Chapitre 18 : une vengeance accomplie
Un peu plus tard,
La porte sortit de ses gonds dans un vacarme assourdissant. Aurore n’eut pas le temps de réaliser que Lux lui aggrippa le bras. Il se saisit de celui de Théo et ils se mirent tous à courir. Nathaniella leur hurlait de partir. Qu’il était là.
Ils traversèrent le salon alors que des pas lourds semblaient les suivre. La Sanroy était perdue, n’arrivant pas à réaliser ce qu’il se passait. Son cœur s’affolait alors que les doigts de Lux se resserraient autour de son bras.
Ils atteingnirent rapidement la porte qui menait à l’arrière de la maison. L’Obscurienne leur répétait qu’ils devaient quitter l’endroit le plus vite possible. Qu’une fois éloigné d’ici, ils trouveraient une nouvelle cachette.
Ané et Nomi furent les premières à sortir, rapidement suivit par Aurore , Lux et Théo. Nathaniella s’apprêtait à faire de même. À peine eu-t-elle posée un pied à l’extérieur qu’une lame ressortie de sa poitrine. Elle ne poussa aucun cri, regardant avec étonnement l’objet qui libérait son sang de son enveloppe charnelle. Ses yeux se vidèrent petit-à-petit de toute vie. Les cris et les pleures des jumelles semblaient lointain à Aurore qui regardait la scène avec absence.
Est-ce que tout cela n’était qu’un cauchemar ? Ça ne pouvait qu'être un horrible cauchemar.
Théo retient de justesse les deux filles de se précipiter vers leur mère.
– Ça ne sert à rien, murmura-t-il d’une voix blanche. Je suis désolé.
Les sanglots se faisaient de plus en plus fort alors qu’elles tentaient vainement de se soustraire à son emprise. Chaques mots, chaques supplications qu’elles formulaient brisées un peu plus les cœurs de Lux et de Théo.
L'arme se retira et le cadavre de l’Obscurienne tomba sur le sol. Un homme au aspect de monstre se dévoila alors au seuil de la porte. Son grand sourire de fou et ses vêtements immaculés de sang ne le rendait que plus effrayant. Les jumelles paniquèrent davantage. Les deux garçons commencèrent à les faire reculer. Théo réfléchissait au meilleur sort pouvant leur donner assez de temps pour s’enfuir. L'homme avançait vers eux avec une lenteur calculé. Aurore était toujours dans ce même vague, éloigné de la réalité et cherchant un échappatoire à ce cauchemar.
– Vas-tu te venger, bâtarde ?
La voix malsaine de cette bête ramena avec fracas la Sanroy dans le moment présent.
« C’est lui. C’est lui qui a tué mes parents ! »
La haine envahit son corps à la vitesse de la lumière. Son esprit ne pu alors que penser encore et encore à la même chose.
Se venger.
Elle se jetta sur lui dans l’objectif de le déchiqueter. Le sourire de l’homme s’élargissait à mesure qu’elle se rapprochait. Ses doigts ressèrent la garde de son arme. Elle s’approchait de plus en plus. Encore un pas et il l’empalerait. Quelqu’un se jetta sur elle, la déviant de sa trajectoire. Le prédateur attaqua dans l’espoir de blesser le sauveur.
– Tu es complètement folle ! lui hurla Lux.
Quand Aurore ouvrit les yeux, elle rencontra le regard colérique et inquiet du jeune homme. À quatre pattes au-dessus d’elle, il avait déployée ses grandes ailes noires. Il ne fallut pas longtemps à la blonde pour remarquer le filet de sang dans le plumage sombre du demi-ange.
– Lux, tu…
Elle serra les poings.
– C’en est assez.
Elle tenta de se relever mais le Sanroy posa une main sur son épaule et la força à retourner contre le sol.
– On a AUCUNE chance contre lui Aurore. AUCUNE.
– On a AUCUNE chance de le semer. On ne PEUX PAS fuir ! On DOIT s’en débarrasser !
– Tu veux te venger, oui !
