Chapitre 7 : Réunion parents/professeurs
Quelques jours plus tard,
_Vous pouvez répéter s'il-vous-plaît ? Lui demanda à nouveau ma prof d'Histoire.
Son visage semblait encore plus grave que d'habitude.
_Bah...
Mon père se gratta l'arrière du crâne visiblement mal à l'aise.
_... Je suis archéologue aventurier...
_Vous pouvez répéter s'il-vous-plaît ?
Sa voix se faisait de plus en plus insistante.
_Euh... Madame ça fait la dixième fois que vous me demandez de répéter.
_La seizième fois pour être plus précise. Intervenais-je.
_Okay vous avez sans doute près de la soixantaine et vous êtes à moitié sourde – la vieillesse, vous me direz –...
Je fixai mon père avec de gros yeux.
Il ne sait pas dans quelle galère il s'embarque...
_TAISEZ VOUS PETIT INSOLENT !
La baguette en bois de la prof s'abattit sur la table. Mon père sauva ses doigts de justesse.
_Si je vous fait répéter, c'est que je n'y crois pas mes oreilles !
Debout, elle toisa mon père avec mépris.
_Vous êtes COMPLÈTEMENT irresponsable ! Vous risquez votre vie ! Vous vous rendez compte que vos enfants risquent de vous perdre à tous moment ? Je parie aussi que votre situation financière est instable !
_Eh bien...
_Vous ne pouvez pas faire fonctionnaire ou cadre ? ! Un métier de bureau ? ! Mais non ! C'est mieux d'être un crétin qui parcourt le monde même si c'est dangereux !
_Vous êtes simplement jalouse de ne pas pouvoir le faire, veille peau de vache !
GROS BLANC.
Je posai un regard paniqué sur mon père qui finit par me regarder. À ce moment-là, il comprit sûrement le danger.
_Bon bah merci de m'avoir accordé un peu de votre temps... Déclara mon père alors que nous levions discrètement dans le but de nous éclipser au plus vite.
_RESTEZ ICI !
Ouvrant la porte à toute allure, nous nous précipitâmes à l’extérieur, pourchassés par un monstre.
_Qu'est-ce...
Avant que Cassandre ne puisse finir sa phrase, mon père lui attrapa le poignet, l'entraînant ainsi dans cette course folle.
_INSOLENT ! REVENEZ ICI !
Purée... Elle court vite pour une personne de son âge...
Plus tard,
Cachée derrière le mur, je regardai discrètement en direction du couloir.
Tel un lion furieux, elle grognait et jetait des regards pleins de haine à toutes les personnes qui croisaient son regard. Finalement, elle fit demi-tour.
Quand elle disparut de mon champ de vision, je poussai un profond soupir de soulagement.
_Elle est partit. Annonçai-je en me tournant vers mon frère et mon père.
Celui-ci poussa un petit soupir de soulagement avant de sortir un bout de papier et un surligneur de sa poche.
_Bon prochain rendez-vous.
Je poussai un soupir.
_D'ailleurs dire que travailler dans un bureau n'est pas dangereux est complètement absurde. Déclara mon père.
_Elle a pas si tort que ça. Répliqua Cassandre.
_Pour une fois, je suis d'accord avec lui. Rajoutai-je.
_Ne soyez pas stupide ! C'est aussi dangereux. Par exemple... Je ne sais pas moi... Tu peux te tuer avec une imprimante !
Nous lui lançâmes un regard blasé.
_Pour se tuer avec une imprimante, faut le faire. Lui lançai-je.
_Ouais... Et on peut aussi se tuer avec des chaises de bureau pendant que tu y es. Ajouta Cassandre.
Mon père allait ouvrir la bouche pour répliquer, mais une voix familière demanda de loin :
_Vous attendez pour un rendez-vous ?
Mon père se retourna avant de demander en murmurant :
_C'est qui lui ?
