Après lui avoir fait visiter la bibliothèque, Nel avait laissé une pause au jeune rescapé.

Grave erreur.

Il se retrouva comme un idiot au pas de la pièce vide.

Ses poings se resserrèrent.

« Moi qui pensais passer des vacances tranquilles ! »

– ELOAN ! hurla-t-il pour évacuer la colère qui montait en lui.
– Je suis ici ! répondit une voix lointaine.

Il fut surprit d’entendre une réponse. De plus elle semblait venir de…

Le démon se précipita à la fenêtre.

– Tu es sur le toit ? s’écria-t-il.
– Tu devrais me rejoindre ! La vue est superbe d’ici.

Le sang de l’obscurien ne fit qu’un tour tandis que la panique montait en lui.

Cet idiot de sorcier… sur le toit ?

– DESCENDS TOUT DE SUITE ! cria-t-il. SI TU TOMBES ! TU MEURS !
– Nan, je reste ici.
– TU DESCENDS !
– Viens me chercher toi-même !

Il grogna.

Une tête de mule.

Il posa un pied sur le bord de la fenêtre et sortit la tête. Le haut des arbres se trouvaient plusieurs mètres plus bas.

Une moue défigura l’obscurien.

Une chute d’ici ne serait pas très agréable.

Il attrapa une brique en posant son dernier pied sur le rebord. Il était maintenant dos au précipice.

– Allez Nel ! Ne me dis pas que tu es incapable de monter jusqu’ici ?
– Tu vas voire quand je serais en haut, marmonna-t-il dans sa barbe inexistante.
– Hein ?

Sa main libre saisit un nouvel appuie. Il poussa sur ses bras et leva sa jambe gauche pour atteindre le bord supérieur de la fenêtre.
Il n’était pas très loin du sommet.
Poussant sur son pied posé en haut, il réussit à attraper une tuile… qui partit dès qu’il eut le malheur de l’utiliser pour ascension.
Déstabilisé, il perdit l’équilibre.

Il se sentit tomber.

La dernière chose qu’il aperçut fut le regard paniqué d’Eloan qui tentait de lui attraper le poignet.

/////

– Je dois retrouver ma mère !
– Nathanielle Astria, c’est ça ?
– Ouaip. Tu pourrais peut-être…
– Non. Je suis journaliste, pas inspecteur de police.

Aurore poussa un très long soupir.

– Tu pourrais faire appel à un détective privé.

Elle grimaça, au bord de la déception.

– Ça va me coûter un bras.
– On peut toujours aller voire. Si c’est trop cher, tant pis.

« tant pis… tant pis… arrêter tout alors que je suis sur le point de retrouver ma mère. C’est facile de dire tant pis » songea-t-elle amèrement.

Elle n’avait plus qu’a espérer qu’elle puisse payer.

Un peu plus tard,

– Et il est arrivé quoi ?

Esméralda n’arrivait pas à croire ce qui lui disait son petit ami. Ce dernier poussa un soupir avant de répéter :

– Je suis tombé du toit du château.
– Et tu…

Elle reprit rapidement ses esprits, se rappelant de ce qu’elle savait.

« Nel est un obscurien. Il ne peut mourir que si on lui plante une arme en plein cœur ou que l’on lui arrache la tête. »

– Et ça va ? Avec une chute pareille…
– J’ai juste eu l’impression que je mourrais durant quelques secondes.
– Mon pauvre…
– J’en peux plus… Ce rescapé va me tuer.
– Rescapé ?
– Il a réussi à s’enfuir de l’Harmonie avec sa mère. Elle était enceinte de lui quand elle s’est fait capturer lors de la dernière bataille.

Elle fronça les sourcils.

– Vous faites des prisonniers de guerre vous ?
– Non… c’était assez spécial…

////

– Ané ! l’appela une voix familière. Ané !

Elle ouvrit doucement les yeux tandis que ses poignets se libéraient d’un poids.

– Mam… mam…, balbutia-t-elle.
– Chut… Économise tes forces, répliqua-t-elle doucement, étudiant avec une inquiétude non dissimulée sa pauvre fille. Il faut que l’on parte d’ici.

Elle passa ses bras sous ses aisselles pour la relever.

– Nous allons chercher Nomi. Elle n’est pas très loin.
– Maman… où… où est papa ?
– Je… je…

En voyant sa mère commencer à pleurer, elle comprit avec horreur qu’il n’était plus de ce monde.

Un sentiment étrange prenait naissance en Ané. Une flamme encore faible qui n’avait besoin que d’être alimenté pour grandir.

La vengeance.

////

– Vraiment spécial…, confirma Esméralda à la fin du récit de Nel. Linoa est au courant de cette bataille ? Elle est quand même assez récente.
– Non… il y a tellement à lui apprendre que j’oublie de lui parler de certaines choses.

Il laissa un petit blanc avant de reprendre :

– Bon j’admets que je passe aussi certaines choses sous silence…
– Comme les Sanroys par exemple, lança-t-elle sans vraiment réfléchir.

GROS BLANC.

« J’ai peut-être fait une boulette... » se rendit compte la rousse.

– Tu les connais ?

