Chapitre 2
Après cette mission réussie, Rune renfloua son équipement. Pendant sa poursuite, elle avait utilisé plusieurs grenades pour se débarrasser facilement de ses poursuivants, mais il ne lui en restait plus beaucoup. Elle se rendit dans son râtelier d’armes et remplis sa ceinture pour sa prochaine expédition.
Elle vérifia le chargeur de son pistolet, de son fusil d’assaut, puis s’occupa de sa moto. Installée tranquillement dans le hangar, elle écoutait une musique rock tout en changeant les pièces défectueuses. Ses assaillaient ne l’avait pas loupé !
Son deux-roues lui tenait à cœur. Il appartenait à sa défunte mère. Depuis tout jeune, elle lui apprenait à rouler avec cette bécane. Avec le temps, Rune montrait une maitrise absolue de la conduite, au grand dam de ses ennemis. Moins à l’aise avec un vaisseau spatial, elle laissait Rody s’occuper de son pilotage.
Elle ne regrettait pas de l’avoir récupéré dans un taudis sur une planète lointaine. Même si ses circuits déliraient un peu, surtout quand il écoutait du métal à plus d’une centaine de décibels, il montrait toute son utilité. Toujours là pour la tirer d’un mauvais pas, il la guidait aussi à travers l’espace.
D’étoile en étoile, Rody l’accompagnait dans toutes ses missions complètement dingues, sans s’en plaindre. C’était bien mieux que des humains qui n’arrêteraient pas de faire des commentaires sur la façon de faire de Rune. Elle n’aimait pas la compagnie. Elle préférait garder sa solitude pour se concentrer sur ses tâches.
Elle n’avait aucune envie de rejoindre les trois grands clans qui se disputaient la galaxie. Tous aussi tarés les uns que les autres, elle opta pour la vie de nomade. Loin de la république de Karos, du Saint Ordre Félin et de la fédération blanche, elle errait dans l’espace à la recherche de travail.
Les demandes de mercenariat abondaient dans la galaxie. Beaucoup de gens préféraient leur demander de l’aide, plus souvent qu’aux autorités de ces trois groupes. La république n’était qu’un amas de corrompu avide de pouvoir et d’argent. Les Saints étaient complètement cinglés dans leur envie de dominer l’univers, pensant qu’un chat était l’incarnation du salut et l’être ayant créé le cosmos. Rune avait bien pensé rejoindre la fédération blanche et sa population anti-violence, mais elle ne pouvait pas vivre de cette manière.
Finalement, Rune aimait sa petite vie monotone. En ce moment, elle se dirigeait vers la station spatiale de Galawald afin de faire le plein de provisions, munitions… De plus, en fouillant les placards à la recherche d’une pièce spécifique pour sa moto, elle se rendit compte qu’elle n’en possédait plus d’avance.
Elle pesta. Elle ne voulait pas laisser son véhicule dans cet état ! Tout ça pour quoi ? Un nounours en peluche ! Une mission vraiment débile ! Le chef d’un gang ne pouvait pas se séparer du nounours que sa mère lui avait acheté à sa naissance, offrant une idée malsaine à son adversaire.
Rune trouvait incroyable le fait de voir tous ses hommes la poursuivre pour le récupérer. Elle était obligée de redoubler d’attention lors de sa fuite tellement il utilisait de ressources pour lui mettre la main dessus. Ils étaient prêts à faire appel à des drones de combat pour l’abattre, tout ça pour pouvoir dormir avec cette peluche.
Maintenant, elle se retrouvait avec une moto endommagée qu’elle ne pouvait réparer. Elle secoua la tête, dépitée. Elle retourna dans le cockpit, où Rody s’occupait de conduire le vaisseau à travers l’espace. Lorsque le sas coulissa, Rody pivota sa tête à 180° pour l’observer.
– Nous arrivons bientôt ? demanda Rune d’une voix sèche.
– Galawald ne devrait pas tarder à être à notre portée. Puis-je vous conseiller de vous détendre en attendant ?
Rune arqua un sourcil et le dévisagea.
– Comment ça ?
– Vos signes vitaux montrent un stress intense. Ou peut-être de la colère ? Voulez-vous un peu de métal dans les haut-parleurs du vaisseau ? C’est un très bon relaxant.
