Prise de conscience

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Grand-Mère Amélia avait donné son aval à mon père. Je le sus en voyant son air serein le lendemain juste avant de partir travailler parce qu'on l'avait appelé pour une urgence. Elles étaient revenues vers 22h et mon père avait raccompagné sa Grand-Mère à l'hôtel. Je n'avais pas osé demander un débrief à Mary mais Brian n'avait pas eu ce scrupule. Il s'était allongé à travers le lit de sa mère et je les avais entendu se parler en français. Je n'avais pas osé les déranger.

-Sarah, tu as encore la tête dans les nuages, dis-moi ! s'exclama Mary en se versant du café dans une tasse.
-Ah oui, pardon. Tu t'es bien amusée avec ma Grand-Mère ? 
-Elle est très gentille.
-Je crois qu'elle te kiffe. 
-Ah ? 
-Oh arrête, tu n'as pas demandé à Papa ? Tu ne lui as rien demandé ? Tu sais très bien qu'ils ont parlé de toi. Il est rentré à minuit passé. Il faut 20 minutes pour aller à l'hôtel d'ici. Tu l'as impressionnée, j'en suis certaine. Déjà elle te trouve canon mais ça, ça fait longtemps. 
-Pardon ? 
-Ah. Ça non plus tu n'es pas au courant. Quand Papa t'a rencontré. Avant le mariage, la demande en mariage et tout, Grand-Mère t'a vu en photo et a décrété que tu étais belle comme un cœur. Et je crois que quand elle a appris que tu travaillais, elle a trouvé ça très bien. Picsou peut être très moderne quand elle veut. 
-Heu.. McAllister, tes pancakes flottent dans du sirop d'érable. Je sais que tu as maigri, mais tu vas pas devenir obèse après être passée au stade squelette.
-Brian ! le réprimanda sa mère.
-Il parait que quand on couche avec une meuf trop maigre, on a la même sensation que si on baisait avec un poulet. 

Je commençai à m'étouffer de rire, et le rire commença à secouer Brian. Mary était exaspérée.
-J'adore ta tête outragée Maman. Plus je dis des énormités, plus tu es exaspérée. C'est le bonheur de ma vie. Me regarde pas comme ça, j'ai jamais essayé de me branler dans un poulet.
-Encore heureux.
Je croisai le regard de Brian et mon fou rire fut tel que je tombais de mon tabouret.
-Tu as mangé quoi ce midi ? Un poulet sauce Brian !! 
-Sarah ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi. 
J'arrivai plus à m'arrêter de rire et je sortis de la cuisine au moment où Tom arriva pour finir de me préparer. Quand je revins, Tom était entrain de manger mes pancakes.
-Moi j'aime bien quand y'a plein de sirop d'érable. Je t'en ai piqué Sarah. Est-ce qu'on pourra aller faire du patin à glace ce soir Sarah ?
-Avec plaisir. Demain je ne pourrai pas de toute façon. Marc revient, dis-je à l'attention de sa mère. En fait, tu peux me conduire au lycée Mary ? 
-Okay. Mais je pars dans 5 minutes. Brian, tu emmènes ton frère, sinon je vais être en retard.
-Oui Maître.

Mary tapota sur la tête de Brian en disant qu'il était un bon elfe de maison. Elle me conduisit et je pus la rassurer sur l'impression que ma Grand-Mère avait eu d'elle. Grand-Mère qui m'appela alors que nous étions encore dans la voiture.
-Salut !! 
-Bonjour Sarah. Je voulais te dire que je viendrais te chercher à la sortie du lycée. 
-Je voulais aller faire du patin à glace avec Tom après les cours.
-Et bien nous irons également le chercher à l'école.
-Okay. Je finis à 16h exceptionnellement.
Je ne pouvais pas lui dire que j'avais un cours de chimie normalement mais que comme ma prof refusait que je vienne parce que j'avais été insolente, je n'y avais plus mes entrées.
-En fait, j'aimerai bien savoir ce que tu as pensé de ma belle-mère.

Mary tourna les yeux vers moi, elle n'avait pas compris que c'était ma Grand-Mère au téléphone.
-Elle m'a fait penser à moi.
-Ah. C'est positif ça ou pas ?
Je me mis à rire et je pouvais sentir l'air agacé de ma Grand-Mère Amélia. 
-En tout cas Mary m'a dit qu'elle t'appréciait beaucoup et que tu étais très gentille. Personnellement je trouve ça bizarre. En général les gens ont peur de toi et ensuite ils t'apprécient. Tu lui as fait une grande impression. Je suis fière de toi, tu t'es bien tenue.
-Mais je me tiens toujours bien Sarah.
-Je sais, je te taquine parce que je taquine toujours les gens que j'aime enfin. Alors 16h devant mon lycée ? En fait, je ne peux pas me passer de la bague que tu m'as offerte. Je l'adore.
-C'est bien pour cela que je l'ai achetée. Elle m'a fait penser à toi. Bon, ma petite chérie, il faut que je te laisse, j'ai un cours de pilates.

Elle raccrocha et je vis que ma belle-mère avait quitté la route des yeux. 
-Tu lui as fait penser à elle. Ça veut dire qu'elle t'adore. Ma Grand-Mère est très forte, tu sais. Tout le monde le dit. C'est un honneur de lui ressembler et elle ne dit jamais rien à la légère et en plus.. tu n'as pas vu la sérénité sur le visage de Papa ce matin ? Il attendait l'aval de sa Grand-Mère et il l'a eu. Je suis très contente. De toute façon, je ne vois pas qui pourrait ne pas t'aimer. Tu es tellement.. parfaite.
-Je suis loin de l'être Sarah mais j'essaye de faire mon possible pour construire mon propre bonheur et celui des autres. Surtout celui des autres. 
-J'aimerai avoir ta grâce. 
-Tu l'es déjà ? Tom et Brian m'ont dit que tu étais gracieuse sur des patins. Tu crois que tu ne l'es qu'à cette occasion ? Ce n'est pas vrai.
-Merci. On est arrivé, tu peux me laisser là si tu veux. Comme ça tu gagneras du temps. 
J'arrivai en même temps que Cameron. J'allais vers sa voiture.
-Salut mec. Comment ça va ?
-Tu me parles ? 
-Bah pourquoi je te parlerai pas ? Ah. Tu es toujours en froid avec Sophie.
-Je te le demande, elle me parle mais.. j'ai l'impression que quelque chose s'est brisé. Je ne sais pas.
-Elle a horreur de la violence.
-Mais cela ne l'a pas empêché de me gifler.
-Oui, tu n'as pas tort. Cela ne l'a pas empêché de te gifler. Mais là, ça avait vraiment l'air d'une attaque sans précédent. Je sais que ce n'est pas vrai, que Brian t'a provoqué et que tu as réagi à ça mais Sophie.. elle a une vision bisounours de la vie. 
-C'est le moins qu'on puisse dire. Tiens, elle arrive.
Elle arriva et je vis de l'indécision dans ses yeux. Elle fit un bisou à Cameron sur la joue et elle m'attrapa par le bras pour m'emmener. Okay, elle était froide.
-Je ne sais pas comment faire pour.. être avec lui. Je me sens mal à l'aise. Je sais que c'est con mais.. tu vois, je.. il..

-Il ressent la même chose. Je crois que le truc qu'il faudrait faire Sophie c'est..
Je n'eus pas le temps de finir parce qu'elle fut tirée en arrière par Cameron qui l'embrassa avec fougue. Il l'attrapa par la nuque pour l'embrasser et il pressa ses lèvres contre les lèvres de Sophie. 
-Je suis amoureux de toi. Je te laisserai pas partir sans me battre. Je préfère te prévenir tout de suite.

