Lettre d'excuse
Je comprenais mieux pourquoi Brian avait décidé que je devais être là lors de l'entretien de Madame Miller avec sa future (je l'espérais pas) petite-fille par alliance. Alexandra me vit et immédiatement, elle joua les petites filles modèles. Ça me donnait envie de vomir.
-Penny, est-ce que vous voulez une autre tasse de thé ?
-Volontiers ma chérie.
Je me levai et je fis signe à Brian de me suivre.
-Tu te fous de moi !! Tu as fait ça uniquement pour mettre Alexandra en valeur.
-Ouais, j'ai remarqué que devant les parents quand tu es là, elle fait en sorte d'être une petite fille modèle.
-Quelle hypocrite putain.
-Sarah. S'il-te-plaît. Si elle a l'approbation de ma grand-mère, ce serait important pour moi.
-Tu sais que si ta grand-mère me demande, je lui dirai la vérité ? Je ne pense pas qu'elle soit comme mes grands-parents, on ne peut pas lui mentir facilement.
-Oui, je sais, et puis, l'honnêteté te caractérise, n'est-ce pas ?
Il était ironique où je ne m'y connaissais pas. J'apportais sa tasse de thé à Penny et elle me fit signe de m'asseoir juste à côté d'elle. C'était.. Penny quoi. Je sentais dans ses yeux qu'elle la jugeait. Est-ce qu'Alexandra était assez intelligente pour le voir ?
-Et sinon, mademoiselle Pilgrim ? Vous avez l'intention d'aller dans quelle université ?
Je sentais qu'elle voulait savoir si elle était assez bien avec son petit fils. Ça avait commencé dès que Brian l'avait emmené après les cours. Mme Miller était entrain de faire ses scones si merveilleux. J'avais vu Alexandra et Brian dans le couloir. Elle avait troqué sa jupe de pétasse qu'elle avait mise toute la journée pour une jupe qui lui arrivait en dessous du genou. J'avais appelé Madame Miller et elle l'avait invitée à s'asseoir dans le salon. Mine de rien, elle arrivait à la faire parler sur sa famille, j'étais assez impressionnée.
-J'aimerai bien entrer à Parsons, répondit Alexandra.
-L'école de Design ?
-Oui, j'ai envie de devenir styliste depuis ma plus tendre enfance.
Penny Miller sourit. Je ne savais pas ce qu'elle pensait. C'était dur à savoir.
-Styliste ? demandai-je en essayant de ne pas rire.
-Oui, répondit peut-être un peu sèchement Brian. C'est ce qu'elle vient de dire.
-Brian, tu n'as pas besoin d'être grossier envers Sarah.
-Ce n'est rien Penny. Je trouve ça cool Alexandra. Que tu ailles dans une autre ville, que tu découvres le monde. Je trouve ça super. J'ai encore des devoirs à faire, Penny, vous m'excuserez.. ?
-Va ma chérie.
J'en profitai pour prendre le téléphone fixe de la maison pour appeler Sophie.
-L'autre pute fait des yeux doux à Mme Miller, tu pourrais pas venir ? Elle t'adore.
-Non, je ne peux pas, je vais rencontrer les parents de Cameron alors..
-C'est vrai ?
-Bah.. oui. Je stresse à mort, je crois que c'était moins stressant de l'emmener à la maison. Imagine si sa mère ne m'aime pas ?
-Oh tu sais, Mary aime pas spécialement Alexandra, et ça passe quand même donc..
-Tu viens de me comparer à Alexandra la pute. Pétasse.
-Désolée, ça m'a échappé mon petit ange d'amour chéri.
-Ouais tu te rattrapes pas du tout.
-Désolée Candy.
-Tu t'enfonces, si tu continues, je raccroche.
-Désolée, je n'ai pas le droit de me moquer de l'autre pute à cause de Brian, alors je dois faire sortir toute la méchanceté qui est en moi.
-Tu n'as qu'à appeler Marc..
-Le rapport ?
-Je suis certaine que vous trouverez une activité pour te défouler.
-Tu.. es.. ssaaaaale. Mais tu as raison sweetie. Je vais faire ça. Salut ma chérie. Je veux une photo de toi en pieds pour approuver ta tenue. Limite, je l'envoie à Mary ou je la montre à Madame Miller, elle sera de bon conseil.
-Bonne idée !! À tout à l'heure !!
Je raccrochai et j'appelai Marc. Je tombais sur son répondeur : Salut Marc.. Je meurs d'envie de te faire comme pendant les vacances.. à Noël.. Rappelle-moi quand tu auras ce message qu'on s'organise une petite..séance. Je raccrochai et je soupirai. Personne n'était dispo et je m'ennuyais. Mais fermement. Le Colonel était rentré au Texas, laissant sa femme derrière lui. Natalia était au magazine avec Mary. Elle profitait de sa belle-sœur pour faire une couverture de dingue d'après ce que j'avais compris. Mon père bossait. Tom était chez un copain pour un exposé.. C'était compliqué, je ne savais pas quoi faire. Je pris mon téléphone et j'étais sur le point d'appeler Chuck mais.. je n'osais pas tout à coup. Sophie m'avait donné une idée folle et elle me trottait dans la tête. Je ne pouvais pas penser à Chuck avec des pensées comme ça dans la tête..
-Allô ? Sarah ?
Merde. Je repoussais mon téléphone et je vis sa petite bouille s'afficher.
-Salut Chuck. Désolée je t'ai appelée machinalement.
-Hum. J'aime bien cette idée.
Il y avait du bruit derrière lui. Il devait être en voiture.
-Tu es en voiture ?
-Ouais. Ma mère a décidé que je ne pouvais pas rouler dans ma vieille voiture, que j'adorai, je me l'étais acheté à 16 ans. Enfin, bref, elle m'a acheté une voiture. Le seul intérêt c'est que je peux téléphoner. Enfin, bref. Tu vas bien bella ?
-Oui, je vais super bien. Vraiment.
-En fait, Sarah. Tu ne m'avais pas dit pour ta coupe de cheveux.. Je t'ai trouvé très jolie avec. Je n'ai pas osé te le dire parce que y'avaient les mecs et je ne sais pas si c'était approprié ou pas. Mais tu es vraiment très sexy, je trouve que ça met en valeur tes yeux et ton visage.
-Merci Chuck. Tu es tellement.. adorable quand tu dis des choses comme ça. Limite.. on aurait envie de te faire des bisous.
-Tu aurais envie de me faire des bisous ?
-Tu sais bien que oui.
-Attends deux secondes, je rentre chez moi. Je peux te rappeler dans quelques minutes ? Visiblement, ma mère a des amis donc.. il faut que je leur dise bonjour.
-Prends ton temps !!! Vraiment ! C'est gentil de répondre à toute heure quand je t'appelle déjà !
Je reposai mon téléphone prêt de moi et je fermais ma porte à clef. Je me vis dans ma psyché. Pourquoi n'arrivai-je pas à aimer mon corps ? Je retirai la robe que je portais et je restai en sous-vêtement. à me regarder. Je ne voyais que de la grosseur et de la cellulite. J'enlevai mon soutien-gorge. Mes seins étaient si petits. Je ne voyais pas comment Chuck ou Marc avaient pu les apprécier. C'était bien connu pourtant, les mecs préféraient les gros seins ! Je me laissai tomber sur mon lit et soupirai. Je fermai les yeux et Chuck m'apparut. Il était tellement doux dans ses gestes et dans ses caresses. J'avais l'impression qu'il était juste à côté de moi, entrain de m'embrasser dans le cou. De m'embrasser tout court. J'avais l'impression que ses mains glissaient sur mon corps, sur mes cuisses. Je secouai la tête, je ne devais pas penser à ça. Fantasmer sur lui, c'était mal. Je sortais avec Marc. Chuck me rappela peu de temps après.
-Qu'est-ce que tu fais de beau ?
-Hum.. Je suis en culotte sur mon lit à me demander si je dois me rhabiller ou mettre des affaires de sport pour aller courir.
-Toute seule ? Il est quelle heure chez toi ? 18h ? C'est pas super prudent. Si j'étais toi, je resterai en culotte sur ton lit, en fermant la porte, ce serait dommage que le fils de Mary te voit ainsi.
-Dommage pour qui ? Pour moi ou pour lui ?
