29. Surprises matinales

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Théo

— Bonne journée, Lyana. A ce soir ! J’ai hâte !

La jolie rousse se retourne alors et, comme chaque fois, je suis émerveillé par le spectacle qu’elle m’offre lorsqu’elle quitte mes bras et me laisse paresser dans mon lit. Elle n’a aucune pudeur et j’apprécie la vue de ces courbes que je commence à bien connaître et qui me rendent plus fou d’elle chaque jour. J’adore comment ses seins ronds et fermes réagissent lorsque je les caresse ou quand je prends en bouche ses tétons qui durcissent au moindre frôlement. J’aime sentir ses jolies fesses entre mes mains quelle que soit la position dans laquelle nous nous retrouvons imbriqués. Ses jambes musclées et gracieuses et sa souplesse nous offrent des moments où les sensations sont décuplées et, comme chaque matin, j’essaie de résister à la tentation forte que je ressens de lui sauter à nouveau dessus. Et je crois qu’aujourd’hui, la vue de mon sexe bandé que je caresse lentement en l’observant ramasser ses affaires va peut-être la tenter car elle revient vers moi au lieu de se retirer comme elle en a pris l’habitude et j’ai le plaisir de sentir sa main remplacer la mienne et se poser sur mon gland qu’elle caresse avec douceur.

Ses lèvres retrouvent les miennes et nous échangeons un de ces baisers longs et passionnés qui nous laissent habituellement essoufflés et excités. Quand nos regards se croisent, j’y lis la même envie et le même désir qui me consume et je sais que ce matin, pour la première fois, elle va céder et ne va pas jouer à la Cendrillon matinale. Je l’attire contre moi et sens ses lèvres déposer de multiples baisers sur mon visage et sur mon torse. Je la caresse et la fais gémir alors que mon sexe commence déjà à s’introduire en elle. Pris par un dernier sursaut de lucidité, je parviens à me retirer malgré ses mains qui me pressent de la pénétrer plus avant et attrape un préservatif que j’enfile alors qu’elle se montre aussi sensuelle que possible en frottant tout son corps contre le mien.

Je la repousse sur le lit et viens la recouvrir de mon corps. L’excitation est telle que je ne perds pas de temps et m’enfonce entre ses lèvres intimes qui m’accueillent avec envie. Nous entamons alors une étreinte où les mots sont inutiles et remplacés par nos gémissements et le bruit de nos souffles qui s’accélèrent. Dans ces moments où j’ai l’impression qu’elle s’abandonne complètement à moi, je suis pris d’émotions que j’essaie de refouler au fond de moi, mais heureusement, je la sens rapidement jouir sous mes coups de reins. Tout son corps se tend et elle se contracte sur ma verge. Je ne peux résister à tant de sollicitations et explose à mon tour en elle dans une extase qui me procure un bonheur fou. Je m’effondre alors sur elle pour l’emprisonner entre mes bras et, si elle accepte de partager ce moment de tendresse post-coïtale pendant quelques longues et agréables minutes, elle finit cependant par me repousser et se désengager de moi.

— Tu ne veux pas rester ce matin ? C’est agréable, non, d’être à deux aussi en journée ? lui demandé-je alors qu’elle se lève à nouveau et que je me débarrasse de ma capote.

— J’ai du boulot, un chien à sortir et un contrat à respecter, cher voisin. Tu sais bien que c’est mieux comme ça, me répond-elle en me faisant un clin d’œil.

— Ce qui est mieux, c’est quand on jouit ensemble, dis-je en bondissant hors de mon lit pour la prendre à nouveau dans mes bras et me coller contre son corps qui me fait tant rêver.

— Théo, rit-elle en glissant malgré tout ses bras autour de moi, je vais finir par appeler l’inspection du travail si tu ne respectes pas notre contrat à la lettre.

— Désolé, mais ce matin, tu as fait une petite entorse, je me suis dit que ça valait le coup de tenter ma chance.