Il la lâcha et j'eus l'impression qu'il avait vidé Sophie de ses forces. Il s'éloigna à grands pas. Sophie était désemparée. Cela la travailla toute la matinée et elle chopa Cameron avant de le trainer dans les toilettes de la cour pendant la pause du midi. Je pris un de mes livres de cours pour le relire. Paul arriva devant moi. 
-Je peux te parler ? 
-Parle.
-Je n'aurais pas dû te reprocher d'être la cause de la connerie de Marc. Je suis désolé. J'étais en colère et j'ai parlé sans réfléchir.
-J'accepte tes excuses. 
-Cela étant.. je ne vois pas pourquoi tu n'utilises pas le fait que Marc couche avec toi pour faire en sorte qu'il arrête de penser que je suis la source de tous tes malheurs au lycée. 
-Je te demande pardon ?
-Tout le monde sait que la chambre à coucher est propice aux confidences. Alors sérieusement, je ne vois pas..
Je me redressai d'un coup, claquant mon livre et je le fusillai du regard.
-Tu te fous de moi ? Si tu crois que je vais dire à ton frère que Chris n'est pas la source de mes problèmes, tu te plantes. Parce que c'est le cas. L'inimitié entre ton frère et toi, ça ne me regarde pas. Non mais je rêve. Tu sais ce qui ne va pas chez toi ? C'est que tu n'agis pas comme un mec devrait agir. Il serait peut-être temps que tu regardes Marc dans les yeux et que tu lui fasses comprendre que ta vie intime ne le regarde pas. T'es devenu faible Paul, c'est ça ton souci. Tu n'étais pas comme ça avant.. Alors tu peux me faire autant d'excuses que tu voudras, tant que tu ne te prendras pas en main, ton frère sera toujours sur ton dos.
-Tu te prends pour qui pour me dire que je suis faible au juste ? Putain, mais t'es pas croyable ! Toi tu es incapable de gérer toute seule une situation sans le concours d'un mec et tu te permets de venir me donner des conseils sur ma façon d'agir avec mon frère ? 
-C'est toi qui a commencé par me dire que je n'avais qu'à utiliser la chambre à coucher pour calmer le jeu avec ton frère alors que ça ne me regarde pas.
-T'es qu'une conne et tu veux savoir où est le souci Sarah entre Marc et moi ? Je t'invite à te regarder dans un miroir. Il adorait Chris avant que tu commences à jouer les chouineuses.
-Elle me harcèle et c'est moi la chouineuse ? T'es pitoyable. T'es bien le seul à ne pas voir que ta copine est une salope. Tout le monde le sait. T'es tellement con que toi tu n'arrives pas à le voir.
Il était furieux contre moi mais je l'étais encore plus contre lui. 
-Autant te le dire Sarah. Tu aurais été un mec, je t'aurai frappé. 
-Tu aurais été un mec, et non pas un gamin, tu ne m'aurais jamais dit, ça, les hommes savent se contrôler. C'est pour ça que tu n'as pas eu la seule fille que tu n'as jamais voulu et que tu retrouves avec une tapineuse.

Il blêmit et il se redressa comme pour me dominer. Cela fonctionna merveilleusement bien, je me recroquevillai. 
-Tu sais pourquoi je me suis éloigné de Sophie et toi au collège ? Parce que dans vos têtes, vous étiez toujours des primaires et que j'avais envie de faire partie de la cour des grands. Aujourd'hui encore, c'est la même chose. Tu penses que tu agis comme une adulte mais clairement, ce n'est pas le cas. Tu agis toujours comme une gosse. Tu me déçois profondément. Je pensais qu'on aurait pu être ami de nouveau, je me trompais. On n'est clairement pas dans le même monde. Je suis venu te présenter mes excuses et te demander insidieusement de m'aider avec Marc. Oublie. Reste dans la caste des minables, où tu te complais Sarah McAllister, reste insignifiante et invisible. N'essaye pas de venir me demander de l'aide parce que je refuserai.. Ne m'adresse plus jamais la parole, je ne t'adresserai plus la parole. Toi et moi c'est terminé pour de bon. T'es morte à mes yeux. Je ne me sentirai plus coupable dès qu'il t'arrivera quelque chose. 
Il n'avait pas élevé la voix. Je ne savais pas quoi dire. J'étais pétrifiée. Il s'éloigna et se retourna soudainement. Il était blessé et il était en colère. Qu'est-ce que j'avais fait ?

-Oh et une dernière chose. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que mon frère voit quelle fille tu es. Je le laisserai pas avec une fille manipulatrice et sans cœur comme toi. De toute façon, ça ne sera pas très difficile de casser votre couple, tu l'as déjà trompé, non ? 
-Paul...
Il tourna les talons et s'éloigna.
-Paul, attends ! 
Il m'entendit, comme tout le monde, mais il fit celui qui ne m'avait pas entendu. Il m'avait écartée de sa vie d'une tirade. Je l'appelai et je tombai directement sur son répondeur. Oh le con, il m'avait blacklisté en quelques minutes. J'allais sur Facebook, il ne m'avait pas encore retiré. Je savais ce que je devais faire. Je sentis des larmes couler de mes joues et j'appelai Marc.
-Sarah, je vais entrer en cours dans 5 minutes.
-Marc..
-Qu'est-ce qu'il y a ? 
Je me mis à pleurer. 
-Paul me fait la gueule maintenant. S'il-te-plaît, réconcilie-toi avec lui.
-Attends, il t'a fait pleurer. Sarah, je ne peux pas cautionner que mon frère te fasse pleurer. Je suis désolé.
-Tu ne comprends rien ! criai-je. Ce n'est pas lui qui me fait pleurer, c'est votre attitude et le fait que j'en pâtisse alors que j'ai rien à voir là-dedans. J'en ai rien à foutre de savoir avec qui ton frère couche et maintenant il m'en veut parce qu'il pense que je te monte contre lui. Alors arrête merde. Arrête de lui en vouloir, c'est une histoire entre Chris et moi. Ça ne vous regarde pas.
-Et si ils ont un bébé ensemble Sarah.
-On est au lycée.
-Tu pensais être enceinte alors qu'on se voit moins souvent qu'eux. Si ils ont un bébé Sarah. Tu me largueras pour être certaine de ne pas faire partie de cette famille et je ne peux pas le permettre. 
-Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas Marc ? Ça ne te regarde pas. Ça ne regarde pas Paul. Alors je t'en prie. Je t'en supplie même. Fais-le pour moi. Parce que ça me rend malheureuse. Tu le comprends pas ça ? Je suis malheureuse de cette situation. 

Brian arriva vers moi d'un pas rapide. Il m'arracha mon téléphone de l'oreille. Elle te rappelle. dit-il avant de m'entrainer dans un coin où personne ne nous verrait.
-Qu'est-ce que tu as ? Tu chiales ?
-Non, je pleure pas.
-Ton mascara a coulé patate. Bref, je m'en fous. Tu veux qu'on mette en place l'opération Hello ? 
-Quoi ? 
-L'opération Hello, tu veux qu'on le fasse ou pas ? J'ai entendu mon prof de chimie dire que la remplaçante partait dans une semaine. Alors, est-ce que tu veux qu'on ruine sa carrière ou pas alors qu'elle part ? 
-Mais j'en ai rien à foutre.
-Sarah, c'est toi la chef de projet là-dedans. Moi je pense que si tu peux patienter une semaine de plus, tout reviendra dans l'ordre. 
-Okay...
-Qu'est-ce que tu as ? Je te signale que John m'a demandé de faire en sorte que tu te balances pas d'une fenêtre du lycée alors qu'est-ce que tu as Sarah ?
-Marc fait la gueule à Paul parce qu'il sort avec Chris qui me martyrise. Paul voulait me demander de dire à Marc d'arrêter, je lui ai dit que je n'avais rien à voir dans cette histoire et ça s'est envenimer. Il ne veut plus du tout avoir commerce avec moi maintenant.
-C'est tout ? Tu chiales parce que Paul te fait la gueule ? Je comprendrai jamais les filles. Je vais lui parler.
-Il m'en veut vraiment. Il a dit qu'il ferait en sorte de casser mon couple et que je ne devais plus jamais lui adresser la parole.
-Faut dire que tu es super chiante comme fille. Pas étonnant que tu lui aies, pardonne-moi l'expression, "cassé les couilles". 
-Miller ! T'es.. là. 
C'était Paul, il ne me regarda même pas. Il lança un regard chaleureux à Brian. J'étais invisible à ces yeux.
-Paul. 
Il tourna ses yeux bleus vers moi et eut un sourire sarcastique et méprisant à la Chris. J'eus l'impression qu'il remuait le couteau dans la plaie. Il détourna son regard et reprit sa conversation avec Brian.
-J'ai cru comprendre que le coach voulait nous voir à midi. 
-J'ai appelé Marc et..
-Okay McAllister, y'a probablement quelque chose que tu n'as pas compris tout à l'heure. Tu ne me parles pas et encore moins de mon frère. Sauf si tu veux encore te ridiculiser. Après tout, Ridicule c'est ton deuxième nom. 
-Paul arrête, claqua la voix de Brian. 
-Je trouve que pour un mec qui affirme plusieurs fois par mois qu'elle est le Ridicule personnifié , tu la surprotèges vachement.
-Va te faire enculer bien profond Paul McDust, lâchai-je. Putain quand je pense que j'ai appelé Marc pour le supplier de se réconcilier avec toi ? 
-Quoi tu t'es mise à genou ? En même temps tu es la copine de mon frère. Ça doit t'arriver souvent.. quoi que.. la dernière fois qu'on a parlé, tu n'étais pas si entreprenante que ça d'après ses dires. Tu crois qu'il va rester combien de temps avec toi si tu ne le suces pas alors que c'est probablement ce qu'il préfère comme pratique sexuelle ?
-À quoi tu joues au juste ? commença à se fâcher Brian. 
-J'ai décidé d'être honnête pour une fois dans ma vie. Je veux dire avant je prenais des pincettes parce que je ne savais pas que Sarah était une connasse égoïste qui ne pensait qu'à sa gueule. Mais maintenant, je ne vois pas pourquoi je le ferai. 

