Les Notes
Pas celles de musique, on s'en doute, cependant, comme pour le musicien, elles sont primordiales pour l'écrivain. Car ses Notes lui permettent de structurer son histoire, d'en définir les rouages, d'esquisser les personnages, de mettre en marche le monde où se déroule l'intrigue. Les Notes sont généralement prises dans des cahiers de brouillon, un carnet ou même des feuilles volantes, ainsi elles ont toujours un support à portée de main et de crayon pour y être soigneusement déposées. Car, comme nous le savons, Inspiration est imprévisible et aime bien hanter l'écrivain dans les pires moments, ceux où il ne peut écrire, sinon ces Notes, griffonnées à la va-vite dans le bus, pendant une pause café ou lors d'un cours barbant d'économie... Pour les plus "modernes" des écrivains, ses Notes peuvent être entreposées dans les portables. D'autres préférerons les prendre à l'oral en s'enregistrant. Les Notes ne sont pas l'histoire, le lecteur n'y aura techniquement jamais accès. Ce qui est dans un sens bien heureux car si l'histoire peut prendre un volume conséquent, les Notes, elles, sont toujours plus volumineuses que les montagnes qu'elles concurenceraient sans problème s'il venait un jour l'envie à un écrivain de les empiler. Elles noircissent des bibliothèques de cahiers, se retrouvent jusque dans les marges, faute de place. Les Notes peuvent aussi être prises lorsque l'écrivain, en posture d'écriture, décide qu'un détail sur lequel il ne peut s'appesantir là, tant que Temps et Inspiration s'entremêlent en cet instant parfait, mais auquel il sait qu'il devra revenir plus tard. Les Notes sont si diverses et parfois pour le même écrivain, elles hantent plusieurs supports de leur présence pressée, écrite en hâte, sous le coup d'une Idée aussi fulgurante qu'un éclair. Et elles s'égayent autour de leur écrivain, conscientes que si elles ne forment pas l'histoire, elles en exposent néanmoins la mécanique, elles en sont les coulisses que les livres oublient. Elles sont un peu comme une extension écrite du Bureau : quand l'écrivain se replonge dans ses notes, le monde autour de lui s'efface. Dans les ténèbres blanches des jours sans Inspiration, elles deviennent un phare duquel peut naître l'étincelle salvatrice. C'est toutefois en elles que les fautes fées sont souvent les plus présentes, mais elles s'en moquent car la perfection n'est pas ce qu'on leur demande et, même regorgeantes de fautes, elles savent que l'écrivain reviendra toujours vers elles, tôt ou tard. Car, sans elles, où donc irait-il ?
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