CHAPITRE VII : La chasse

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Le soleil était à son zénith lorsque le groupe arriva au bord d’une cascade. La rivière s’y jeter et le gouffre formait une sorte de petit lac. Lui-même se déversait dans une seconde chute donnant lieu à un autre plan d’eau plus bas. Ils s’arrêtèrent au bord de celui-ci. La chaleur insupportable obligeait la troupe à s’arrêter souvent afin de se reposer et de remplir leurs gourdes. Voilà cinq jours qu’ils marchaient pour trouver Selius, l’homme dont Bohord avait parlé.


— On s’arrête ici, le temps que le soleil redescende un peu ? proposa le vieil homme.

— Ça me paraît être une bonne idée, approuva Girin. On n’a pas fait de vrai repas depuis que l’on est parti de Rogaius… Et si nous allions trouver quelque chose à manger ?

— Mais, ça nous ferait perdre une demi-journée… attesta Koto.

— Si on ne mange pas, nous n’irons pas bien loin… Profitons de cet endroit pour nous reposer un peu.

— Et profites-en pour te nettoyer le nain, vociféra Aurore.

— Tu viens avec moi, madame je-ne-suis-jamais-contente ?

— Dans tes rêves !

— Trop prévisible, rigola-t-il.

— T’es vraiment qu’un imbécile !

— Oh… On se calme, commanda le vieillard.

— C’est lui qui m’embête ! Il m’énerve, il m’énerve ! s’écria la jeune femme.

— Oui, ça on avait compris ! blagua Elàlia.

— Toi aussi, la petite ! Vous m’énervez tous !

— J’ai une idée… Je vous propose un concours.


Tout le monde se retourna vers Koto.


— Si vous ne vous entendez pas bien, pourquoi ne pas faire un duel ? continua-t-il. On fait un concours de chasse, le gagnant pourra donner les ordres qu’il veut aux deux autres perdants pendant une journée.

— Une journée sans entendre Aurore parler ?! Je signe où ? s’émerveilla Girin.

— Tsss… Si on fait ça, tu n’as pas une chance, le nain. Je vais te mettre la misère. Ça vaut pour toi aussi l’elfe.

— Si je gagne, je veux bien que vous me portiez sur vos épaules. Et mes affaires aussi. répondit Elàlia.

— Alors on fait comme ça… Le premier ou la première à ramener un truc à manger qui soit assez gros pour nous cinq, gagne la partie, annonça Koto.


Sur ces mots, les trois participants s’en allèrent dans une direction différente afin de trouver une cible. Bohord le regarda quelques instants, puis se mit à rire aux éclats.


— Qu’est-ce que vous avez ? demanda le jeune homme.

— Tu viens de trouver une idée qui va nous donner la paix pendant un certain temps… rigola-t-il.

— Ahah, mais vous savez, ils vous respectent tous, si vous leur demandez de se taire, ils le feront.

— Oui, je pense bien… Mais je ne peux pas donner des ordres à mes aînés ! plaisanta-t-il.

— Vous n’êtes pas le plus âgé ?

— Certainement pas ! dit-il en fronçant les sourcils. Elàlia a près de deux mille ans et Girin m’avait parlé de deux cent ans ou plus, je ne m’en souviens plus.


Koto regarda le vieil homme en faisant de gros yeux et celui-ci continua à rire :


— Eh oui, parfois la réalité dépasse complètement notre imagination. Mais pour ceux de leurs espèces ils sont tout de même encore assez jeune. Ils en ont de la chance…

— Et vous ? Que faisiez-vous dans votre jeunesse ?

— Oh… J’ai beaucoup voyagé.

— Ah oui ? Où ça ?

— Les Montagnes Bleues, l’île de Gwenir, Yè, Flokia, Eringoll, Vicria… Je suis même allé à Miranishi. Mais, c’était il y a bien longtemps… Et je ne compte pas tous les voyages en mers que j’ai pu faire.

— Vous avez passé le blocus ?! C’est vrai que vous m’aviez dit connaître mon maître, Takuya Miyazasu, à notre rencontre…

— Le pays est en guerre civile. Il est aisé de s’y rendre. Mais c’est pour en sortir que j’ai eu le plus de mal.

— Et qu’étiez-vous allé faire là-bas ? Comment avez-vous connu le chef de mon clan ?

— Tu poses beaucoup de questions je trouve… Aller, va te laver ! ordonna Bohord. Moi, je m’occupe du camp. Tu feras le feu quand tu auras fini.

— D’accord… répondit Koto avant de s’exécuter.


Allongée dans les bois, Aurore guettée le moindre bruit. Elle attendait patiemment qu’un animal s’approche assez d’elle afin de le transpercer avec sa dague. À l’affût du moindre geste, la jeune femme semblait déterminée à atteindre son but. Alors qu’elle aperçue enfin un chevreuil, elle se releva doucement, sans mouvement brusque. La bête mangeait de l’herbe à quelques mètres de là, ne se sentant pas en danger. S’approchant doucement, Aurore se prépara à bondir sur l’animal. Elle s’arrêta net à moins de deux mètres de son gibier en attendant le bon moment. Juste avant de s’élancer, une hache venue de nulle part la coupa dans son mouvement et se planta dans l’arbre à côté de l’animal qui partit en toute hâte. La jeune femme se retourna brusquement :


— Girin ! Qu’est-ce que tu fais espèce d’imbécile ! Ce chevreuil était à moi ! C’était ma proie !