Brian l'entraina loin de moi et je me laissai glisser contre le mur. Une connasse égoïste. Je me sentais tellement vide. Tellement. Je me redressai et je bousculai les deux garçons en courant. J'avais des larmes plein les yeux, je courus en dehors du lycée. Je courais vite. Je me glissais entre les voitures, je me fis klaxonner mais je ne m'arrêtai pas. J'avais de l'argent sur moi. Je pris le bus et j'éteignis mon portable. Je m'arrêtai devant l'hôtel de ma Grand-Mère. Elle était entrain de déjeuner au restaurant, je la vis. Je m'y rendis. Je devais avoir l'air d'une grosse débraillée avec le gros sweat que j'avais mis pour aller au lycée, mon jean et mes converses en cuir. Je me laissai tomber en face d'elle.

-Sarah. Mon Dieu mais qu'elle est cette tenue ??? Et ta tête !! 
-Je veux partir d'ici. Quand tu partiras, je veux partir avec toi. Je veux mettre le plus de kilomètres possibles entre moi et cette vie de merde.
-Surveille ton langage.
-J'ai pas d'autres qualificatifs.
-Tu as mangé ?
-Pas encore. J'attendais Sophie et.. 
Je reniflai et ma Grand-Mère excédée visiblement me tendit un mouchoir en tissu.
-Renifler, ce n'est pas élégant. 
Un serveur arriva et ma Grand-Mère commanda la même chose pour moi et pour elle. Elle ne me demanda pas mon avis mais quand je vis les pinces de crabe, cela me fit un peu sourire.
-J'aime pas le crabe.
-Pardon ? 
-Non, je plaisante. Je ne suis pas présentable.
-Tu dis au moins une chose sensée. Mais je pense que cela fera l'affaire pour cette fois. Dis-moi pourquoi et qui t'a mis dans un état pareil. 
Je lui avouai tout. Pendant des heures. Du moins pendant toute l'entrée et une bonne partie du plat de résistance. Et je pleurai beaucoup aussi. Je ne touchais aux plats que parce que ma Grand-Mère me le rappelait. 
-Je veux partir, concluais-je alors que le serveur nous apportait le dessert. 
-Je vais aller voir Benjamin McDust afin qu'il remette son fils dans les rails.
-Ça va empirer les choses. Il est fâché contre moi. 
-Il te traite comme une moins que rien. Je t'interdis formellement d'aller lui présenter tes excuses. 
-Mais c'est de ma faute.
-Non, ce n'est pas de ta faute. Tu as certes employé le mauvais vocabulaire et tu es comme ton père, tu perds rapidement ton sang-froid. Mais, cela étant, ce n'est pas de ta faute si ton compagnon ne parle plus à son frère. Au contraire, tu as tout fait pour l'aider. Il n'a pas voulu entendre. Laisse-le. Il va falloir apprendre à t'endurcir. Dès que tu auras repris confiance en toi grâce à ton psy, tu viendras passer du temps chez moi.
-Mais je veux partir maintenant.
-Ma chérie. Si tu pars et que tu reviens, le problème sera toujours là. Règle ton problème et tu pourras partir tranquillement. Si tu veux venir vivre avec moi définitivement, alors tu viendras, mais je veux que tu te sentes chez toi partout. Surtout dans la ville de ta naissance. Écoute-moi bien, Sarah Gabrielle McAllister ! Je pense que tu es une fille bien. Une fille très bien mais sache que la lâcheté ne fait pas partie du vocabulaire des McAllister. Alors tu vas relever la tête. 
-Je ne veux pas retourner en cours. Pas cet après-midi, j'ai pas la force.
-Soit. Je vais appeler ton lycée.
Elle attendit que nous soyons dans sa suite pour le faire. J'en profitai pour retirer le mascara qui avait coulé. J'étais affreuse.
-C'est arrangé. Tu vas venir avec moi faire les boutiques. Histoire que je te rhabille un peu. Je ne veux pas que tu me fasses honte si je venais à rencontrer quelqu'un.
-Très amusant Grand-Mère.
Je savais qu'elle plaisantait. Elle me regardait avec affection. Mais elle m'entraina pour faire les boutiques. Et elle voulut m'acheter ces habits que personne ne pouvait s'offrir parce qu'ils coûtaient l'équivalent d'un salaire mensuel californien. 
-Grand-Mère, c'est très gentil, mais mes placards regorgent de vêtements tu sais. Je n'en ai pas besoin.
Mais elle ne voulut pas m'attendre et elle m'acheta une robe de cocktail. Je ne savais pas trop pourquoi d'ailleurs. Mais j'acceptai. Nous continuâmes jusqu'à ce qu'elle décide de pousser son taxi vers l'hôpital. À quoi elle jouait ? J'étais censée être en cours. Elle passa l'entrée et elle demanda à l'accueil des renseignements. La première chose que je vis, ce fut ma psy.

-Sarah. Bonjour que fais-tu ici ? Je ne pense pas que nous avions une séance aujourd'hui.
-Heu.. je suis ma Grand-Mère. 

Ma Grand-Mère la regarda avec insistance. 
-Ma petite-fille a besoin de vous. J'espère que vous pourrez l'aider. Si vous arrivez à lui rendre sa confiance en elle, je ferai un don à votre service.
Je me claquai le front. Elle avait vraiment dit ça ? 
-C'est très aimable de votre part madame. Mais sauf votre respect, certains services auraient plus besoin de votre argent que le mien. 
Ma Grand-Mère sourit légèrement et j'entendis une exclamation de surprise. Mon père. Il avança à grands pas vers nous et il me prit dans ses bras.
-Je ne veux même plus écouter mon répondeur Sarah. J'ai reçu tellement d'appels paniqués de Sophie, de Brian, de Paul et de tout un tas de personnes que je ne veux plus l'écouter. Qu'est-ce qui t'a pris de partir comme ça de ton lycée ? 
-Je..
Ma psy m'observait et je devins rouge avant de baisser les yeux.
-John. Cesse d'harceler ta fille, veux-tu, vois comme elle est rouge. Si je te l'ai amené, ce n'est pas pour que tu lui fasses des reproches.
-Ce n'est pas le cas Grand-Mère. C'est une inquiétude purement paternelle. Ne me refais pas ça mon ange.
-Non. Je le ferai plus. 
-Rallume ton téléphone. Bon, Grand-Mère, on y va ?
-On y va ? demandai-je. Qu'est-ce qu'on fait là au juste ? Tu es malade ?

Ma voix me parut un chouia trop aigüe. J'eus l'impression que le sang quittait ma tête. Mon père raffermit sa prise sur moi.

-Ma chérie, je fais des check-up tous les ans. 
-T'as pas intérêt à mourir avant que j'ai des enfants. Je te préviens.

Elle m'avait fait peur. Je rallumai mon téléphone alors que j'étais dans le bar à côté de l'hôpital. 25 appels en absence. Sophie, Brian, Paul, Cathy et d'autres encore. Ils avaient saturé ma messagerie. J'envoyai un message à Sophie. Je t'aime bella. Elle me renvoya des petits cœurs. J'avais dit à ma Grand-Mère que j'irai chercher Tom toute seule en taxi. Elle m'avait donné une petite liasse de billets de 20. Elle était mignonne. Je lui rendrai la monnaie après. J'emmenai Tom à la patinoire. Il était plus intéressé par le fait de me regarder que d'en faire lui-même. C'est alors que je vis Elijah avec ma cousine. Je patinais en donnant la main avec Tom vers mon oncle. Je l'embrassai sur sa joue mal rasée. 
-Ça te dérange de ramener Tom à la maison ? lui dis-je alors que Tom et Giulia se donnaient la main pour patiner. Je te donne mes clefs. J'ai besoin d'être un peu seule.
-File. 
Paul m'avait appelé. Il me traitait de connasse et il m'appelait ? J'étais égoïste. Je le savais. Il avait eu raison. Je devais me remettre en question. Il s'entendait très bien avec Marc avant..moi. Je marchais dans un petit bois pas très loin de chez Paul. C'était notre petit bois à nous, quand nous étions enfants. Je pouvais encore nous voir courir et rire aux éclats. Rien n'avait changé. Je posais ma main sur un chêne. Je nous revoyais clairement. Nous étions tous heureux à cette époque. Je fermais les yeux. J'étais heureuse à cette époque. Je sentais l'écorce de l'arbre sous mes mains blessées. Elles portaient encore des cicatrices. Je m'enfonçais un peu plus profondément jusqu'à ce qui avait été jadis notre refuge. Notre petite cabane. C'était le frère de Sophie qui nous avait aidé à la faire. Elle était toute délabrée. Nous avions arrêté d'y aller quand Paul était parti. Ce n'était plus la même chose sans lui. Elle était à l'abandon. Je poussais la petite porte. La nature avait repris ses droits, comme toujours. Il y avait du lierre là où il y a quelques années, il y avait un poster de The Band Perry. Il y avait un tronc d'arbre. Je m'assis dessus et je pris mon iPod pour mettre de la musique et je dégageai un peu l'espace. Le toit avait été défoncé par la végétation. Je pris mon sac de cours et je retirai mon manteau pour m'allonger dessus et regarder la lumière qui transparaissait dedans. Je pris mon iPod. Je laissais la musique m'envahir.. comme mes souvenirs.

