Epilogue 2/2 : Baby, let’s do it again
Lyana
Je soupire en entendant Guizmo aboyer et lui fais signe de se taire. Je vais l’étriper s’il le réveille encore une fois de la sieste. Evidemment, ma boule de poils nous offre une mine triste qui aurait pu me faire fondre si mes nuits étaient réparatrices, ce qui n’est absolument pas le cas depuis bien trop longtemps. Suffisamment pour que je ne me souvienne quasiment plus de ma vie d’avant. Sacha nous en fait voir de toutes les couleurs et ce n’est pas en rajouter que de dire que l’expression “dormir comme un bébé”, c’est vraiment de la merde.
Je vais étriper ce chien. Je l’aime d’un amour inconditionnel, vraiment, mais les pleurs qui résonnent dans le babyphone vont me faire vriller. Dix mois de pur bonheur… et de nuits blanches. Heureusement que Théo est hyper présent. Je me suis à peine levée du transat que je l’entends chuchoter dans l’appareil que j’étais sur le point d’éteindre. Je me ravise donc et me réinstalle, l’écoutant parler à notre fils comme si ce dernier était capable de comprendre que son papa a besoin de calme pour travailler, que sa maman veut dormir et que lui doit se reposer pour bien grandir. Maman… Moi, une maman. J’ai l’impression que je ne pourrai jamais me faire à cette idée et la sensation de toujours tout faire de travers, même si j’essaie de faire au mieux. Je pense sans cesse à ma mère, aux peu de souvenirs que j’ai d’elle, et j’essaie de m’en inspirer, comme je le fais avec Véro, qui a toujours été là pour moi, et qui l’est d’ailleurs encore aujourd’hui. Mais la fatigue, les angoisses d’une maman, ça n’aide pas.
Une maman… Moi qui ne me préoccupais que de moi, mon monde a pris un virage à cent-quatre-vingt degrés en rencontrant Théo, et une nouvelle belle courbe avec la naissance de Sacha. Comment notre monde peut-il basculer de la sorte, devenir à la fois si effrayant et magique ?
Le sourire se plante sur mon visage dès que j’aperçois mes deux hommes sortir sur la terrasse. Le mini-nous ferme les yeux, ébloui par le soleil, tandis que son père dépose sur sa tête une casquette avant de me tendre le paquet, tout propre dans un petit short marin que sa tante Suzie lui a offert. Je suis devenue une vraie fleur bleue. Ce petit ange est vraiment trop beau et je sens mon cœur fondre d’amour à la seconde où il pose sa joue contre ma poitrine.
— Tu as réussi à bosser un peu, quand même ? demandé-je à Théo qui s’installe sur le rebord de mon transat.
— Oui, un petit peu, mais ce qui m’a le plus distrait, ce n’est pas ce petit bout, c’est sa maman qui ne sort jamais de mes pensées tellement elle est belle, me répond-il avant de m’embrasser.
— Oh, arrête ça, ris-je en caressant sa joue. Tu ne t’arrêtes donc jamais ?
Oui, joies de la maternité. On dit toujours que tout est beau, tout est magique. Mettez-vous dans le corps et la peau d’une femme, vous comprendrez qu’on est bien loin de l’utopie. Mais bref, Monsieur Parfait est doué, j’en conviens.
— Non, jamais. Je devrais ? Mais, même si j’essayais, jamais je ne pourrais oublier à quel point c’est le bonheur de vivre avec mes deux amours.
— N’oublie pas Guizmo, sinon il va te mordre le derrière, bel amoureux.
Effectivement, le monstre aboie comme un fou et contourne la maison quelques secondes seulement avant que la sonnette ne retentisse. Je soupire, aussi heureuse que stressée à l’idée de voir débarquer la tornade Suzie pour quelques jours à la maison. Je l’adore, vraiment, mais avoir une bombe à la maison alors que je ne suis pas au top de ma forme, ça m’angoisse à chaque fois. Heureusement que le petit ange au creux de mes bras me rappelle au quotidien pourquoi il y a des moments plus difficiles que d’autres, et que ça en vaut la peine, largement.
Je me lève à la suite de Théo et nous rejoignons l’entrée, où nous avons le plaisir de tomber sur une Suzie rayonnante au bras de Gwennaël, le beau breton qu’elle a ramené de son séjour chez Yvette et René. Il semblerait qu’elle l’ait trouvée, sa moitié, finalement. Elle s’est un peu assagie, depuis, même si elle reluque avec toujours autant d’appétit mon homme.
