Chapitre 5 : polaroids.

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Le lendemain,


DRINNNNNNNNNNNNNNG !


Encore dans les vapes, ma main chercha mon téléphone à tâtons. Une fois trouvé, je décrochai en lançant :


_Allô.. ?

_Je viens de te réveiller, n'est-ce pas ?


Sa voix me mit tout de suite de bonne humeur.


_Oh j'aurais du me lever de toute façon, non ? Répondis-je.


Le silence s'installa un instant.


_Tu as bien dormis ? S'enquit Callen.

_Très bien et toi ?

_On va dire ça comme ça...

_Pourquoi ?


Il poussa un soupir.


_Boulot. Répondit-il simplement.

_Ah... Le Néant...

_À vrai dire, ça ne le concerne pas : il n'est même plus en ville à ce qu'on a pu constater.

_Alors c'est quoi ?


Il resta silencieux.


_Tu sais, c'est pas comme si j'allais le crier sur tous les toits. Déclarai-je.

_Les meurtres.

_Hein ?

_J'enquête sur les meurtres inexpliqués de ces derniers jours. Enfin, pour l'instant, je n'ai fait qu' étudié les quelques éléments retrouvés par la police.

_Esméralda ne travaille pas avec toi sur cette enquête ?

_Enfaîte, Yves nous a laissé le choix vu que c'est les vacances de Noël. Esméralda a saisit cette chance pour passer ses vacances avec ses parents chez de la famille en Espagne.

_Et toi tu as décidé d'accepter parce que tes parents sont, de toutes manière, beaucoup trop occupé ?

_Mes parents ?


Son ton exprimait la surprise.


_Bah oui... Répondis-je prise au dépourvu. Yves et Azune...

_Ah... Je ne te l'ai pas dit...

_Quoi ? Tu les a reniés, c'est ça ? Mais du coup, vu que tu n'es pas encore majeur, tu es obligé de rester avec ceux, n'est-ce pas ? Tu...

_Je suis orphelin. Me coupa-t-il.


Silence.


_Or... Orphe... Orphelin... ? Bafouillai-je, surprise.

_Comme toi. Mais moi, je me suis fait abandonné...

_Alors Yves et Azune, ils... Il sont quoi pour toi ?

_Yves c'est mon patron mais je m'entends très bien avec lui et Azune se prend pour ma grande sœur depuis que je lui ai donné un bonbon quand j'étais enfant.

_Mais, tu sais quelque chose de tes parents ? Un pendentif, un mot... Peut-être qu'ils avaient des problèmes à ce moment-là et...

_Ils m'ont abandonnés lâchement. Répliqua-t-il sèchement. Je ne devais n'être qu'un accident des plus indésirable.


Mon cœur se serra.


_Tu n'es pas un accident indésirable ! Répliquai-je vivement à mon tour.

_Quoiqu'il en soit, je n'aime pas en parler – comme tu as pu le constater à mon ton –. Mais bref, je vais aller dans cette fameuse ville. Yves est en train de chercher un hôtel ou quelque chose dans ce style pour que je puisse dormir là-bas. Enfin, je ne sais même pas si je vais avoir le temps dormir...

_Il n'y a pas d'hôtel dans les environs.

_Comment tu peux le savoir ? S'enquit-il d'un ton perplexe. Et puis ça fait bien cinq minutes qu'il est au téléphone... Tiens, il a finit... Attends, je te laisse deux secondes.

_Pas de problème.


Des bruits de pas précipités surgirent dans le couloir.


_Linoa !


Je me levai pour aller ouvrir la porte.


_Qu'est-ce qui t'arrive papa ? M'enquis-je à la vue de son grand sourire.

_J'ai une super nouvelle pour toi ! Yves, tu sais le père de Callen, vient de m'appeler et...


Tout fait tilt dans mon esprit.


_... Il t'a demandé si Callen ne pouvait pas loger ici quelques jours.

_Exact ! Répondit-il. Vu que lui et sa mère sont très prit par leur travaille et que Callen allait encore passer un mauvais Noël, il a pensé qu'il pourrait le passer avec toi.

_Et tu as accepté ?

_Les portes de la maison sont toujours ouverte pour les ami(e)s et/ou petit(e) ami(e)s de mes enfants !

_Et du coup, il va squatter ma chambre. Rajouta Cassandre en passant. Mais si vous voulez, on peut échanger...


Mon père poussa un soupir.


_Non Cassandre. Les filles avec les filles et les garçons avec les garçons.

_Ah bah c'est quand même bizarre : Philippe et Yuki dorment ensemble.

_Ils sont collègues.

_Il n'empêche ! Hurla mon frère en retournant dans sa chambre.