Cassandre se plaça au niveau de son oreille pour lui murmurer quelque chose. Immédiatement, il me fixa.
_Tu es a...
_CASSANDRE !
Son sourire sournois me donna la soudaine envie de lui envoyer mon poing dans sa figure.
_Tu peux parler toi ! Lui lançai-je.
_Quoi ? Cassandre est amoureux ?
_Euh... Personne n'a répondu à ma question. Lança Callen en arrivant près de nous.
_Et à la mienne non plus. Rajouta mon père en le fixant.
Je poussai un soupir.
_Papa, je te présente Callen. Annonçai-je. Callen, je te présente mon père adoptif.
_Enchanté.
Toutefois, mon paternel ne répondit rien, se contentant de le dévisager, ce qui commença à le déstabiliser.
_Qu'est-ce qui te prends ? Lui demandai-je, sur mes gardes.
_Hum... C'est vrai qu'il est mignon. Lança mon père.
_HEIN ? ! S'exclama Callen en faisant un pas en arrière.
_PAPA ! Hurlai-je.
_Qu'est-ce que j'ai encore fait de mal ? J'ai le droit de...
En rencontrant mon regard noir, il dut comprendre.
_Ah... Oui... C'est vrai... Tu es juste...
Mon regard commença à se plonger dans ses yeux bleu.
_Surtout princesse n'oubliez pas ça : cette partie de votre pouvoir fonctionne sur le regard.
Soudain, les explications de Nel me revinrent à l'esprit.
Paniquée, je détournai rapidement les yeux.
_Plongez-le dans celui de votre adversaire et il s'activera : le pire cauchemar de votre ennemi se jouera dans sa tête, et vous le verrez aussi.
_Euh... Linoa... ? Demanda mon père.
Petit à petit, mon regard retourna sur celui-ci. Toutefois, je pris soin d'éviter ses yeux.
_Oui... Oui, ça va. Répondis-je doucement.
_Tu as l'air bizarre...
_Elle est bizarre de nature. Répliqua Cassandre. Elle est juste plus bizarre que d'habitude depuis son anniversaire.
_De temps en temps. Précisa Callen.
_Arrêtez de raconter n'importe quoi. Lançai-je.
_On raconte n'importe quoi ? ! Répliqua mon frère. Une nuit sur deux, tu es en dehors du dortoir. Et n'oublions pas que tu ne regardes pratiquement plus personne dans les yeux !
Je le fusillai du regard.
_Ohé !
Mon père se retourna :
_Quelqu'un connaît la fille aux cheveux rose et à la mèche verte qui se précipite vers nous avec sa... Grande sœur.. ?
_C'est sans doute la tutrice dont elle nous parlait. Murmurai-je.
_Tu connais la fille aux cheveux roses ?
J'acquiesçai avant de rajouter :
_Elle s'appelle Astroméria. C'est celle que Cassandre aime.
Le regard de mon frère tomba sur moi.
_Non mais pendant que tu y es, cris le !
Il n'eut pas à le répéter deux fois...
_HÉ TOUT LE MONDE ! CASSANDRE EST...
Sa main se plaqua violemment sur ma bouche.
_NON MAIS T'ES COMPLÈTEMENT FOLLE MA PAROLE ! Hurla-t-il.
Je me retirai de son emprise avant de répliquer malicieusement :
_C'est pas toi qui m'a dit que je pouvais le crier ?
Ses lèvres se pincèrent tandis qu'il serrait les poings.
_Tu vas me le payer... Marmonna-t-il.
_C'est ma tutrice dont je vous parlais l'autre fois ! Rajouta Astroméria quand elles furent vers nous.
C'était une femme qui devait avoir un peu plus de la vingtaine. Ses cheveux mi-longs encadraient parfaitement son beaux visage où de fines lunettes en fer cachaient de magnifiques yeux bleus. Il émanait d'elle le calme et la douceur.
