Chapitre 18
Ombre passa la nuit dans la forêt, l'habitat à l'année de Lias, l'entité qui régissait son monde. En une seule soirée, il avait découvert l'intimité de la flamme qui avait une petite partie habitation derrière le bosquet aux souhaits. Cette forêt était exceptionnelle, Ombre n'en revenait pas. Il s'était beaucoup rapproché de l'entité et se sentait bien à ses côtés.
Le lendemain, celui-ci disparut pour demander une convocation, qu'il envoya comme toujours, sur les baguettes des sorciers concernés. Ombre angoissait, car il avait peur qu'il convoque tout Glavanh, mais non. Il n'avait demandé qu'à ses parents et à ses deux amis de venir. Enfin, c'est ce qu'Ombre pensait. En réalité, Lias avait intimé au père du sorcier de trouver une solution pour que l'ami humain du futur souverain soit aussi présent. Il avait une idée en tête. Et… Personne n'allait à l'encontre des directives de l'entité. Bien évidemment, il l'avait caché au premier concerné.
Le jeune sorcier semblait vraiment angoissé. De plus en plus. Voyant ça, Lias décida de venir lui tenir compagnie en attendant que les autres sorciers arrivent à bon port. Il s'approcha du garçon aux cheveux mauves qui semblait se tenir les mains en tremblant. Il se mit devant lui, bien devant lui, pour le regarder dans les yeux.
- Est-ce que tout va bien Ombre ?
- N..non Lias… Je suis désolé… Tellement désolé… couinait Ombre dont les larmes commençaient à couler.
- Tu n'as pas à t'excuser en quoi que ce soit. Tu le sais très bien pourtant.
L'entité avait une voix apaisante et il diffusa doucement sa chaleur sur le garçon pour l'aider à se calmer.
- Mais… Je vous dérange… Je vous apporte mes problèmes…
- Ombre… Chaque sorcier de ce monde peut venir me voir quand quelque chose le préoccupe. Je suis là pour vous écouter et vous aider au mieux.
- Oui mais je dois être le prochain souverain… Je dois…
- Tu ne dois rien à personne Ombre, le coupa doucement Lias. Tu as aussi le droit d'avoir tes propres problèmes. Et… Ils sont actuellement bien plus importants qu'une histoire de gouvernance, mon garçon.
Doucement, Lias approcha une flamme qui semblait lui former un petit bras, vers l'un de ceux d'Ombre. Lui baissant sa manche, pour laisser entrevoir ses cicatrices fraîches. Il s'était fait mal pendant la nuit précédente. Lias était profondément peiné que l'un de ses sorciers soit si mal dans sa peau et dans sa tête pour vouloir se faire mal, ou pire. La sorcellerie qu'il avait éveillé en ce monde était là pour éviter ça. Pour que ce sentiment de perdition n'apparaisse jamais chez eux. Pourtant… Les relations étaient complexes autant en Glavanh qu'en Nivanh.
- Apaise-toi Ombre, tout va bien se passer, je te le promets. Je suis là pour toi, et pour toute personne ayant besoin de mon aide.
- Je… D'accord… Merci Lias… J'avais si peur que vous… Ne…
- Que je ne comprendrais pas ? Que je serais du côté de ta mère ? Tu te trompes. Je suis la neutralité ici. Je juge avec l’œil de la justice pour le peuple, pour son bien-être. Tu me juges bien trop hâtivement. Mais je comprends ta peur.
Quelques heures plus tard, tout le monde venait d'arriver. Ses deux parents, Tao et Galahad… Et Eglantine et Magnus ! Que faisaient-ils là ? Ombre tourna son regard étonné vers Lias, qui semblait esquisser un sourire de son visage particulier.
- Eh bien ? Tu croyais que j'allais juste demander à tes parents de venir ? Tous ici ont leurs mots à dire, pour te défendre. Et je les écouterais avec patience.
Ombre semblait plus rassuré maintenant. Il sorti de derrière le bosquet avec Lias pour apparaître devant tout le monde. Mais quand sa mère le vis, elle s'avança directement vers la flamme bleue, le visage semblant humble, ce qui était inhabituel chez elle. Pourtant, Ombre pouvait bien voir que ses yeux étaient entre la froideur et la colère. Elle s'inclina doucement face à l'entité.
- Bonjour Lias. Je tiens à vous présenter mes excuses pour mon fils. Il n'avait pas à vous déranger en pleine nuit, surtout après m'avoir jeté un sort et s'enfuir comme il l'a fait. Il sera puni en conséquence.
Bien sûr, sa voix était froide et la colère pouvait se deviner dans son ton. Pas étonnant vu qu'elle s'était clairement fait repousser par magie par sa progéniture qui ne voulait pas lui obéir mais au contraire, s'éloigner d'elle.
- Bonjour, j'accepte vos excuses concernant votre fils, sorcière. Fini par répondre Lias, d'un ton simple et solennel. Ce qui alarma Ombre.