-Surtout pour toi, je ne vois pas qui pourrait te voir à demi-nue et ne pas avoir de pensées lubriques.
-Y'a pas grand chose à regarder de toute façon. Enfin bref, je vais enfiler mon T-shirt de nuit et rester en sous-vêtement. Tu en penses quoi ? Je suis une grosse flemmarde, je devrais aller faire du sport. Tu fais quoi toi ?
-Je suis entrain de t'imaginer à demi-nue sur ton lit.
Il se mit à rire. Je devins rouge.
-En fait, je vais aller faire du sport, on a une salle à la maison et.. bon, j'ai pas été courir ce matin, j'ai préféré dormir.
-Okay.
-En fait, j'ai demandé à mon père et il m'a promis de me réserver des places en juillet pour son orchestre. Alors quand tu feras tes bagages, n'oublie pas une robe de soirée !
-J'attends juillet avec impatience alors ! Je vais mettre un calendrier sur mon mur et cocher les cases.
-Si tu le fais vraiment, envoie moi une photo. En fait, j'avais un autre truc à te dire mais je ne sais plus. C'est pas grave, rit mon ami. bon, je vais y aller !
-Bon sport Charles ! Bisou !!
Je raccrochai et je mis mes affaires de sport. Je descendis les escaliers et je passai ma tête du côté du salon.
-Je vais aller courir un peu, je reviens dans pas longtemps. Est-ce que je dois faire une course ?
-Non, mais tu es certaine ? Il fait très froid dehors et il commence à faire nuit.
Brian soupira et il me dit de l'attendre.
-Je n'ai pas besoin d'un chaperon Brian.
-Tu es peut-être irresponsable mais je ne le suis pas moi. Alors tu m'attends, point barre.
-Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi. J'y vais, si tu arrives à me rattraper tant mieux, si tu n'arrives pas, tant pis, ce n'est pas mon problème.
Je sortis de la maison et je me sentais bien d'avoir été un peu rebelle. Il faisait froid mais ça allait. Je commençai à courir comme une folle et j'arrivai dans le parc pas loin de chez moi. Il y avait de jolis arbres hauts qui cachaient la luminosité solaire. Pendant l'été, c'était juste un coin de Paradis. Je me faufilais entre les arbres. Je commençais à être un peu fatiguée mais je continuais à courir. Je n'avais plus l'habitude, mais je devais me forcer. Est-ce à ce moment là que je sentis un picotement dans mon dos comme si on m'observait ? Ou était-ce quand je me pris une racine et que je m'écorchai le genou au sol ? En tout cas, je sentis mon cœur battre et mes jambes devenir comme du coton. J'avais peur. Mon corps m'hurlait de partir. Je savais qu'il allait m'arriver quelque chose. Je me redressai et c'est à ce moment là que je vis la silhouette pas très loin derrière. Elle était encapuchonnée, je me mis à courir plus rapidement, plus vite que je ne l'avais jamais fait. J'étais une idiote. Vraiment. Est-ce que j'allais mourir ? Des larmes coulèrent de mes yeux. Et c'est là que je le vis. Brian. Je me mis à courir vers lui et je lui sautai au cou. Je tremblai. Je n'étais pas bien du tout. Je fourrai mon nez dans le creux de la clavicule de Brian.
-Qu'est-ce que tu as ? Sarah !!
-Je suis tellement contente que tu sois là..
Je me retournai et je vis la silhouette s'enfoncer de nouveau dans le bois.
-Je veux rentrer à la maison.
Il ne me regardait pas, il regardait par dessus mon épaule. Il fronça les sourcils.
-C'est pour ça que je voulais venir avec toi Sarah. Parce que courir, le soir, ici, c'est pas sécurisant. Ce n'était pas pour te chaperonner mais je savais que John ne pourrait jamais me le pardonner. Voilà pourquoi. Allez viens, gros bébé. On rentre.
Il passa son bras par dessus mon épaule et il me ramena à la maison. Je ne me détachai même pas de lui. Mon père était là et parlait avec sa belle-mère. Je filai dans ma chambre. Je n'avais pas remercié Brian de m'avoir.. aidé par sa présence. Je retirai tous mes habits, enfilai mon peignoir et je me rendis dans la salle de bain pour prendre un bain. On frappa à ma porte alors que j'étais entrain de rentrer dans mon bain brûlant. Mon père entra quand je lui permis d'entrer. Il avait l'air inquiet.
-Tout va bien, mon trésor ? Brian m'a dit que tu avais eu un souci.
-Ce n'est rien Papa.
-Ce n'est pas rien. Ce n'est jamais rien. Raconte-moi.
Je lui racontai et sa mâchoire se contracta.
-Je ne veux plus que tu ailles courir seule le soir Sarah. Tu sais que ça peut être dangereux. Et ne va pas croire que je te dis ça uniquement parce que tu es une fille. Je vais le dire à Brian aussi.
-Ça m'a refroidi pour toutes les soirées à venir Papa.
-Tu me montreras ton genou quand tu sortiras. Je suis heureux que tu n'aies rien.
Il m'embrassa le front avec amour et me laissa dans mon bain. L'inquiétude de mon père. Je m'en voulais de l'avoir effrayé. D'ailleurs quand je descendis les escaliers avec mes cheveux trempés, même Madame Miller avait l'air inquiète. Elle me frotta le dos et me servit une tasse de thé. Brian n'osait même pas me taquiner. Il avait l'air mal lui aussi. Le soir, il arriva dans ma chambre.
-Tiens, c'est pour toi.
Il posa une bombe lacrymo sur ma table de nuit.
-Garde-la avec toi.Au cas où..
-Tu as une bombe lacrymogène ?
-Elle est à ma mère. Elle en a une dans chacun de ses sacs. Elle ne remarquera pas la disparition de celle-ci. Garde-la avec toi. Sérieusement.
-Okay. Attends !! Penny en a pensé quoi de ta copine ?
Il sourit largement.
-Elle l'a bien aimée.
-Tu crois qu'elle te le dirait si elle ne lui plaisait pas ?
-Ma grand-mère est une personne franche et sincère. Elle m'aurait dit la vérité quoi qu'il arrive. Et là, elle a trouvé que c'était une fille bien, je n'avais pas besoin de plus. Ma grand-mère est d'accord avec ça.
-Pourquoi l'approbation de ta Grand-Mère t'importe plus que celui de ta propre mère ?
Brian soupira et il s'assit sur mon lit.
-Je sais que je suis insolent avec ma mère de temps à autres, mais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je lui obéis. Et elle, elle obéit à ce que lui dit sa mère. Tu captes ? Si ma Grand-Mère aime Alexandra, ma mère fera l'effort de l'aimer. Je vais aller me coucher.
-J'ai cru que tu allais encore squatter mon lit, comme.. régulièrement.
-Je suis capable de dormir tout seul, tu sais.
-Ouais, je suis sûre qu'avant que ta mère ne se marie avec Papa, tu dormais avec elle de temps en temps.
-Seulement quand elle était bourrée, parce que je lui tenais les cheveux pendant qu'elle vomissait. Et puis, le plus souvent, c'était elle qui squattait ma chambre en fait.
Tom passa sa petite tête, il avait l'air tout malheureux.
-Qu'est-ce que tu as Thomas ? lui demanda son frère.
-Je vais pas pouvoir dormir.
-Pourquoi ?
Il ouvrit la porte en grand, il avait Harry Potter et l'Ordre du Phoenix en main.
-Sirius Black est mort, lâcha-t-il d'un ton grave. Vous auriez pu me dire que c'était traumatisant Harry Potter.
-La vie est une suite de traumatismes, Thomas, répondit doucement Brian en lui faisant signe de s'asseoir sur mon lit.
Je regardai l'heure. 21h30. Moi qui voulait lire au lit, c'était raté.
-Tu crois que Grand-Mère est entrain de dormir ?
-Non, je ne crois pas.
Tom se mordilla l'intérieur de la bouche. Il avait un peu envie de pleurer. Il me regarda d'un air tristounet.
-Allez viens avec moi gros bébé. Tu peux dormir dans ma chambre si tu veux, fis-je en levant mes draps pour qu'il s'y faufile.
Il lâcha son livre au sol et se fourra dans mes bras. Brian ébouriffa les cheveux de son frère et lui embrassa le front.