Je me souvenais de la dernière fois qu'on était venu là tous les trois. C'était avant le collège. Je devais aller passer tout mon été hors de Los Angeles. Il faisait une chaleur de dingue cet été là. Nous étions devant notre cabane, allongé sur l'herbe verte et moelleuse. Je me souvenais encore du jeu d'ombre et de lumière qu'il y avait. Nous parlions de l'avenir.
-Je veux être un grand sportif, avait dit Paul, les yeux pleins d'étoiles.
-Et moi, je veux être une grande danseuse. J'adore la danse. Ou alors comédienne. C'est cool ça, actrice, avait sourit Sophie en se redressant.
-Ah oui, tu aurais ton étoile sur Hollywood Boulevard.
-Et je vous amènerai à tour de rôle dans les cérémonies. 
Ils avaient ri très forts.
-Et toi Sarah ? 
-Je veux devenir patineuse professionnelle. J'irai au JO. Et je ramènerai une médaille d'or aux USA.
-Ou une médaille de bronze.
-Bah non Paul. Réfléchis. Je ne pourrai pas me contenter d'une médaille d'or. Tu imagines la tête de ma Grand-Mère Theresa ? Elle pèterait un câble. 
-Theresa est tyrannique, m'avait-il répondu. Passe le paquet de Reeses. Oh vous savez pas encore. Marc a une petite copine ! Papa lui a collé une honte mais monumentale devant elle. Je crois qu'il va se faire larguer comme une vieille chaussette.
-Tu as l'air content ? 
-Marc est un con quand il est amoureux. 
-Marc est toujours con, l'avait repris Sophie. C'est ce que tu as dit y'a deux jours.
-Ouais, c'est vrai. Mais il l'est encore plus quand il est amoureux, avait ricané mon ami blond.
-Oh mais arrêtez ! avais-je dit.
J'avais déjà un petit faible pour Marc à l'époque. C'était certain. D'ailleurs, ils s'étaient moqués de moi, jusqu'à ce que je me lève et que je les laisse. Paul m'avait alors couru après et il avait passé son bras sur mes épaules. 
-J'adore mon frère. C'est pour ça que je suis dur avec lui. Et c'est pour ça que je suis dur avec toi aussi. Tu es comme ma sœur. Ça changera pas. Je te laisserai jamais tranquille, pas tant que tu seras meilleure que moi au baseball.
-Tu seras jamais meilleur que moi. 
-J'espère bien. 

Des larmes coulèrent de mes yeux. Il nous avait abandonné. Il m'avait abandonné. C'était bien ça le problème en réalité. Je lui en voulais au fond de moi. C'était ça que Sophie n'avait pas digéré. Je rouvrai les yeux et j'hurlai. On était entrain de m'observer. 
-Calmos, c'est que moi.
Paul entra dans la cabane et regarda autour de lui d'un air désolé.
-C'est vraiment une ruine, murmura-t-il en tirant sur le lierre. 
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je savais que tu serais là. 
-Qu'est-ce que tu fais là ? répétai-je.
-Tout le monde te cherche. Ton père a appelé mon père parce que ton oncle ne savait pas où tu étais. Ou un truc comme ça. Et il m'a appelé. Et puis...Je ne te laisserai jamais tranquille, pas tant que tu seras meilleure que moi au baseball. 
Il avait une batte de baseball à la main. Je le remarquai à présent. Mais il me fallut du temps pour le remarquer. Je ne pouvais pas m'empêcher de fixer.
-Pourquoi tu me regardes comme ça ? me demanda-t-il en souriant.
-Je.. 
-Tu pensais que j'avais oublié ? Je ne suis pas amnésique Sarah. Je suis juste en colère. 
-Contre moi.
-Oui. Contre toi, contre Sophie, contre Marc, contre le monde entier. Allez bouge ton gros cul. On va aller faire du baseball. Sauf si tu es devenue trop peureuse pour t'affronter à moi bien sûr. 
-Va te faire foutre McDust. Même avec une main je serai meilleure que toi au baseball.
Il voulut m'aider à me redresser mais je refusais. Nous nous rendîmes en silence sur le terrain de baseball. Il me tendit sa batte. Celle que Sophie et moi nous lui avions offerte quand on avait 8 ans pour son anniversaire. Je frappai de toutes mes forces dans la balle et elle s'envola. Il commençait à faire nuit.
-Pas mal. Mais regarde ça. 
Il commença à secouer son postérieur et il me fit rire cet idiot. Il loupa la balle parce que je l'avais déconcentré.
-Je suis meilleure que toi.
-Oui. Tu l'es. Dans tous les domaines, d'ailleurs. Je t'ai parlé de manière inadmissible. Je suis désolé.
-Tu avais raison. C'est parce que je sors avec ton frère que..
-Non. C'est parce que Marc est ultra con quand il est amoureux et il est amoureux de toi. Et vous aviez raison. Chris n'aurait jamais dû avoir ce comportement mais.. je l'aime tu sais. Je ne peux pas m'en débarrasser du jour au lendemain.
-Sauf quand c'est pour embrasser Sophie, lâchai-je un peu sèchement.
-Si Sophie avait voulu de moi, j'aurais quitté Chris. Mais cela n'empêche pas que j'ai un profond attachement à Chris. Quand elle est avec moi, elle n'est pas comme ça. Elle est hyper gentille tu sais..
-Non, je ne sais pas et je ne veux pas savoir.
Je lui repris la batte et je lui fis signe d'actionner la machine. Je frappai dans la balle de toutes mes forces. Une fois, deux fois et j'arrêtai découragée.
-Je suis désolée Paul. Je n'aurais pas dû te parler comme ça.
-Tu n'as dit que la vérité.
Il regardait ses pieds. 
-C'est à moi de te présenter des excuses. 
-Paul..
-Je suis un faible et je suis con. Tu sais pourquoi ? Parce que vous m'auriez suffi. Sophie et toi. Vous m'auriez suffi. Ça fait des années que je te dois des excuses Sarah. Parce que pratiquement du jour au lendemain, je me suis éloigné. Je n'étais pas dans la même classe que vous et j'ai arrêté de vous parler. Comme si vous ne comptiez pas. Alors que vous comptiez énormément. Mais je suis faible tu vois, on a commencé à m'inviter alors que vous ne l'étiez pas et.. j'aurais dû insister pour que vous le soyez. J'ai agi comme un vrai connard. Je le sais. Je suis désolé de t'avoir abandonné alors qu'on s'était promis qu'on resterait toujours amis. Rien de tout ça ne serait arrivé si j'avais tenu ma parole. Si je n'avais pas été attiré par la popularité de mon frère. Si je n'avais pas voulu devenir meilleur que lui. Vous m'auriez suffi. Et je te l'ai jamais dit mais.. quand ta mère est morte... j'ai vraiment eu l'impression que je perdais ma mère aussi. J'aurais aimé être là pour toi mais.. j'avais trop honte de revenir. Je me sentais pas légitime parce que... je ne vous avais pas parlé depuis des lustres. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi quand tu aurais eu besoin de moi. Pardonne-moi. On n'en serait pas là aujourd'hui si je ne m'étais pas comporté comme un con et et si je n'avais pas été aussi faible.

