La déclaration de guerre
Deux semaines. Ça faisait deux semaines que Brian se comportait bizarrement avec moi. Et je n'aimais pas ça du tout. Il me traitait comme une chose fragile et veillait toujours à ne pas rester dans la même pièce que moi. Il me fuyait. Et au lycée, il tournait le regard en me voyant. Qu'est-ce que je lui avais fait encore ? C'était agaçant.
Mon téléphone vibra et le visage de Brian s'afficha. Je décrochai.
-Est-ce que tu peux me rejoindre sur le parking du lycée ?
-Tout de suite ? Je viens de me mettre à manger là ?
-S'il-te-plaît.
Il raccrocha. Sophie était avec Cameron entrain de se faire des mamours à table.
-Je reviens dans cinq minutes.
Je me dirigeai en contresens du flot d'élèves. Le parking du lycée était vide, c'est alors que je vis un appel de phare. Je me dirigeai et je vis la voiture de Brian.
-Vous vous foutez de ma.. oh la vache ! Paul, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
Paul McDust était torse nu... et son torse portait des traces de coups. Je me tournai vers Brian et je vis du sang sur son visage.
-Vous vous êtes battus.
-Des gros lourds du lycée de cassos ont presque agressé Chris.
-Elle avait l'air parfaitement normale quand je l'ai vue.
-Ce n'est pas parce qu'on donne l'impression d'aller bien, qu'on va bien. Tu devrais le savoir mieux que quiconque.
Je rougis face à l'invective de Brian et je me concentrai sur Paul.
-T'as été défendre l'honneur de ta copine ? C'est admirable Paul et complètement con. Heureusement que Sophie ne te voit pas comme ça sinon, elle te hurlerait dessus. Bon, je peux savoir pourquoi vous n'allez pas à l'infirmerie ?
-On ne peut pas. Tu sais que le coach est hyper strict avec les.. violences, n'est-ce pas ? S'il me voit comme ça, je suis mort. Et l'infirmière va le prévenir.
-J'ai une trousse de secours dans ma voiture. J'arrive.
Ils étaient bêtes. Heureusement que j'avais tout ce dont ils avaient besoin dans ma voiture. Je pris mon tube d'arnica et je le massai. Ça paraissait douloureux.
-Désolée Paul. J'ai du paracétamol dans ma trousse, prends-en. Ça te fera moins mal. Toi, Mary va te tuer.
-Ouais je sais; Mais on a tout prévu. On a un entrainement de basket. Paul va me donner un violent coup de coude. Du moins. Officiellement.
-Je crois que Cathy a du fond de teint. Appelle-la Je vais arranger ça pour ton cours de l'après-midi.
Je tendis mon téléphone à Brian et il s'éloigna. Je m'étais agenouillée au sol pour être à hauteur des blessures de Paul.
-Je pense vraiment que tu devrais le dire à mon père. Il va arranger ça et te soigner, discrètement.
-Il va le dire à mes parents.
-Pas si tu le demandes à mon père en tant que médecin. Il est soumis au secret médical.
-Tu crois ?
-Oui et..
-JE PEUX SAVOIR CE QUE TU FAIS AVEC TON TÉLÉPHONE TOI ! cria Paul à quelqu'un derrière mon dos.
Je me retournais et je vis un Freshman. Je n'aimais pas les premières années. Paul s'avança vers lui et lui prit son téléphone et lui hurla dessus. Il lui rendit l'appareil et le freshman s'enfuit en courant. Paul remit son T-shirt.
-Je pense qu'il ne recommencera pas. Merci Sarah. T'es un amour. Je passerai voir ton père tout à l'heure. Tu peux retourner manger.
-Non, tu peux pas ! lança Brian derrière-moi.
Il avait un tube de fond de teint et un pinceau avec lui. Je soupirai et je me mis à rire tout en étalant la matière sur le visage.
-Qu'est-ce qui te fait rire ?
-Ça me rappelle nos vacances au Texas avec Jay.
-Ça devrait être bon pour le tartinage de fond teint. Merci meuf.
Il m'embrassa sur la tempe et il blêmit.
-Alex !
Il me poussa sur le côté pour sortir de la voiture et courut après sa copine et je vis Chris me regarder derrière moi d'un air furieux.
-Je pensais que tu ne devais pas manger au lycée, mais à ce que je vois, tu me mens.
-C'est pas ce que tu crois ma chérie.
Elle tourna les talons mais avant, elle me lança un regard de pur haine. J'allais le payer.. et cela ne tarda pas. Chris m'attendait à la fin des cours devant mon casier.
