Chapitre 12

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Cela faisait un mois et demi que les cours avaient repris. Une période qui venait d'accentuer le poids sur les épaules d'Ombre. Sa mère semblait lui en vouloir de ne pas avoir eu de bons résultats à ses examens de sorcier. Alors elle était bien plus médisante et froide dans ses propos. Plus rien n'allait dans la vie du garçon. Il ne pouvait plus voir Eglantine car sa mère l'empêchait de sortir. Et Magnus, il ne lui parlait qu'à peine, pendant les repas, la récréation ou il s'enfermait dans la bibliothèque pour apprendre.

Son esprit n'était plus qu'apprentissage, calcul, leçon d'Histoire et formules en tout genres. Il n'arrivait plus à suivre en cours, regardant le professeur ou même son cahier sans aucune pensée. Il restait là, à subir sa mère, comme un robot, d'une manière mécanique, complètement résigné. Son cœur n'était que douleur qu'il n'arrivait plus à contenir.

Aujourd'hui, il était en cours de d'Anglais, une langue parlée en Nivanh, qui allait sûrement lui servir un jour, s'il restait ici comme sa mère. Sauf que non, ce n'était absolument pas son projet. Et vu qu'il était des plus novices… Il était l'élève le moins bon de toute la classe, voire même de toute la promotion du collège.

- Ombre ? Réponds à la question trois, s'il te plaît, intervint son professeur, qui avait bien remarqué le décrochage de son élève.

Celui-ci ne réagit pas tout de suite. C'est au bout de la troisième demande, un peu agacée de l'adulte que le sorcier releva la tête pour le regarder, d'un air résigné mais pourtant ancré sur sa position.

- Je répondrais pas…

La voix d'Ombre fit soudainement vriller le cœur de Magnus. Il ne l'avait jamais entendu parler avec ce ton. C'était d'une sonorité si triste. Le professeur l'avait aussi ressenti mais ne fit rien paraître.

- Et pourquoi, je te prie ?

- Peut-être parce que je suis le plus nul de la classe ? répondit-il avec cette fois un début de colère en lui.

Magnus recula doucement sur sa chaise, se disant que ça allait mal finir. Ce n'était vraiment pas le genre d'Ombre. Et ça ne manqua pas. Ombre se leva tout d'un coup, pour finir par jeter son cahier sur le professeur dans un hurlement de rage pure. Il explosa, sous les yeux ébahi de toute sa classe, alors qu'il prit sa chaise pour l'abattre sur son bureau. Magnus dû se lever pour s'écarter et ne pas se prendre un coup. Toute la classe finit même par se lever, car il s'attaqua aux autres bureaux.

Il hurlait et se mit même à pleurer à chaudes larmes en détruisant tout ce qu'il y avait autour de lui dans une pulsion de fureur. Le professeur appela des surveillants pour l'aider à approcher d'Ombre. La bataille dura bien trente minutes. Ombre était comme prit d'une force insoupçonnée qu'il employa à balancer des bureaux sur les adultes, pour qu'au final, le professeur de la salle d'à côté utilise la porte communicante entre les deux pièces pour arriver derrière lui et lui ceinturer les bras, ce qui le fit lâcher prise. Et en quelques secondes à peine, le jeune sorcier s'évanouit dans les bras du professeur. Il n'en pouvait plus, il était à bout.

Les adultes l'amenèrent à l'infirmerie pour finalement découvrir, alors qu'il était endormi, qu'il avait de longues coupures sur l'intérieur des bras. L'infirmière se demanda même si le garçon avait un poids raisonnable, car le surveillant qui l'avait porté lui avait dit le trouvait léger pour son âge. Malheureusement, dans cet état, la soignante ne pouvait rien faire. Elle préféra donc téléphoner aux pompiers pour qu'ils portent le garçon à l'hôpital le plus proche pour le soigner ou du moins, faire quelques examens, peut-être même lui faire consulter un psychologue. Il semblait vraiment en mauvais état.