Il était entrain de pleurer. Je le savais. Je n'avais pas besoin de voir les larmes couler sur son visage pour le savoir. Je me précipitai sur lui et je me jetai dans ses bras. 
-Regarde-moi.
Il était en larmes. Il y avait vraiment de la douleur dans ses yeux. Cela me bouleversa.
-Tu n'as jamais cessé d'être mon ami, ça ne changera pas. Je te pardonne, lui dis-je en lui caressant la mâchoire. Je te pardonne. 
-Ah bah vous êtes là les petits ! 
La voix de Nicholas Harper me fit sursauter. Je le vis prendre son téléphone et il arriva vers nous.
-Vous savez que tout le monde essaye de vous joindre depuis trois quarts d'heure ? Vous avez des téléphones, non ? Allez, je vous ramène. Ils font tous un sitting chez toi Sarah. Je crois que si on laisse encore une minute Line entrain de se faire un sang d'encre chez vous, ta belle-mère va la tuer. Sans vouloir être désobligeant envers ta mère Paul.
-Ouais elle est chiante quand elle s'inquiète. Merci de nous ramener M. Harper.
-16 ans qu'on se connait et tu ne m'appelles toujours pas par mon prénom Paul. 
-Il me faudra sûrement les 16 prochaines années.
Nicholas Harper sourit et nous prit chacun sous un de ses bras.
-Vous avez changé de voiture ? hoquetai-je.
C'était une jaguar noire rutilante.
-C'est à cause de ton père et d'Eric. Quand ils t'ont acheté ta voiture, ils m'ont montré la voiture de mes rêves. J'ai été obligé de l'acheter. Ne le dis pas à Sophie, elle n'est pas encore au courant.
-Elle va adorer, c'est sûr. 
Nicholas regarda Paul à travers le rétroviseur mais il ne dit rien. Il se contenta de lui tendre un paquet de mouchoirs. 
-On devrait se refaire un après-midi baseball quand John aura le temps. Vous vous souvenez comme on s'amusait bien ? 
-Je suis d'accord. Paul ne sait plus tenir une batte, le taquinai-je. J'ai gagné.
-Pardon ? réagit ce dernier. J'ai fait ça uniquement parce qu'on ne contrarie jamais une femme.
Nicholas explosa de rire. Le terrain était pas du tout loin de chez moi et il roulait plus vite que la limite autorisée. Je le comprenais. Avec un tel bijou, on avait envie d'aller vite. Il sortit de sa voiture et il m'ouvrit ma portière. Je sonnais à la porte et je vis mon père. Il était soulagé.
-Tu as ramené le vin Nick ?
-Bah oui. Évidemment. Et j'ai pris une bouteille de brandy aussi. Pour ta Grand-Mère.

Mon père ne me dit rien. Il se contenta de m'embrasser sur la tempe. Ma Grand-Mère, elle, ne fut pas aussi discrète.

-Sarah Gabrielle McAllister ! Je peux savoir ce qu'il t'a pris de t'enfuir de la sorte ?
-Je ne me suis pas enfuie techniquement, j'ai été me promener et j'ai éteint mon téléphone, balbutiai-je en jetant un coup d'œil à mon père pour qu'il me vienne en aide.
-Ne change pas de sujet.
-Je ne change pas de sujet Grand-Mère. J'avais juste besoin d'être un peu toute seule, loin du bruit. Pour réfléchir. C'est tout. Je n'ai pas pensé aux conséquences. Pardonne-moi si je t'ai inquiété.
-Tu ne m'as pas inquiété Sarah. Tu as inquiété tout le monde. 
Je devins rouge. 
-Mais d'après ce que je constate tu as pu te réconcilier avec ton ami.
-Comment ça te réconcilier ? Qu'est-ce que tu as encore fait Paul ? intervint son père en fronçant les sourcils.
Paul devint rouge et il baissa les yeux d'un air coupable. 
-Il m'a dit que j'étais une brêle en baseball. Du coup on s'est fâché. Mais maintenant on est réconcilié. Voilà. Allez viens. Sophie est avec Brian je présume ? On devrait aller les interrompre, sauf si vous voulez un mini Harper-Miller dans 9 mois.
Je pris Paul par le bras et je l'entrainai rapidement à l'étage. Du moins j'essayai parce que Sophie descendit les escaliers à toute vitesse et elle se jeta dans mes bras.
-NON MAIS QUAND JE T'APPELLE TU RÉPONDS. 
-Désolée. 
-J'AI CRU QUE TU T'ÉTAIS BALANCÉE D'UN PONT. 
-Je suis désolée. Mais pourquoi tout le monde croit que je suis suicidaire putain ? 
-Parce que t'es en dépression nerveuse, voilà pourquoi, répondit Brian en descendant les escaliers et en nous contournant.
-Je ne..
-Oh arrête, ils sont au courant pour les médocs et l'alcool.
-De quoi vous parlez ?

Mon père s'était figé, alors qu'il portait un plateau dans la main. Je vis au visage de Brian qu'il n'avait pas calculé que mon père était dans les parages.
-Je prends des somnifères de temps en temps pour dormir parce que je fais des cauchemars.
-Tu as mélangé des somnifères et de l'alcool.
-Non, pas du tout. J'ai essayé de noyer mon chagrin dans l'alcool et au bout du deuxième verre j'ai vomi. Voilà. Fin de l'histoire. Vous restez dîner ? demandai-je en passant la tête dans le salon où ils me regardaient tous avec étonnement. 
-Non non, répondit Nicholas, on va y aller.
-Ne dis pas n'importe quoi, répondit mon père. Vous restez, de toute façon, Adèle n'est pas là et si j'ai bonne mémoire, le seul truc que tu sais faire en cuisine, c'est des pâtes.
-Je suis mort de rire John. 
Le rire de Sophie arriva dans mon dos.
-Il a pas tort Papa. Encore, qu'il s'est amélioré maintenant, il fait les sauces de pâtes maintenant.
-Folie !!! s'écria mon père en riant. Line, Ben, vous restez aussi. J'ai déjà envoyé un message à Eric. Il veut qu'on garde Giulia ce soir. Je crois qu'il sort quelqu'un.
-J'ai toujours apprécié Eric Evans. C'est bien qu'il retrouve quelqu'un, dit ma grand-mère en portant son verre à ses lèvres. 
-Giulia la déteste. 
Mon père se tourna vers moi et je m'assis sur l'un de ses genoux. Comme Sophie avec son père. 
-Il parait que c'est une grande blonde et comme ce n'est pas Mary, elle la déteste. 
-Ah mais il n'y a qu'une seule Mary, 
-Thanks God, répondit Brian suffisamment clairement pour que tout le monde entende.
Mary regarda son fils d'un air pseudo outragé qui fit ricaner Benjamin McDust. 
-Vous savez quoi ? On va aller manger à l'extérieur nous, fit Brian. On va aller chercher Giulia, on prend Tom et on va aller dans une pizzeria. On les ramène pour l'heure du coucher, comme ça. Vous pourrez rester entre vous sans être gêné par les petits.
-Je trouve que vous êtes un garçon d'une grande gentillesse Brian. Ce n'est pas tous les jours que des jeunes gens se préoccupent du bien-être de leurs aînés. 
Brian rosit face au compliment de ma grand-mère et il lui fit ce sourire si particulier que j'avais déjà vu sur le visage de son oncle ou du Colonel. Sophie me jeta un coup d'œil. Il était entrain de la Milleriser. 
-Le mérite ne me revient pas madame. Ma mère m'a très bien élevé. 
Il appela son frère en lui disant d'être dans la Batmobile dans les 5 minutes sinon, il restait là. Je pris ma voiture et j'emmenai Sophie. Brian emmena les garçons avec lui. Ma meilleure amie me demanda de tout lui raconter de A à Z. Je soupirai et je lui racontai. J'insistai sur la rédemption de Paul.
-Il t'a demandé de le pardonner pour nous avoir quitté ?

Elle ne me regardait pas, elle fixait la circulation dehors. Mais ses mains étaient serrées sur sa jupe. 
-Oui. Tu aurais dû le voir. Je crois qu'il a été torturé pendant des années. Alors oui je lui ai pardonné. Et je pense qu'il a besoin que tu lui pardonnes aussi pour aller de l'avant et je crois que tu irais de l'avant aussi, si tu le fais. Peut-être que je me trompe.
-Je vais y réfléchir. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Que tu as pris des somnifères et de l'alcool et que Brian t'a fait vomir ?