-Je n'ai pas le droit de te toucher, je n'ai pas le droit de t'insulter mais sache que dans ma tête, tu t'en manges une.
-Juste pour savoir Chris, tu as quel âge ? 17 ans ? Tu n'en as pas assez de te comporter comme une gamine de 12 ans.
-Tu ne t'approches pas de mon mec, sinon..
-Tu vas me frapper ? Je n'ai plus peur de toi désormais, tu n'es rien pour moi.
-Oh non. Je ne te toucherai pas. Plus personne ne te touchera d'ailleurs. Plus personne ne te parlera, plus personne ne te regardera. Tu viens de signer ton arrêt de mort lycéenne. Ta vie sera un enfer. C'est suffisant, non ? Et puis avec un peu de chance, tu te jetteras d'un haut d'un pont.. oh mais attends. Personne n'en aura rien à faire. Tu es insignifiante.
-Paul ne sortira plus avec toi.
-Je suis morte de trouille, mais tu penses qu'il croira qui ? Toi ou moi ? Ta copine et toi vous n'êtes que des parasites. Vous allez souffrir de n'être personne pas vrai ?
-Je t'interdis de t'en prendre à Sophie.
Je la poussais violemment et elle s'éclata dans le couloir.
-Tu ne la touches pas. Sinon je te massacre espèce de..
Je vis ma surveillante générale juste devant moi... et elle me traina dans son bureau. Pourquoi je me faisais toujours avoir ? Elle m'envoya en retenue et j'y recroisai Rose, la fille tatouée.
-Salut !
Je m'assis à côté d'elle et comme la dernière fois, la surveillante partit et Rose sortit une cigarette avant de se planter à la fenêtre.
-J'ai réfléchi à la statue pour ton oncle. Tu sais.. pour son appartement et je pense avoir des idées. Tu peux m'apporter mon carnet de croquis ?
Elle me montra des dessins. Elle dessinait tellement bien... ! Nous parlâmes ensemble jusqu'à la fin de ma retenue.
-Tu veux que je te raccompagne chez toi ? lui demandai-je.
-Non, c'est bon, mon petit ami vient me chercher. Attends, tiens. C'est mon numéro, tu le donneras à ton oncle ?
Elle me tendit une carte et j'hochai la tête. Cette fille était plus gentille que pouvait le laisser penser ses tatouages.
Alors que j'étais dans les embouteillages, le dernier album de Jesse J, Sweet Talker, à fond dans ma voiture, les cheveux au vent, je me remis à penser à Chris. Cette fille avait un problème. Je ne savais pas lequel mais je devais mettre fin à tout ça. Ça ne pouvait pas continuer. Je me garai pour trouver dans mon téléphone, le numéro d'Alexandra.
-Salut, c'est Sarah McAllister.
-Comment tu as eu mon numéro ?
-L'annuaire du lycée peut-être ? Enfin bref, est-ce que Chris est avec toi ?
-Heu.. non. Je peux savoir pourquoi tu m'appelles ?
-Il me faudrait son adresse, si tu la connais. J'ai besoin de lui parler. Je pense que notre petite guerre a assez duré. Je veux aller la voir.
Alexandra soupira et me dicta son adresse. J'eus juste le temps de la rentrer dans mon GPS. Chris habitait assez loin de chez moi, dans une jolie maison d'ailleurs. Je me garai devant et je sonnai à la porte. C'est Chris qui m'ouvrit.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je suis venue te présenter des excuses. Je ne sais pas ce que je t'ai fait pour que tu me haïsses comme ça mais j'ai sûrement dû t'offenser à un moment donné. Est-ce que je t'ai pas dit bonjour quand on a commencé le collège ? Je ne sais pas. Peu importe en fait. Tout ce que je sais c'est que j'aime Paul depuis que je suis née. Il est comme mon frère. Il est mon frère. Tu sais très bien qu'il prendra mon parti, même s'il t'aime. Alors je pense qu'il est temps de signer un pacte de non-agression. Je n'ai pas envie d'agir comme une gosse toute ma vie. Je ne me mêle pas de tes affaires, et tu ne te mêles pas des miennes. Mais tu n'intentes rien contre moi. Sache que si tu le fais, je répliquerai au centuple. Ce n'est pas toi qui gagnera. Alors soit tu capitules, soit c'est la guerre, et j'emploierai toutes les forces nécessaires à ton extermination.
-Tu te prends pour le président des États-Unis ? Tu vas m'écouter, pouffiasse. Déjà, tu oses venir chez moi pour me menacer ?