_Tutrice... C'est un peu comme sa mère non ? S'enquit mon père.
_On peut dire ça comme ça. Répondit-elle.
_Eh bien c'est parfait ! Vous savez, je trouve ça important que les be...
Un coude lancé dans son ventre le stoppa.
Callen, la tutrice et Astroméria firent les gros yeux.
_Euh... Cassandre... Qu'est-ce qui t'as prit ? Finit par demander Astroméria.
Il croisa son regard et commença à paniquer.
_Ah... Euh... Non ! Ce n'est pas ce que tu crois ! Enfaîte, je ne sais pas ce que tu es en train de t'imaginer mais... Mais c'est faux !
Mon père se redressa tranquillement.
_Alors on en était où ? S'enquit-il comme si rien ne s'était passé.
Je croisai le regard de Callen. Il n'eut pas besoin d'ouvrir la bouche : je savais exactement ce qu'il pensait.
_Oui, ma famille adoptive est bizarre.
_Et tu dis ça si tranquillement...
_Je suis John Phoenix, le père de Cassandre et le père adoptif de Linoa. Enchanté !
Sur ces mots, il tendit sa main à la femme. Celle-ci la serra en se présentant :
_Daphné Sea, la tutrice d'Astroméria.
Puis son regard se posa sur moi.
_Linoa, j'espère qu'Astroméria ne t'as pas posé trop de problèmes. Me dit-elle.
_Oh non. Pas à moi en tout cas.
_Pourquoi j'aurais causé des problèmes ? S'enquit Astroméria.
Doucement, Daphné décoiffa sa protégée.
_Pour rien. Pour rien.
_Moi non plus je ne vois pas en quoi elle aurait causé des problèmes. Intervient Cassandre.
Énergétiquement, je décoiffai mon frère en répondant :
_Laisse tomber petit !
Il m'attrapa la main, m'arrêtant ainsi.
_Je ne suis pas un gamin. Me lança-t-il avec un regard noir.
_Ah bon ? Parce que tu y ressembles beaucoup.
_Ah oui ?
Soudain un sourire malicieux éclaira son visage. Je sus, à ce moment-là, que mon pic allait se retourner contre moi.
_Alors ça ne te dérange pas que je révèle ton secret ? Après tout je ne suis qu'un gamin, je ne sais pas tenir ma langue.
_Tu le fais, je te tue. Lui lançai-je sèchement.
Il me regarda un instant, toujours avec cet aire de malice.
_Lino...
_LA FE...
_PAS DE DISPUTE !
Surpris, nous nous tournâmes vers Callen qui venait de hurler.
_VOUS ARRÊTEZ MAINTENANT !
_Ok... Murmurâmes-nous à l'unisson.
On dirait Philippe...
Mon père pouffa de rire. Naturellement, nous le fusillâmes du regard.
_Tu me rappel mon fils aîné ! S'exclama notre paternel.
_La seule personne assez censé pour les arrêter ? Questionna Callen.
_La seule personne qui en a assez de les entendre se hurler dessus. Mais bref ! J'ai vraiment hâte de rencontrer tes parents ! Ils sont venu à la réunion ?
_Non, ils sont trop occu...
_Salut fiston !
Doucement, Callen se retourna vers l'homme qui venait de poser une main sur son épaule.
_Qu'est-ce que tu fais là ? ! S'exclama-t-il incrédule.
_Eh bien, on a réussi à se libérer pour la réunion parent/professeur. Répondit-il. Du coup, on les a appelé pour prendre des rendez-vous.
_ « On » ?
_Et votre femme n'est pas avec vous ? Demanda mon père, ramenant quelques secondes l'attention de Callen sur lui.
Celui-ci se tourna de nouveau vers son paternel en lançant :
_Elle est où ma mère ? !
Il y avait quelque chose dans sa voix qui ressemblait à de la panique et de la peur.
_Yououuuuuuuuuuuuuuuuuuh ! Mon Callenou d'amour !