— On n’a jamais dit que l’on ne pouvait pas s’attaquer à la même cible !

— Mais ça fait déjà presque une heure que j’attendais de l’avoir ! Tu as tout foutu en l’air !

— Et si je n’avais rien tenté, tu aurais gagné !


Elle jeta un regard noir à son adversaire.


— Tu prends trop au sérieux cette compétition ! rigola le nain.

— Si je gagne, je pourrai te faire faire ce que je veux, bien sûr que je suis sérieuse ! Et il est hors de question de perdre face à toi ni à l’autre !

— Bon courage alors ! Mais d’ailleurs… Elle est passée où, Elàlia ? Tu l’as vue ?

— Non, j’étais trop occupée ici… Et tu as tout anéantit en deux secondes !

— Arrête un peu, tu veux, dit-il en ramassant sa hache. Au moins, ça met une bonne ambiance.

— On n’a pas besoin d’une bonne ambiance mais de retrouver l’Amulette !

— Tu sais très bien qu’on n’y arrivera pas comme ça. On a encore beaucoup de chemin à faire avant de la retrouver. Même si on avance bien plus vite à cinq. Et tu n’es pas encore vieille, tu as le temps avant de la retrouver, ne t’en fais pas ! rigola Girin.

— Ce n’est pas ça qui m’inquiète le plus figure toi.

— Et qu’est-ce que c’est alors ? Depuis le premier jour de notre rencontre, tu es froide, puis chaleureuse puis de nouveau froide… Et tu redeviens super aimable sans raison ! On ne sait jamais sur quel pied danser avec toi. Si on a fait quelque chose qui t’as déplu, dit le nous une bonne fois pour toute !

— Non… Ce n’est pas à cause de vous. C’est moi qui… dit-elle en baissant la tête.

— Pardon, tu n’as pas à te justifier, répondit le nain en voyant que les yeux d’Aurore commençaient à briller. Mais je veux juste que l’on s’entende bien. Et c’est pareil pour tout le monde.

— Peut-être un jour, dit-elle en souriant.


Girin regarda attentivement le rictus de la jeune femme. Elle ne le faisait pas souvent et ne lui en avait jamais adressé à lui, en particulier. Il se sentit alors étrangement apaisé, puis, il prit la main d’Aurore et l’emmena avec lui :


— Aller viens on va aller le retrouver ensemble ce chevreuil. Je te laisserais le tuer.

— Oui… riota la jeune femme.


***


Lancée à toute vitesse, Elàlia courrait de toute ses forces à travers la forêt. Sautant sur un arbre mort, puis passant sous des branches, elle avançait à vive allure. Devant elle, s’enfuyait un sanglier. « Il doit bien peser cent ou cent cinquante kilos ! Si je le tue, la victoire sera à moi ! » pensait-elle. Pourtant, l’énorme bête filait à toute allure, faisant fi de son gabarit qui ne l’empêchait pas d’aller vite. Cela devait faire plusieurs minutes que l’elfe le poursuivait. Sa gorge devenait sèche, elle avait soif et son souffle haletant trahissait sa course qui devenait de moins en moins rapide. Elle l’avait percé de plusieurs couteaux de lancer, mais l’animal ne paraissait pas plus affaibli. Alors qu’elle le poursuivait, elle lui jeta un autre couteau qui se planta droit dans son flanc droit. La bestiole fit un bruissement aigue, mais ne s’arrêta pas. Le sanglier commençait doucement à la distancer lorsqu’elle le perdit de vue. Ne s’arrêtant pas pour autant, elle continua sans relâche à poursuivre le gibier. Elle entendit brusquement un cri, puis plusieurs affolés. L’elfe s’approcha et elle vit des nains qui entouraient l’animal. Alors qu’ils voulaient le transpercer, le sanglier chargea brutalement l’un d’eux qui esquiva difficilement. La proie se tourna alors vers Elàlia, désormais à portée, et la chargea. Elle se mit sur le côté, mais l’animal se tourna et continua sa traque. D’un mouvement vif et précis, l’un des nains jeta une hache dans la tête du sanglier, qui se détacha littéralement et roula sur le sol jusqu’à la petite elfe. Tous se tournèrent alors vers elle :


— Qui es-tu ?! s’écria l’un d’eux.

— Je ne l’avais pas remarqué !

— Une autre bête ?! Tuez-la !

— Calmez-vous ! C’est une elfe ! ordonna un autre.


Elle le regarda aussitôt. Le nain était aussi grand qu’elle, ce qui n’était pas commun. Il portait une longue barbe et était légèrement en surpoids. Il avait les cheveux noirs et très long ainsi qu’une voix forte, qui le faisait se démarquer des autres. Il continua :


— Veuillez excuser mes frères, madame… ?

— Elàlia. Mon nom est Elàlia. Répondit-elle intimidée.

— Mon nom est Nalir, enchanté !

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