-Redis cette phrase, tu comprendras pourquoi toute seule. Je n'ai pas fait exprès, d'accord, je n'ai pas essayé de me suicider ou quelque chose comme ça. Je ne réfléchis pas à ce genre de chose. J'étais triste et je me sentais tellement mal Sophie. Je ne crois pas que tu te rendes compte à quel point je me sentais mal. Je le montrais pas mais c'était un calvaire de venir en cours le matin, de voir Alexandra et sa clique et de subir leurs moqueries. C'était douloureux de se sentir inutile chaque minute de chaque heure de chaque jours. À chaque fois que quelque chose de bien m'arrive, y'a une couille. Sérieusement. Tu veux savoir pourquoi j'ai brisé ce putain de miroir Sophie ? Parce que mon image me faisait horreur. Tellement horreur. Alors non je ne t'ai rien dit, parce que j'avais trop honte de te dire que j'étais tellement mal que je pensais que votre vie serait tellement meilleure si j'étais morte. Je ne t'ai rien dit pour ne pas que tu comprennes à quel point je suis cinglée. Et tu ne peux pas savoir à quel point ça me bouleverse de voir que vous n'allez pas bien. J'ai été outrée de voir des larmes dans les yeux de Paul. Il est tellement malheureux. Et je suis bouleversée de voir que toi tu es malheureuse. Alors je t'en supplie, réconcilie toi avec Paul et sois heureuse avec Cam' parce que j'ai trop de souci dans ma vie sans avoir les soucis des autres à gérer. Je suis peut-être une connasse égoïste mais là j'ai besoin de penser à moi pour aller mieux et je ne peux pas penser à moi si mon entourage est malheureux. Je suis faite comme ça.
-Arrête ta voiture. Putain arrête toi ! 
Elle se tourna vers moi et je vis une grande colère dans ses yeux. 
-Comment as-tu pu pensé deux secondes que ma vie serait meilleure sans la tienne alors que je t'ai toujours considéré comme ma jumelle, que j'ai pleuré la mort de ta mère comme si c'était la mienne et que tu es toujours là pour moi ? Je ne peux pas me passer de toi Sarah. Ma vie n'aurait pas de sens si tu n'étais pas là pour la partager avec moi. C'est toi ma putain d'âme sœur. Et je suis malheureuse parce que tu es malheureuse Sarah. Comment veux-tu que j'aille bien quand j'apprends que tu as pensé à la mort ? Comment veux-tu que je sois toujours amie avec Paul quand il te traite comme une merde ? Comment veux-tu que je sois parfaitement heureuse avec Cameron alors que je vois que tu ne vas pas bien ? Tu crois que je l'avais pas remarqué ? Je ne savais pas quoi faire pour t'aider sans que tu rompes notre amitié. Je t'aime tellement Sarah. 

Je lui caressais le visage.
-Alors sois heureuse. Parce que je vais mieux maintenant. 
-Je verrai ce que je peux faire pour me réconcilier avec Paul. Je vais lui parler. Je te le promets mais.. si ça ne marche pas.. je ne veux pas que tu t'en veuilles. Je t'interdis de t'en vouloir. Compris ?
J'hochai la tête et je redémarrai. Je vis que Brian s'était arrêté juste derrière moi. Eric fut content de nous voir et quand Giulia vit Brian, elle lui sauta dessus pour qu'il la prenne dans ses bras. Tom leva un sourcil l'air de dire à son frère : Pas touche à ma future femme. 
-Merci de la garder, tu diras à ton père que je lui revaudrai ça. Lia. Tu me ne me dis pas au revoir.
Elle descendit des bras de Brian pour se planter dans ceux de son père. 
-Je compte sur toi pour être gentille et polie avec oncle John et tante Mary. 
Tante Mary. Je trouvais ça trop choupinou. 
-Et je veux que tu sois obéissante, compris ?
-Oui Papa. Est-ce que tu dînes avec la même dame que la dernière fois ?
-Non ma chérie.
-C'est la blonde ? 
-Oui.
-Je l'aime pas. Elle est moche. Je préfère la rousse. Elle je veux bien que tu l'épouses. 
Je commençai à rire et Eric me lança un regard noir qui voulait dire que je ne devais pas en parler à mon père et ne surtout pas envenimer les choses.
-Je ne vais pas épouser la blonde ma chérie. 
-Tu me le promets ?
-Oui. Je ne vais pas l'épouser. 
-Est-ce que tu vas faire de la spé.. spélogie avec elle ? Comme Eli avec la dame.
-Oh putain ! 
J'explosai de rire. Je ne pensais pas qu'elle se souviendrait de la spéléologie. Mon oncle essayait de ne pas rire mais quand il croisa le regard hilare des garçons, il ne put s'en empêcher.
-Non ma chérie, nous allons juste dîner, la rassura-t-il.
-Je veux que tu mettes la cravate verte.
-Je croyais que tu la trouvais laide.
-Oui. Elle va la détester et elle va arrêter de penser que tu veux l'épouser. 
-Je pense qu'on devrait y aller, fit Brian précipitamment.
Giulia fit un bisou à son père et elle demanda à Tom de faire la course avec elle jusqu'à la voiture. 
-Passez une bonne soirée Eric.
-Merci encore. Par contre, si on pouvait garder cette petite discussion entre nous.
-Quelle discussion ? fit Paul. Je ne vois pas de quoi vous parlez monsieur Evans.
-T'inquiète Eric. Je crois que Papa a déjà compris que tu allais faire de la spéléologie ce soir. Et je pense que tout le monde s'en fout. Mais tu as compris ta fille hein ? Pas de mariage en douce à Las Vegas.
-Très drôle fillette.
Giulia monta en voiture avec Tom et les garçons et nous nous rendîmes dans une pizzeria. J'adorai cet endroit. Comme Giulia insista fortement pour être entre Tom et Brian, Sophie se retrouva à côté de Paul et moi à côté de Brian. Cela lui déplaisait, j'en étais certaine. Giulia voulut aller aux toilettes et je l'accompagnai. En sortant, je trouvais Brian. Il semblait m'attendre.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je suis au téléphone avec ma copine, là, tu ne vois pas ? Je fais en sorte qu'ils puissent se parler. Histoire qu'on ne passe pas une soirée de merde. Ils parlent là ?
Je regardai rapidement ma sœur de cœur. Elle parlait avec Paul. 
-Dès que Giulia a terminé, tu sais qu'il faut qu'on y retourne n'est-ce pas ? 
Mais Brian avait eu raison, comme d'habitude. En revenant Sophie souriait et Paul paraissait.. soulagé. Vraiment soulagé. La soirée se passa bien, jusqu'à ce que ma cousine fasse un caprice pour être dans la voiture avec Brian et moi. 
-On ne peut pas Giulia.
-Je vois pas pourquoi !! commença-t-elle à me rétorquer en pleurant. 
-Sarah, donne-moi les clefs de ta voiture, elle est fatiguée, elle veut sûrement dormir contre toi, me dit Sophie à voix basse. Je vais rentrer avec Paul. C'est tout.
-Sophie..
-On a des trucs à se dire. Autant que ça ne soit pas devant vous. 

J'acquiesçai et je le fis uniquement parce que je voulais qu'ils mettent les choses au clair. Giulia ne s'endormit pas contre moi mais elle était à deux doigts de le faire. Tant et si bien que Brian fut obligé de la porter à l'intérieur. Ma Grand-Mère était déjà repartie mais j'entendais les rires des parents de Paul.

-Tom, tu vas dire bonne nuit et tu montes te coucher tout de suite après, dis-je en le précédant dans la salle à manger. Papa ? Nous sommes rentrés. Si tu veux dire bonne nuit à Lia, c'est tout de suite, elle va s'endormir dans les bras de Brian.
Mon père se leva et il soulagea Brian de son fardeau, lui qui arrivait tout juste dans la maison avec son sac de sport à la main et Giulia contre lui. Mon père la récupéra et la monta en lui murmurant des choses à l'oreille. Finalement ni Paul, ni Sophie ne retournèrent chez eux cette nuit là. Ils n'avaient pas demandé la permission à leurs parents, mais Mary déclara qu'ils n'avaient qu'à rester et ils avaient tous accepté.
-Tu avais raison Sarah. Il avait envie d'être pardonné, me dit Sophie alors qu'elle enfilait une de mes nuisettes. Je lui ai dit que j'essayerai de lui pardonner mais qu'il me faudrait quelques jours pour que ce soit effectif. Je ne pensais pas que cela l'affecterait autant. 
-Tu n'as pas l'intention de retomber dans ses filets, n'est-ce pas ?
-Non. Je suis amoureuse de Cameron. C'est sûr et certain. Et toi ? Tu aimes toujours Marc ? 
-Oui. Mais je l'ai envoyé chier tout à l'heure. Je lui parlerai demain quand il viendra. D'ailleurs, je prends pas ma voiture demain. Brian va nous emmener je pense. 
-Ça me va. Je vais aller lui demander, ça passera mieux. 
-Tout de suite ? 
-Bah, tu as envie de te coucher maintenant toi ? Nos parents ne sont même pas partis encore. On devrait se mater un film avec les garçons. 

