Chapitre 5 : espionnage.
Kamaël arriva dans la cour interne du château bien décidé à en apprendre davantage.
« Taliane pourra me renseigner sur cette fameuse humaine » songea-t-il.
- Taliane ! l’appela-t-il.
- Un problème papa ?
L’obscurien la chercha un instant du regard. Il finit par retrouver sa fille la tête à l’envers, perchée comme une chauve-souris à la branche d’un arbre.
Un petit sourire éclaira son visage.
Ce n’était pas ses enfants pour rien.
- Papa ? s’enquit-elle, le faisant ainsi sortir de ses pensées. Pourquoi tu m’as appelé ?
- J’aimerais savoir quelque chose… c’est à propos de ton grand frère…
Elle fronça les sourcils.
- Il y a un problème avec lui ?
- Il est amoureux d’une humaine ?
- Oui et…
Elle se laissa tomber et, avec une pirouette agile, retomba sur ses deux pieds.
- … Il est en couple avec elle.
- Et tu la connais ?
L’espionne acquiesça.
- Qui est-elle ?
- Pourquoi tu ne lui poses pas directement la question ?
- Il a fondu en larme avant de s’enfuir.
- Ah…
- Alors je doute fort qu’il réponde à mes questions. Mais il faudrait déjà que je le retrouve…
Taliane poussa un soupir.
- Elle s’appelle Esméralda, elle est rousse et a les yeux gris. C’est une espionne humaine passionnée par les langues vivantes et mortes. Je ne sais pas vraiment comment Nel et elle se sont connu mais je pense que c’est par l’intermédiaire du petit ami à Linoa.
Quelque chose sauta aux yeux du brun.
- Attends… Elle est rousse ?
- Euh… oui… il y a un problème avec ça ?
Un petit sourire éclaira son visage.
- Et ce fameux humain avec qui sort la princesse, il est roux ?
- Non…, répondit Taliane qui ne comprenait pas où voulait en venir son père. Il est brun… pourquoi ces questions ? Et c’est quoi ce sourire ?
- Ça va être plus difficile de le faire accepter à Saphir. Pour ce qui est d’Esméralda, se sera beaucoup plus facile.
- Tu as quoi derrière la tête papa ?
- Oh… rien du tout. Mais dis moi ma petite Tali, tu es tombée amoureuse ?
La concernée fit un pas en arrière.
- Qu… Quoi.. ? balbutia-t-elle. Qu’est… qu’est-ce qui.. qui te prend papa ?
- C’est ta mère qui m’a dit ça.
- Tu vois, je ne suis pas le seul à le penser ! s’exclama une voix masculine.
Un jeune homme tomba de l’arbre pour se réceptionner avec adresse sur le sol. Habillé intégralement de noir, il avait rabattu une capuche sur sa tête tandis qu’un bout de tissu dissimulait sa bouche. On ne pouvait voire que ses deux yeux émeraudes séparés par une vilaine balafre qui découpait son visage en diagonale. Ici et là, des mèches couleurs nuit tentaient de cacher son regard.
« Sans doute un espion » songea Kamaël.
- Mais c’est n’importe quoi ! s’emporta la jeune fille.
Elle croisa les bras et se détourna légèrement.
- Et depuis quand tu es capable de voire et comprendre les sentiments d’une jeune fille ? rajouta-t-elle.
- Parce que plus voyant tu meurs, répondit-il.
Il ignora les insultes de la faucheuse qui perdait visiblement son sang froid pour poser son attention sur le père.
- Monsieur Mandragore…
- Pas de ça avec moi : appelles-moi Kamaël.
- Ou caramel, lança l’espionne.
Ils l’ignorèrent.
- Kamaël, le fameux jeune homme s’appelle Félix. Si tu veux le trouver, utilises ta fille comme appât.
- Hé !
- Merci…
Ce ne fut qu’à ce moment-la qu’il se rendit compte que le jeune homme ne s’était pas présenté.
- Au fait, tu t’appelles comment ? s’enquit-il.
- Cadfael.
/////
Callen acquiesça et rajouta dans un murmure :
- C’est pour ça que je ne l’ai jamais remarqué…
Puis, en haussant la voix, il fit part de son inquiétude :
- Et si elle voulait me quitter à cause de ça ?
Assit tous deux sur le lit du jeune brun, celui-ci venait de lui révéler un nouveau problème de taille.
Esméralda lui adressa un regard blasé.
- Ce que tu viens de dire est complètement absurde. Elle ne te quitterait pas pour ça et puis c’est juste quelque chose de plus à cacher à Nel.
- À ton petit ami…
Callen leva les yeux sur elle.
- Il va t’en vouloir s’il apprend que tu lui caches ce genre de choses.
- Faut-il déjà qu’il l’apprenne, répliqua-t-elle doucement. Et, de toutes manièreq, il en voudra à Linoa et pas à moi.