Je la caresse doucement, mes mains dans son dos, et elle se blottit quelques instants contre moi avant de malgré tout me repousser et s’enfuir après un dernier bisou sur mes lèvres. Je la regarde descendre les escaliers, nue et magnifique, avant de soupirer et de me lancer dans ma journée. J’espérais un peu qu’en ce jour de weekend, on puisse aller plus loin qu’un simple plan baise, mais je crois que le seul avenant au contrat qu’elle était prête à faire, c’est ce petit extra bien jouissif. C’est déjà pas mal, mais je sais que j’en veux plus. C’est compliqué de voir comme à chaque fois, elle revient, se montre sensuelle, mais que dès que je cherche un plus grand rapprochement, les barrières se relèvent et elle redevient inaccessible. Cette alternance de moments très intimes et d’autres de séparation me rend fou et je crois que ma relation avec elle est la pire et la meilleure des addictions. Quand elle n’est pas là, je suis en manque, quand je la retrouve, c’est l’extase. Mais elle est forte, très forte même, et seules ses nuits me sont consacrées. Depuis notre sortie au lac, à part des baises torrides le soir venu, nous n’avons rien échangé. Contrat respecté à la lettre…

Un peu plus tard dans la matinée, une fois douché et habillé, je réfléchis à ce que j’ai envie de faire. Cela fait quelque temps que je ne me suis pas remis à la musique. Si je réfléchis bien d’ailleurs et si je suis honnête avec moi-même, je n’ai pas touché à mon piano depuis le décès de Priscillia. Le fait d’avoir préparé des chansons pour elle et qu’elle ne soit jamais venue les chanter avec moi m’a un peu bloqué, mais aujourd’hui, je suis pris d’une envie de me retrouver aussi sur ce plan-là. Un des souvenirs de ma vie d’avant. Et un vrai moyen de me vider la tête et d’oublier un peu ma voisine à la formidable crinière rousse. Ma partenaire de sexe à la sensualité tellement excitante. Bref, il me faut un peu de musique pour calmer ce désir qui ressurgit dès que je pense à elle.

Je m’installe dans ma petite pièce qui donne sur l’avant de la maison et m’assois devant mon piano électronique. J’écarte cependant les partitions de Goldman car je ne me sens pas la force de jouer ça et récupère le classeur des morceaux que j’ai travaillés et qui me plaisent particulièrement. Je commence par interpréter la Sonatine de Kabalevski (https://www.youtube.com/watch?v=QEADPJoxVmA),

un tout petit morceau dont le rythme et les rebonds dans l’air me donnent toujours le sourire. Il n’y a rien de mieux pour se libérer l’esprit et se plonger dans la musique. J’enchaîne ensuite par différentes pièces de Chopin et Debussy avant de tomber sur la partition du concerto pour Piano de Grieg que j’avais joué adolescent avec l’orchestre de ma ville. Une autre époque, tout ça. Un passé que je suis obligé d’oublier et de laisser de côté. Alors que je vais me mettre à l’interpréter, mon téléphone sonne. Espérant que ce soit Lyana qui m’invite à une activité, je décroche rapidement et suis saisi d’entendre la voix qui m’apostrophe.

— Salut, Théo. Comment tu vas ? Je ne te dérange pas ?

Mais comment a-t-il trouvé mon numéro ? En plus, on avait dit pas de contacts directs entre nous !

— Mais tu es fou ! Pourquoi tu m’appelles ? Et comment tu as eu ce numéro ?

— Non sans mal, mais j’avais besoin de parler avec toi. La situation est vraiment merdique… Et je sais que, toi, tu peux me comprendre. Surtout que les flics font un boulot vraiment léger, la preuve, j’ai réussi à te trouver.

— Il se passe quoi ? Tu as des nouvelles infos à me communiquer ? Je crois qu’on a déjà fait assez, non ? J’ai pu prouver tout ce que tu as avancé et les essais sur les patients ont stoppé. On ne peut rien faire de plus, Mickhail.

— Officiellement, ils ont stoppé. Ils ont surtout dû délocaliser ça en Russie, oui. Mais on ne peut pas faire grand-chose, vu notre position. Ça va ? Tu tiens le coup ? J’ai beau être un geek qui aime passer sa vie devant son ordinateur, je sens que je vais craquer à rester enfermé et discret…

— J'ai eu quelques moments de doute, mais je me fais à ma nouvelle vie. Par contre, si tu as réussi à me retrouver, c'est que je ne suis plus en sécurité. Tu es fou de m'appeler comme ça !

— Respire. J’ai des contacts dans la Police et je te rappelle que je suis un pro de l’informatique. Espérons que les Russes n’aient pas un type aussi doué que moi pour ça, rit-il à l’autre bout du fil, inconscient.

— Tu sais que c'est toi qu'ils cherchent à coincer ? On avait dit pas de contact sauf sur le tchat chinois ! Tu fais quoi s'ils te trouvent ? Et tu me mets en danger, là !