-Tu sais Tom, toute la beauté de ce livre, c'est de nous montrer que la vie peut-être dure, certes, mais qu'on peut toujours trouver une solution. La mort fait partie de la vie et un jour, quand tu seras plus grand, tu comprendras qu'il n'existe pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime.
-Comme Lily pour Harry quand il était bébé ?
-Oui. Et bien dis-toi que Sirius Black est mort pour tous les protéger comme Lily est morte pour protéger son fils. Alors, c'est vrai, on ne s'y attend pas mais.. ce n'est pas pour ça qu'il faut t'en rendre malade, okay ? Harry Potter, c'est une œuvre magnifique et un livre grandiose, mais ce n'est pas la réalité. Je sais que tu es fan. Moi aussi je suis fan, mais.. ce n'est qu'un livre. Et j'espère que ça ne t'empêchera pas de lire la suite.
-Je vais la lire, mais pas tout de suite, j'ai école demain.
Brian embrassa de nouveau son petit frère et il éteignit ma lampe avant de fermer la porte. J'avais envie de le taper en vrai. Il se prenait pour qui ? Et puis, je pensais à Tom. Il était parti se coucher une heure plus tôt. Il était censé dormir. Je refermai mes bras sur lui et il ne tarda pas à s'endormir, non sans m'avoir remercié parce qu'il se sentait rassuré d'être avec moi. C'était tellement adorable. Je n'arrivais pas à dormir pour autant. J'entendais le filet de sa respiration et je pris mon téléphone. Marc l'appela à ce moment là.
-Salut Marc, chuchotai-je.
-Salut, pourquoi tu chuchotes ?
-Tom dort dans mon lit.
-Hum. Okay, tu as passé une bonne journée.
Je lui racontai ma journée, un peu de mon week-end.. je ne l'avais pas eu au téléphone depuis samedi.
-Je reviens jeudi, on se fait un truc juste tous les deux ?
-Avec plaisir. Je vais juste prévenir Papa. Ou Mary. Oui, je vais prévenir Mary.
-Ton père m'en veut ? De sortir avec toi ?
-Non, pas que je sache. Disons que tu es le fils de ses amis donc tu pars avec un avantage.
-Hum. Si tu le dis, je te crois bien volontiers. Tu sais que tu me manques. Je regrette de ne plus être au lycée, juste parce que j'aurais pu passer beaucoup de temps avec toi dans ce cas là.
-Moi aussi, je le regrette.
-Tu as une voix fatiguée, je crois que je vais te laisser. Je t'aime.
-Moi aussi je t'aime.
Je raccrochai, ça m'avait fait du bien de l'entendre. J'étais apaisée. Le lendemain, je fus réveillée par mon père. Il venait pour prendre Tom. Il n'était pas encore rasé.
-Rendors toi, choupi. Je viens juste prendre Tom.
Tom dormait profondément sur moi. Il m'entourait de ses bras comme si j'étais un gros nounours. Mon père m'embrassa sur le front et décolla gentiment Tom de moi.
-Allez debout bonhomme.
-Encore 5 minutes.. bougonna le garçon.
Mon père l'attrapa et le souleva dans ses bras.
-Je t'ai déjà laissé 5 minutes de plus. Si on arrive en retard à l'école, ta Maman ne sera pas contente du tout.
-J'aime pas l'école. Je veux aller à l'hôpital avec toi.
-Pour ça, faut travailler dur à l'école. Allez, on vient se laver.
Mon père referma ma porte doucement, sauf que j'étais réveillée. Je levai les yeux au ciel. Je me redressai pour aller dans ma salle de bain.. je n'avais plus de dentifrice. Je me rendis dans la salle de bain de l'étage et j'y vis mon père entrain de se raser. Tom avait mis de la crème à raser sur lui et il faisait les mêmes gestes avec un rasoir. C'était super mignon.
-Tu veux te raser toi aussi ? se mit à rire mon père en me voyant.
-Non, j'ai plus de dentifrice, je vous laisse faire vos trucs d'homme.
En sortant avec mon tube à la main, je vis Mary sortir de sa chambre, elle était déjà habillée et maquillée.
-Tu devrais aller voir ce que fait Tom dans la salle de bain, avec ton téléphone pour avoir un souvenir de ce moment.
Elle fit ce que je dis et je la vis s'attendrir à la porte. J'entendais Tom d'ici et je me rapprochai de Mary.
-Mais...tu n'as pas un rasoir électrique ? demandait Tom à mon père.
-Si, j'en ai un. Mais je voulais t'apprendre à te raser. C'est important pour un garçon d'apprendre ça.
-C'est Grand-Père et Martin qui ont appris à Brian à se raser. Mais je suis content que ce soit toi qui m'apprenne. Parce que moi plus tard, je veux devenir un homme comme toi.
-Tu deviendras un homme meilleur que moi. Je peux te l'assurer. Moi j'ai fini, toi ?
-Ah non. J'ai beaucoup plus de barbe que toi, répondit Tom en appliquant le rasoir sur sa joue.
-Ne te couu.
-Aïe !! Je me suis coupé en me rasant.
Tom se mit à rire pendant que mon père le soignait.
-Tu t'es coupé en te rasant, tu es un homme désormais.
-Ça fait mal en fait.
-Oui.
-C'est dangereux d'être un homme.
-De temps à autres, mais pas tout le temps.
-J'adore être un homme.
-Tu sais quoi ? répondit mon père en souriant. Moi aussi. Mais ne le répète pas à ma mère, sinon elle va arrêter d'acheter des Kinder pour Pâques.
-Promis. Moi aussi j'adore les Kinder. Oncle Martin m'en a ramené d'Allemagne l'an dernier.
Je m'éloignai pour aller me laver au moment où Mary se recula pour descendre. J'enfilai un pull, une mini-jupe et mes bottes plates noires. Il y avait du courrier sur la table. Et une lettre pour moi. Je trouvais ça bizarre. Je la pris avec moi et je saluais Natalia et Madame Miller.
-C'est super de vous avoir à la maison, dis-je en faisant chauffer de l'eau dans la bouilloire. Vous avez fait des pancakes Madame Miller ?? Je peux vous adopter comme Grand-Mère, sérieusement ?
-Je me considère déjà comme ta Grand-Mère, Sarah. Mais tes grands-mères ne font pas de pancakes ?
-Hum.. La mère de mon père, si. Mais ma Grand-Mère maternelle.. je pense qu'elle laisserait faire sa nouvelle cuisinière. Elle a épousé un homme d'affaire super riche en seconde noce et manifestement aller dans une cuisine est devenue une épreuve insurmontable pour son nouveau niveau social, alors.. ET puis.. leurs pancakes, ne sont pas aussi bons que les vôtres.
-Ah ouais, la richesse, c'est un truc de famille chez vous en fait.
Natalia rosit et s'excusa tout aussi vite. Mary s'était figée et mon père, qui venait juste d'arriver lui jeta un petit regard en coin. Visiblement, c'était un sujet de discorde.
-On peut dire ça comme ça, dis-je. Mais j'ai aussi appris qu'aider son prochain est tout aussi important que s'enrichir. Alors si on étant riche, on peut donner du travail à certaines personnes, moi je trouve ça super. D'ailleurs Papa, tu as trouvé l'œuvre de charité ?
-Nan. Pas encore.
-La mère de Papa ne veut pas de cadeaux d'anniversaire cette année, elle préfère qu'on fasse un don à une œuvre de charité quelconque qui lui tient à cœur, expliquai-je.
-J'avais l'intention de demander à mon frère ce qu'il avait prévu de faire et de m'aligner sur son idée. Sauf si tu en as une.
-Tu n'as pas lu Eighteen du mois dernier, le taquinai-je.
-Hum.. non, en effet.
-Je pense qu'on pourrait faire un don cette association pour les enfants défavorisés, dont j'ai oublié le nom.
-Child's Pulse, répondit ma belle-mère en se coupant une pomme.
-Merci Mary. Je crois que c'est bien.
-Okay. Envoie un message à ton oncle alors.
-Tu es juste d'accord ? Sans regarder ni rien.
-Je te fais confiance. Tu pourras me donner les renseignements nécessaires mon amour ? demanda-t-il à Mary en lui embrassant la main.
-Oui oui. Thomas ! Dépêche toi de descendre, sinon tu n'auras pas le temps de prendre ton petit déjeuner. Salut Brian.
