Chapitre 2

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Le jour suivant, après cette magnifique soirée à rire et se montrer enfin leurs baguettes respectives, les trois compères se retrouvèrent devant la maison d'Ombre pour leur journée de repos car le lendemain avait lieu leur premier cours en tant que classe préparatoire. Galahad arrivant avec un grand sac de sport, ramenant tous les accessoires pour jouer à la balle spirituelle.

- Bon, vous voulez aller ou pour jouer ? demanda-t-il en reprenant son souffle après avoir courru jusqu'au lieu de rendez-vous.

- Je ne sais pas, j'avoue que je n'arrive pas à me décider, lança Tao, l'air en grande réflexion.

L'asiatique n'avait jamais su vraiment se décider quand il s'agissait de choisir un jeu ou un lieu de loisirs.

- Et si on faisait une partie en libre ? lâcha Ombre.

- Ce serait une idée, ça fait longtemps qu'on en n’a pas fait ça !

- Ouais… Mais il va falloir faire attention aux voisins… On va encore se faire disputer sinon.

Le garçon aux cheveux roses n'avait pas tort. Une partie de balle spirituelle en libre, c'est-à-dire n'ayant pas de terrain délimité était assez dangereux. Pas pour les joueurs, mais pour l'environnement et les personnes qui les entouraient. Finalement, après s'être décidés, Galahad distribua l'équipement à ses amis. Les garçons mettant des sur-chaussures de couleur mauves, avec aussi des protége coudes et genoux. Sans oublier les casques. Enfin prêt, chacun sautèrent pour se frapper les deux pieds l'un contre l'autre. Une sorte de son cristallin retenti, alors que les sur-chaussures s'illuminèrent doucement. Voilà, la partie pouvait commencer. Le sorcier aux cheveux bleu-canard lança la balle bien haut dans les airs et les trois amis s'élancèrent.

C'est alors qu'ils s'élevèrent dans les airs, comme s'ils pouvaient marcher dans le vide. C'était ça, une partie de balle spirituelle. Courir après une balle, se faire des passes, bon, c'était beaucoup mieux quand il y avait deux équipes, ici, c'était une seule équipe qui jouait sans vraiment suivre les règles.

Les garçons se mirent alors en route, pour parcourir au fur et à mesure de leurs enjambées, leur monde. Passant dans le ciel, près de la forêt Cristalline, puis, ils frôlèrent les terres du Château Arcanique, un château laissé à l'abandon, dont personne ne parlait, enfin, pas encore en tout les cas. Enfin, ils arrivèrent dans le quartier des gourmandises, là où était concentré les principales échoppes de nourritures. Ce lieu était le préféré d'Ombre, les pavés recouvrant les rues et les murs étaient entre le brun clair et le chocolat, donnant une allure de village de conte de fée à l'endroit. Ils finirent alors leur partie au Lac Drisson, un grand lac d'eau bleue turquoise, entouré d'une belle forêt de pins qui regorgeait d'ingrédients pour les préparations magiques mais aussi abritait les cachettes des familiers, ses petits êtres semblables à des animaux, qui pouvaient se lier avec un sorcier pour les accompagner, comme leur baguette, tout au long de leur vie. Certains sorciers s'étaient même spécialisés dans les soins aux familiers.

Manquant la balle avec son pied, Tao la laissa échapper, celle-ci tombant en ligne droite dans le lac. Un « plouf » sourd se fit entendre. Et un rugissement l'accompagna, ce qui fit déguerpir les enfants. Ils ne pouvaient pas s'aventurer aux bords du lac seuls et sans expériences. Tant pis, la balle était perdue…

**

C'est après cette journée de pause bien mérité, enfin, pas pour Galahad, qui avait dû dire adieu à sa balle, que leur premier cours à l'Académie, en tant que jeunes sorciers avec des pouvoirs eut lieu. Encore cette année, les amis étaient dans la même classe, Ombre s'assit alors tout devant avec eux. Habituellement ils étaient du genre à se mettre au fond, car ils n'écoutaient jamais vraiment, voulant toujours s'amuser. Sauf que depuis qu'Ombre avait obtenu ses pouvoirs, il se sentait grand, adulte et donc, responsable. De ce fait, il voulait suivre attentivement les cours, même les plus barbants pour maîtriser entièrement la force contenue dans sa baguette argentée.

Cela tombait bien. Leur premier cours était celui de « Maîtrise de sorts ». Heureusement, ils n'avaient pas « Histoire de Glavanh » ou « Expertise d'enchantements » dès le matin, c'étaient des disciplines barbantes, à dormir debout bien que nécessaire pour leur apprentissage.