_Non... Murmura-t-il.
Dos à moi, je ne pouvais pas voir son expression. Toutefois, il finit par se retourner vers nous avant de rabattre la capuche de son sweat-shirt sur sa tête.
_Je m'appelle Raphael, je suis en seconde. Nous lança-t-il. Compris ?
Euh... Qu'est-ce qui se passe... ?
_Il est là ! Indiqua son père.
_Traître. Marmonna-t-il.
Il n'aime pas sa mère ?
Dans un petit cris aigu, deux bras entourèrent le cou de Callen.
_Ça faisait tellement longtemps ! Cria-t-elle.
_Pas assez longtemps. Murmura-t-il.
Tandis que sa mère lui faisait un gros câlin – que le concerné n'avait pas DU TOUT l'air d'apprécier parce qu'il était pratiquement en train de se faire étrangler – son père se tourna vers nous.
_Eh bien moi quoi voulais vous rencontrer ! S'exclama mon paternel.
_Papa... Marmonnai-je.
_À chacun son tour. Répliqua Cassandre.
_Je m'appelle John Phoenix. Je suis le père de Cassandre et le père adoptif de Linoa.
_Linoa ? Répéta la mère.
Ses yeux turquoises se posèrent avec méchanceté sur moi.
_Comme on se retrouve... Amis ?
Euh... De quoi elle parle ? « Amis » ? Et puis d'où on se retrouve ? Je ne l'ai jamais vu !
_Amis ? Répétais-je.
_Tu es amis avec Callen ou...
Son regard s'intensifia.
_... Tu es une de ses personnes qui veulent me l'enlever de force à cause de Cupidon ? Je te préviens que ce dernier cas entraîne la mort.
Je restais littéralement figée sur place.
Qu... Quoi... ?
À côté, Cassandre se retient de rire.
_Faut... Faut... Que... Que j'aille... J'aille aux toi... Toilettes...
Et sur ces mots, il partit. Mais, très rapidement, un éclat de rire retentit dans le couloir.
_Alors ? M'interrogea-t-elle.
_Bah amis... Répondis-je en tentant de paraître le plus naturel possible.
_Euh... Votre fils a arrêté de s'agiter... Lança mon père en pointant du doigt Callen qui ne semblait être retenu que par les bras de sa mère. Je crois... Enfin comment dire... Je pense que votre fils est mort...
_Mais non ! Répliqua le père. Il a l'habitude.
Et moi quoi croyais que ma famille était la seule à ne pas être « normale »...
_J'aime mieux ça. Marmonna sa mère.
Sentant un regard pesant sur moi, je finis par me tourner vers son origine.
_Qu'est-ce qu'il y a Astroméria ?
_C'est juste que tu es...
Me rendant compte de la bourde qu'elle s'apprêtait à faire, je la fusillai du regard.
Si tu révèles mes sentiments pour Callen, je t'étripe. Et si j'en ai pas le temps, c'est mon fantôme qui viendra te hanter jusqu'à ta mort !
_... Ah non... Rien... Laisser tomber...
J'aime mieux ça.
_Je manque à tous mes devoirs ! S'exclama le père de Callen. Je m'appelle Yves et voici Azune, ma ravissante épouse. Nous sommes les parents de cet adorable garçon. Oh et pour ma part, je suis le patron d'une entreprise de serpillière.
_Eh bien voilà ! On peut mourir à cause d'une serpillière !
Nous lui fîmes de gros yeux.
_Quoi... ? Murmura Yves.
_Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Cassandre en revenant, les yeux encore bordés de larmes.
_Papa qui recommence à chercher des exemples de mort de bureau. Répondis-je.
_Et c'est quoi cette fois ?
_Une serpillière.
_Une serpillière ? ! Non mais là c'est pas un accident alors : C'est un meurtre avec préméditation !