-Salut.
Il portait une chemise et un jean. Une chemise.. pour aller au lycée ? Je devais le regarder bizarrement parce qu'il me lança un regard un brin méprisant.
-John, je t'ai piqué de l'after shave, j'en avais plus.
-Pas de souci mon grand.
-Pourquoi tu mets une chemise sérieux ?
-Parce que je vais mettre un nœud pap', je me vois mal mettre un T-shirt et un nœud pap'.
-Mais pourquoi ?
-J'ai fait un pari avec Paul. Il ne pensait pas que je serai capable de mettre nœud pap au lycée.
-C'est mal te connaître ! sourit sa grand-mère.
-C'est ce que je lui ai dit. Tu as vu ma veste de costume bleue Maman ?
-Dans le placard de l'entrée.
-Tu n'as pas peur d'être ridicule au lycée ?
-Sarah, Sarah, Sarah.. soupira le fils de Mary en prenant un pancakes et en le beurrant de caramel. Le ridicule ne tue pas, tu devrais le savoir mieux que n'importe qui, et en plus de ça.. la dernière fois que j'ai porté des nœuds pap' en cours, deux mois plus tard, tout le monde en portait.
-Je peux savoir ce que tu veux dire par "Tu devrais le savoir".
-Devine. Je te donne 1$ si tu devines. Ton avion est à quelle heure Grand-Mère.
-16h30.
Brian eut une petite moue un peu désolée.
-Maman, tu peux me faire un mot pour que je sèche ma dernière heure pour emmener Grand-Mère à l'aéroport ?
-Brian, tu sais très bien que je n'aime pas que tu sèches les cours.
-Mais c'est mon cours de français.. La prof n'a même pas tilté que j'étais bilingue. Je parle mieux français qu'elle pour être honnête.
-Hum. D'accord, mais à la condition que tu fasses à manger ce soir et que tu ailles chercher Tom à l'école.
-Vendu. Merci Maman.
J'étais ulcérée et Mary semblait le voir également. Elle fit un signe à Natalia qui posa son bras autour de moi.
-Et comme moi, j'abuse de l'hospitalité de mon beau-frère et de ma belle-sœur favorite, en restant jusqu'à ce que mon mari revienne au pays, je te propose qu'on aille au SPA après tes cours.
-Au SPA ? Tu sais qui je devrais te présenter ? Mon oncle Elijah. Je pense que vous pourriez devenir de grands amis.
-C'est exactement ce que Mary m'a dit. J'ai hâte de le rencontrer alors.
-Si tu veux rencontrer mon beau-frère Natalia, il peut être là dans 20 minutes.
Mon beau-frère. Est-ce qu'il avait remarqué qu'il avait pris cette expression ? Je n'en avais pas l'impression.
-Sarah, d'ailleurs, tu dois appeler ton grand-père. J'allais oublier de te le dire, je l'ai eu au téléphone hier.
-Okay. Je vais l'appeler. Ils partent où cette fois ?
-Alger.
-Trop cool. Je vais lui demander de me ramener un cadeau. Je veux dire, je vais leur souhaiter un bon voyage. Grand-Père Daniel part tous les ans quelques mois dans un pays étranger, expliquai-je à Brian. Il profite de sa retraite.
-Oh. Je comprends mieux pourquoi il avait l'air d'avoir beaucoup voyager. Alors Tom ? Tu as bien dormi ?
-Oui. Sarah est très confortable comme oreiller. Je comprends pourquoi tu passes ton temps à dormir avec elle.
Je me figeai, Brian se figea et Tom se mit à rougir. Madame Miller se mit à rire mais pas nos parents. Du moins pas vraiment.
-Brian n'arrive pas à dormir tout seul, c'est pour ça. Il lui faut toujours un doudou et je suis son doudou, fis-je.
Je me pris un coup de serviette. Il se prenait pour qui au juste pour me taper comme ça ? Non mais vraiment. Sa grand-mère n'apprécia pas du tout ce geste et elle lui en fit la remarque. Il se contenta de sourire.
-Mais non, voyons. C'était gentillet, Sarah le sait. Elle ne m'en veut pas. N'est-ce pas Sarah ?
-Non, je ne lui en veux pas. Ne vous inquiétez pas madame Miller.
On sonna à la porte et j'allais ouvrir. C'était Sophie.
-Rien ne va Sarah. C'est horrible, je suis désolée de débarquer aussi tôt alors qu'on commence dans 2 heures mais..
Elle s'avança dans la maison.
-La mère de Cameron me déteste. C'est horrible et.. Bonjour Madame Miller !
Sophie rosit en voyant tout le monde attablé à la table du petit déjeuner. Et mon père se leva pour aller l'embrasser.
-Je t'amène une tasse de cappuccino tout de suite Sophie.
-Hum. Merci John.
Brian se leva pour lui tirer la chaise vide juste à côté de lui.
-Alors comme ça la mère de Pu.. de Cameron ne t'aime pas ?
-Nan. Elle m'aime pas.
-Tu es sûre de toi ? Tu sais parfois les apparences peuvent être trompeuses.. fit Mary en portant sa tasse de thé à ses lèvres.
-Elle a fait une tête bizarre quand j'ai parlé de la France et de mes vacances là-bas.
-Qu'en pense ta mère ?
-J'ai pas eu le temps de la voir, elle est partie tôt ce matin. Je vais faire quoi si la mère de Cam me déteste ?
-Qu'est-ce que ça peut te faire si elle t'aime pas de toute façon ?
Sophie leva le sourcil en regardant Brian.
-Tu es sérieux ? Merci John ! ajouta-t-elle pour mon père qui venait de lui apporter un cappuccino.
-Bah oui. Tu sors avec son fils pas avec elle.
-Toi ça se voit que ta mère désapprouve pas ta liaison avec Alexandra. Sinon, crois-moi, tu ne sortirai pas longtemps avec elle.
-N'importe quoi. Je fais ce que je veux.
-Roméo et Juliette dans la vraie vie, ça n'existe pas Brian. Je ne veux pas que ma potentielle future belle-mère ne m'aime pas. C'est pas envisageable. En plus, je ne sais même pas pourquoi elle ne m'aime pas. Je pense être plutôt normal.
-Tu es très gentille, confirma Tom en croquant dans une pomme. Si elle ne t'aime pas, c'est parce qu'elle est bête.
-Thomas !
-Mais Maman !!! Je ne vois pas qui ne pourrait pas aimer Sophie. Si Cameron ne veut pas t'épouser parce que sa mère est bête, moi je veux bien t'épouser Sophie. Ma Maman n'est pas bête elle.
-Ma première demande en mariage. Wow. C'est très mignon Tom. Je propose qu'on en reparle dans quelques années, quand tu seras adulte.
-Je croyais que tu devais épouser la cousine de Sarah ? le taquina Brian.
Tom fusilla son frère du regard et il finit par réfléchir en faisant une grimace.
-Tu m'as dit que les Mormons avaient le droit d'avoir plusieurs femmes. Je vais devenir Mormon. Voilà. La question est réglée. JOHN !! ON VA ÊTRE EN RETARD !
Il sauta presque de sa chaise et fila. Mon père se leva, embrassa sa femme et sa belle-mère.
-Je vous souhaite un bon retour dans le Texas. Et ne vous inquiétez pas, je vais raisonner Thomas sur la polygamie.
Il lança un regard rieur à Brian et il se mit à rire avant de partir. La porte se referma et je vis que Mary regardait Brian d'un air un peu courroucé.
-Arrête de dire à ton frère qu'il devrait prendre plusieurs femmes. Tu sais que ça va à l'encontre de nos croyances et de l'éducation que je lui donne.
-Au moins, il leur jurera fidélité. Il n'aura pas une femme officielle et des maîtresses.
-Brian !
-Maman, je lui ai juste parlé des Mormons. C'est tout. Je n'ai pas fait de plaidoyer en faveur de la polygamie, je te le jure. Il a dit ça pour rire. Et aussi parce qu'il m'a dit qu'il était un peu amoureux de Sophie. Il la trouve super belle, à raison d'ailleurs.
Sophie piqua un fard et je tapai Brian.
-En fait, Sophie, dit Mary, je ne crois pas que tu aies déjà rencontré ma belle-sœur Natalia.
