Chapitre 3 : Carter Amou.
Quelques instants auparavant,
L’espion, son patron et la directrice se trouvait au pied de l’agence de détectives privés.
Yves regarda à nouveau sa montre mais au lieu de tout simplement soupirer, il annonça :
- Trente minutes de retard.
- Ça lui arrive souvent. Justifia Mathilde. Il ne devrait pas tarder.
- Au fait, tu le connais bien ce détective ?
- Carter ? Oui, très bien. Il fait parti des quatre meilleurs détectives de l’agence.
- Ah et c’est le combien ?
- Le premier et demi.
Silence.
- « Premier et demi » ? Répéta Callen.
- Il a un défaut qui l’empêche de rivaliser avec la première.
- Le fait qu’il soit en retard ?
- Trente-cinq minutes. Annonça Yves.
- Son retard est la conséquence et non la cause. Répliqua-t-elle. Sans cela il serait très assidu.
- Alors c’est quoi ce défaut ? S’enquit l’espion.
Des cris résonnèrent dans la petite rue piétonne.
- En parlant du loup.
Les deux garçons tournèrent leur regard vers le cri et firent de gros yeux.
Dans un vacarme assourdissant, un homme se faisait poursuivre par une horde en furie – dans le mauvais sens du terme – composée en majorité d’hommes et de quelques femmes.
Choqués et perdus, Yves et Callen observèrent le groupe d’une cinquantaine de personnes passer devant eux. Rattrapant enfin le blond, la horde se jeta littéralement sur lui dans un flot d’insultes.
- C’est ça le fameux détective ? Lança le directeur en pointant du doigt la mêlée.
- Mais… Mais qu’est-ce qu’il a fait pour se retrouver dans une situation pareille ? S’exclama l’espion.
- Son défaut lui attire pas mal d’ennuis. Expliqua Mathilde.
Le regard du jeune brun ne pouvait se détacher de la montagne humaine qui avait commencé à se dissiper.
- Tu ne nous as toujours pas dit son défaut. Lança Yves à la directrice.
- Quatre-vingt dix-huit pour cent de filles et deux pour cent de garçons. Bonne chance Callen.
L’attention de ce dernier retomba sur Mathilde.
- Hein ?
- Arrête tes devinettes et réponds franchement s’il te plaît. La réprimanda le directeur.
- Vous le découvrirez bien assez tôt.
Tandis que son patron tentait désespérément de lui tirer les vers du nez, l’espion s’approcha du jeune blond laissé à terre.
« Il est dans un sale état » Constata-t-il en s’accroupissant près de lui.
Son nez en sang avait tâché sa chemise en lambeau dévoilant un torse et des bras griffés parsemés de bleu.
Callen sursauta quand le blessé lui prit soudainement la main.
- Oh ange ! Qui t’as donc donné ses émeraudes qui te servent d’iris ?
- Euh… Tu te trompes de personnes…
- Pourtant mes yeux ne sont pas gonflés au point de ne pas pouvoir admirer ce magnifique jeune homme…
L’espion voulu se relever mais il ne réussit pas, la poigne de l’homme l’en empêchant.
- Un bisous magique ?
Le bruit sec ramena l’attention de Yves et Mathilde sur les deux garçons. Callen, qui venait de se libérer, se dirigea vers son patron. Le détective se redressa, surprit, une main sur sa joue où était imprimé une magnifique trace rouge.
- On a pas besoin de lui. Annonça le jeune brun.
- Mon ange tombé du ciel ! Répliqua de loin le concerné.
- LA FERME !
- Je savais bien que tu étais son type d’homme. Déclara Mathilde.
- Hein ?
- Ne me dit quand même pas que ton « quatre-vingt dix-huit pour cent de fille et deux pour cent de garçon »… Commença Yves, une main sur le front.
- Et si.
- Attends… Ce mec est un… Commença Callen.
- C’est ce que l’on appelle communément un coureur de jupon. Annonça la directrice.
L’espion resta un moment muet.
- Pourquoi moi…
- Oh mais ne t’inquiète pas. Il n’est pas bien méchant.
