différence au cours d’un combat, grâce à une stratégie bien coordonnée. Les orcs avaient envahi le continent après la Grande Guerre, il y a deux milles sept cent vingt-cinq ans, sous les ordres d’Asgoroth, leur créateur, afin de semer la terreur chez les populations, et garder son emprise sur le monde.
Les deux compagnons descendaient pour se retrouver au milieu des marécages. Alors qu’ils avançaient lentement, les orcs tout autour d’eux, criaient. Girin pris sa hache afin de se battre mais Elàlia le stoppa :
— Non, arrêtez ! souffla l'elfe en posant sa main sur la hache du nain.
— Pourquoi ? On ne pourra jamais passer en douce, lui chuchota Girin.
— Je ne suis pas une grande guerrière. Je sais me débrouiller mais jamais je ne pourrais me battre contre autant d’ennemis. Et puis, on a plutôt intérêt à se faire discret tant qu’on n’a pas ce que l’on est venu chercher.
— Bon… Je veux bien passer en cachette mais si un seul nous repère, je le coupe en deux, dit le nain.
— D’accord.
Inversant leurs rôles, Elàlia guidait à présent Girin. Ils avançaient doucement jusqu’à l’entrée, évitant soigneusement les orcs qui criaient les uns sur les autres. Alors qu’ils arrivaient près du hall, deux grands orcs en sortaient, les empêchant de passer par là. Girin montra à Elàlia une ouverture sur le côté du temple et ils passèrent par une petite fissure. Ils parvinrent dans une immense salle où tout était dévasté. Des tables renversées, des objets brisés sur le sol, du sang séché un peu partout et des squelettes qui gisaient là depuis longtemps laissaient paraître un spectacle des plus déplaisant. Il ne restait rien de ce qu’était ce temple autrefois.
Il y avait beaucoup moins d’orcs à l’intérieur ce qui facilita la traversé du hall. Ils avancèrent vers une seconde salle, séparé de la première par d'immenses portes, dont l'une était tombait, presque tout aussi grande que l’entrée. Sur celle qui restait, de grandes gravures très soignées, très précises représentaient Farmín, le père des dieux. Sa main était en direction de l’autre porte qui était malheureusement brisée et bien trop endommagée pour voir ce qu’il y avait de gravé dessus. Une fois à la seconde salle, un orc déboula soudainement et il vit Girin qui n’eut le temps de prendre son arme. Elàlia se jeta sur la créature avec une rapidité étonnante et elle lui trancha la gorge tout en posant sa main sur sa nouche afin d'étouffer un petit râle. Girin la regarda, sans dire un mot, comme paralysé par ce qu'il venait de voir en l'espace d'un instant. Le nain pris conscience à ce moment-là, que la gentille petite elfe à qui il parlait tout à l’heure pouvait aussi se montrer froide et sans pitié avec ses ennemis. Lorsque Elàlia lâcha l'orc, Girin lui rendit grâce :
— Merci. dit-il encore sous le coup de l’adrénaline.
— Je vous en prie, monsieur Girin. Mais faites plus attention, s’il vous plaît !
— Euh… Oui, oui, bien sûr. Répondit-il complètement abasourdi que ce soit elle qui lui fasse une telle remarque.
Girin récupéra le corps et le cacha dans un tonneau vide. La deuxième salle ressemblait à la première : des objets brisés sur le sol et beaucoup de sang sur le sol. Les cadavres étaient quant à eux crucifiés sur les quatre murs de la pièce. La plupart étaient tombés au sol mais on pouvait deviner les souffrances de ceux qui avaient reçu ce cruel destin.
Ils arrivèrent sur une troisième pièce complètement vide à l’exception d’une immense statue, représentant Nanna, la mère des dieux. Elle possédait dans sa main gauche une gerbe de blé et dans sa main droite jaillissait une boule de feu. Habillée d'une longue robe ouverte dans son dos et le visage était caché par un casque de guerrier, elle semblait puissante et invincible. Voyant une échelle qui passait derrière la statue, Elàlia la montra à Girin afin qu’ils grimpent tous les deux. Une fois en haut, ils passèrent par une petite ouverture leur permettant de finir dans une dernière salle pleine d’orcs qui semblaient encore chercher quelque chose. L’un d’eux cria soudainement :
— Retrouvez-la ! Il nous la faut vivante alors ne lui faites pas de mal ! Je sais qu’elle est ici !
Elàlia se tourna vers Girin :
— Il… Il parle de moi ?!
— Non… Je ne pense pas. Tu as tué le seul qui nous as vu.
Les orcs criait à la femme de sortir de sa cachette, sous peine de brûler tout le temple. Soudain, l’un des orcs sorti une femme d’un petit trou. De taille moyenne, ses yeux étaient ronds et de couleur marron. Elle portait une robe rouge ouverte au niveau de la jambe gauche qui laissait entrevoir un petit tatouage. Ses cheveux, en chignon, étaient violet clair, formant un dégradé, qui allait du haut pour le plus foncé, jusqu’en bas pour le plus clair. Elle portait un petit pendentif en forme de cœur et elle exhibait de grandes boucles d’oreilles ainsi que deux bagues sur la main droite. Sa tenue, plutôt citadine, n’allait absolument pas avec cet endroit, tout sauf accueillant. L’un des orcs sorti son épée et la pointa sur la jeune femme.
— Où l’as-tu caché ?! Cria l’orc.
— Je ne sais pas de quoi tu parles, je suis venue ici pour prier, répondit la jeune femme, d'un ton détaché.
— Je vais te tuer !
— Non ! Rugis une voix au fond de la salle.
Les orcs se retournèrent et un troll avança vers eux. Sur lui, se trouvait un orc qui paraissait bien sûr de lui. Ses mains étaient coupées et une chaîne reliait ses moignons au troll. Il regarda la jeune femme et dit :
— Il serait dans ton intérêt de nous répondre, jeune fille. On sait ce que tu caches. On en a besoin pour le seigneur Asgoroth. Donnes la nous, et on te laissera filer. Après tout… Tu n’es rien.
— Non. Répondit la femme sûre d’elle.
— Gargaz ! Tu es trop gentil ! On doit la tuer, pour l’exemple ! On trouvera ce que l’on cherche sur son cadavre. Cria un orc à son chef.
— Silence ! Le maître ne veut pas la tuer, pour l'instant...
Gargaz n’eut pas le temps de finir sa phrase que la femme sortit alors une dague et tua les deux orcs à côtés d’elle. Elle jeta ensuite une fiole sur le troll qui éternua puis se baissa lorsqu'elle se brisa à son contact. La jeune femme profita de ce moment d'innatention pour sortir un éventail avec des pointes aux extrémités. D'un mouvement rapide et précis, elle se jeta sur l'orc et lui trancha la gorge. Tous les autres crièrent alors, mais Elàlia sorti de sa cachette et en tua un. Girin envoya une petite hache sur un orc qui allait se jeter sur la jeune femme. Ils se rejoignirent et les orcs les encerclèrent.
— Vous êtes qui ? demanda la jeune femme.
— Des amis. Répondit Elàlia.
— On n’aime pas les orcs non plus, ajouta Girin, on vient t’aider.
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