-Non, en effet, je ne vous ai pas vue au mariage, il me semble mais Sarah n'a pas arrêté de me dire à quel point vous étiez belle, et elle ne mentait pas.
Ce fut au tour de Natalia de rougir. Est-ce que la vraie beauté allait de paire avec timidité et modestie ? Brian fixait sa tante et il finit par secouer la tête. Un peu comme si il venait de se rappeler que c'était la femme de son oncle et pas la sienne. Mary s'en alla nous laissant seuls avec les parties rapportées de la famille Miller.
-En fait, Natalia, je me suis dit que je pourrais vous laisser Bagheera, comme ça vous auriez juste à venir me chercher au lycée pour aller au SPA.
-Je ne veux pas te priver de ta voiture Sarah.
-Ce n'est pas le cas, Sophie va m'emmener et comme ça, si vous avez envie de vous promener, vous pourrez. Y'a pas de souci, j'ai fait le plein hier. Vraiment. Je vous laisse les clefs.
-Merci, c'est très gentil à toi.
Au moment d'aller au lycée, je demandai à Sophie de tout me raconter en détail.
-La mère de Cameron a commencé à me regarder de haut tu vois. Genre, j'avais mis un pantalon en cuir, un chemisier et mon manteau gris chiné, tu sais, celui que j'ai acheté en France et des bottes motardes. Vraiment y'avait rien de foufou.
-C'est clair.
-J'avais pas mis un brin de maquillage.
-Tu te maquilles pratiquement jamais de toute façon. Tu es une fille naturelle. Vraiment.
-Et pourtant.. j'ai eu l'impression d'être une pouffe sous son regard. Je te jure. C'était presque humiliant. Et elle n'a pas arrêté de faire des petites remarques comme si j'étais une snob, comme pour me rappeler qu'on était pas du même niveau social et que son fils n'était pas assez bien pour moi. Je veux dire.. toi et moi on n'est pas d'une.. basse extraction sociale, mais franchement, j'en ai toujours rien eu à faire d'être d'un milieu favorisé. Je ne crois pas que le milieu social détermine une personne. Okay, sa famille n'est pas aussi riche que la mienne, je sais qu'il a pu rentrer dans notre lycée grâce à une bourse d'études mais.. tu vois, je ne pensais pas que ce serait un problème pour qui que ce soit.
-Je crois qu'il y a assez peu de familles qui sont aussi riches que les nôtres, du moins, dans notre lycée.
-Je suis dégoûtée en vrai. Je ne pensais pas que le fait d'être riche me rendrait mal à l'aise. Et pourtant, j'ai été mal à l'aise. Déjà ça a commencé avec ma voiture. Quand je suis arrivée, elle a dit quelque chose comme : c'est bien la première fois qu'on voit une aussi belle voiture dans le quartier. Et ensuite elle m'a dit un truc du genre : Ne faites pas attention à la maison, elle est vraiment toute petite. Comme si j'en avais quelque chose à faire ??? Sérieusement. Et ça n'a pas arrêté, alors je n'arrêtais pas de me forcer à sourire alors que.. j'avais juste envie de partir en courant. Je n'aime pas du tout cette femme. Et j'ai peur de ce qu'elle pourrait dire sur moi à Cam'.
-Ça va aller. Cam' est loin d'être un crétin. Il sait faire la part des choses. Il est resté avec moi alors qu'Alex avait commencé une vendetta contre moi. Il est plus fort qu'il n'y paraît.
-Mais je ne sais pas si ça sera suffisant et puis.. imagine si sa mère lui demande de choisir. Je ne pourrais pas le laisser se couper de sa famille pour moi. Ce n'est pas possible.
-Tu penses qu'elle demanderait ça ?
-Je n'en sais rien. Mais.. je ne sais pas qu'en penser.
-Tu devrais en parler avec Cameron.
-Je me vois mal lui dire : ta mère m'a fait douter de notre relation, je l'aime pas.
Je me mis à rire et elle aussi. Nous arrivâmes au lycée et Cameron arriva droit vers nous.
-Sophie. Il faut qu'on parle. Maintenant de préférence, le prof aura 15 minutes de retard, c'est écrit sur le tableau.
-Je vais à la biblio poser mes livres !
Je laissais Sophie toute seule. Il avait un visage grave. Je croisais Paul à la bibliothèque. Il était entrain prendre des livres d'histoire. Quand il me vit, il me fit un sourire.
-Salut, ça va ?
-Ouais.. attention.. nous sommes au lycée. Tu risques de tomber de l'échelle sociale si tu me parles.
-On est à la bibliothèque. Aucune personne cool ne va à la bibliothèque. On ne risque pas de nous voir, ta réputation de fille hors système n'en pâtira pas, je te le promets.
-Tout va bien ? Tu m'as l'air de ne pas aller très bien.
-Ce n'est rien. Je me suis pris la tête avec mon père. Il m'a saoulé.
-Hum. Tu veux que je demande à mon père d'intervenir ? Tu sais, il est doué pour ça..
-Non, c'est bon. Merci. Il faut que j'y aille. Je dois rejoindre ma petite amie.
-Et moi je dois aller en cours.
-Est-ce que tu crois que je peux venir dormir chez vous ce soir ?
-Oui, bien sûr. T'es toujours le bienvenu Paul.
Il tourna les talons et il s'en alla à grands pas. J'arrivai en cours à l'heure. Je préférais attendre dans la salle, on ne savait jamais. Quand Sophie arriva, elle se laissa tomber sur sa chaise sans rien dire et je vis Cameron arriver quelques secondes plus tard. Il regarda du côté de Sophie et il s'installa sur la table juste devant elle.
-Juste pour savoir, tu comptes me reparler quand ?
Il croisa mon regard et il secoua la tête en se retournant. Je me penchais vers Sophie et posais ma main sur son bras. Elle tourna les yeux vers moi et elle secoua la tête. Elle ne pouvait pas parler. Pas maintenant. Quelques minutes plus tard, elle se leva, elle se planta devant Cameron.
-Rien à foutre des autres. You only live once.
Elle tira la chaise de Cameron, l'enjamba et elle l'embrassa. Exactement de la façon dont Paul l'avait embrassé deux jours plus tôt. Les gens dans notre salle de cours, commencèrent à siffler. Elle se dégagea et elle souriait, un peu essoufflée.
-You only live once, répéta-t-il.
-Mademoiselle Harper, quand vous voudrez bien rendre ses genoux et sa bouche à ce jeune homme. Nous pourrons commencer le cours. Non ?
Sophie retourna à sa place et elle prit son téléphone pour m'envoyer un SMS. Toi et moi dans notre coin rapidement à la fin du cours, on commande une pizza. J'hochai la tête. J'avais tellement hâte que j'écoutais à peine le cours. À la fin, le prof voulait parler à Sophie et moi je filai. Je sortis mon porte-feuille et je comptais mes billets. Bon, j'avais suffisamment d'argent. J'appelai la pizzeria pour la prévenir de notre commande et je tombais sur le serveur qui en pinçait pour Sophie. Il prit notre commande immédiatement. Si bien que le temps que j'y aille (avec la voiture de Sophie dont j'avais le double des clefs dans mon casier), la pizza était prête. Sophie ne voulait pas aller à la cafèt ou dans le club d'échec. Elle voulait parler tranquillement, vraiment tranquillement. Je la retrouvai dans le jardin. C'était le surnom du Club de botanique. Ils avaient un espace dédié sur le toit du lycée, une sorte de serre pour faire pousser de manière optimale leurs plantes. Le frère de Sophie en avait fait parti et il lui avait dit qu'en tant que petite sœur d'un des fondateurs du Club, elle aurait toujours le droit d'aller s'y prélasser. ET aujourd'hui, c'était le cas. La serre était chauffée. Et je trouvais Sophie entrain de caresser une des fleurs.
-Balance.
-Il m'a dit que sa mère était une conne aigrie. Voilà ce qu'il a dit une conne aigrie. Et qu'il s'était senti mal à l'aise hier. En fait, il a eu honte de me présenter sa famille. Je ne l'avais pas perçu comme ça. Mais.. il a eu profondément honte. Et il m'a dit qu'il m'aimait. Qu'il m'aimait vraiment et qu'il ferait n'importe quoi pour être avec moi. Mais qu'il comprenait que notre différence d'argent soit un obstacle pour moi parce que.. nous n'étions pas vraiment du même monde. Il a dit qu'il comprenait si je voulais arrêter de le voir.
