Chapitre 2 : la fin d'une vie paisible.
Callen et Aurore étaient assis sur un banc, les bras croisés. Leurs regards blasés et énervés étaient dirigés droit devant eux et non sur la source de leur soudaine mauvaise humeur. Cette dernière, avachis sur le dossier du banc, riait à gorge déployé. Aurore avait eu la folle envie de lui soulever les jambes pour la faire tomber de l’autre côté.
– Elle va finir par s’étouffer de rire, lâcha la Sanroy.
– Si elle s’arrête pas bientôt, oui, confirma Callen d’une voix neutre.
Depuis qu’ils m’avaient raconté leur combat, je ne pouvais pas m’arrêter de rire.
C’était… c’était tellement ridicule !
– J’ai honte…, chuchota-t-il, horriblement honte…
– Sur ce coup, t’es pas le seul.
Éden, assise sur un banc, regardait droit devant elle. Sa tête sur ses genoux, Volt dormait tranquillement depuis une dizaine de minutes.
Comment était-elle arrivée à cette situation déjà ?
Elle était à peine arrive au point de rendez-vous – qu’elle avait accepté en faisant passer cette décision pour de la pitié – quand le gardien avait débarqué. Il lui avait bafouillé des excuses pour son retard avant de lui avouer qu’il avait besoin d’un petit somme : les sorts de vitesse l’avait épuisé.
L’héritière poussa un soupir.
« Il faut vraiment qu’il s’entraîne à utiliser à ces sorts ».
Ne sachant quoi faire, elle regarda les environs. La place était déserte contrairement à la patinoire qui se trouvait un peu plus loin. Certaines personnes patinaient avec grâce, d’autres comme des pieds.
Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’elle se demanda dans quelle catégorie elle faisait partie. Après tout, elle n’avait jamais patiné. Mais ce ne devait pas être aussi difficile que d’apprendre à voler.
Volt s’agita sur ses genoux ce qui ramena l’attention de la jeune fille sur lui.
Timidement, elle plongea ses doigts dans ses cheveux et lui caressa la tête. Elle apprécia la douleur de ce contact et resta fasciné devant la dégradation de couleur.
– Éden ? murmura la voix de Volt.
En rencontrant son regard bleu nuit, elle sursauta en retirant sa main. Elle détourna la tête, sentant ses joues rougirent de honte.
Le gardien avait une expression de surprise.
– Pourquoi tu…, commença-t-il curieux.
– Qu’est-ce que cela peut te faire ?
Son ton froid lui faisait clairement comprendre que s’il voulait passer un bon rendez-vous, il avait intérêt à ne pas la questionner sur ce geste.
Je m’étais calmée enfin quelques petites crises de fou rire arrivait si j’avais le malheur de regarder leurs visages.
Au bout d’un moment, je n’eus même plus à éviter celui de Callen.
– Allez mon chéri ! lui lançai-je en attrapant sa main et en me rapprochant de lui. Je ne voulais pas te vexer ! Avoue au moins que cette situation était ridicule !
Voyant qu’il ne me répondait toujours pas, j’enroulais mes bras autour du sien.
– Ne me boude pas Callen.
– Eh bien… j’ai un moyen de nous remettre sur le même pied.
Je penchai ma tête sur le côté, curieuse.
– « Quel moyen » ?
– Le dessin derrière ton miroir, répondit-il en déverrouillant son portable.
Il me fallut un court instant pour réaliser.
– Monsieur lapinou ? m’écriai-je paniquée.
Mon petit ami se tourna vers moi et, cette fois, je ne rigolai pas à la vue de son magnifique œil au beurre noire.
– Je ne savais pas que tu lui avais donné un nom…, me lança-t-il avec un petit sourire malicieux.
– Efface cette photo, lui ordonnai-je.
– Nan.
Je tentai d’attraper son téléphone, en vain.
