Nonidi

Je me suis préparé du mieux que j’ai pu. J’ai brossé mon habit et nettoyé mes chaussures. Je me suis également rasé pour la première fois depuis dix jours, la Tortue a tenu sa promesse, mais ne m’a pas laissé le rasoir, c’est un geôlier qui en cinq ou six coups de lame a ôté l’essentiel de ma barbe puis est sorti.

Midi

J’attends toujours d’être mené à mon supplice, la soupe a été servie mais je n’ai pas eu le cœur de me nourrir. Je suis étrangement calme et serein, ne pensant à rien, comme si les cauchemars de ces derniers jours avaient anéanti ma peur et toute velléité de réflexion ou d’analyse.

Vers quatre heures, les gardes parlant entre eux, nous ont appris que Robespierre et quelques autres membres du gouvernement avaient été arrêtés par la convention pour conspiration et décrétés hors-la-loi.

Hors-la-loi ?

C’est-à-dire qu’ils ne seront pas jugés, mais directement menés à l’échafaud.

Qu’est ce que cela changeait pour moi ?

Rien ! J’avais été jugé et condamné et j’allais également être mené à l’échafaud. Mais juste retour des choses, ceux qui étaient à l’origine de ce bain de sang périraient aussi et de la même manière.

Comme en écho à mes pensées, les gardes m’ont fait signe de les suivre et m’ont hissé sur une charrette. La foule dehors s’agitait beaucoup, mais nous prêtait finalement peu d’attention. L’arrestation des dirigeants était sur toutes les lèvres.

Une petite satisfaction pour moi, j’ai appris que Dumas, le président du tribunal qui a prononcé ma condamnation hier, avait été arrêté, lui aussi. Il allait pouvoir goûter sa potion amère !

En arrivant sur la place, les spectateurs étaient clairsemés.

Ma dernière heure est venue. Avant qu’il ne m’attache les mains, je vais demander au garde de remettre ce carnet à mes parents.

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JI 26/05/18