-Il a dit quoi ????
-Oui, il a dit ça qu'il aurait le cœur brisé mais qu'il comprendrait que le regard des autres étaient importants. Et là, je suis partie en cours.. et tu connais la suite. Qu'est-ce que je fais maintenant ?
-Tu ne retournes plus chez lui, et vous ne vous voyez que chez toi. Je crois qu'un mec qui est capable d'admettre que sa mère s'est mal comportée.. il vaut le coup. J'aime trop votre histoire. Elle me fait penser à tous les livres qu'on lisait quand on était petite. Tu es la princesse riche et lui le roturier. Je trouve ça plutôt cool. Et tu sais ce que nous apprenne ces livres ?
-Que la vraie noblesse vient du cœur et non des titres ?
-Non, que ça marche à tous les coups. C'est la combinaison gagnante. Je ne pense pas que tu doives douter de lui.
-Cette pizza est DÉ-LI-CIEUSE.
-On devrait peut-être.. partagé notre coin avec Cameron, tu ne crois pas ?
Sophie faillit s'étouffer.
-Heu non. Il faut garder un peu de distance, un peu de secret. Tu ne veux pas non plus qu'on l'invite à nos pyjamas party ?
-Hum. Tu as envie de te montrer dans ton pyjama petit canard ?
-JAMAIS DE LA VIE !!! NON MAIS ÇA VA PAS ?! Si tu parles à qui que ce soit de ce pyjama, je te massacre.
-Ah ouais ?
-Ouais.
Nous éclatâmes de rire.
-En fait, tu crois que je peux venir dîner chez vous ce soir ? Parce que mes parents sont pas là avant longtemps, ils ont un gala pour le boulot de Papa et.. je vais m'ennuyer, je partirai après.
-Ouais, pas de souci. Par contre Paul reste dormir à la maison donc..
Sophie réfléchit une demi-seconde et je m'en voulus.
-Mais je ne pense pas qu'il y ait de soucis, n'est-ce pas ? Il en avait besoin, parait qu'il s'est pris la tête avec son père et il ne veut pas rester chez lui. Si ça te dérange..
-Non, pas du tout, sourit Sophie.
-En fait.. juste pour savoir, après on en reparlera pas. Il embrasse bien Paul McDust ?
Sophie rougit et elle se leva dans la serre pour vérifier qu'il n'y avait bien personne.
-À la perfection. C'est genre.. Hiroshima. Une bombe nucléaire. Je te promets.
-Et par rapport à Cameron ?
-C'est pas comparable en terme de technique. Mais.. Cameron, il est doux, il est hésitant je trouve presque. C'est chou. C'est romantique et puis, y'a des sentiments derrière, alors qu'avec Paul.. enfin bref. N'en parlons plus. Jamais.
-Okay, je voulais juste savoir. On devrait aller faire un tour en dehors du lycée.
-Je pense aussi.
Je pris mon sac, le bras de Sophie et nous sortîmes du lycée. Théoriquement, je ne savais pas si nous avions effectivement le droit de quitter le lycée comme ça, mais.. personne n'irait vérifier. Il y avait un parc juste à côté. Cela me fit du bien. Je lui parlais de Marc, elle me parlait de Cam'. Et soudain je m'arrêtai.
-Est-ce que ça va être ça nos vies ? On va parler de nos mecs tout le temps ? De quoi on parlait avant de sortir avec des mecs ?
-Hum.. des muscles des Atlas Wild Child.
-Ah oui. Merde.
Elle se mit à glousser et je ne pus m'empêcher de rire aussi. Chuck. Je soupirai en retournant au lycée. Je reçus un SMS de Ray. En fait, je te l'ai pas dit grâce à tes notes que tu m'as scanné, j'ai eu un A. Merci bellissima. Je souris et je croisai le regard d'Alexandra. Elle détourna le regard et fit sûrement une remarque sur la façon dont j'étais habillée parce que sa copine se mit à rire. Celle-la même dont Brian m'avait assuré qu'il allait s'en occuper. mais comme toujours.. Brian et ses promesses.. Mon cours de chimie débuta alors que je ruminais toujours.
-Mademoiselle McAllister ?
-Quoi ?
Ma prof de chimie eut un mouvement de surprise.
-Comment ça quoi ? Pourriez-vous répondre à la question ?
-Ce sera difficile parce que je n'écoutais pas madame, mais je suis certaine que si vous répétiez, je pourrais y répondre.
Sophie commença à rire.
-Quelque chose vous fait rire Mademoiselle Harper ?
-Non madame, gloussa Sophie.
-Vous êtes horripilantes toutes les deux !
-Je vous demande pardon ? répliquai-je outrée. Horripilante ? Vu le salaire que vous gagnez grâce à l'argent que nos parents mettent dans cette école, je trouve légèrement abusé de nous dire que nous sommes horripilantes, madame.
Ma prof devint blanche et elle commença à me hurler dessus. Il restait 5 minutes de cours à la pendule. Elle me vit la regarder et elle rougit furieusement.
-Je ne disais pas cela pour être insolente madame, je soulignais votre manque de tact dans votre vocabulaire. Vous nous auriez dit que nous étions des petites connes, cela aurait fait la même chose.
-Est-ce que j'ai dit cela McAllister ?
-Non pas du tout, c'est pour ça que je ne vois pas pourquoi vous vous énervez, à force vous risqueriez d'être... horripilante.
Le cours sonna et je pris mes affaires pour filer. J'avais rendez-vous avec Natalia. Ma prof me retint par le bras et je la regardai sèchement.
-Un prof n'a pas le droit de toucher un élève. Si j'étais vous.. je lâcherai mon bras, immédiatement.
C'était une remplaçante. Elle était là depuis janvier. Clairement, j'étais dans mon tort, mais j'espérais qu'elle flipperait suffisamment. Ce n'était pas le cas. Elle se mit à me hurler dessus et à me dire que je serai collée.
-Oui madame.
Sophie m'attendait dehors.
-Alors ?
-Je crois que je vais devoir aller en salle de détention jusqu'à la fin de la semaine. Mais... je vais au SPA avec Natalia pendant que tu vas au théâtre donc je trouve ça super.
-Mais ton père va te défoncer
-Mais mon père va me défoncer.
-Je lui dirai pas. Sinon tu vas encore te faire punir pendant que je suis là. Et c'est loin d'être cool.
-Je t'aime Sophie. Tu le sais ça ?
-Oui oui mon gros lapin. File, tu seras en retard sinon.
Je pris mes livres pour le lendemain et je filai hors du lycée, je trouvais Natalia entrain de se faire draguer par des débiles de Seniors. Elle était assise sur ma voiture, ses longs cheveux flottaient au vent. Elle leur parlait comme si tout était normal. Elle ne comprenait pas ou elle ne voulait pas faire d'esclandre ? C'est alors que je vis Brian. Il était en face de moi. Il tenait sa copine par la taille et il se figea en voyant sa tante. Il lâcha Alexandra pour se diriger vers elle. Natalia se leva de la voiture et lui tendit les bras avant de l'embrasser sur la joue et lui caresser l'autre. Elle le regardait droit dans les yeux en lui parlant en espagnol quand j'arrivai à leur niveau. Est-ce qu'elle pensait à son mari comme ça ? Elle tourna les yeux vers moi et elle m'embrassa aussi.
-On devrait y aller avant que la copine de Brian fasse une crise cardiaque.
Brian me regarda avec surprise.
-Tu as vachement amélioré ton espagnol.
-Ouais, ma tante me force à l'appeler une heure tous les jours, je te rappelle, lui répondis-je alors dans la même langue que lui.
-Ah oui, c'est vrai. Bon je file. Salut les filles, amusez-vous bien.
-C'est elle là-bas la copine de Brian ? me demanda Natalia en montant dans la voiture.
-Oui, c'est Alexandra.
-Je n'aime pas sa tête. Elle a l'air d'être une petite garce. Ne le répète pas à Brian surtout. Je compte sur toi.
-Je ne dirai rien. Mais vous avez raison. C'est une sale garce. Je vous remercie de me prendre avec vous cet après-midi.