Elle avait raison, j'enfilai ma nuisette et je filai dans la chambre de Brian où les garçons étaient affalés sur les poufs.
-Vous voulez venir regarder un film avec Sophie et moi ? 
Brian regarda Paul et ce dernier hocha la tête. Ils se levèrent. Ils n'étaient pas encore en pyjama eux. Nous nous installâmes devant le dernier Paranormal Activity et Sophie et moi nous hurlâmes quand Nicholas nous toucha les épaules. Il était hilare.
-J'y vais Sophie. On déjeune ensemble demain midi ? 
-Avec plaisir Papa. Attends, tu as bu ? Tu veux que je te ramène à la maison ? 
-J'ai appelé un taxi Trésor. Mais c'est gentil de proposer. Je t'aime.
Il lui embrassa la joue et il serra la main des garçons avant de m'embrasser à mon tour. Les McDust aussi débarquèrent. Line était saoule. Clairement. Et quand elle était saoule, elle était amoureuse. Paul les regardait avec une pointe de honte dans le regard.
-John ! l'interpella mon quasi-frère. J'ai posé ta carte bancaire dans ta veste.
-Merci bonhomme. Paranormal Activity ? Je l'ai vu pendant une garde. C'est trop creepy pour moi. Bonne nuit les gosses. 
Je le vis entrainer soulever une Mary gloussante. Je croisai le regard de Brian, je sus qu'il pensait à la même chose que moi. Il commença à s'esclaffer. Et il leva le sourcil en regardant Sophie. Elle enfonçait ses doigts dans la cuisses de Paul et lui ne semblait pas le voir. Du moins je le pensais. Il regardait toujours la télé mais il décrocha, sans quitter l'écran des yeux, les doigts de Sophie et les garda dans sa main. Elle sursauta et il en profita pour passer son bras autour de ses épaules. Je savais que ma meilleure amie ne le remarquait pas, elle était trop à fond dans le film. Brian capta de nouveau mon regard et il prononça silencieusement petit couple. Je ne pus qu'acquiescer doucement. Elle se détacha de lui au bout d'un moment et elle posa sa tête sur moi. Je vis Paul observer le dessin de ses cuisses. Je pouvais presque voir son désir dans ses yeux. Il détourna les yeux et il se replongea dans le film. Je n'arrivai pas à m'endormir une fois dans ma chambre. J'avais eu une journée chargée en émotion et j'avais pas reparlé à Marc. J'essayai de dormir mais je me réveillai deux heures plus tard. Sophie n'était pas là. Je me levai pour aller me chercher un verre de lait.
-Paul, s'il-te-plaît. Arrête. 
-Arrête quoi ?
-De me draguer. J'aime Cameron tu sais.
Je me cachais dans le salon, ils étaient dans la cuisine.
-Je ne fais pas exprès Sophie. Je te le promets. C'est ma manière d'être avec tout le monde. Vraiment. 
-Tu n'as jamais su me mentir.
-Bon okay, j'en rajoute mais avoue que ça fait partie de mon charme.
-T'es juste un peu lourd en fait. Et c'est pas très sympa pour moi parce que je t'ai déjà dit non, plusieurs fois. 
-Sophie, je voulais juste voir si y'avait moyen parce que la dernière fois que tu m'as dit que tu étais amoureuse de Punette, j'avais vu que c'était faux. Mais là, c'est réel. Je le vois. Je veux juste être ton ami. Et te prévenir que tu pourras toujours compter sur moi. 
-Commence par arrêter de l'appeler Punette. C'est pas cool.
-Attends, donne-moi ton verre, je vais le mettre dans l'évier.
J'arrivai à ce moment là, je savais que Sophie avait besoin de moi.
-Tiens salut Sarah, qu'est-ce que tu fais là ?

-Ce serait plutôt à moi de vous demander, mais comme vous avez en main ce que j'étais venu prendre, je me dis juste qu'on n'aurait jamais dû suivre mon père dans ses délires de fringales nocturnes quand on était petits.
-Ah ouais, ton père faisait toujours les meilleurs sandwichs au poulet. 
-Les enfants.
Mon père était juste derrière moi. Je ne l'avais pas entendu. Il avait une voix fatiguée
-Allez vous couchez c'est pas raisonnable tout ça.
-C'est bien toi qui peut dire ça.
-Je viens de recevoir un appel de l'hôpital. Je dois y aller. 
-Si tu te fais un sandwich au poulet, Paul en veut un.
Mon père leva un sourcil et se passa une main sur le visage.
-Okay. Après dodo les gosses. Sophie, tu veux un truc ? Je demande pas au ventre sur patte qu'est ma fille chérie et adorée.
-Un sandwich au poulet ? Je signe. 
Mon père prépara des sandwich au poulet et nous déjeunâmes avec lui. Pendant qu'il fila prendre une douche, je lui préparai un bon café. Paul déclara forfait mais Sophie resta avec moi. Elle prépara un encas pour mon père. Il en fut attendri.
-Vous êtes des petits anges les filles. On a toujours dit qu'on avait fait nos enfants en communauté ton père et moi ma petite Sophie, et je constate qu'on avait raison. J'adore avoir deux filles comme vous.
Il sortit de la maison et nous remontâmes dans ma chambre. Nous parlâmes, jusqu'au petit matin. Jusqu'à ce que Mary vienne nous réveiller.
-Les filles, je suis désolée, vous commencez dans 30 minutes. J'avais pas calculé. Sophie, tu peux prendre ma salle de bain pour te laver pour aller plus vite.
-C'est pas grave Mary, on a pris notre petit déjeuner avec Papa vers 3h du mat.
Nous eûmes en réalité peu de temps pour arriver en cours. Nous courûmes jusqu'à la salle. heureusement que c'était notre prof de littérature qui nous adorait.
-Vous avez de la chance, une minute de plus et c'était trop tard. Allez vous installer. 
Alexandra nous regarda bizarrement mais elle ne dit rien. Elle nous attendit à la fin du cours.
-La prof de chimie part la semaine prochaine, je pense que l'opération Hello tombe à l'eau. Nous allons pouvoir mettre fin à cette collaboration. 
-Oui, je crois, répondis-je C'était sympa tout de même. Ça m'a rappelé notre petite enfance dans le bac à sable.
Elle eut un sourire sarcastique mais je vis dans ses yeux qu'elle n'avait pas oublié cette période de notre vie. 
-Pas la peine de se rappeler de ce passé fort fort lointain. 
Elle eut un mouvement de tête et elle tourna les talons. 
-C'est moi où je viens de me faire snober.
-Un tout petit peu, répondit Sophie. Je suis claquée sérieusement. Bon, je dois rejoindre Papa. Tu es sûre que tu ne veux pas venir ?
-Certaine.
-Sarah. Tu manges ce midi. Ne fais pas style j'avais autre chose à faire, j'y tiens vraiment.
-Je mange le midi.. quand personne ne m'agresse. Je vais manger. Pas de souci.
Je trouverai Cameron assis à une table avec un autre garçon. Je me laissais tomber à côté de lui. L'autre garçon me regarda. C'était le gars avec qui j'avais dansé au bal d'Halloween, je me souvenais plus de son nom. Il balbutia quelque chose en rougissant et il s'en alla.
-Je l'ai fait fuir. Merde.
-C'est tout ce que tu vas manger ? me dit Cameron en regardant mon plateau.
-Le Ragoût de viande de Mammouth faisandée c'est pas mon kiff. Je me contente de légumes. Je te jure, l'école coûte une blinde, mais on bouffe vraiment de la merde ici. 
-Un Mammouth peut pas être faisandé. 
-Oui, enfin, on risque pas de nous présenter du mammouth au réfectoire non plus. Attends.. qu'est-ce que.. Sophie t'a demandé de me surveiller ? 
Il rougit. Je levai les yeux au ciel. 

