Tridi
Tridi
… écrire ?
Je m’éveille avec cette pensée obsédante.
Je dois écrire ce qui m’arrive pour témoigner, mais j’ai beau me fouiller, je n’ai pas le nécessaire pour ce faire, juste une mine de plomb dans mon revers.
J’ai demandé de quoi écrire ou du papier à mes compagnons de misère, mais ils n’en avaient pas.
C’est la Tortue, en échange de ma bague, qui m’a fourni le calepin sur lequel je rédige mon journal.
Encore des bruits de sabots, des bruits de talons !
Il est encore très tôt le matin quand les gardes viennent sans ménagement chercher mes deux malheureux voisins de cellule. L’un des deux peut à peine se lever et on doit l’aider à marcher… à coups de pied.
La Tortue n’est pas tendre avec eux et m’explique que « ce sont eux qui ont mis le feu au magasin de vivres l’autre soir, de vrais chiens enragés qui périront sur l’échafaud, car ils ne méritent aucune pitié. Ils voulaient affamer le peuple. Mort aux affameurs ! »
Affameurs ?
Tu parles… !
Affamer le peuple… ! Quelle plaisanterie !
En fait, c’était le ravitaillement réquisitionné pour la garde.
Pris au peuple quoi… !
Mais il vaut mieux garder ce genre de réflexions pour soi ces temps-ci.
Le soir
Ils ne sont pas revenus.
Ils ne reviendront plus désormais.
Ils le savaient. Ils me l’avaient dit et n’avaient aucun espoir. Ils étaient résignés et plutôt calmes.
Coupables ou innocents, paix à leur âme maintenant.
~~~~~~
JI 26/05/18
Annotations