-Tu peux me tutoyer tu sais ? Je suis ravie d'aller au SPA. La dernière fois que je suis venue à LA, j'étais célibataire, maintenant je suis mariée et enceinte. Tu te rends compte ?
-Est-ce que ça va te freiner pour ta carrière ? D'être enceinte ?
-Non, je ne pense pas. Je suis assez.. connue dans mon milieu et j'ai déjà certains amis photographes qui veulent que je pose avec mon bébé. Il faudra que je perde du poids rapidement par contre. Histoire de retrouver mon poids de forme rapidement.
-Est-ce que tu stresses à l'idée de devenir Maman ?
-Hum.. non. Parce que je sais que je pourrais toujours compter sur Martin pour m'épauler. Mais je te dis ça maintenant mais.. qui sait ce que je dirai dans quelques mois ? Quand je viendrai me réfugier chez vous ? gloussa-t-elle.
-Oh tu sais. Papa adore les enfants. Il pourrait le ou la garder. Il m'a dit une fois que quand sa journée avait été trop difficile et qu'il avait encore une garde derrière, il allait du côté du service de la maternité, pour les regarder dormir. Il m'a dit que rien n'était plus paisible qu'un bébé qui dort. Alors.. tu peux venir te réfugier chez nous quand tu veux.
-C'est gentil. On est bientôt arrivée.
J'eus la surprise de voir au SPA mon oncle Elijah.
-Salut beauté ! Bonjour madame.
Il serra la main de Natalia et quand je la présentai, il eut un sourire en coin.
-John m'avait dit que vous étiez canon. Je pense que l'adjectif est faible.
Du moins, il lui dit quelque chose comme ça parce qu'il lui parla en espagnol et qu'elle rosit.
-Qu'est-ce que tu fais là Elijah ?
-J'ai un entretien dans un magazine pour Hommes, je suis juste venu me détendre avant le rendez-vous qui est ce soir.
-Un magazine.. ici ? Aux USA !!! TU REVIENS VIVRE ICI ??
-Oui. Je reviens pour de bon.
Je sautai sur place et à son cou.
-Je vais m'acheter un appartement ou une maison.. continua-t-il, selon le prix ou selon mon envie.
-Tu attends un coup de cœur quoi !
-Oui c'est ça et puis.. il faut une chambre pour toi aussi. Alors je ne peux pas acheter n'importe quoi.
-Je t'aime Elijah Evans. Mais tu n'es pas obligée de trouver un appartement avec plusieurs chambres juste pour moi. Je me contenterai de ton canapé sans souci.
Il m'embrassa sur le front.
-Je vais vous laisser entre dames. N'oublie pas d'appeler Papa sweet heart. Je suis ravi de vous avoir rencontré madame. J'espère que j'aurais l'occasion de vous voir de nouveau.
Il lui serra la main et c'est à ce moment là que je vis qu'il n'était pas seul. Il y avait une femme assez jolie qui l'attendait plus loin. Il se retourna et me fit un clin d'œil. Ce moment détente au SPA avec Natalia était juste super. Elle me raconta pleins d'anecdotes sur sa vie en tant que mannequin, elle me fit rêver avec tous les pays qu'elle avait visité. Si bien qu'en rentrant à la maison, je n'avais qu'une idée en tête.
-Papa ??? TU ES OÙ ?
-JE SUIS PAS LÀ !
Il était dans la cuisine. Il était entrain de regarder ce qu'il y avait dans le réfrigérateur.
-Papa, je veux devenir mannequin plus tard.
Le hurlement de rire de Brian me parvint. Je n'avais pas entendu qu'il était là. Je rougis de honte.
-Oh.. j'imagine qu'il y a une bonne raison ? me demanda mon père sans réagir face à Brian.
-Pour voyager.
Le rire de Brian redoubla et se stoppa net. Je me retournai. Natalia fronçait les sourcils.
-Tu as un problème avec mon métier peut-être Brian ? tu considères que ce n'est pas un métier, c'est ça ?
-Tante Natalia, j'ai jamais dit ça ? Ce n'est pas pour ça que je riais.
Elle tourna les talons et Brian la suivit. Moi, je me renfermais sur moi-même.
-En fait Papa, si tu reçois un coup de fil du lycée, c'est normal.
-Ah ?
-Je me suis pris une retenue tout à l'heure.
-Pardon ?
Il en lâcha sa cuiller en bois et il ne la ramassa pas tout de suite. Je la ramassai.
-Je me suis pris la tête avec ma prof de chimie parce qu'elle nous a dit à Sophie et moi alors que nous ne parlions même pas que nous étions horripilantes. Et du coup, ça m'a énervé. Je lui ai répondu. Je n'aurais pas dû, je le sais très bien. Mais je voulais te prévenir parce qu'on s'est promis de toujours être honnête l'un envers l'autre. Oh et Sophie vient dîner ce soir parce que ses parents sont pas là et elle avait pas envie de rester toute seule.
-Très bien. Pour Sophie. Pour toi, j'ai pas encore déterminé si je dois te punir ou pas parce que ta retenue va te faire les pieds. Tu sais bien que j'exècre l'insolence.
-Oui Papa. Je ne te demande d'excuser mon comportement. Je voulais juste que tu le saches. Et évite d'en parler à Elijah.
-Pourquoi ?
-Parce qu'il n'aime pas non plus quand je suis insolente.
-Sarah ? Je veux que tu écrives une lettre d'excuse à ton professeur. Tout de suite. Tu me la feras lire et tu lui donneras demain matin.
-Oui Papa. Il faut que j'appelle Grand-Père Daniel. Tu as ton téléphone sur toi ?
Mon père le fit glisser sur le plan de travail vers moi et je retrouvai mon grand-père dans les contacts.
-John ! fit la voix chaleureuse de mon Grand-Père, que me vaut l'honneur de ton appel mon garçon ?
-C'est Sarah Grand-Père !!
-Mon petite Crapounette, comment tu vas ?
-Ça va, ça va !! Je voulais juste savoir comment vous allez Candice et toi ? Et savoir depuis quel pays du monde j'allais recevoir ma prochaine carte postale !!
-Depuis l'Algérie ma chérie.
-Haaaaan. Vous ne pouvez pas m'emmener avec vous ?
J'observais mon père et je vis un sourire sur ses lèvres alors qu'il coupait des poivrons.
-Et bien écoute, dès que tu seras majeure et vaccinée, pas de souci pour moi. Tu le sais bien.
-Tu es adorable. Vous me ramenez un cadeau, hein ???
Mon père leva les yeux au ciel.
-Papa aussi en veut un, il lève les yeux au ciel comme c'est pas possible.
Mon père me fusilla du regard.
-C'est prévu, c'est prévu, me répondit en riant mon grand-père.
-Vous restez combien de temps ?
-Et bien nous avions prévu de rester pendant deux mois mais il y a Pâques et ta cousine est en Californie cette année, ce serait dommage de rater ça, elle ne comprendrait pas et puis.. nous n'avons pas eu Noël ensemble cette année. Alors nous restons un mois, nous revenons pendant une semaine et nous repartons !
-Vous avez de la chance et vous repartez en Algérie ou pas ?
-Sûrement oui. Si tu savais comme je suis heureux que tu m'appelles ! Tu illumines ma journée ma Crapounette. Tu me racontes la tienne ?
-Heu.. j'ai eu cours, je suis allée au SPA et je t'appelle parce que tu es mon grand-père favori.
-Évidemment, le contraire m'eut étonné.
-Et ta journée à toi ?
-Et bien écoute, je ne suis pas allé en cours, ni au SPA, mais Candice et moi avons décidé de changer la décoration du salon d'été.
-Ah bon ? Mais pourquoi ?
-Parce que ça commençait à faire vieux tout ça. Voilà pourquoi.
-Vous allez garder le rocking chair de Maman, n'est-ce pas ? Je veux dire, vous n'allez pas en faire un feu de bois ou un truc comme ça ?
-Ma chérie, je ne jetterai jamais un objet ayant appartenu à ta mère. Jamais. D'ailleurs, je me disais que tu voudrais le récupérer..
-Le récupérer ? l'interrompis-je.
-Oui, un jour. Quand tu serais plus grande, c'est pour ça que je l'ai gardé avec moi toutes ses années. Si tu veux, je peux faire en sorte de te le faire livrer.
-J'adorerai l'avoir avec moi. Attends, je vais demander à Papa. Papa ?