- Même ! Je ne veux pas me coltiner un dragueur ! Et je suis sûr qu’Esméralda sera d’accord avec moi !
- Vous avez besoin d’un détective.
Son ton autoritaire surprit les deux garçons. Pour la première fois de la journée, elle arborait un air extrêmement sérieux.
- On t’a volé le dossier. Vous n’avez donc plus aucun point de départ et ce n’est pas mes vagues souvenir qui vont vous permettre de le reconstituer en entier.
- Sans dossier, on peut quand même y arriver.
- Ah oui ? Il me semble que tu es bien placé pour savoir la contrainte de l’espionnage, monsieur Noctum-Luxius.
Oui, il le savait…
- Nous sommes comme des ombres, nous enquêtons dans la plus grande des discrétions. Soupira-t-il. Sans cible dès le début, nous sommes incapable de quoique ce soit.
- Sans Carter, vous n’y arriverez pas.
- J’ai pu retrouver le sérial killer sans détective et sans piste dés le début alors…
Il remarqua un peu trop tard Yves qui lui faisait signe de se taire.
- Je ne savais pas que tu avais dépassé tes fonctions d’espion. Lui lança Mathilde. Sais-tu que je pourrais en faire pâtir ta carrière ? Mais vu que c’est ton directeur qui t’a donné cette enquête sans faire appel à mes service et non toi-même qui a prit cette affaire, je vais fermer les yeux là-dessus.
Carte s’approcha de la directrice.
- Vous êtes magnifiques ! La complimenta-t-il. Est-ce que nous pourrions sort…
Elle lui envoya un coup de coude dans l’abdomen. Le jeune homme se recroquevilla sur lui-même avant de tomber sur le sol en gémissant.
- Callen, ne retiens pas tes coups.
- Mathilde, ton agent est à terre. Lui fit remarquer Yves.
- Oh ne t’inquiète pas : il est extrêmement résistant.
« Si punching-ball était une profession, j’en connais un qui le serait... » Songea Callen.
Soudain, il sentit son portable vibrer dans sa poche.
« Alors il est comment ce détective ? »
Esméralda.
« On est dans le pétrin. Tu verras pas toi-même tout à l’heure »
Après avoir répondu, il remit son téléphone dans sa poche.
- Tu ne peux pas envoyer un autre détective pour travailler avec mes agents ? S’enquit Yves.
- Pas vraiment…
Le patron poussa un profond soupir.
- En fait, tu voulais juste te débarrasser de lui…
- Hé ! Je te rappelle qu’il est premier et demi ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, il peut-être sérieux.
Carter se releva comme si de rien n’était.
- D’ailleurs tu as oublié de te présenter. Lui lança sa patronne.
- Ah oui, excusez-moi. Je m’appelle Carter Amou et toi jeune Apollon ?
Le concerné resta un instant muet.
- Je suis vraiment obligé ? Finit-il par demander.
- Vu que tu vas devoir travailler avec lui, il vaut mieux que vous vous connaissiez un minimum. Répondit Yves.
L’espion hésita.
- Ne fait pas l’enfant.
Il poussa un soupir avant de céder.
- Je m’appelle Callen Noctum-Luxius.
- Callen ? Répéta-t-il surprit.
Avant qu’il n’ait le temps de faire quoique ce soit, le détective lui attrapa les mains.
- Nos prénoms commencent tous deux par « ca » comme « carma » ! C’était écrit !
- « Karma » ça s’écrit « ka », pas « ca ». Et puis on a apparemment pas la même définition de ce mot…
« Sauf si j’ai fait quelque chose de mal ces derniers temps... »
- Qu’est-ce qu’il y a de différents entre « carma » et « karma » que la façon de l’écrire ? Qu’est-ce qui nous empêche donc de le faire ?
- L’orthographe peut-être ? Et puis lâche-moi !
D’un mouvement sec, il se défit de l’emprise du blond. Le regard de celui-ci ne se fit que plus inquiétant.
- Quelle force. Murmura-t-il.
Callen sentit des frissons d’horreur lui parcourir l’échine.