— Je n’en peux plus de me planquer, je n’attends que le procès, c’est insupportable. Et puis, mes contacts en Russie me disent qu’ils sont loin de me trouver. T’inquiète, j’ai sécurisé l’appel. Je suis plus doué que les flics pour ce genre de choses.

— Tu es fou, Mikhail. Tu prends des risques insensés, tu sais. Moi, je ne rentre pas dans ce jeu. Je te laisse. Bonne chance à toi.

— Théo, attends ! s'époumone-t-il. Tu ne veux pas qu’on se barre, sérieusement ? On pourrait aller… n’importe où, mais loin d’ici, recommencer une vie normale, loin de tous ces risques qu’on prend, non ?

— Ce n'est plus possible, ça. On savait qu'en les dénonçant, tout changerait. Impossible de faire marche arrière ! Je vais raccrocher, Mikhail. On se croise au procès. Et surtout, ne m'appelle plus.

Je n'attends pas sa réponse cette fois et je mets fin à la communication. Moi qui croyais être tranquille en Normandie, je me suis fait avoir. Immédiatement, je compose le numéro d'Henri pour le prévenir.

— Vous êtes des rigolos, vous ! N'importe qui peut me retrouver ! Vous faites quoi pour me protéger ? l'agressé-je d'entrée.

— Bonjour à toi aussi, Théo. Qu’est-ce qui t’arrive ?

— Je ne suis plus en sécurité. Le colibri m'a appelé. S'il a su le faire, d'autres le peuvent aussi. Elle est belle, votre protection !

— Il nous gonfle, lui, bougonne-t-il. Écoute, j’ai pas le temps de gérer ta panique, là, Théo. Je t’ai dit que tu étais en sécurité et surveillé, il te faut quoi de plus ? Tu veux un flic sur ton canapé H24 ? Il a trouvé ton numéro, il n’a pas débarqué devant ta porte, non plus.

— Qui me dit que ma localisation est sécurisée ? A ce rythme-là, je serai mort avant le procès !

— Calme-toi, enfin, et réfléchis un peu ! Tu crois vraiment qu’on prendrait des risques ? Je sais que c’est stressant, et effectivement on ne peut pas tout contrôler, toi encore moins. Mais tu as toujours quelqu’un au train, Théo, toujours quelqu’un qui surveille les allées et venues chez toi et à la mairie. Et on a l’œil sur les Russes. Ils te cherchent, c’est sûr, mais on n’en est pas au stade où il faut paniquer et te changer de place. Ça, ce serait le meilleur moyen d’attirer le regard. Tout va bien.

— Mais qui me suit ? Je ne vois jamais personne ! demandé-je un peu plus calmement.

— Je crois que tu as dû rencontrer Serge, il y a quelques jours, à la mairie. Il t’a demandé où se trouvait la pharmacie, non ? Avec un accent du sud vraiment pourri, je suis sûr, rit mon interlocuteur.

— Ah oui. Le pauvre, il est tombé chez Madame Chantal… Il est des vôtres ?

— Oui, il remplace celui qui te suivait avant. Sa femme vient d’accoucher, il a manqué la naissance de sa fille pour surveiller ton petit cul, je te signale. Alors, tu vois, tu n’es pas seul.

— Désolé, Henri. J'ai été surpris du coup de téléphone de Mik… du colibri. Et j'ai peur en fait… mais ça va aller. Je ne vais pas te déranger plus que ça…

— Ecoute, Théo, je comprends, vraiment, soupire-t-il. Mais je t’assure que ma priorité, c’est que tout aille bien. D’ailleurs, si tu pouvais éviter d’aller au lac avec ta jolie voisine, ça m’arrangerait. Les gars disent que c’est la merde pour surveiller les allées et venues. Des coins plus petits et tranquilles, ce serait bien, tu sais ? Ou restez enfermés dans ta chambre, quoi. Tu devrais aller te détendre dans ses bras, d’ailleurs.

— Pas sûr que ce soit une bonne idée de coucher avec la voisine dans ma situation, mais je vais y penser, oui. Bonne journée, Henri.

— C’est trop tard pour regretter, mon p’tit, rit-il. Profite, elle est vraiment jolie. Bonne journée à toi aussi. Je passerai la semaine prochaine.

S'il savait comme j'en profite… Toutes les nuits et même parfois plusieurs fois dans la nuit. Tant et si bien que je suis bientôt à court de préservatifs. Et il a raison, Henri. Quand je suis dans ses bras, j'oublie tout le reste. Même la mafia russe. Je devrais peut-être lui demander d'emménager avec moi pour ne plus me laisser submerger par mes angoisses ?

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