-Je ne répèterai pas ce que je t'ai dit, tu m'as parfaitement comprise. Laisse tomber ce combat et je dirai à Paul que tout est arrangé entre nous deux. Continue, et tu te feras larguer aussi vite. J'attends ta réponse par SMS avant minuit.
Je tournai les talons avant de rentrer chez moi. Ce n'est qu'une fois dans ma voiture et en dehors de son allée que je réfléchis à mes paroles. Je ne savais pas vraiment ce que je venais de déclencher. La paix ou la guerre ? J'avais posé mon ultimatum et dans le fond, je savais que ça ne pouvait plus durer. Je ne pouvais plus laisser cette fille me ridiculiser. Je ne pouvais plus la laisser me martyriser.
La maison était vide. Où étaient-ils tous passés ? Je me rendis dans la cuisine pour me prendre un verre d'eau gazeuse, un gros bol de fromage blancs et une grosse poignée de fraises. Elles étaient tellement sucrés que je n'avais pas besoin de rajouter de sucre. Je pris un plateau et je m'installai sur mon lit avec mon casque et un épisode de Faking It. Je reçus un SMS de Marc.
« Et si ce week-end si, on ne le passait pas avec tes amis comme la dernière fois mais juste, toi et moi et l'océan ? »
J'étais plus que partante. Je lui répondis néanmoins que je demanderai à mon père si je pouvais partir ce week-end. Et quand je demandai à mon père le soir avant le dîner, il fit la tête.
-Je te rappelle que ton Grand-Père et Candice arrivent ce week-end.
-Mais Papa, j'ai pas vu Marc depuis des lustres.
-Je te rappelle que tu étais privée de sortie.
-Mets toi à ma place. Imagine que tu as 16 ans et que tu n'as pas vu ta petite amie depuis des lustres !!!
-Vous pouvez partir vendredi soir et samedi mais tu es là dimanche.
-Mais ils vont rester là longtemps non ?
-Sarah. Si Daniel vient à la maison, ce n'est pas pour passer du temps avec moi mais passer du temps avec toi. Sois contente que je te permette de partir après le lycée vendredi.
-Tu n'aimes pas Marc.
-Pardon ?
Mon père me fixa sans comprendre.
-Je crois que tu n'aimes pas Marc et comme tu ne veux pas que je le fréquente, tu fais tout pour me mettre des bâtons dans les roues.
-Je connais Marc depuis bien plus longtemps que toi, je l'ai vu alors qu'il n'avait que quelques heures. J'ai toujours aimé Marc. Et je ne te mets pas de bâtons dans les rues, faut arrêter de se comporter comme une victime parfois Sarah. Ton Grand-Père veut te voir, je te laisse deux nuits et une journée seule avec ton petit ami. Tu devrais me remercier.
-Tu m'as dit de ne pas sortir avec quelqu'un comme toi ou comme Brian...
-Tu as des.. soupçons sur lui ?
Une lueur d'inquiétude passa dans les yeux de mon père et il cessa de trancher les courgettes.
-Je ne l'ai jamais vu avec d'autres filles, mais quand on était au lycée ensemble, il avait une réputation de tombeur..
-Sarah c'est quoi le véritable problème ? Tu aurais préféré que je refuse catégoriquement pour que tu t'éloignes de lui ? Je ne comprends pas...
-Non pas du tout. Y'a pas de souci.. C'est juste que tu m'as dit de ne pas sortir avec ce type de gars et je sors avec ce type de gars susceptible de me briser le cœur alors.. tu aurais pu ne pas aimer Marc. J'ai besoin de ton approbation Papa. J'ai besoin de ressentir que tu m'approuves de sortir avec lui. Et j'ai pas l'impression que ce soit le cas. J'ai l'impression que tout le monde nous désapprouve.
-Tu l'aimes ?
-Oui. Je n'ai jamais aimé quelqu'un comme lui.
-Et il t'aime ?
-J'en suis certaine.
-Tant qu'il fait ton bonheur Sarah, c'est ce qui compte. Et puis je n'ai rien contre lui. Vraiment. C'est normal de douter. Vous avez une relation particulière. Tu sais quoi ? Invite-le pour le déjeuner dimanche... C'est pas ça qui te tracasse.
Je pris un couteau pour ciseler le persil. Brian m'avait appris comment faire.
-Je ne sais pas ce qu'il me trouve. Je veux dire que c'est difficile pour moi de le croire quand il me dit qu'il me trouve belle. J'ai l'impression que ce n'est pas la vérité et qu'il dit ça pour me faire plaisir. C'est bizarre hein ?