Après que l'ambulance des pompiers arrivèrent pour prendre en charge le garçon encore évanoui, l'infirmière appela la mère d'Ombre sur son téléphone. Lui disant que son fils avait fait une crise de colère et s'était évanoui ensuite. Elle lui donna le nom de l'hôpital et lui dit même qu'elle serait aussi là-bas pour l'accueillir. Un élève à l'hôpital pour ce genre de problème était assez rare. Quant à Magnus, il avait dû retourner en cours, mais s'inquiétait véritablement pour son ami.

Il s'avéra que les réponses des médecins après examens étaient ce que craignait l'infirmière. Ombre semblait faire un début de dépression. Au collège. C'était quelque chose d'affreux. Au lycée, c'était presque normal, la vie d'un adolescent était compliqué, mais en première année de collège ? C'était toujours quelque chose qui faisait mal à la soignante. Qui apprit aussi qu'en plus de l'automutilation, le garçon se sous-alimentait et qu'il ne dormait presque plus. Il était dans un état de fatigue et de surmenage extrême. Les consignes du médecin ? Qu'Ombre soit alité et un repos forcé pendant au moins un mois.

Ce qui alarma l'infirmière du collège était que malgré tout ce que la mère du garçon semblait apprendre au compte-goutte, elle n'avait pas l'air des plus inquiète que cela pour son fils. Non, au contraire, elle semblait énervée. Agacée que cela se passe aujourd'hui. Pendant un instant, l'aide-soignante se demanda si cet état de fatigue chez le collégien n'était pas en fait dû à sa mère. Le maltraitait-elle ? C'était une éventualité tout à fait possible. Simplement, rien ne semblait pouvoir corroborer la chose, vu qu'elle n'avait jamais eu un écho des professeurs en ce sens…

Finalement, la génitrice ramena son enfant chez elle, le visage fermé, au volant de la voiture, alors qu’Ombre était affalé sur le siège passager, à regarder le paysage défiler avec une mine totalement ailleurs. Il était fatigué, son corps lui faisait affreusement mal et le fait que tout ça avait été découvert, même le fait qu'il se faisait mal, lui laissait un profond sentiment de honte au fond de la gorge. Préférant ne rien dire, vu que sa mère ne semblait pas vouloir discuter, pour ne pas se mettre à pleurer.

**

Magnus était dans l'ignorance la plus totale. Après un tel déferlement de violence et d'appel à l'aide de la part d'Ombre, car sa crise était bel et bien un appel à l'aide, il ne savait pas quoi faire. Ne voulant pas se ramener chez lui, car la dernière fois, sa mère l'avait littéralement chassé de chez elle. Il ne voulait pas recommencer l'expérience… L'appeler ? Sa mère lui passerait-elle son ami pour avoir des nouvelles ? Pas sûr. La seule solution qu'il avait était d'aller voir son professeur principal pour avoir quelques nouvelles, si seulement sa mère avait prévenue l'école avec quelques détails.

Heureusement, oui. Un mois d'arrêt maladie pour surmenage… Magnus voulait le voir, il voulait lui venir en aide, lui faire du bien. Alors, il fini par mettre un plan au point, grâce à son professeur. Celui-ci lui disant qu'avec un mois sans travailler, il allait sûrement redoubler, de ce fait, ce serait bien qu'il ait au moins les cours qu'il allait rater, sans forcément avoir les devoirs qui allaient avec, pour pouvoir étudier ses cours pendant les vacances d'été pour avoir un peu d'avance l'année prochaine. Mais quelle bonne idée !

Le garçon s'appliqua alors à faire des feuilles pour chaque jours de cours, qu'il allait amener à Ombre tous les soirs. Au moins, il pourrait passer du temps avec lui et le voir un peu. Mauvais moment à passer ? Sa mère… Ce dragon qui gardait Ombre bien caché dans sa forteresse de solitude…

Mais l'épreuve sembla étrangement simple. Trop simple. Ce qui surprit Magnus. Était-ce parce qu'il avait comme prétexte de lui apporter les cours ? Sûrement. Il avait bien fait de ne pas juste venir avec des douceurs. Vraiment cette femme était autant surprenante qu'imprévisible.