La professeure pour leur cours était la directrice de l'Académie elle-même. La voir fit étrange à Ombre, car normalement, c'était la sorcière Maggie qui donnait ce cours. La directrice était une femme aux cheveux blancs très longs, malgré son âge qui semblait être proche de celui-ci de sa mère. Elle avait de beaux yeux doré, avec des petites lunettes rondes. Petite particularité, jamais ses pieds ne foulaient le sol pour marcher, elle lévitait en douceur à quelques centimètres du sol car elle n'avait pas eu l'usage de ses jambes à la naissance. Même si la sorcellerie pouvait presque tout guérir et réparer, il y avait des choses que même cette discipline ne pouvait pas défaire. C'était notamment un des enseignements que Lias voulait que les jeunes sorciers comprennent. Que la vie était comme elle était. Que la sorcellerie était une extension du bras du sorcier, mais que le sorcier n'était pas non plus divin.

Lui et ses amis furent assez surprit par la directrice, qu'ils pensaient stricte et froide. Au contraire, elle avait donné vie à son cours avec sourire et envie. Les élèves étaient tous sorties avec le sourire, et un premier sort en poche. La lévitation, car un sorcier qui ne savait rien faire léviter n'était pas vraiment un sorcier. Il s'agissait du sort vraiment indispensable pour eux. Fini le travail pénible de ranger sa chambre à la main avec lenteur ! Bon, tout de même, le garçon à la peau double couleurs devrait s'entraîner, car faire léviter un objet était une chose… En faire léviter plusieurs en même temps en était une autre…

C'est pendant les cours de l'après-midi, beaucoup plus théorique que pratique, que les amis se mirent à rêvasser dans leur coin. Tao regardant par la fenêtre en baillant, s'ennuyant ferme. Les cours génériques ne l'avait jamais vraiment enchanté, il était pourtant très doué dans les études, mais avait tellement de facilité qu'il finissait par s'ennuyer quand le professeur faisait simplement un cours à l'oral, comme s'il lisait un livre à la classe.

- Hey, les gars ? Vous êtes toujours partant pour la coloc, hein ? demanda-t-il en chuchotant.

Il s'était allongé sur sa table pour doucement se rapprocher de ses deux amis, qui étaient en train de faire de même, un sourire amusé aux lèvres et les yeux pétillants de malices.

- Ouais, bien sûr ! répondit Galahad.

- J'aimerais vraiment trouver un petit appartement dans le quartier des gourmandises, pas vous ?

- On avait devinés. On sait que c'est ton quartier préféré Ombre.

- Et vous avez trouvé ce que vous voulez faire ?

Ombre posait cette question, parce que justement, il s'inquiétait. Ses amis n'avaient encore aucune idée de leur future carriére. Bon, il fallait l'admettre, ils leur restaient trois ans… Mais pour Ombre, cette période semblait trop rapide. Il avait l'impression d'avoir rencontré ses amis il y a peu alors qu'ils se connaissaient depuis petits. Déjà en faisant leurs premiers pas ils étaient inséparables.

- Je vous dérange, peut-être ? gronda la voix du professeur.

Les garçons sursautèrent en l'entendant. Le professeur les regardant d'un air noir, pas du tout sympathique. Il semblait ne pas aimer qu'on interrompt son cours…

- Je suis vraiment déçu les garçons. Vous n'avez même pas tenu la première journée de cours pour les classes préparatoires. J'ai honte de vous… Ses cours ne sont pas là pour faire jolies !

- On le sait Monsieur, c'est juste qu'on préférent la pratique ! Sans vouloir vous offensez, intervint Tao comme si c'était normal de répondre à son professeur sur un ton des plus nonchalent.

Les deux autres firent une tête de six pieds de longs. Tao avait le chic pour répondre aux professeurs sans être réellement insolent, mais plutôt… Endormi. Sauf qu'ils savaient très bien comment l'adulte en face d'eux allait réagir. D'ailleurs, on pouvait voir le visage clair du professeur commencer à s'empourprer petit à petit alors que la colère montait en lui. Ombre et Galahad se levant déjà de leurs chaises en prévision de la foudre qui allait s'abattre sur eux.

- DEHORS ! Tout de suite, petits effrontés !