_D'un fou furieux qui s'est enfuit d'un asile psychiatrique. Rajoutai-je.
_Quand est-ce que mes enfants vont enfin me soutenir ? ! S'exclama mon père.
_Quoi... ? Murmura Yves.
Mon père toussa un peu pour reprendre son sérieux.
_Enfin bref, enchanté.
_Enchanté. Répondit le père.
Puis son regard tomba sur la tutrice.
_À qui ai-je l'honneur ?
_Daphné Sea. Répondit-elle. Je suis la tutrice d'Astroméria.
_Enchanté ! S'exclama gaiement la concernée.
_Enchanté mesdames.
Un petit sourire éclaira son visage.
_Je vois que mon fils est bien entouré.
_Trop même... Marmonna la mère.
Ses bras se serrèrent davantage autour du cou de Callen.
_Azune... Dit-il d'une voix étouffé. J'arrive... Pu... À... Respirer...
Doucement, elle le relâcha.
Immédiatement, il s'éloigna en respirant bruyamment quelques minutes ce qui m’inquiéta.
_Callen, est-ce que ça va ? Demandai-je.
Son regard se posa sur moi tandis qu'il répondait :
_Oui... Oui, ne t'inquiète pas Linoa.
_Je te trouve bien proche d'elle. Lui lança sa mère.
Il se tourna vers elle.
_On est juste AMIS. Tu sais ce que c'est ? ! D'ailleurs, Yves, Azune, faut qu'on parle ! MAINTENANT !
_Mais voyons fiston on a des rendez-vous...
_MAIN-TE-NANT.
Ses parents se fixèrent un moment avant de partir avec lui.
_Il n'a pas l'air très content de voir ses parents... Déclara mon père en se grattant l'arrière du crane.
Astroméria, Cassandre et moi restâmes figés, encore surprit par la réaction de Callen.
_Quel est votre prochain rendez-vous ? Finit par demander Daphné après quelques minutes de silence.
Il regarda sa feuille avant de répondre :
_Mme Weight, la prof de sport.
_C'est notre prochain rendez-vous à nous aussi. Enfin, dans un demi-heure.
_Eh bien allons-y ensemble !
Deux heures plus tard,
_Et à ce moment-là, un tronc d'arbre fonça sur moi ! Raconta mon père.
Puis il fit une roulade avant de rajouter :
_Et d'une roulade, je l'évite !
Telle une enfant, notre prof de sport l'applaudit.
Mon regard tomba sur Callen qui, les bras croisés, suivait lui aussi le récit de mon père.
Ses parents et lui avaient finit par nous rejoindre alors que le rendez-vous avec mon paternel s'éternisait. Au final, à la fin des rendez-vous de la prof, mon père avait eu la bonne idée de lui proposer de lui raconter ses exploits. Et vous savez depuis combien de temps nous sommes là ? Depuis une heure et demie. À part cette aventure, mon frère et moi connaissions toutes les autres PAR COEUR. Enfin celle qui nous intéresse le plus, il ne nous l'a jamais raconté.
Le regard de Callen croisa le mien. Surprise dans mon admiration, je tournai rapidement la tête, honteuse.
_Linoa, je peux te parler en « privé » ? Me demanda Daphné.
_Si tu veux. Répondis-je.
Elle m'entraîna dans un coin de la pièce, loin du groupe.
_Tu as craqué sur un humain ?
Je sentis mes joues rougirent.
_Oui. Et avant que tu dises quoique ce soit : je sais que c'est mal pour une héritière du Chaos de sortir avec un humain ou une personne de l'Harmonie.
_Ou un gardien ou prétendant gardien. Rajouta-t-elle. En faîte, je me doutais que cela arriverait vu que tu vis avec les humains depuis plusieurs années.
_Et d'ailleurs, c'est quoi exactement les gardiens ? Je veux dire vous protégez le monde mais concrètement, ils viennent d'où votre pouvoir ?