Elle le laissa entrer, il lui proposa alors quelques sablés de chez Eglantine, celle-ci sembla… Particulièrement étonnée en voyant les biscuits. Normal, vu que c'était des biscuits de sorciers. Elle en accepta, pour finalement le laisser aller dans la chambre de son ami.

Ombre de son côté avait ouvert ses yeux en grands en voyant son ami entrer comme ça, sans aucun chaperon, dans sa chambre. Il était dans son lit, la mine un peu pâle et fatiguée, sous ses couvertures. Il s'assit pour crier sa joie en ouvrant les bras. Il était vraiment heureux, car avec sa mère, ses rapports s'étaient encore détériorés en même pas quatre jours. Il ne lui parlait presque pas et il fallait bien le dire, avait peur d'elle, même si elle ne lui faisait rien, à part lui donner des ordres…

Il était vraiment heureux de découvrir les gâteaux d'Eglantine et un petit mot d'elle, avec une carte signée de la classe. Grignotant avec le sourire, tout ça lui faisait un bien fou. Il discuta avec son ami, de potins mais aussi des cours, expliquant rapidement les fiches du jour. Pour finir par partir, mais il revint chaque soir, sauf le week-end ou là, la mère de son ami semblait s'interposer, disant qu'il fallait lui laisser le week-end pour qu'il soit vraiment au calme. Comme si Magnus et Ombre faisaient la fête dans la chambre quand ils se voyaient…

Mais une fois Magnus parti de la petite maison, le cauchemar continuait pour Ombre. Pas le premier jour de la visite du rouquin. Mais dès le lendemain. À chaque fois, sa mère finissait par débarquer dans sa chambre le matin, avec le petit-déjeuner et des cahiers. Des cahiers de cours de sortilèges de l'Académie. Elle ne semblait pas avoir prévenue l'établissement de l'arrêt maladie du garçon. Rien de tout ça. L'obligeant alors à travailler sa magie, vu qu'il n'avait pas besoin de travailler les cours de collège.

- Tu es content ? Comme ça, tu as moins de travail sur les bras, lui avait-elle lancé une fois le plateau posé sur son lit, sans même un regard pour lui.

Ombre ne préféra même pas lui répondre. Elle ne voulait écouter personne. Ce n'était pas parce qu'un médecin humain lui avait dit qu'il était surmené qu'il était fatigué des cours de collège. Il en avait assez du collège, de l'Académie et du Club de football. C'était tout un pack, mais elle ne voulait rien savoir. Alors il s'attela à la tâche sans rien dire, les yeux tristes. Au moins, il avait beaucoup plus de temps pour apprendre. Cela avait un bon côté, même si sa mère s'y prenait mal, très mal.

C'est bien au bout d'une semaine que le garçon reprenait petit à petit à communiquer avec sa génitrice. Lui demandant de petites choses, un goûter particulier, que Magnus puisse venir un samedi… Puis, il voulut enfin essayer quelque chose d'autre, qui lui ferait vraiment un bien fou. Il s'était levé de son lit, pour aller la voir dans le salon. Il appréhendait mais devait essayer.

- Maman…

- Je croyais que tu devais rester couché ?

- Oui mais… Est-ce que je pourrais voir papa ? Il me manque…

- Non.

Son non était des plus rapides, sans sentiments, sans rien. Il fut même choqué de ça. Ses jambes se mirent instantanément à trembler.

- Pourquoi ?…

- Parce que tu ne peux pas voyager dans ton état.

En soit, elle n'avait pas tort, mais son père pouvait très bien faire le trajet pour venir les voir et passer quelques jours. Il était d'ailleurs certain que son père aimerait découvrir les environs, même s'il ne pouvait pas l'accompagner. Il essaya de négocier avec sa mère, de lui demander des explications mais c'était encore un refus catégorique et elle ne lui avait pas rendu son communicateur… À tous les coups, elle voulait cachait à son ex-mari l'état pitoyable de son fils et les règles strictes qui régissaient le foyer.

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