Elle ne pouvait pas mentir sur ce point.
– Lux, n’as-tu jamais souhaiter te venger des meurtriers de tes parents ? De ceux qui...
– ATTENTION !
Le bouclier de Théo les sauva de justesse d’une attaque de la bête.
– Qu’est-ce que vous faites bon sang ? leur lança le demi-sorcier alors que leur ennemi s’attaquait successivement à leur bouclier et à celui qui entourait les filles. C’est pas le moment de roucouler !
Les deux se relevèrent sans un mot. Théo disparut dans un sceau, cinq autres entourèrent leur assaillant qui se retrouva bientôt encerclé par de grandes colonnes de glace. Les boucliers se brisèrent et il se laissa tomber à genoux, essoufflé. Sept sceaux à gérer en même temps était un véritable gouffre en énergie.
Lux se précipita sur lui, suivit par Aurore. Enfin cette dernière s’arrêta au niveau du sort alors que le demi-ange aidait Théo à se relever. Il tentait en même temps de ramener les deux jeunes filles à la réalité. Ce qui se révélait mission impossible.
« Bon, on n’a pas le temps d’attendre qu’elles reprennent leurs esprits. Aurore pourra les gérer pendant notre fuite ».
- On part ! lui hurla-t-il.
Elle allait répliquer mais il ajouta :
– Bordel Aurore, n’essaye pas de te venger ! J’ai besoin de toi moi ! On a tous besoin de toi ! Alors ne gâche pas te vie inutilement dans un combat que tu ne peux pas gagner !
Elle le fixa. Elle était déterminée à le tuer. Elle avait autant de pouvoir qu'un magicien, elle pouvait le faire. Elle en était certaine.
– Désolé Lux
– Aurore !
Un rire sinistre retentit.
– Bon choix.
Les colonnes explosèrent avec une facilité déconcertante. Théo peina à créer un bouclier pour tous les protéger alors que les jumelles recommencèrent à hurler de terreur.
– Il faut toujours accepter sa mort.
La Sanroy n’eut pas le temps de réagir qu’elle fut propulsée à l’autre bout de la prairie. Sa course fut bréve, arrêtée par un arbre. Lux lâcha Théo, prêt à voler à son secours mais fut bloqué par un mur de glace qui les entoura tel un dôme. À travers la glace, il vit l’image déformé de l’homme avancer lentement vers la blonde.
– Non. Non ! NON ! scanda-t-il en frappant leur prison de ses mains. AURORE ! AURORE !
Son rythme cardiaque s’affolait. Non, il ne pouvait pas la perdre. Pas comme ça. Elle avait tellement de choses à vivre. Tant de règles à bafouer encore. Tellement d’occasions de l’énerver. Il avait encore tellement de choses à lui dire. Il aurait tellement voulu lui dire à quel point il tenait à elle.
– AURORE !
– À ton tour de mourir Sanroy.
Théo tituba, se retenant de justesse à la parois du dôme. Il dessina des sceaux, puisant dans ces dernières forces pour détruire le sort. Aucun ne semblait assez puissant. Il grogna et jura contre toutes les divinités pouvant exister dans ce monde. Il continua toutefois, jouant sur l'usure.
– AURORE !
Les coups de Lux se faisaient de plus en plus violent. Il était bien trop concentré sur la scène qui se déroulait sous ses yeux pour ressentir la douleur qu’il s’infligeait en vain. Il ne remarqua même pas les larmes qui dévalaient ses joues.
– AURORE !
Elle papillonna des yeux, sonnée. Son corps entier semblait n'être qu’un amas de nerfs à vif. Du sang s’écoulait de différentes blessures liées au choc et aux éclats de glace qui avaient volés dans tous les sens.
Le meurtrier de ses parents s’avançait vers elle, un sourire de satisfaction sur les lèvres.
Son cœur accéléra la cadence. Elle tenta vainement de bouger comme une pauvre souris blesser face à un chat avide de sa chair. Elle avait peur. Très peur. Une partie de son cerveau tentait de lui faire croire que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve. Tout ceci ne pouvait qu’être qu’un mauvais rêve.