Comment ça il acceptait ses excuses ? Il l'avait vraiment dérangé ? Lui avait-il menti ?
Sa mère, quant à elle prit cela pour acquit et reprit sa marche vers son fils, voulant contourner Lias qui était clairement devant son fils et l'empêchait de l'atteindre. Sauf que tout ne se passa pas comme prévu au goût de la mère.
- N'approchez pas de votre fils tant que je ne vous en aurais pas donné l'autorisation sorcière, intervint Lias quand celle-ci tenta de le contourner.
La mère se figea. Être appelé par son simple statut de sorcière n'était pas anodin pour Lias, il s'agissait là de sa façon de faire quand il allait rendre jugement sur un problème de la communauté et elle ne l'avait pas percuté au début. Une sueur froide lui parcourut le dos, elle trembla un instant, pour reculer de deux pas, histoire de ne pas froisser l'entité plus que de raison.
- Mais voyons Lias… Il s'agit de mon fils, il a mal agit… se défendit sa mère, d'une petite voix.
- Mal agit ? Je ne pense pas bien au contraire. D'après ce que j'en sais, c'est vous qui avait mal agit envers lui. Ses personnes sont ici présentes pour nous donner leur version des faits.
La mère n'en revenait pas. Elle avait blémit d'un seul coup, tout en fusillant du regard son fils. Elle était en colère, elle brûlait d'une colère profonde qu'elle tentait de contrôler. Finalement, tout le monde alla s'asseoir sur des chaises que Lias fit apparaître, Ombre assit près de lui.
- Bien, sorcier, vous êtes le père d'Ombre, je voudrais connaître votre opinion, demanda avec gentillesse la flamme à l'homme à la peau noire.
Celui-ci décida de se lever pour parler, sous le regard horrifié de son ex-femme. Il allait arrêter de se cacher, arrêter d'avoir peur d'elle. Son fils méritait la vie qu'il souhaitait.
- Eh bien… Depuis le début de ses classes préparatoires mon ex-femme à débarquée dans la vie de mon fils, alors qu'elle ne le voit qu'à son anniversaire tous les deux ans… Depuis qu'elle a décidé que son travail était plus intéressant et important que son fils. Elle m'a… Menacé si je n'acceptais pas de laisser Ombre partir avec elle en Nivanh. Certes, il s'agit là d'une belle opportunité, mais… J'ai appris finalement que cela pesait énormément sur mon fils. De plus, il n'avait pas la possibilité de venir me voir, je n'avais… Presque pas de nouvelles. Et là, juste parce qu'il va devenir notre souverain, il devrait abandonner Nivanh alors qu'il a un merveilleux ami là-bas ? Je souhaite juste qu'Ombre soit heureux, que ses choix soient bons ou mauvais, peu m'importe Lias…
- Parfait, merci de votre témoignage, sorcier.
L'entité avait souri au père. C'était un bon père, il en avait la preuve. Alors, il se tourna vers les deux jeunes sorciers.
- Et vous jeunes sorciers ? Ombre est votre ami. Comment voyez-vous tout cela ?
Les deux garçons se levèrent ensemble, Galahad semblait intimidé, alors c'est bien évidemment Tao, le plus fier qui parla le premier.
- Sa mère a été une véritable démone avec Ombre !
- Ah oui ? Comment peux-tu dire cela, jeune sorcier ? demanda Lias avec douceur.
- On a été une semaine en vacances chez elle, et même avec nous, on a vu qu'elle était très stricte avec notre ami !
- O..oui… commença Galahad. On devait presque tout le temps travailler nos sorts, on ne pouvait presque pas s'amuser… Et… Ombre nous a dit… Ombre nous a dit qu'il n'en pouvait plus de sa maman… Il nous a dit… Qu'il ne pouvait plus vivre ainsi…
Galahad se mit alors à pleurer à son tour. Le père eut un choc en entendant ça. Tous savaient ici présent que l'envie d'en finir était la chose la plus taboue en Glavanh, car chose « presque » impossible à vouloir.
- Voyons, vous exagérez ! déclara d'un coup la mère. Ce qui attira l'attention de Lias.
- Je ne vous ai pas donné la parole, il me semble. Alors veuillez attendre votre tour chère amie.
Cette fois, le ton de la flamme était un peu plus distant. Ce fut alors à Eglantine de se lever. Elle n'attendit pas que Lias l'appelle.
- Sorcière ? Vous vivez en Nivanh et avait côtoyé Ombre. Veuillez me donner votre ressenti.
- Oui Lias, c'est exacte. Ombre m'a tout de suite touché. Je l'ai convaincu de ne pas fuguer, c'est comme ça qu'on s'est rencontré. Mais hier soir, je ne pouvais pas lui dire de rentrer…
- Et pourquoi donc ? Vous avez vous-même essuyé les conséquences d'une fugue, n'est-ce pas ?