— Et voilà donc la famille parfaite ! s’écrie-t-elle en nous prenant Sacha et moi dans ses bras avant d’enlacer Théo. Qu’est-ce que vous m’avez manqué !
— Content de te voir, Suzie, répond mon brun en la repoussant gentiment. Vous avez fait bonne route ?
— Ça a été, mais Suzie était pressée d’arriver pour me rappeler ô combien c’est mignon, un gosse, intervient Gwen en nous saluant à son tour.
— On vous laisse le gérer pendant votre séjour, si vous voulez, ris-je en leur faisant signe d’entrer.
— Bien sûr qu’on va s’occuper un peu de mon neveu, mais pas trop non plus. Si on veut lui faire un petit cousin, il nous faut aussi un peu de temps pour nous. Et peut-être que Théo souhaitera participer aussi ? Gwen n’est pas jaloux, tu sais, et un beau mec comme toi, il peut tout demander !
Et c’est parti… Il ne lui aura pas fallu beaucoup de temps pour ça. Elle n’a même pas encore posé son cul sur notre canapé qu’elle drague Théo. Et moi je dois gérer le petit monstre qui a faim…
— Je vous laisse vous organiser pour votre plan à trois, je vais aller lui donner le sein au calme…
— Je crois que je préfère un autre plan à trois, répond mon homme qui me suit à l’étage. Mettez-vous à l’aise, leur lance-t-il, on en a peut-être pour un petit moment.
Je m’installe confortablement sur notre lit et souris à Théo lorsqu’il pose le coussin d’allaitement sur mes jambes. Qu’est-ce que je disais, déjà ? Monsieur Parfait ? Doué ? Ouais… Tout ça à la fois. Et ce regard bourré d’amour qu’il nous lance alors que son fils tète tranquillement… Encore une fois, je fonds littéralement, moi.
— Je ne sais pas si je vais réussir à supporter Suzie sur la longueur, chuchoté-je en grimaçant.
— Si tu veux, à chaque fois qu’elle me fait une remarque, tu as le droit à un orgasme. Ça peut t’aider à la supporter, ça, non ?
— Franchement, je t’aime d’amour, mais je préférerais une heure de sommeil supplémentaire à chaque fois qu’elle te drague ris-je. Ou… un orgasme ET une heure de sommeil ? Je crois que j’ai autant besoin de l’un que de l’autre.
— Tu sais quoi ? On va leur laisser Sacha la nuit. Ils nous doivent bien ça, non ? C’est grâce à nous qu’ils se sont rencontrés, quand même ! Et ça nous laissera tout le temps pour dormir et jouir. Tu vas finir par trouver le séjour de Suzie trop court ! rigole-t-il en venant me lécher mon sein libre.
— Et si on leur laissait rien que deux heures, déjà ? Le temps d’un restau à deux ? Histoire de parler d’autre chose que de couches, et… Qui sait… Peut-être qu’on pourra s’arrêter en route pour un petit plaisir en pleine nature ?
— Ah oui, ça fait longtemps, ça, ça me manque… et ça m’excite, dit-il en passant sa main entre mes jambes.
— Arrête ça tout de suite, gloussé-je en serrant les cuisses. Il y a un bébé dans la pièce ! Va pour le restau alors. J’ai hâte.
C’est vrai, quoi… Je crois que nous sommes des parents très attentifs et attentionnés avec ce petit bout de nous, mais j’ai aussi envie de profiter. Un peu d’égoïsme, ça ne fait pas de mal de temps en temps. J’ai besoin de retrouver mon beau voisin, et je crois que nous méritons largement une petite soirée en amoureux.
Aucun regret. Si j’avais su ce que m’apporterait ma relation avec Théo, je n’aurais pas montré autant de résistances lorsque nous avons commencé à nous fréquenter. Et avec du recul, j’ai du mal à regretter d’avoir été contrainte de faire cette mission. Même si je me demande déjà comment je pourrai expliquer mon histoire à notre fils lorsqu’il sera en âge de comprendre, c’est une partie de ma vie qui m’a forgée et fabriquée. Et ces deux hommes font aujourd’hui de moi ce que je suis. Une femme fatiguée mais épanouie et heureuse, amoureuse et aimante, qui savoure chaque jour sa nouvelle vie.
FIN
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