-Et bien, tu as du boulot à faire sur toi-même hein. Tu es jolie, même Brian qui est du genre à ne pas mâcher ses mots te l'a dit. Pourquoi tu as fait cette tête quand j'ai dit Brian ?
-Il est bizarre avec moi en ce moment, tu ne trouves pas ?
-Qui est bizarre ?
En parlant du loup... Brian arriva et se laissa tomber sur le tabouret de la cuisine, il avait l'air claqué. Il n'avait pas pris la peine de cacher ses bleus et mon père grimaça.
-Entrainement de sport violent, hein ? TOM, TU PEUX ALLER CHERCHER DE L'ARNICA POUR TON FRÈRE ?
Le petit garçon arriva avec le tube qu'il donna à son frère.
-J'ai faim.
-Tu as mangé un gros goûter mon garçon.
-J'ai encore faim. Je peux reprendre des cookies ?
-Non Thomas.
-Mais j'ai vraiment faim. J'ai l'impression que si mange pas je vais MOURIR.
-Je crois surtout que tu fais un caprice.
-De toute façon, j'ai jamais le droit de rien faire ici. Avant c'était pas pareil, je pouvais manger quand je voulais.
Tom tourna les talons et Brian le rattrapa dans le couloir. Je les suivis.
-Je peux savoir pourquoi tu te comportes comme un horrible petit con Thomas ? Tu trouves que c'est une bonne façon de parler à John ?
-Je lui parle comme je veux. C'est pas mon père et t'es pas mon père non plus..
-Mais heureusement Tom, répondit Brian. Sinon, tu t'en serais déjà mangé une.
Tom le méprisa du regard.
-T'es bien le fils d'Alessandro Teobaldo, persiffla le petit garçon.
Je n'eus pas le temps de bloquer la main de Brian et le dos de sa main s'abattit sur la joue de Tom. J'entendis un bruit derrière moi.
-Brian... fit mon père.
-Je sais très bien de qui je suis le fils, et tu devrais pas oublier d'où tu viens toi aussi.
Tom le poussa et courut dans sa chambre suivit par mon père. Brian se tourna vers moi. Il était mécontent. Mais était-ce contre Tom ou contre lui-même d'avoir levé la main sur son petit frère ? Mon père redescendit.
-Il a fermé sa porte et ne veut pas me parler. Il est comme ça depuis que je l'ai ramené de l'école. Ultra-bougon. Brian.. tu n'aurais pas dû le gifler.
-J'en ai marre qu'il me ramène mon père à chaque fois en pleine figure. Comme si je ne savais pas que j'avais la moitié de ses gênes. Mais j'aurais dû me contrôler.
La porte d'entrée s'ouvrit et Mary arriva. Elle faisait une tête pas possible et marchait pieds nus.
-Tu as pété un de tes talons ? lui demanda mon père.
-Non, je me suis fait ultra mal au dos. Qu'est-ce qu'il se passe ?
-J'ai giflé Tom.
Je ne pensais pas que Brian lui révèlerait tout de suite. Mary soupira.
-Sérieusement Brian ? Tu peux aller chercher Tom, John ? J'ai trop mal.
-Il ne veut pas me parler Mary, je pense que..
-Thomas, mon ange, tu peux descendre une minute ? appela Mary. J'ai super mal, j'ai besoin d'un câlin.
Nous entendîmes une porte et Tom arriver en boudant. Il nous vit tous, bouda encore plus et s'arrêta dans l'escalier.
-Viens, on va dans la salle à manger, je pense que si je me mets sur le canapé, je pourrais pas me relever. Tu vas bien ?
-J'ai faim, répondit le petit garçon.
-J'ai méga faim, répondit Mary. Brian, tu peux aller chercher des raisins secs et des fruits secs ?
Elle retira son manteau et Tom la prit au niveau des hanches et ils allèrent dans la salle à manger. Sans un mot de plus pour nous. Mon père leva les yeux au ciel.
-Chérie, tu veux que je te masse ?
-Oui, je veux bien. Viens avec nous dans la salle à manger.
Brian ne décolérait toujours pas. Nous étions tous les deux dans le couloir et il n'arrivait pas à se détendre.
-Il fait toujours ça. Il boude et obtient ce qu'il veut. La seule personne avec qui ça marche pas ici, c'est moi. Maman ! Je vais aller dor..
-Pourquoi tu réagis comme ça ? lui demandai-je. C'est un petit garçon. Il fait et dit des conneries, faut juste pas l'écouter. Tu es qui tu es. Tu n'es pas ton père et tu le seras jamais.
Brian allait parler mais mon père arriva. Il avait l'air anxieux. Il prit son téléphone.