« Il faut finir cette affaire au plus vite possible ! »
Plus tard,
- Alors ce détective ? S’enquit Esméralda en rentrant dans la salle d’entraînement. À quel point on est dans le pétrin ?
Des bras entourèrent ses hanches et elle sentit un souffle près de son oreille.
Ce n’était pas Callen : même s’ils étaient très proches, jamais il n’aurait fait ça.
- Quelle magnifique crinière. Tu es magnifique et tu sembles si… Fragile.
S’en était trop.
En un éclair, elle s’échappa de son emprise et lui donna un violent coup de pied en hurlant :
- ¡ JÓBETE !
Le jeune blond s’écrasa violemment contre l’un des murs.
- Robékoi ? Lança Mathilde visiblement perdue.
- Elle vient de lui dire « je t’emmerde » en espagnol. Traduit Callen.
- Ah…
Malgré ses blessures, Carter se releva.
- J’aime les femmes fortes.
Visiblement sur le point de commettre un meurtre, Esméralda se dirigea vers lui avec fureur.
- Non ! Calme-toi ! Lui ordonna l’espion en passant ses bras sous ses aisselles pour tenter de la retenir.
- Laisse-moi ! Je vais lui montrer !
- Non ! Calme -toi !
- Oui écoute cet ange tombé du ciel !
S’en était trop.
Doucement le jeune brun relâcha l’espionne.
- Fais-le taire, je t’en supplie.
Un sourire carnassier étira les lèvres de la rousse tandis qu’elle marchait vers lui en remontant ses manches.
- Avec plaisir !
La peur se lu un instant sur le visage du dragueur mais, heureusement – ça dépend du point de vue –, Mathilde s’interposa :
- Personne ne tue personne ici.
- Ce n’est pas toi qui m’a dit que l’on pouvait se défouler dessus ?
- Mais pas au point de le tuer !
- Alors ça ne te dérange pas si je lui refais le portrait ? S’enquit Esméralda.
Elle poussa un profond soupir.
- Je sens que cette affaire va être longue…
- Hé ! S’exclamèrent Callen et Esméralda à l’unisson. Ce n’est pas toi qui va devoir le supporter !
Elle lâcha un nouveau soupir tandis que son regard tombait à l’extérieur. En voyant les gouttes taper contre la vitre, elle grimaça.
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La pluie ne le dérangeait pas.
Edward se trouvait dans la cour du tant redouté manoir.
« Un tas de cendre »
Le détective fit le tour, laissant ses yeux passer sur les quelques objets qui avaient survécus aux flammes. Malheureusement pour lui ce n’était que des bibelots sans grande utilités pour son enquête.
Il poussa un soupir.
Mais dans quoi il s’était embarqué ?
Plus il y pensait et plus il se disait que ce pari était suicidaire, qu’il aurait mieux fait de laisser tomber le manoir et d’expliquer la situation à son père. Surtout que Mathilde devait avoir le dossier de l’enquête. Lui, il ne commençait avec rien vu que l’affaire avait été étouffé avant même que la police ne puisse débuter un dossier.
Son regard vagabonda un instant et s’arrêta sur un trou. Curieux, il se rapprocha. C’était sans aucun doute un ancien accès au sous sol.
N’ayant rien à perdre, il l’emprunta avec prudence.
« C’est quoi cette endroit ? »
Des torches éclairaient le lugubre endroit. En demi-cercle, des veilles cellules se faisaient face. L’ambiance horrifique pesait sur lui. Méfiant, sa main alla doucement trouver la cross de son revolver caché dans son imper beige.
Bruit de pas.
Il se retourna violemment.
Personne, il était seul.
Le silence était de plus en plus pesant.
Mais il n’avait pas rêvé ! Il avait entendu un bruit de pas ! Pourtant il n’y avait personne… Devenait-il fou ?
« Je ne pense pas qu’il y ait grand-chose d’intéressant ici. Je ferais mieux de remonter »
Il fit un pas en avant.
- La curiosité est un vilain défaut.
Avant que le détective n’ait le temps de faire quoi que ce soit, un objet lourd vient se fracasser contre son crâne lui faisant ainsi perdre connaissance.
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