« Enfin, j’espère… »
- Je sais que je me répète mais il faut juste que ça reste secret pour lui et le royaume. Tu lui caches déjà que ta mère est une Sanroy alors un secret de plus ou de moins…
Masqués derrière un journal, Cassandre et moi observions le plus discrètement possible notre oncle assit à quelques tables de la notre.
- Tu devrais demander des conseils à Callen, me murmura le roux.
- Pourquoi ? On se débrouille bien, non ?
Mathilde ria de bon cœur avec mon oncle mais il nous était impossible de savoir pourquoi.
- Parce que des conseils de pro c’est toujours mieux. Et puis là on entends rien du tout.
- Mais on les a dans notre champs de vision.
- On ne sait pas ce qu’il se dise et personnellement, je ne sais pas lire sur les lèvres des gens.
- C’est pas si…
- Salut ! Tu ne serais pas Linoa par hasard ?
La voix me stoppa. Rectification : cette voix désagréable me stoppa.
- Euh… T’es qui toi ? lui lança Cassandre dans un murmure.
- Carter Amou, répondit-il sur le même ton que mon frère. Je suis un détective privé. Je peux savoir pourquoi vous murmurez ?
- On les espionne, répondit-il.
Ce fichu détective ce tu un instant pour regarder nos cibles puis déclara :
- La patronne et l’Anglais, c’est ça ?
- C’est ça. Et toi, tu es venu faire quoi ici ?
J’entendis une chaise glisser à côté de moi.
- Je suis venu faire des excuses.
- Pour te soulager la conscience ? lui crachai-je. en le fusillant du regard. Tu n’arrives plus à dormir, c’est ça ?
Il poussa un soupir.
- Tu as l’air rancunière…, me fit-il remarquer.
- Et je l’assume.
Soudain une main se posa sur la mienne. Tout d’abord je cru que c’était Cassandre qui tentait de ramener mon attention sur mon oncle mais je me rendis compte que cela était impossible. C’était ma main gauche qui était recouverte or mon frère était à ma droite. À ma gauche c’est…
Je m’empressai de libérer ma main de celle de Carter en lui lançant :
- Mais qu’est-ce que tu fabriques ?
- Je…
- Chuuuuuuuuuut ! chuchota Cassandre. Faites moins de bruits vous deux !
Au même moment mon portable sonna.
- Putain…, marmonna le roux en me foudroyant du regard.
Je l’ignorai et répondis.
- Salut Linoa.
Cela me frappa immédiatement : sa voix n’était pas comme d’habitude. Celle-ci ressemblait plus à celle adopté pour les aveux.
- Qu’est-ce qui se passe Callen ?
Il resta un moment silencieux.
- Je…
Il poussa un long soupir.
- … il faut que je t’avoue quelque chose.
- Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
C’est quelque chose de grave, j’en suis sûre !
- Tu crois vraiment que c’est le moment de papoter ? me lança le rouquin dans un murmure. On doit espionner notre Edward là !
- Pas maintenant Cassandre, répliquai-je distraitement, attendant avec inquiétude la réponse de mon petite ami.
- Cassandre ? répéta Carter. Ce jeune homme à la crinière enflammée se nomme Cassandre ?
- Arrête de répéter mon prénom !
- Ce prénom féminin te va incroyablement bien.
- C’EST UN PRÉNOM MIXTE BON SANG !
- Callen ? Tu es là ? paniquai-je. S’il te plaît, réponds moi !
- Linoa je…
Mon petit ami lâcha un nouveau soupir avant de continuer :
- Assis-toi.
- C’est fait.
- Oh beau Cassandre, laisses-moi être ton Apollon ! lui chuchota le détective.
- JE NE…
- Tu devrais te souvenir qu’Apollon s’est fait manipulé et jeté comme une pauvre merde que tu es, répliqua une voix glaciale.
Mon attention se décrocha un instant de l’espion pour la poser sur le nouvelle venue. Celle qui, au passage, avait tiré sur Carter avec un pistolet qui envoie des flèches avec une ventouse au bout. C’était une jeune femme qui devait avoir l’âge du détective. Ses courts cheveux noirs, coupés en un carré parfait, encadrait un visage fin éclairé par deux émeraudes. Son air austère trahissait sa haine pour lui.
- Oh bonjour ma chère Cindy ! lui lança Carter avec un grand sourire. Pourquoi tu me tires dessus avec ça ? C’est pas très gentil !
Elle lui en envoya encore deux sur le front avant de hurler :
- Je ne suis PAS TA CHÉRIE !
- TAISEZ-VOUS ! hurla Cassandre paniqué.
- Écoute Linoa…
Mon attention retomba sur Callen.
- …, je suis un…
Ma main se crispa sur mon téléphone suite à l’aveu.
C’est… c’est impossible !
- Attends ! TU ES un SANROY ? hurlai-je à plein poumon. Mais comment ? Pourquoi ?
Soudain mon regard croisa celui de mon oncle. Celui-ci parut surprit au début puis la colère déforma son visage.
Oh oh…
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