Durant sa formation d’espionne, on lui avait apprit à mentir. Mais, là, aucune excuse ne lui venait à l’esprit.

La panique s’emparait petit à petit d’elle.

Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir inventer pour lui expliquer ?

– Esméralda ?

Son ton était sérieux voire autoritaire.

– Oh Yves m’appelle, je dois y aller ! lança-t-elle en tentant de dissimuler sa panique. Je te rappelle demain, d’accord ? Bisous mon démon !
– Non att…

Et elle raccrocha en poussant un long soupir.

« J’espère qu’il va oublier » pensa-t-elle alors que son regard tombait sur la porte vitrée de l’agence.

Elle vu alors trois personnes au milieu de la petite place. Un d’entre eux hurlait à plein poumon dehors ce qui lui valait des regards intrigués de la part des passants.
De là où elle était, son cri n’était qu’un vague murmure.

Curieuse, elle se rapprocha jusqu’à entendre distinctement ce qu'il hurlait.

– Aurore ? répéta-t-elle.
– Aurore ?

Elle se tourna vers Callen qui venait d’arriver dans le hall.

– Il y a quelqu’un qui hurle ça dehors, expliqua-t-elle.

Il fronça les sourcils et la rejoint à la porte.

– Attends mais c’est Yuki, Théo et Lux ! s’écria-t-elle.

Cela sonna de manière familière aux oreilles d’Esméralda. Le jeune brun avait du lui en parler.
Elle chercha un moment dans ces souvenirs pour retrouver les informations que Callen lui avait donné sur eux.

– Tu sais ce qu’ils font ici ? lui demanda-t-elle. Et…

Elle pointa le blond du doigt avant de continuer :

– … et pourquoi il hurle son prénom ?

Il haussa les épaules avant de rajouter :

– Je vais aller lui demander.

Et il sortit.

Esméralda le fixa un instant, hésitant à le suivre au vu de la température à l’extérieur. Mais sa curiosité était trop forte.
Elle le suivit à l’extérieur et croisa les bras pour se réchauffer.

– Qu’est-ce que vous faites ici ? s’enquit son meilleur ami tandis qu’elle arrivait vers lui.

Lux se stoppa et Yuki poussa un long soupir de soulagement.

– Oh merci Callen ! lança-t-elle. Je tentai désespérément de l’arrêter mais rien ne le faisait taire !
– Quand Lux est après Aurore, rien ne peut l’arrêter, annonça Théo. Il est beaucoup trop poupoule.
– Même pas vrai ! répliqua ce dernier.

Puis il se tourna vers le brun qui entourait les épaules d’Esméralda avec son bras. Il la rapprocha de lui afin de la réchauffer un peu. Elle le remercia dans un murmure.

– Tu ne saurais pas où se trouve Aurore par hasard ? s’enquit l’ange noir. Je la cherche.
– Je l’avais à peine deviné, ironisa le brun.

Puis répondit plus sérieusement :

– Je sais juste qu’elle voulait aller à un orphelinat.

La déception se lisait sur le visage de Lux.

– On a fait TOUS les orphelinats de la ville…, lança-t-il. Je commence à en avoir marre.
– Et c’est en hurlant son prénom que tu comptes la retrouver ? La connaissant, elle se serait cachée si elle t’avais entendu.

Il poussa un soupir.

– Mais sinon, vous essayez l’orphelinat de la ville d’à côté ? Il n’est pas très loin.

À la flamme d’espoir qui dansait dans les yeux de Lux, il comprit que non, ils n’avaient pas essayé.

– Merci beaucoup Callen ! hurla-t-il avant de se mettre à courir.

Théo et Yuki tentèrent tant bien que mal de le rattraper tandis que le brun et la rousse les regardaient s’éloigner.

////

– Eh bah ! s’exclama Xavier alors qu’Aurore se remettait d’une série d’éternuements. Quelqu’un parle de toi !
– Lux est plutôt en train de me traquer…, murmura-t-elle.

Puis en haussant la voix, elle demanda :

– Tu pourrais me ramener à mon appartement ?
– Pas de problème ! Alors, tu as pu demander l’aide d’un détective ?
– Ermina Mustela.

Il fronça les sourcils.

– C’est la détective qui est chargé de retrouver la piste de ma mère. Elle m’a offert ces services à moitié prix. Elle est vraiment la gentillesse incarnée.

////

Un rire diabolique retentit dans le bureau.

Le poing serré en avant, des flammes de détermination s’agitaient dans ses yeux sangs.

– À moi la place de numéro un et demi ! MOUAAAAAH ! Carter n’est qu’un INSECTE ! Admire ta nouvelle reine !

« Bien dit ! » confirma l’Hermine au pelage nuit qui se trouvait sur son épaule. « Cette place te revient de droit ! »

Soudain la porte s’ouvrit.

– Ermina, ma reine, tu as besoin de quelque chose ? s’enquit le dragueur.

Elle se rapprocha de lui, le bouscula dans le couloir et lâcha :

– Que tu restes loin de moi.

Elle claqua la porte mais l’ouvrit à nouveau pour lancer :

– Et ta place de numéro et demi mais, ça, ce n’est plus qu’une question de temps !