Mon père se détourna, il n'écoutait pas ma conversation visiblement.
-Oui Choupi ?
-Est-ce que je peux prendre le rocking chair de Maman ? Grand-Père se propose de me le faire livrer..
Mon père s'arrêta. Il était ici avant et pendant les travaux de la maison quand j'avais 3 ou 4 ans, ma mère l'a confié à son père et ne l'avait jamais repris.
-Oui, évidemment que tu peux le prendre, me répondit-il avec chaleur.
-Papa est d'accord, dis-je à mon grand-père après avoir envoyé un bisou à mon père.
-Je vais faire ça alors. Apparemment, on sonne à la porte, je vais te laisser Crapounette. Je t'aime mon petit trésor.
-Moi aussi je t'aime. Bye. Merci gros pour ton téléphone.
-Gros ? Tu plaisantes ?
Je souris et embrassai mon père avant de monter pour écrire une lettre d'excuse. C'était difficile. J'avais juste envie d'écrire : pauvre conne. Mais ça aurait été du plus mauvais effet, je pense. J'écrivis ma lettre et la fis relire à mon père. Ce dernier hocha la tête.
-Ouais. C'est un peu.. je t'écris une lettre connasse, mais vraiment tu le mérites pas !
-Ça se sent tant que ça ?
-Oui. Je pense qu'un simple : « Madame, je vous prie d'accepter mes excuses pour mon attitude insolente, et à l'avenir, je ne recommencerai pas » suffisait.
-Tu as dit lettre Papa. Pas Post-it.
-Oui enfin, c'est ma prof de chimie, je ne suis pas sûre qu'elle comprenne vraiment la subtilité de ma lettre.. c'est une nouvelle, elle est bête et en plus elle est nulle. Tout le monde te le dira.
-Ah ouais ? Brian ! Tu peux venir ? Tu connais la prof remplaçante de Sarah en chimie ?
-95D ? Ah oui. Je la connais, gloussa Brian en prenant place sur un tabouret. Elle a cul d'enfer, John. Caaaanon. Je pense que même toi tu voudrais te perdre entre ses seins. Sérieusement.
-Elle est bonne, okay. Mais est-ce qu'elle répond à l'adage ?
-Oui, je crois. Alexandra n'arrête pas de dire qu'elle est nulle en explication.
-VOILÀ, JE L'AVAIS DIT. En fait.. quel adage ?
Brian se tourna vers moi et fit la moue.
-T'es bonne mais t'es conne. Mais oui, elle est pas hyper bonne pédagogue.
-Okay, Sarah, tu peux mettre ta lettre dans une enveloppe. Paul arrive quand ?
-Il devrait pas tarder. Natalia est entrain d'aider Tom à faire ses devoirs. Sophie arrive quand ?
-Je ne sais pas..
On sonna à la porte et Brian ouvrit la porte. J'entendis la voix de Sophie et elle arriva dans la cuisine avec un gros carton de pâtisserie.
-J'ai ramené des éclairs parce que je sais que Tom adore ça et j'en ai pris plein. Parce que je ne savais pas combien on serait. Voilà. Ça va John ?
-Oui oui oui. Et toi ? Tu t'es faite collée toi aussi ?
-Non. Pas du tout. Mais elle ne le méritait pas John. Je vous le jure.
-Hmmmm. Tu veux rester dormir ?
-Non non, je vais rentrer à la maison après. Je vais pas abuser..
-Toi, abuser ? Tu peux rester sans souci. Vraiment. Tu veux que j'envoie un message à ton père ?
Elle ne voulait pas rester à cause de Paul. Je m'en doutais. Brian fronça les sourcils.
-Tu sais, tu peux abuser de mon lit, si tu veux.
Elle rougit et même mon père lui dit d'arrêter, mais il avait un trait de rire dans la voix.
-Je ne pense pas que ça plairait à mon petit ami.
-À la mienne non plus, mais tant que ça nous plaît à nous...
Sophie planta son regard dans celui de Brian et ils sourirent en même temps.
-Je pense que Paul le prendrait mal si tu lui refusais l'accès de ta chambre parce que j'y suis.
-C'est vrai, admit Brian. D'ailleurs, je pense qu'il arrive.
Et il arrivait en effet. Je ne savais pas comment il allait réagir en voyant Sophie mais il fit presque comme si elle était pas là. Il avait l'air fatigué et pas aussi enjoué que d'ordinaire. Mon père fronça les sourcils, doucement.
-Tout va bien Paul ?
-Oui John. Ça va.
Il ne l'appelait jamais John.
-C'est juste que mon père me gave, c'est tout. Ne lui en parlez pas. Je ne veux pas qu'il se vexe en prime.
-Hum. Brian ? Tu peux aller me chercher une bouteille de vin blanc ? un muscadet. Sarah ? Tu me sors un citron ? Paul, tu es toujours le bienvenu ici. Je ne laisserai pas le fils d'un de mes meilleurs amis à la rue. Et si tu veux que je parle à ton père, je peux le faire aussi. Je sais que Benjamin peut être obtus.
-C'est le moins qu'on puisse dire. En fait, parait que Marc revient jeudi ?
Il y eut un silence et il me fallut un moment pour comprendre que Paul me parlait.
-Oui.. ?
-J'ai cru entendre ma mère dire un truc comme ça.
-Heu oui. C'est pas ton frère par hasard..
-Ah, il t'a pas dit. Il me fait la gueule parce que je sors avec Chris. Il m'a dit que tant que je sortirai avec cette petite conne, il refusait de m'adresser la parole. On ne risque pas de continuer à se parler. Tu peux lui transmettre un message de ma part ?
-Mais il te fait la gueule depuis quand ?
-Depuis quelques jours.
-Tu veux mon téléphone ? Pour l'appeler ?
-Oh, non. Juste un SMS, ça suffira.
Je lui tendis mon téléphone et il tapa avant de me le rendre. Je ne regardais pas son message. Ça ne me regardait pas. Sophie, elle, regardait Paul avec les sourcils froncés. Elle posa sa main sur son dos et il tourna les yeux vers elle.
-Tu devrais pas te rendre malade pour ça. Ça va aller tu sais.. Henry et moi on se fâche, et on finit par se réconcilier.
-Henry n'est pas Marc. On peut arrêter de parler de mon abruti de frangin ?
-Allez, suis-moi. On peut aller faire une partie de Kinect ?
-Fais comme chez toi ma belle, répondit Papa en baissant le feu.
Sophie le prit par le bras et l'emmena en dehors de la pièce au moment où Brian rentrait dans la cuisine avec la bouteille. Il les regarda partir.
-J'ai loupé un truc ?
-Non pas grand chose.
J'arrivai dans le salon quand Sophie et Paul poussaient la table. Une partie de Star Wars Kinect. Voilà ce qu'il lui fallait; Paul riait de nouveau. Je pense que c'était plus dû à la présence de Sophie qu'à autre chose. Le repas fut super joyeux. Ils étaient tous hilares. Mary était très contente de tous nous avoir et Natalia faisait le pitre. Sophie resta le soir. Je fus surprise de voir mon père mettre son manteau et aider sa femme à mettre le sien.
-Vous partez ?
-Natalia, Mary et moi, nous sortons. Vous surveillez Tom.
-Toi tu profites du fait que Martin ne soit pas là pour parader avec deux femmes magnifiques à ton bras.
-Tu me connais trop Sarah. Ne brûlez pas la maison.
-Non non.
Et pourtant.. Brian avait envie de manger des chamallows grillés et il entreprit de faire un feu dans le jardin. Moi je trouvais ça dangereux, mais.. j'étais la seule, apparemment. Il faisait super froid. J'avais l'impression d'être dans un camp de vacances, emmitouflée dans une doudoune avec un chocolat chaud et des marshmallows.
-Je propose qu'on joue à action ou vérité. Vous en pensez quoi ?
Les yeux de Brian brillaient d'une lueur diabolique à la lueur des flammes qui s'élevaient dans le jardin. J'avais l'impression que c'était un défi qu'il me lançait.
-Tu en es Sarah ? Ou tu as trop peur ?
Je déglutis. Je ne voyais que ses yeux. J'avais occulté le reste.
-J'en suis.
Un sourire sadique s'afficha sur ses lèvres. Dans quoi m'étais-je embarquée ?
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