_Mais bref ! Je vais pouvoir en apprendre davantage sur ce jeune homme ! Annonça mon père.


Il me sourit une nouvelle fois. Sourire que je lui renvoyai avant qu'il ne redescende en bas.

Attrapant mon téléphone, je demandai immédiatement :


_Yves te l'a dit ?


Par chance, il avait lui aussi reprit son portable.


_Qu'on allait loger ensemble pendant les vacances ? Oui.


Un silence gêné s'en suivit.


_De toute façon, tu dormiras avec Cassandre. Annonçai-je.

_Au moins on se verra... De temps en temps...

_Tu pars quand ?

_Ce soir.

_J'ai hâte...


Il rit doucement.


_Moi aussi murmura-t-il.




Plus tard,


Le silence s'était fait dans le salon qui servait de plateau de télévision. Assit face à face, mon père et Philippe se fixaient.

Astroméria, mes deux autres frères et moi avions prit place sur des chaises à proximités pour profiter du spectacle. Yuki, quant à elle, s'occupait de la caméra.


_Bonsoir. Commença Philippe. J'ai l'honn... Enfin la chan... Enfin, je suis face à John Phoenix, un des plus grands archéologues de notre siècle. Il est une star dans son domaine et un exemple de conner... Je veux dire, un homme sortit tout droit d'un vieux film à la Indiana Jones.

_Merci cher fils.


Celui-ci le fusilla du regard.


_Il paraît que vous avez visité de grand temple inconnu jusqu'alors.

_Et truffé de pièges !


Philippe se retient de lui faire une réflexion sur sa dernière parole. Comment je le sais ? À la manière qu'il avait de crisper la mâchoire.


_Oui bien sûre. Vous RISQUEZ VOTRE VIE alors que vous avez TROIS FILS et UNE FILLE. Ils ont déjà PERDU leur mère, que feraient-ils, ressentiraient-ils si ils perdaient aussi LEUR PÈRE ?


Le visage de mon père devient plus sérieux.


_Je ne mourrais pas.

_Vous maîtrisez le futur peut-être ? Êtes-vous immortelle ? Tout le monde dit ça, mais aucun n'est véritablement fichu de tenir sa promesse car nous sommes mortelles ! Nous pouvons mourir à la moindre petite chose !

_Alors autant la vivre à fond, non ?

_Vous êtes...

_... Fou ? Tu n'arrêtes pas de le répéter depuis que tu sais parler. J'aime l'aventure, les énigmes. Ta mère aimait ce côté chez moi. Elle aussi l'avait. Nous étions pareilles. Elle aurait continué à me suivre dans mes « folies » si elle n'avait pas décidé d'avoir une vie « stable » pour vous.

_Et si je puis intervenir. Déclara Yuki. Sans cette « folie », il n'aurait jamais trouver Linoa.

_Pas faux. Lançai-je.


Philippe poussa un profond soupir.


_Bon point. Avoua-t-il.

_En faîte, je ne pense pas qu'être archéologue aventurier à changé grand chose à cela... Si j'avais été un archéologue « normale » on va dire, je serais quand même allé dans ce temple. Chaques années jusqu'à ce que je trouve Linoa ou pas...

_Alors pourquoi...

_C'est une longue histoire que j'aimerai passer sous silence.

_Comme la première aventure avec maman, c'est ça ?

_Exactement. Mais ne devons nous pas parler de mes aventures, Monsieur Phoenix ?

_Exacte...


Le reste de l'interview se passa normalement. Ce qui me surprit énormément venant de Philippe... Il lui avait lancé des pics au début mais plus après...


_Couper. Annonça Philippe. Merci papa de m'avoir accordé un peu de ton temps.

_De rien fiston !


Il se leva.


_Je vais retourner dans mon bureau. Annonça-t-il en commençant à partir.

_Attends...


Mon père se tourna vers lui.


_J'ai encore quelque chose à te dire.

_Que tu ne cautionnes pas mes aventures ? Parce que, tu sais, je commence à...

_Non, je change exceptionnellement de disque. Yuki...


Celle-ci, perplexe, se rapprocha de lui. Mon frère lui attrapa la main. À ce moment-là, nous savions tous – à l'exception d'Astroméria – ce qu'il allait lui dire.


_Papa, Yuki et moi sommes en couple depuis deux ans et...


Il lui montra la main gauche de la jeune femme où luisait une magnifique bague de fiançailles argenté.


_... Nous sommes fiancés.


Puis, il détourna le regard.


_Excuse moi. J'avais une certaine crainte – infondée, je l'admet – à te l'annoncer.


Notre paternel se jeta sur eux pour les entourer de ses bras.