_Concrètement ? Se serait, pour résumer, le pouvoir immense qu'aurait hérité un enfant née de l'amour interdit entre une héritière du Chaos et un héritier de l'Harmonie. Séparés et forcés de se marier à d'autres, les parents auraient quand même réussit à faire s'enfuir leur enfant dans un lieu sûr. Mais à ces vingts ans, ils se seraient fait assassiner par des Anges – par ailleurs, cette histoire est tabou chez l'Harmonie et le Chaos, c'est pour ça que tu n'en a sans doute jamais entendu parler –. Depuis, pour éviter que les deux peuples ne provoquent la fin du monde, il donnerait son pouvoir – au hasard – à deux personnes d'un peuple ayant garder, par je-ne-sais-quel-miracle, des pouvoirs des deux peuples : les prétendants gardien. Si un gardien meurt, trahit sa mission ou est dans l'incapacité de la continuer, alors un autre gardien est élu.
Mon regard tomba sur Astroméria.
_Ah ouais... Ça se voit que c'est du hasard.
_Comment ça ?
_Bah, Astoméria...
_Ah... C'est vrai qu'elle est maladroite...
Je posai un regard insistant sur elle.
_ « Maladroite » ? Répétais-je.
_D'accord. Admit-elle. Très très maladroite. Mais ne te fie pas à ça : Astroméria peut largement assumer ce rôle de gardienne.
_Si tu le dis...
_Hé papa, c'est quand que tu nous la raconte ? Lança Cassandre, ramenant ainsi notre attention sur le groupe.
_Ouais c'est vrai ! Rajoutai-je. Tu nous la raconte quand la première aventure que tu as fais avec maman ?
Le regard de mon père s'assombrit.
_Un jour... Peut-être.
Pourquoi ne voulait-il donc pas nous la raconter ?
Aucun de nous quatre n'avait réussit à le faire parler. À croire qu'il s'était passé quelque chose d’inavouable à cet époque.
Plus tard,
De nombreux élèves étaient partit se coucher.
Astroméria et moi étions en marche pour rejoindre notre chambre quand quelqu'un me percuta violemment l'épaule.
Immédiatement je me retournai pour lui lancer :
_Hé ! Tu peux pa...
Seule dans la rue, Daphné venait de sortir du lycée de sa chère protégée. Au fur et à mesure de ces pas, son sourire s'évanouit pour laisser apparaître un visage préoccupé.
La voilà de retour dans la réalité.
Elle avait une mission.
Elle devait l'éloigner.
Elle avait demandé à Astroméria de ne pas s'en mêler. Pour cela elle lui avait confier une mission : celle de veiller sur l'héritière du Chaos pour la protéger, elle et la princesse.
Si Astroméria venait à l'aider...
Elle secoua la tête pour faire disparaître cette idée de ses pensées.
Non, tout recommencerait. Il ne fallait pas que cela se répète.
« De toute façon, je n'ai pas besoin d'aide. Je peux l'éloigner toute seule » tenta-t-elle de se convaincre.
Bruit de pas.
Immédiatement, elle se retourna.
Mon regard se plongea rapidement dans le sien.
Ce ne fut qu'à ce moment là que je m'aperçus de mon erreur. Mais il était trop tard...
Elle était entourée de personnes. Leur ombres démesurées au-dessus d'elle la rabaissait encore plus.
Ses mains cachaient son visage... Elle pleurait...
_Tu es nulle. Moi qui croyais que tu étais forte...
_Tu nous déçois, Éden. Moi qui croyais que tu serais la nouvelle reine...
_Mais c'est moi.
_NOOOOOOOOOOOOOOOOOON !
Son cris arrêta mon pouvoir, me faisant faire un pas en arrière.
C'était la première fois que je l'utilisais. Par accident...
Le regard plein de haine d’Éden se posa sur moi.
… Sur la pire personne sur lequel ça puisse tomber.
Personne.