Bien sûr, la tête mauve et bleue-canard se trouvaient déjà près de la porte de sortie, alors que Tao, toujours égal à lui-même, se levait avec lenteur, baillant même un peu, pour prendre son sac et sortir enfin du cours après ses amis. Ceux-ci partirent en courant dans les couloirs, leurs rires sonores totalement audible depuis la salle de classe.

Se retrouvant dans la cours intérieure de l'Académie, cours qui n'était pas des plus petites, ils allèrent se poser près de la fontaine Globe, représentant le créateur de l'Académie entourer de globes qui signifiaient les différents aspects de la sorcellerie.

- Alors ? Vous ne savez toujours pas ce que vous voulez faire ? reprit Ombre, impatient de connaître leurs réponses.

Galahad s'assit près de la fontaine, pour plonger sa main dedans, soucieux.

- Personnellement… J'aimerais beaucoup entamer la formation l'année prochaine, pour devenir soigneurs de familiers.

- Quoi ? Vraiment ? Mais c'est génial ça, Galahad ! s'extasie son ami.

- Toi ça n'a pas changé, tu veux toujours ouvrir une librairie ?

- Oui, toujours. Et toi Tao ?

Le garçon soupira, il était allongé sur le ventre dans l'herbe chaude et fixait la statue, pensif.

- Je ne sais pas trop. J'ai pas encore trouvé. Mais ne t'inquiète pas, je payerais mon loyer, hein !

Les garçons se regardèrent, Ombre ayant l'air un peu inquiet, mais il fini par se radoucir pour partir dans un rire communicatif avec ses amis.

À la fin des cours, Ombre rentra chez lui seul, la journée avait été des plus intéréssante malgré tout. Mais en passant la porte de chez lui, il vit une silhouette, dans le salon qu'il connaissait bien, enfin, même si cela faisait au moins une année qu'il n'avait pas revu cette personne.

- Maman ! Tu es arrivée quand ? Tu restes combien de temps avec nous ?

La mère d'Ombre était une femme svelte et de grande taille, habillée d'un tailleur humain très sombre. Elle avait des yeux bleus presque translucide et des cheveux teint en noir corbeau, ce qui faisait ressortir son regard.

- Mon chéri, je suis tellement content de te voir. Ton père m'a dit pour les éloges que Lias avait fait de toi. Je suis si fier d'avoir un fils tel que toi.

Ombre ne pu s'empêcher de rougir, mal à l'aise. Sa mère prenait toujours en considération ses résultats scolaires et c'était tout. Elle ne s'était jamais vraiment intéressé à lui, même si à chaque fois qu'elle lui rendait visite, il essayait de se lier à elle, mais sans succès. Son père quant à lui, était en retrait dans la cuisine, il semblait contrarié. Que s'était-il passé ? Ils s'étaient encore disputés ?

- Quelque chose ne va pas Maman ?

- Non, bien sûr que non mon chéri. Je suis venue car j'aimerais te faire une proposition.

- Oui ? demanda Ombre, perplexe.

- J'aimerais que tu viennes vivre avec moi en Nivanh.

Ombre se figea. L'annonce de sa mère fut comme une enclume qu'on lui balança sur la tête. Aller dans le monde des humains ? Non, il n'en avait pas envie, le monde des humains n'avait rien d'intéressant… Et puis, il avait sa formation à l'Académie à terminer !

- Euh… Maman… Mais je ne peux pas. Je dois faire mes trois ans en classe préparatoire…

- Avec ce que Lias a dit de toi, je suis sûr que tu pourras suivre le rythme des cours par correspondance. Je pense qu'allait à l'école chez les humains te donnerait beaucoup plus d'atouts pour ta vie de sorcier. Tu auras toutes les cartes en main.

C'était donc pour ça que son père avait l'air en colère… Il ne voulait pas qu'il parte. Ce qui était compréhensif. Sauf que quand sa mère avait une idée en tête… Elle était des plus farouches et obtenait toujours gain de cause.

- Je… Je n'ai pas envie d'y aller. Je viens d'avoir mes pouvoirs et… Je suis capable de prendre mes propres décisions !

Il aurait du se taire. Car sa mère plongea un regard des plus froids et désagréables sur lui.

- Ombre, je suis ta mère. Tu as beau avoir eu tes pouvoirs, tu n'es pas majeur pour autant. Tant que tu n'auras pas quinze ans, tu feras ce que je te dis de faire !

Choqué par l'attitude de sa mère, Ombre ne pu retenir les larmes qui coulaient doucement sur ses joues, pour finir par faire demi-tour et se précipiter dans sa chambre pour pleurer face à cette décision qui allait chambouler sa vie.

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