C'est sans doute la créature la plus importante. Née de l'Inspiration et de l'Imagination de l'écrivain, confectionnée dans le Bureau, nourrie des Idées, enrichie avec les Notes, rendu plus forte par le duel entre l'Ego et le Doute, couchée sur le Papier, l'Histoire est l'esprit du récit que l'auteur écrit. Elle le hante jour et nuit, influence ses émotions, ses sensations, sa vision du monde. Elle l'interroge constamment, le rend curieux à tous les domaines qui peuvent la toucher de près ou de loin. Elle le pousse à enrichir son vocabulaire, souvent à soigner son orthographe.
L'Histoire habite son écrivain, le fait converser avec ses personnages, voyager dans ses lieux, ressentir tout ce qu'il y décrit...
L'écrivain peut perdre foi en elle, s'énerver contre elle quand vient le tourmenter la Page Blanche, parfois même il abandonne certaines Histoires... Mais une Histoire inachevée restera tout de même fidèle à son auteur et attendra son heure, là, quelque part, dans un tiroir, un placard, sur une étagère. Elle attendra, même en vain, espérant toujours être poursuivie.
L'Histoire est l'une des créatures les plus fabuleuses et un soutien souvent vital dans ce monde trop morne et terne.
C'est une partie de l'écrivain qu'il détache de lui, petit à petit, mot après mot, pour la déposer sur le Papier. C'est un bout de la réalité de l'écrivain qu'il incarne dans la réalité du monde, qu'il fige dans le Temps pour que ni l'oubli ni sa propre mort ne puisse l'éteindre. Et l'Histoire lui rend bien. Elle aime son écrivain, lui est vitale, fait battre son coeur et, même une fois finie et, souvent, publiée, elle ne le quitte jamais.
Ainsi, à chaque Histoire qu'il écrit, l'écrivain sème un peu de lui dans le monde. Peut-être qu'il finit par mourir justement quand il n'a plus rien pour lui, quand il a tout donné à ses Histoires pour les faire vivre. Peut-être qu'en fin de compte il ne meurt pas tout à fait, continuant à vivre dans toutes ses précieuses Histoires.