Elle poussa un profond soupir de soulagement en se retournant à nouveau. Son horrible paire de yeux rouges la fit sursauter. D'un pas en arrière, elle évita de justesse ses doigts crochus.
_Oh, vous avez peur de moi ?
Tentant vainement de garder son sang-froid, elle fit plusieurs pas en arrière.
_Par ailleurs, vous tombez bien ma chère gardienne. Continua-t-il. Vous me devez quelque chose...
_Je ne vous dois rien ! Hurla-t-elle.
Ce cri trahit sa terreur.
_LINOA !
Je fis plusieurs pas en arrière, mains en avant pour lui demander de ne pas m'attaquer.
_Écoute Éden, c'est un accident.
_UN ACCIDENT ? ! TU NE MAÎTRISE PAS TES POUVOIRS ? ! C'EST PITOYABLE !
_Hé ! Je te rappelle que je ne savais pas mon titre il y a encore quelques semaines !
_DIS PLUTÔT QUE TU NE T'EN SOUVENAIS PLUS !
J'évitai de justesse un pic de glace.
_Aussi...
_TOUT SERAIT MIEUX, BEAUCOUP MIEUX, SI TU ÉTAIS MORTE AVEC SES INCAPABLES QUI TE SERVAIENT DE PARENTS !
_ « Incapables »... ?
La lance de lumière effleura sa joue. De cette légère, une goutte de sang coula.
_Toi... Marmonna-t-elle.
_Mes parents ne sont pas des incapables. Rajoutai-je avec le peu de sang froid qu'il me restait. Les tiens, par contre, sont les complices d'un assassin !
_Si, vous me devez quelque chose jeune gardienne.
Plus il avançait, plus elle reculait.
_Vous avez cassé mon ancienne poupée. Il m'en faut une autre.
Un sourire des plus terrifiants étira ses lèvres.
_Ne vous inquiétez pas : vous ne souffrirez pas trop. Ma chère Luna a-t-elle eu mal ?
Soudain, il sembla réaliser quelque chose tandis, qu’imperceptiblement, la peur de Daphné se transformait... En haine.
_En faîte, le seul moment où elle a du avoir mal c'est quand vous...
_LA FERME !
_Ce n'est pas de ma faute si ils se sont fait assassiner ! Ils n'avaient qu'à être moins crétins ! Répliqua-t-elle de son ton hautain et froid.
_Cette toi la conne !
_Ah parce qu'en plus de me faire vivre mon plus horrible cauchemar et de me blesser, tu me traites aussi de « conne » ? ! Tu vas me le payer, ici...
_Non ! Arrêtez ! Tenta vainement de nous calmer Astroméria. Excusez-vous et on en reparle plus !
Elle s'élança.
_... Et maintenant !
Telle une furie, elle se précipita sur lui, une lance de lumière à la main.
Ce qu'elle ne vit pas, c'était son petit sourire de satisfaction.
Je tendis ma main en avant, prête à créer un bouclier.
_Je t'attends !
_La vengeance aura causé votre perte... Murmura-t-il.
Il était trop tard désormais.
Un cri résonna dans la ville endormit.
_STOP !
Au même moment, je sentis quelque chose me pousser en arrière. Dans un petit cri, je tombai au sol.
Je me rendis rapidement compte que le fautif était un magnifique loup blanc aux yeux bleu des plus incroyables.
_Une Lumière... ? Murmurai-je en m'asseyant.
Les Luxiens – ou les Anges pour les humains – possèdent eu aussi de Ombres sauf que ceux-ci s'appellent des Lumières. Contrairement aux Obscuriens, les Luxiens ne possèdent pas de Lumière secondaire. Mais eux, ils peuvent faire apparaître des ailes dans leur dos et ils ont une épée en cristal. Enfin bref, seuls les Luxiens et les héritiers de l'Harmonie en ont. Alors qui a bien pu intervenir ?