Une femme apparue au côté de son futur bourreau. L’aura apaisante qui se dégageait de cette étrangère ne fit que la paniquer davantage.
– N’aie pas peur ma chérie, lui murmura-t-elle. Il te tuera vite.
Le corps tout entier d’Aurore se mit à trembler frénétiquement. Elle ne pu plus retenir ses sanglots qui résonnèrent dans la prairie.
– AURORE !
Il s’arrêta soudain, son regard se posant sur l’hermine sombre se dressant entre lui et sa future victime.
– Que…
– Méthy.
Il se retourna avec surprise vers la jeune femme. Bras croisés, elle avait de cours cheveux blancs aux pointes noires. Ses yeux étaient de couleur rouge. Aurore était prête à mettre sa main à couper qu’elle les avaient noirs le jour de leur rencontre.
La femme qui était apparue se volatilisa.
– Ermina, murmura-t-il.
Toute trace de sadisme semblait s’être envolé de lui. Il s’approcha maladroitement de la femme, un grand sourire aux lèvres.
– Où étais-tu ? J’ai eu très peur pour toi ma petite hermine.
Elle le fixait en silence. Son expression était neutre. Il n’était plus très loin d’elle maintenant.
Aurore en profita pour s’enfuir en rampant jusqu’au dôme de glace.
– Est-ce que je t’ai manqué ?
La blonde se traînait le plus vite possible. Elle devait profiter de la distraction que lui offrait la détective privé pour lui échapper. Elle n’avait plus qu’à les sortir de là et ils s’enfuiraient tous.
« Ermina gagne juste du temps. Elle va sans doute s’enfuir ens... »
Un cri horrible lui donna la chair de poule. Elle se tournait pour en déterminer la provenance pile au moment où Ermina plantait la dague qui traversait la main de l'homme dans le sol. Elle répéta l’opération avec la deuxième et il se retrouva bientôt cloué tel un insecte. Elle s’était installée sur son ventre. Son visage était horriblement inexpressif. La glace craqua au loin et Lux se précipita sur elle. Il la prit dans ses bras et rejoint les autres en quatrième vitesse. Théo attrapa la main de chaque jumelle et ils partirent aussi vite que possible.
Méthy ne pu qu’observer ses proies s’échapper. Il tenta de se dégager mais ceci ne résultat qu’à plus de souffrance.
– Ermina, pourquoi ?
– Pourquoi ?
La troisième dague vient doucement le balafrer tandis qu’elle énonçait :
– Les traites sont toujours nos plus proches confidant Méthy. Je viens aujourd’hui me venger.
Elle planta un premier coup dans son ventre. Il cria.
– Pour Taliane à qui tu as fais vivre un cauchemar à ses onze ans.
Un deuxième coup. Un deuxième cri.
– Pour Félix que tu as torturé pour arriver à tes fins.
– Je t’en… Je t’en supplie…
Un troisième coup. Un troisième cri.
– Pour mon demi-frère dont la vie n’a été qu’un enfer par ta faute.
– Erm…
Un quatrième coup. Un quatrième cri. Les mains et les vêtements de la détective se tâchait de sang mais elle n’en avait rien à faire. Son visage restait toujours aussi inexpressif.
– Pour ces Sanroys et à leur parents que tu as massacrés.
Les mots devenaient incompréhensibles et furent remplacés par des cris sans fin.
Un cinquième coup.
– Pour ta femme que tu as tué.
Un sixième coup.
– Pour mon père que tu as tué.
Un septième coup.
– Pour tous ces espions oubliés et maltraités par ta faute.
Un huitième coup.
– Pour tous ceux qui ont préférés se suicider que de supporter un jour de plus dans l’enfer que tu leur avais crée.
La dague surplomba un endroit de sa cage thoracique.
– Pour tous ces personnes que tu as sacrifiées pour ton ascension sociale.
Et la lame se planta dans son coeur.
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