-Tu n'as pas voulu aller manger avec Sophie et son père.
-Ouais non. 
-Pourquoi ? Tu as peur de voir le père de la fille avec qui tu couches ?
-On ne couche pas ensemble. 
-Ah bon ? Mais pourquoi ? Excuse-moi. Ça ne me regarde pas.
-Elle a dû t'en parler ? Non ?
-Cam', je suis désolée vraiment mais on ne parle pas que de votre vie sexuelle.. ou de votre absence de vie sexuelle, en l'occurrence. Mais.. j'avoue que tu as attisé ma curiosité. Pourquoi vous n'avez pas..
-Je crois qu'elle ne veut pas.
-Soit on ne connait pas la même Sophie, soit tu t'y prends comme un manche mec. Bon, okay, je t'ai un peu menti, je le savais. Mais je vais faire un truc que j'ai jamais fait. Je vais trahir la confiance de ma meilleure amie mais je crois que tu as besoin d'un coup de pouce. Je crois qu'elle attend que tu prennes les devants. Elle pense que c'est toi qui ne veut pas. Je te jure. Prends les devants et fais lui comprendre que tu es toujours partant et que tu attends juste son feu vert. Genre, mets une capote dans ton portefeuille. Enfin, fais un truc.
-Elle pense que je ne veux pas faire l'amour avec elle.
Faire l'amour. Il était mignon. Il fronça les sourcils.
-Mais.. je crois que Sophie a pas mal d'expérience.
-Pas autant que tu le crois. Tu sais, Sophie elle est ne fait rien sans amour et ce n'est pas un cœur d'artichaut. Toi tu as de la chance d'avoir son amour. Et puis bon, vu la fougue avec laquelle tu es capable de lui rouler des patins.. je suis sûre que le sexe avec toi, ça doit être cool. 
Il devint rouge. 
-Je ne sais pas, j'ai jamais essayé.
-Tu veux dire que tu es toujours vierge ou que tu n'as jamais testé de coucher avec toi.
-C'est ma première copine.
-Et tu stresses ? Désolée, je comprends que tu trouves ça gênant d'en parler avec moi. 
-J'aimerai que.. putain je sais pas comment le dire, c'est gênant comme discussion, pas d'en parler avec toi mais.. je suis en total stress.
-C'est peut-être un peu limite d'en parler avec moi en fait. Mais tu n'as qu'une petite sœur, tu peux pas lui en parler. Hum. Je crois que je vais te donner un conseil. Prends ton temps. Je veux dire par là, n'hésite pas à la caresser, à l'embrasser et à le regarder droit dans les yeux. Tu as des mains quoi. Sers-t-en.
Je pensais à Chuck. À sa douceur. À sa capacité à me faire du bien. Je repensai à notre première fois. À ma première fois. Toutes les filles n'avaient pas ma chance. Je me souvenais surtout de ses yeux. Si j'avais dû le représenter, j'aurais mis des flammes dans ses prunelles. Qu'est-ce qu'il avait été doux ! 
-Oui, continuai-je en regardant Cameron. Il faut que tu sois très doux. Excuse-moi, il faut que je passe un coup de fil, tu surveilles mon plateau ?
Je me levai rapidement. J'avais un besoin irrémédiable d'entendre Chuck. Il répondit à la troisième sonnerie.
-Salut Sarah ! 
-Salut Chuck. J'ai une question à te poser. Voilà, qu'est-ce que tu conseillerais à un garçon qui n'a aucune expérience intime pour sa première fois ?
-Tu veux coucher avec un puceau ?
-Ce n'est pas pour moi, c'est un de mes amis, on était entrain de parler et j'ai pensé à toi et moi et.. voilà, tu lui dirais quoi ? Je lui ai dit d'être doux et de prendre son temps.
-Je pense que tu as résumé la question.
-Tu crois ?
-Écoute Sarah. Y'a des choses qui sont naturelles, le sexe en fait parti. Ça ne va pas mal se passer. Il pense qu'il ne sait pas ce qu'il fait mais d'un point de vue purement mécanique, y'a rien de plus simple. À la limite, dis-lui simplement de ne pas paniquer. Encore que si sa partenaire sait qu'il est puceau, elle sera moins exigeante en terme de performance. D'ailleurs ce n'est pas ce qui compte si y'a de l'amour entre les personnes.
-Parce que tu as revu tes exigences à la baisse avec moi ?
-Oh que non. Si tu veux tout savoir, j'ai été agréablement surpris. Tu es très réceptive. Mais tu m'as dit que ce n'était pas avec toi qu'il voulait s'essayer. Et puis, désolé de te le dire Sarah, je sais désormais ce qui marche avec toi, je vais garder ça pour moi, alors je ne te donnerai pas de détails, du moins, pas alors que tu es au lycée.
-Arrête de me faire rougir comme ça.

Il éclata de rire et je devins rouge avant de rire à mon tour.
-J'ai l'impression qu'à chaque fois que je te parle, je te parle de sexe Chuck. Je suis désolée. Tu vas bien, sinon ? 
-J'adore quand tu me parles de sexe, tu as une sorte d'innocence dans tes questions, c'est très agréable. Et je suis content que ce soit à moi que tu en parles. On a une relation normale. Je trouve ça bien. Sinon oui je vais bien. En fait, mon père va venir faire une représentation en Californie dans 2 mois, tu veux que je te réserve une place ?
-Ça dépend, tu seras là toi ?
Il ne répondit pas.
-Je n'avais pas l'intention de venir, non. 
Je fus affreusement déçue. Mais vraiment.
-Maintenant, si tu veux que je te réserve une place, je peux me débrouiller pour me libérer à ce moment là, oui. Je vais voir avec notre agent.
-Tu ferais ça pour moi ?
-Et aussi pour mon père, ça lui ferait plaisir que j'aille à une de ses représentations pour une fois. Mais oui.. tu sembles étonner qu'on puisse avoir envie de faire des trucs pour toi. Tu ne crois pas que tu le mérites ? 
-J'ai l'impression que c'est dans un sens et que moi je ne fais jamais rien pour toi.
-Rien que là, tu m'as fait sourire. Tu ne crois pas que c'est beaucoup ? 
-Ça n'a pas de commune mesure. Attends.. Oui Cameron ?
-Il faut que j'y aille. Tu manges. Si tu ne le fais pas, je te botte le derrière. M'en fous que tu sois la meilleure amie de ma copine. Alors tu avales ce qu'il y a dans ce plateau, fissa. 
-Oui Maître.
Il me déposa mes affaires près de la place où j'étais et je m'assis.
-Comment ça tu manges ? me demanda Chuck, preuve qu'il avait entendu.
-Ça m'arrive de sauter des repas.
-Rassure-moi, ce n'est pas parce que tu crois que tu es grosse ? Parce que ce n'est pas le cas, et les filles qui sont toujours au régime alors qu'elles n'en ont absolument pas besoin, ça me débecte. Et toi clairement, tu n'en as pas besoin.
-À chaque fois qu'il se passe un truc qui me saoule ça se passe au lycée sur l'heure du midi. Mais en général, je me rattrape après avec un goûter. Tu n'as pas l'air de me croire. 
-Hum. Je ne sais pas. Tu as tes écouteurs ?
-Oui. 
-Facetime dans 2 minutes. 
Il raccrocha me laissant un peu hébétée et il me rappela. 
-Regarde-moi droit dans les yeux et dis-moi que je ne dois pas m'inquiéter.
-Chuck, très cher, ne te fais pas de soucis pour moi. Je vais manger, je vais bien, je ne fais pas de régime. 
Il me scruta et je rosis légèrement. Mais qu'est-ce qu'il était beau ! Il s'était laissé pousser un peu de barbe. Il avait un côté sauvage. 
-Okay, je te crois. Pourquoi tu me regardes comme ça ? 
-Je te trouve très beau.
Ça m'avait échappé en réalité. Je ne voulais pas dire ça. Du tout. Il eut l'air surpris.
-Moi aussi.
-Tu te trouves beau ? le taquinai-je.
-Je me trouve pas moche mais je trouve aussi que tu es très belle. Tu as les plus beaux yeux de ma connaissance en tout cas. Que ne ferait-on pas pour les yeux de Sarah ?
Je rougis comme une folle. C'était une phrase de Sarah, she's all that. La chanson que Ray avait écrite. Je détournai les yeux et vis Brian arriver vers moi. 
-Il faut que je te laisse, mon abruti de quasi-frère vient vers moi. 
-Bisou mademoiselle, ajouta-t-il en français avant de raccrocher.
-Tu veux quoi ? dis-je à Brian qui s'assit en face de moi.
-Je peux utiliser les capotes que tu as dans ta salle de bain ?
-Pardon ?
-Je suis en rade. Et comme j'ai pas cours cet après-midi et qu'Alex est dispensée de sport à cause de son poignet, je me dis que..
-Et tu ne peux pas t'en passer ? 
-Non mais ça va pas la tête. Je suis un être responsable. Si tu acceptes, je te donne l'argent pour te repayer un paquet. Je veux pas qu'Alex pense qu'on va faire ce qu'on va faire nécessairement, tu vois ? Je peux pas aller dans une pharmacie.
-Okay. Tu peux mais à une condition. Tu me couvres tout à l'heure, je passe du temps avec Marc.
-Vendu. C'est cool meuf. 
Il se leva et il se retourna.
-En fait, je trouve que cette robe te va bien. 

Il s'éloigna. J'étais abasourdie. Pourquoi il me disait des trucs pareils ? Cela me trotta dans la tête pendant tout l'après-midi. Jusqu'à ce que je vois Marc assis sur sa voiture à la sortie du lycée. Je courus vers lui et je l'embrassai. Je vis des gens nous regarder. Je m'en foutais. C'était mon homme. Il était à moi et je comptais bien le dire à tout le monde. 
-Tu ne m'as jamais embrassé comme ça, me dit Marc tout en me tenant contre lui.
Ah bon ? Pourtant j'avais l'impression que je l'avais déjà fait. Et c'est alors que je me souvins. Ce n'était pas Marc. C'était Chuck. Je souris à Marc.
-Tu as beaucoup de choses à apprendre sur moi. Un tas de choses même.
Il sourit et m'ouvrit la portière. Je sentais que j'allais passer une bonne fin de journée. Je l'espérais du moins. Que pouvait-il m'arriver ? 


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