nuit noire
Je me souviens avoir couru, détalant comme un dératé sous une pluie et un orage qui ne pouvait signer que la fin... de quoi ? De tout je suppose, même le vide ne serait plus. Les lampadaires de part et d'autre de la route goudronnée étaient mes seuls moyens de voir ce qui m'entourait. Les seules source de lumière qui empêchaient l'obscurité de m'engloutir alors que celle-ci me rattrapait, comme une vague de ténèbre dont on sait que l'on ne peut échapper. Je cours, l'adrénaline me guide, je ne me contrôle plus, je ne réfléchis plus, je suis là et pourtant je suis absent, spectateur de ce cauchemar.
C'est donc mon seul souvenir. Qui suis-je ?
Je ne peux le dire.
Je me sens comme un esprit vide, une page blanche.
Maintenant je me tiens là, debout sur le trottoir d'une rue totalement banale. La nuit fait toujours acte de présence. Aucun son à l'horizon, juste la route droite qui s'étend en continue à ma gauche et à ma droite. Exactement la même que celle sur laquelle je fuyais la mort, je suppose que c'est ce qu'était ce brouillard noir qui m'a englouti. Mais si je suis là c'est que je suis vivant non ? Sur les côtés simplement une rangée de façades et de portes d'anciens immeubles, ayant toutes la même taille, la même forme... des copies parfaites. Dans les petits jardinets de ces maisons, un arbre imposant, toujours placé au même endroit pour chacune des habitations. Eux aussi paraissent clonés.
Je m'avance de quelques pas pour traverser le trottoir et je devine dans l'ombre au-delà de trois marches, une de ces portes en bois massif qui se dresse devant moi. Une porte de ville, rustique, avec des boiseries, des fleurs plus précisément. Et bien sur une poignet et un loquet en fer forgé. Elle parait en très bon état, la peinture n'est pas écaillée, il me semble qu'elle est d'un vert pâle mais difficile de le deviner avec l'éclairage bon marcher des lampadaires.
Peut être que je devrais rentrer ou frapper ? Si la porte est dans un si bon état, il y a sûrement des habitants, et puis la rue déserte sous cette averse ne me rassure pas le moins du monde. J'hésite deux secondes, mais l'adrénaline atténuée, je commence à entrer dans une crise de panique alors je pose rapidement ma main sur la poignet froide et je l'actionne.
La porte est ouverte !
Attends... quoi ?
Non non non non non...!
En face de moi, derrière la porte se dresse une rue déserte, droite. Il pleut des cordes, il fait noir et les seules sources de lumières sont les lampadaires de part et d'autres de la route goudroneuse. A gauche, une rangé d'anciens immeubles de villes, des portes. Dans une symétrie parfaite, la même se dresse à droite.
Je me retourne affolé. Derrière moi, il n'y a plus le trottoir mais seulement un nuage épais, noir, sombre qui arrive à toute vitesse, une puissance extrème qui n'attend que de se déferler.
Oh oh...
je crois bien que c'est l'heure de courir.
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