_Mais c'est fantastique ! S'écria-t-il. Je vais avoir une deuxième fille !


Il les lâcha et recula un peu pour les admirer.


_Vous allez tellement bien ensemble !


Il était excité comme une puce.


_Vous avez pensé à une date pour le mariage ?


Les deux se fixèrent un moment.


_Nous n'y avons pas encore pensé... Avoua Yuki.

_Faudra planifier tout ça ! Je connais de beaux lieux...

_Pas de temple. Répliqua Philippe, un léger sourire aux lèvres. Je ne veux pas mourir au moment du « oui, je la veux ».


À la tête de mon père, on pouvait en déduire que mon frère avait visé juste.


_Dommage... Murmura-t-il.

_Tu n'as pas des recherches à continuer ? S'enquit-il.

_Ah... Euh... Oui ! On en reparle ce soir alors !


Et sur ces mots, il monta à son bureau.


_Hé papa ! Déclarai-je en me précipitant vers lui.


Il se tourna vers moi.


_J'aimerai aller dans ton bureau.

_Linoa, tu sais très bien qu'il n'y a que moi qui puisse y aller.

_C'est juste pour chercher la boite.

_ « la boîte » ? Répéta mon père.

_Mais oui ! Tu sais la boîte où toi et maman avez rangé les affaires que j'avais avec moi quand vous m'avez trouvé.


Son regard triste se plongea dans le mien.


_Tu te sens capable de te ressasser ton passé ?


J'acquiesçai.


Je n'avais pas le choix de toute manière.


Il poussa un soupir et un murmura :


_Ce moment devait bien arriver un jour...


Puis il me dit :


_Viens, Linoa.


Nous montâmes à l'étage avant de nous diriger vers la porte au fond du couloir, juste à côté de ma chambre et de celle de Cassandre.

Il sortit la clé de sa poche et ouvrit la porte qui donna sur la petite pièce. Les murs étaient tapissés de bibliothèques remplit de dossiers et d'ouvrages. Au milieu, un simple bureau en bois.


_Ta boîte se trouve là. Annonça-t-il simplement en pointant du doigt une des bibliothèques.

_Merci.


Doucement, je me rapprochai de la petite boite.


_On va mettre tes affaires là. Comme ça, quand tu seras plus grande, tu pourras les récupérer.


C'était il y a si longtemps...

Mes mains se posèrent dessus et d'un, coup sec, retirait la boite de la bibliothèque. Malheureusement, un dossier glissa avec lui.

J'entendis mon père se lever.


_Je suis désolée ! M'exclamai-je en me penchant pour ramasser.


Mon regard se posa sur un des polaroids et je restai sous le choc. Je voulus le toucher mais quelqu'un me poussa violemment en arrière.


_Sort d'ici.


La voix froide de mon père me choqua encore plus.


_Papa... Pou...

_SORT D'ICI !


Dos à moi, il commença à ramasser le dossier. Apeurée, je m'enfuis littéralement de la pièce pour m'enfermer dans ma chambre. Là, je m'effondrai sur mon « lit ».


_Pourquoi papa à crié ? Lança Cassandre en ouvrant la porte.


Silence.


_Linoa ?

_Pourquoi...


Je sentis une main se poser sur mon épaule.


_Linoa ? Qu'est-ce qui se passe ?

_Papa...

_Quoi ? Papa quoi ?


Je pris une grande inspiration.


_Papa... Il... Il a une photo de maman...

_Mais c'est normale !

_NON ! Je ne te parle pas de cette maman !


En revoyant son visage, je ne pus empêcher les larmes de couler sur mes joues.


_Je te parle de MA maman. Sanglotai-je.

_Ta mère biologique ? ! S'étrangla-t-il.


J'acquiesçai.


_Où tu as vu cette photo ?

_Dans un dossier... Tombé... À cause de moi...

_Papa n'aurait pas réagit comme ça si ce dossier n'était pas important... Sans doute la première aventure avec maman... Tu sais quoi Linoa ?

_Quoi ?

_On va faire une alliance : on va chercher ce dossier.


Devant mon silence, il rajouta :


_Ok, voire une photo de ta mère te fait pleurer. Ok. Ça se comprend. Mais n'as-tu pas envie d'en apprendre plus ? Et puis, d'une certaine manière, n'as-tu pas envie de voire plus le visage de celle-ci ?

_Ok... J'accepte.

_Parfait !


Je le sentis me soulever doucement pour me prendre dans ces bras.


_Alors maintenant, sèches tes larmes ! En plus, Callen arrive ce soir. Tu le verras touuuts les jours pendant pratiquement deux semaines.


Oui... Si il n'est pas trop débordé par son enquête...


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