– Fais voire ! s’exclama Aurore en tendant la main derrière ma tête.
L’espion obéit et, pour éviter que je ne réussisse à dérober l’appareil tant convoité, m’entoura de ses bras pour m’empêcher de bouger. Plus je me débattais et plus son étreinte se resserrait.
– Sale traître ! hurlai-je.
– Ohhhhhhhhh ! s’écria la Sanroy avec une voix aigu. Que c’est gnongnon !
– Au moins on n’est pas les seuls à être ridicule.
– Pourquoi faut-il que vous vous entendiez bien quand c’est pour se venger de moi ? murmurai-je.
– Tu n’avais qu’à pas te moquer de nous ! répliquèrent-ils à l’unisson.
Éden posa un pied confiant sur la glace et… se rétama sur le sol.
– Ça va ? s’enquit Volt en l’aidant à se relever.
– Très bien, répondit-elle.
Ses jambes menaçait de la faire tomber à tout moment.
Bon sang, ses foutus chaussures à lames n’étaient pas aussi stable qu’elle l’avait imaginer. Il lui faudra donc plus de temps et d’efforts.
Quoi qu’il arrive, elle maîtrisera ces fichus patins avant le coucher du soleil.
Elle s’agrippa à la rambarde et commença doucement à avancer. Volt l’accompagnait en silence, prêt à la rattraper si elle venait à perdre l’équilibre à nouveau.
En réalisant elle s’arrêta nette et se tourna vers lui.
– Tu sais faire du patin ? s’écria-t-elle.
Volt lui adressa un sourire avant de répondre :
– Je me suis fabriqué des patins quand j’étais petit. Chaque hiver je m’amusais à patiner sur un lac gelé au milieu d’une forêt.
Elle lui fit de gros yeux.
– C’est pas dangereux ça ?
– Eh bien… je me souviens d’être tombé dans l’eau gelé du lac après que la glace ait craqué.
Il posa un doigt sur son menton et regarda le ciel comme pour se remémorer.
– Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai vu la mort pour la première fois. Mais bon…
Il reposa ses yeux sur elle et continua :
– … si Astroméria ne m’avait pas trouvé, je serais sans doute mort à l’heure qu’il est. Depuis ma mère m’enferme dans la maison si je suis au village durant l’hiver.
« Comment il peut dire une chose pareille aussi calmement ? » s’étonna Éden encore surprise par cette révélation.
Après un petit temps de silence, Volt reprit la parole :
– Je peux t’aider si tu veux.
– Non, répliqua-t-elle en se remettant à patiner.
– Mais pour…
– Je dois y arriver seule. J’ai réussis des choses bien plus difficile sans aide.
Silencieusement, il l’accompagna. Il fut tenter de lui donner des conseils à de nombreuses reprises.
« Tiens-toi droite », « fait attention à la distance entre tes deux pieds », etc.
Mais il ne dit rien.
Il devait respecter son souhait d’apprendre toute seule.
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Depuis plusieurs jours, Ané et Nomi ne sortaient plus de la maison. Enfin, leur père leur avait formellement interdit de sortir.
– Il fait plus froid que d’habitude. Il vaut mieux que vous restiez ici.
Les jumelles savaient très bien que ce n’était qu’une excuse.
S’il ne voulait pas qu’elles quittent la maison c’était à cause de cette présence malsaine qui semblait les observer depuis quelques jours.
Il était claire que leur père voulait les protéger en les cachant.
Nomi, avec une joie de facette, tentait de remonter le morale d’Ané. Cette dernière, silencieuse, passait ses journées à observer le bois se consumer dans la cheminée.
Est-ce qu’elle aussi ressentait le mauvais pressentiment qui la tiraillait depuis ce matin ?
Enfin, cela n’avait plus aucune importance dorénavant.
Quand elle entendit la porte d’entrée se fracasser sur le sol, Ané su que sa petite vie paisible venait de prendre fin.
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