- C'est exacte… Vous avez bonne mémoire. Simplement… Mes raisons étaient bien différentes. Moi… Ma vie n'était pas en danger… Alors qu'Ombre… Cela se voyait dans son regard…
Le silence se fit alors. Lias semblait réfléchir. Puis, il s'avança vers Eglantine pour la regarder dans les yeux, parlant enfin d'une voix presque tremblante d'émotion :
- Bien sûr que si sorcière. Bien sûr que si, votre vie aurait pu être en danger. Nous pouvons tous mourir sous les coups trop violents d'un parent. Je tiens à m'excuser. M'excuser de ne pas être intervenu. L'affaire a bien été portée au souverain précédent, mais pas à moi. Si seulement vous étiez venu me voir, j'aurais pu vous aider… Arranger les choses pour vous.
- Merci Lias, mais si les pouvoirs sont en délégation à un roi sorcier, ce n'est pas pour rien. Le roi à pris… La décision qui lui semblait la plus juste. Et même si cela a détruit la relation que j'avais avec ma mère… Je n'en suis pas malheureuse. J'aime faire des biscuits, j'aime Nivanh et surtout, j'aime ses jeunes sorciers que j'ai rencontrés.
L'émotion était à son comble. Finalement, Eglantine sécha une larme au coin de ses yeux, alors qu'Ombre la regardait avec gratitude et sincérité. Puis, doucement Lias lévita vers le rouquin et seul humain de l'assemblée.
- Et toi jeune humain ? Quel est ton nom ?
Magnus qui ne semblait pas vraiment impressionné, au contraire, il semblait dans son élément, se leva à son tour, imitant les autres, pour regarder Lias dans les yeux.
- Magnus, monsieur.
- Magnus… Voudrais-tu me parler de ton amitié avec Ombre ?
- Oui, bien sûr… Euh… En fait, Ombre et moi on se ressemble beaucoup. Mes parents sont professeurs et veulent que je sois le meilleur partout. J'en souffre, mais je ne souffre pas autant que lui souffre.
- Ah oui ? Vraiment ?
- Oui, car j'ai bien plus de liberté, de temps libre et de repos que lui, malgré tout. Il devait même travailler ses sorts pendant les récréations du collège et la pause déjeuner. C'est beaucoup trop… Et quand je venais le voir, quand il n'en pouvait plus, quand son corps a lâché…
- Son corps a lâché ? Comment cela ?
- Euh… Un jour il a fait une crise de panique et de colère, et s'est évanouie, à l'hôpital, ils ont vu qu'il était très mal et est resté chez lui pendant un mois.
Magnus se sentait un peu mal car il ne pensait pas que l'entité la plus importante ici ignorait cela. Mais apparemment beaucoup ici ignorait l'histoire.
- Quand je venais lui apporter les leçons, on était obligés de les voir directement. Il ne pouvait pas les lire le lendemain. Parce qu'il devait travailler la sorcellerie…
- Je vois… Merci jeune Magnus. Tu es un ami des plus courageux.
Le rouquin ne put que sourire doucement, alors cette fois… Lias s'arrêta devant la génitrice du sorcier.
- Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
- Rien. J'ai fait cela pour lui garantir un avenir des plus glorieux ! Moi j'ai tout donné pour être ou je suis. Je n'en suis pas morte !
Cette réponse mit soudainement un blanc des plus pesant dans l'assemblée. Tous semblait vraiment choqué par la vision des choses de la mère. Ne voyait-elle pas où était le problème ?
Finalement Lias se retourna pour revenir près d'Ombre pour poser son bras sur son épaule, histoire de le rassurer. Puis, après un long silence, il donna sa décision.
- J'ai décidé qu'Ombre ferait ce qu'il souhaite.
- Quoi ?! Mais !… intervint la mère.
- Vous n'avez rien à dire sorcière. D'ailleurs, j'ai autre chose à dire.
Tous le regardait, ne comprenant rien. Lias se dirigea à nouveau vers la mère d'Ombre.
- Sorcière, j'ai décidé que vous n'aviez pas la mentalité que notre monde diffuse. Vous n'écoutez pas les besoins de votre fils, après de nombreux avertissements. Certes, votre travail ne vous a pas rendu malade. Pourtant, il ne faut pas oublier que les autres ne sont pas vous. Tout le monde est différent, même votre fils. Et vous l'avez maltraité sans remord. Vous ne vous êtes pas excusé une seconde. De ce fait… J'ai décidé que je vous retirerais vos pouvoirs et que vous allez être exclus de Glavanh. Vous semblez aimer votre emploi chez les humains ? Vous allez pouvoir être comblé.
La sentence venait de tomber. La mère tomba des nues, mais ne dit rien. Rongeant son frein. Acceptant, alors que le visage d'Ombre s'illumina d'un seul coup. Remerciant Lias pour son aide, il alla près de ses amis pour une étreinte des plus salvatrices.
Annotations
Versions