Héroïnes
Je lisais l'autre jour la chronique d'une journaliste se lamentant sur le fait que, près de 40 ans après l'apparition de l'époustouflante Ellen Ripley dans d'Alien, aucun personnage féminin équivalent n'avait été créé dans l'univers du cinéma.
Pourtant force est de constater que les héroïnes badass sont légions: la veuve noire, Beatrix dans Kill Bill, Charlize Theron dans ses nombreux rôles, les héroïnes des Avengers.
Seulement, les scénaristes et les actrices ont tellement forcé le trait dans le but de présenter des personnages exclusivement positifs, des femmes fortes si puissantes qu'elles feraient passer ceux de Schwarzy et Stallone pour des héros de tragédies grecques.
Alors que Ripley est capable d'exprimer une palette de sentiments et d'émotions très large, se montrant tour à tour maternelle, désespérée, éperdue, pragmatique, déterminée, on a maintenant droit à des Mary-Sue fades et sans nuance, finalement sans intérêt.
Sa sensibilité parfois à fleur de peau fait ressortir le courage dont elle sait faire preuve dans la saga, et on a oublié aujourd'hui de construire de telles personnalités non manichéennes.
Encore une fois les bons sentiments ont rendu sterile la création artistique.
J'ai trouvé récemment une comparaison flagrante:
La différence entre la Catwoman de Tim Burton: secrétaire méprisée, sacrifiée, qui pète un plomb et se rebelle, flamboyante, troublante, mais aussi psychotique dû au traumatisme de sa mort. Très loin de la catwoman de Nolan, modèle de classe, qui casse des crânes par dizaines sans même se casser un ongle, égale pendant tout le film, qui devient "gentille" alors que l'originale n'a qu'un éclair de lucidité. Voilà cet exemple est criant de cette incapacité à créer des personnages féminins multifacettes et pas des 50 nuances de perfection (ou de perfection déguisée sous un masque de fil blanc).
L'enfer est pavé de bonnes intentions. CQFD
Annotations
Versions