Sombritude

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Cyrano, pour ce pamphlet caricaturé, prête-moi les plus faciles rimes en-é!

Sombritude : oui, je sais, telle Ségolène, j'ai enfanté un néologisme grossier.

Ce mot m'est venu, je ne sais comment, en voyant se lever les nouveaux soldats de la pensée unique, prêts à mettre au pilori aveuglément les moindres inconséquences d'un esprit trop léger.

Au détour d'une conversation banale, le prédateur guette patiemment le faux pas. Au moindre début de présomption d'indice laissant entrevoir une impudence, se jette férocement sur l'imprudent bavard pour le livrer en pâture aux censeurs patentés.

Il accroche ensuite fièrement son exploit à son tableau de chasse, furetant déjà pour dénoncer la prochaine incartade effrontée.

Parfois, malheureusement, il doit partager cette noble tâche avec la foule qui se joint à l'hallali, sa férocité s'en accroit pour arracher un lambeau d'écervelé mais son plaisir en est diminué.

Le soir venu, il s'endort paisiblement, tout confit de la joie du travail bien fait, l'avenir s'annonce radieux, avec un ennemi de moins de la règle sacrée.

Sa conscience est tranquille, ce qu'il a fait n'est pas bien méchant, en cas de menace sur la liberté, il saura sans aucun doute s'y opposer.

Hélas, c'est bien vite oublier la maxime de la Fontaine. Qui vole un oeuf, vole un boeuf, disait-il, l'analogie avec l'affaire qui nous occupe est vite fait.

Petite parenthèse à ce sujet, voici un carmina écrit pas le poète Catulle sur un Jules César en route vers les sommets.

Ce dernier n'en a pas pris ombrage et plus que cela, lui a pardonné:

À MAMURRA ET CÉSAR
Que vous êtes bien faits l’un pour l’autre, infâmes débauchés, César, et toi Mamurra, son vil complaisant ! Qui pourrait s’étonner de votre intimité ? Tous deux flétris, l’un à Rome, l’autre à Formies, de stigmates honteux, indélébiles ; tous deux portant les cicatrices de la débauche ; jumeaux de luxure, formés dans un même lit à l’école du vice ; l’un n’est pas moins ardent que l’autre dans ses poursuites adultères ; tous deux rivaux à la fois des deux sexes. Infâmes débauchés, que vous êtes bien faits l’un pour l’autre !

Finalement, les plus tyranniques ne sont pas toujours ceux que l'on croyait.

Conclusion: Pavé César, ceux qui n'ont pas lu te saluent (je me suis trop laissée emporter).

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