_Qu'est-ce qui vous prend ? ! S'exclama-t-elle.
Mes yeux remontèrent sur celle-ci.
_Vous êtes complètement folles ! Rajouta-t-elle. Vous battre dehors en pleine nuit, ça passe ! Mais là, dans le dortoir...
Sa longue tresse brune lui arrivait pratiquement aux chevilles.
Je ne connais qu'une seule personne avec des cheveux aussi longs... Et cette voix...
_Je n'ai pas de compte à te rendre ! Lui lança méchamment Éden en se relevant. Sale traîtresse !
Elle la bouscula violemment en s'en allant. Elle n'oublia pas de me lancer un de ses beaux regards noirs.
Une fois partit, Astroméria poussa un long soupir de soulagement.
_Heureusement que tu es intervenus... La remercia-t-elle. Sinon, je pense que Linoa serait morte...
_Hé ! Répliquai-je en m'asseyant en tailleur. Nel m'a apprit à créer des boucliers !
_Contre Éden ? Cette fille ne pense qu'au combat ! Tes boucliers, elle les auraient réduit en charpie, et toi avec ! Ça aurait arranger le...
_ « Le... » ? Répétâmes-nous en chœur à l'attention d'Astroméria.
Elle se cacha la bouche comme si elle avait fait une grosse bourde.
_Oubliez...
Doucement, je caressai le magnifique pelage du loup. Celui-ci finit par s'allonger à mes pieds, les yeux rivés sur sa maîtresse.
_Un secret de gardien et de prétendant gardien, je suppose. Déclara-t-elle.
_Exactement.
Elle poussa un soupir.
_Alors Eve, tu es un Ange ? Lui demandai-je.
_Hein ? Murmura-t-elle sans pour autant se tourner vers moi.
_Ce loup, c'est ta lumière, non ?
_Eh bien...
_Pourquoi tu ne me regardes pas ?
Tout à coup, une drôle de sensation m'envahit. Après tout, elle ne m'a jamais dit qu'elle faisait partit de l'Harmonie...
Elle me mentait.
_Tu savais que j'étais une princesse du Chaos, n'est-ce pas ? Lui demandai-je doucement en me relevant.
_Depuis le jour où j'ai vu ta marque sur ton épaule. Admit-elle.
_Pourquoi ne m'as-tu pas évité après ? Je suis l'héritière du Chaos et toi, une personne de l'Harmonie, tu devrais me haïr !
_Je ne suis pas comme eux. J'ai plus une vision de prétendante gardienne.
_Mais les prétendantes gardiennes n'ont pas de Lumière.
Je posai une main sur son épaule.
_Eve, qui es-tu vraiment ?
_Tu vas la haïr si tu le découvres. Intervient Astroméria.
_Non. Impossible. C'est ma meilleure amie. Quelque soit sont origine, je l'aimerai tout autant.
_Mais...
_Merci Astroméria d'avoir gardé ce secret mais je pense qu'il est temps qu'elle sache.
_Tu es sûre de toi ?
Elle hocha doucement la tête. Puis elle prit une profonde inspiration comme pour se donner du courage.
Doucement, elle se retourna vers moi tandis que je retirais ma main.
Je fus surprise en remarquant la couleur de ses yeux.
Ils n'étaient plus vert mais... Mais...
_Je porte des lentilles avec l'iris verte pour cacher leur véritables couleurs. Précisa-t-elle.
… Bleu... Du même bleu que ceux d’Éden et Mélodie...
Sans doute devina-t-elle ce qui me surprenait car elle rajouta, un sourire triste aux lèvres :
_Oui, j'ai les yeux du même bleu qu’Éden et Mélodie. Je suis aussi brune. En faîte, c'est simple : Elles ne sont pas jumelles, nous sommes triplées.
_Quoi... ? Murmurai-je ayant du mal à y croire.
_Linoa, je suis une héritière de l'Harmonie.
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