Rune soupira. Comment un robot pouvait trouver une musique aussi violente, un moyen de se décontracter ?
– Non, merci ça ira.
– Puis-je vous proposer de coucher ensemble, dans ce cas ?
Rune resta bouche bée. Depuis le temps qu’il faisait équipe, c’était la première fois qu’il lui demandait quelque chose d’aussi irrationnel.
– Mais… qu’est-ce que tu racontes ? s’exclama Rune, outrée.
– Je suis capable de vous procurer beaucoup de plaisir, vous savez.
– Mais, c’est hors de question ! Pas avec une machine
Le robot leva la tête, songeur. Il fixa Rune avec incompréhension.
– Mais pourtant, je vous vois bien vous faire plaisir avec une machine de te…
– Ça suffit ! cria Rune. Sérieux, ne termine pas ta phrase…
Rody resta silencieux lorsqu’il sentit la pointe de colère dans la voix de Rune. Il se contenta de hausser les épaules avant de se concentrer de nouveau sur la grande baie vitrée. En hyperespace, des traits lumineux encerclaient le vaisseau, tandis qu’il traversait le vide spatial à une vitesse hallucinante.
– J’me casse, grogna Rune.
Rune quitta les lieux. Depuis quand Rody devenait pervers ? Ses circuits continuaient de dysfonctionner. Il fallait vraiment qu’elle tente de le réparer à nouveau, mais sa technologie, devenue obsolète, la rendait très difficile à maintenir en état de marche. Peut-être qu’en formatant son disque dur elle pourrait remettre tout à zéro ? Le problème, c’était d’extraire son programme, retirer tout ce qui est corrompu, et le remettre. Et à cause de sa vétusté, elle ne pouvait pas.
Toute cette réflexion et cette mission lui donnèrent faim. Elle se rendit dans la cuisine de sa navette pour manger un morceau. Il restait du poulet de la Terre et du ketchup. Elle se fit quelques frittes vertes faites à partir de patates d’une variété extraterrestre, puis s’affala sur le canapé.
Chamboulée par la demande de Rody, elle mangea chaque frite lentement. Elle venait de comprendre ses mots. L’espionnait-elle pendant qu’elle se masturbait ? Elle sentit la honte se mélanger à sa colère. Elle secoua la tête et alluma la télé qui se trouvait dans le coin. Grâce à une application remplie de film et de série, Rune put suivre ce qu’elle aimait en dévorant son poulet toute la soirée.
Elle retourna dans sa chambre, puis se prépara à dormir. Elle observa la pièce, de peur de voir Rody roder quelque part, mais elle ne trouva personne. Elle s’enroula sous la couverture et ferma les yeux.
À peine ouvrit-elle les paupières, qu’elle se retrouva face à la tête ronde de Rody. Elle hoqueta de surprise, laissant un cri sortir brutalement. Elle rabattit la couverture pour couvrir sa petite nuisette.
– Bonjour, madame Rune.
– Qu’est-ce que tu fous là ? s’énerva-t-elle.
Le robot pencha la tête sur le côté.
– J’attendais que vous vous réveilliez pour vous prévenir que nous sommes proches de la station Galawald.
Rune écarquilla les yeux.
– Tu es resté là depuis combien de temps ?
– 2 heures 36 minutes et 47 secondes.
Rune secoua la tête de dépit.
– Tu ne pouvais pas te rendre utile au lieu de rester là à m’espionner ? soupira-t-elle.
– Je ne sais pas… peut-être.
Rune montra la porte du doigt.
– Sors d’ici !
– Pourquoi, dame Rune ?
– Pour que je m’habille ! s’énerva-t-elle. Va nous faire atterrir dans un hangar. J’arrive !
Rody accepta sa mission et rejoignit le cockpit pour la mener à bien. Rune, malgré ce réveil difficile, s’obligea à sortir du lit pour enfiler son pantalon et son débardeur. Elle mit une veste mi-longue noire, puis s’équipa en conséquence. Pistolet dans le ceinturon où se trouvaient ses grenades, elle l’accrocha à sa taille. Même s’il s’agissait d’un relai, il n’en restait pas moins dangereux.
La station de Galawald l’attendait !
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