-Brian, je crois que Tom a des excuses à te présenter, tu devrais aller les accepter.
Il n'avait pas bougé les yeux de l'écran de son smartphone. Brian leva les yeux au ciel et se dirigea vers la salle à manger.
-Qu'est-ce que tu fais Papa ?
-Je cherche le numéro de.. c'est bon, je l'ai. Tu m'excuses une petite minute ?
Il se dirigea dans le salon et je l'entendis appeler un.. ami visiblement. Ami qui débarqua manu militari chez moi avec une table de massage et qui l'installa dans le salon.
-Tu as appelé un kiné ? demandais-je en le voyant masser Mary.
-Oui. Je ne supporte pas de la voir souffrir.
-Ça va te coûter un bras.
Mon père me sourit.
-Tu sais ce que j'aime chez toi Sarah ? Ta modestie et ton humilité. Ça ne va pas me coûter un bras parce que je travaille pour pouvoir me permettre de faire ce genre de choses. Maintenant, je pense qu'on devrait aller retrouver les frères Miller avant qu'ils ne se tuent.
-Ils sont compliqués.
-Ce sont des frères. T'inquiètes pas, je ne pense pas que.. THOMAS !
Mon père élevait rarement la voix. Mais là, Tom était entrain de frapper un Brian agenouillé au sol. Mon père le souleva en quelques minutes et je sus qu'il l'emmenait dans son bureau.
-Brian, tu vas bien ?
-Il en avait besoin, répondit-il en se levant et en se massant le torse aux endroits où Tom avait frappé. Il a un trop plein de violences en lui. Je ne sais pas pourquoi mais il en avait besoin. De se défouler. Pourquoi John l'a emmené ?
-Il va se faire punir. Mon père ne supporte pas la violence. On dirait pas quand il se bat avec son frère avec des gros coups de pieds mais ils le font dans un but exclusif d'amusement. Là, c'était pas le cas. Ton frère va subir le courroux paternel pour la première fois de sa vie.
-On devrait aller les espionner, répondit Brian.
-J'allais te le dire.
Nous montâmes les escaliers mais la porte du bureau de mon père était fermée. Je pris la main de Brian et je l'entrainai vers le grenier. Je lui fis signe de se taire, on pouvait entendre la voix de mon père quand on s'allongeait sur le sol et qu'on collait nos oreilles sur le parquet.
-Tu trouves que c'est une bonne façon de te comporter Thomas ?
Brian hallucinait qu'on puisse aussi bien entendre mais je l'empêchais de parler. Tom ne disait rien.
-Est-ce que tu trouves que Brian méritait de se faire rouer de coups ? Non ? Alors pourquoi tu l'as fait ?
-J'étais énervé.
-Et pourquoi tu étais énervé ?
-À cause de toi.
-Oh. Et bien je vais te dire une chose, Thomas. La prochaine fois que tu as un souci avec moi., viens me taper moi.
-Mais je vais pas te taper.
-Pourquoi ?
-Parce que tu ne vas plus m'aimer après. Brian lui il m'aimera toujours c'est mon frère. Mais toi tu m'aimeras plus.
-Et bien, les frères Miller, je ne sais pas ce que vous avez mais écoute moi Tom. Je n'arrêterai pas de t'aimer. Je n'arrêterai jamais de t'aimer. Et si tu as un problème avec moi, viens m'en parler la prochaine fois au lieu de frapper des gens. J'exècre la violence Thomas.
-C'est quoi exècre ? C'est déteste ?
-Oui.
-J'avais besoin de.. j'avais besoin de taper sur quelque chose et Brian a dit que je pouvais taper sur lui. À chaque fois que j'ai besoin de taper sur quelque chose,Brian me dit de taper sur lui.
Je me redressai pour regarder Brian.
-C'est vrai ? murmurai-je.
-Ouais. Après, il s'en veut et il arrête, il ne veut pas me faire mal, il veut juste s'exprimer, répondit-il sur le même ton que moi.
-Tu l'incites à taper pour s'extérioriser, tu ferais mieux de lui dire de faire un dessin.
-Mais Thomas, continua mon père. Tu ne peux pas faire ça et taper sur un humain. Regarde ce que j'ai ici. Un punching ball. La prochaine fois que tu voudras taper sur quelqu'un, tu entreras dans mon bureau, tu sortiras le punching ball et tu taperas dedans avec les gants.
-Mais si j'ai envie alors que tu es dans ton bureau entrain de travailler ou que tu es pas là ?
-Tu entres. C'est mon bureau mais mes enfants ont toujours le droit de rentrer, même quand je travaille.
-Est-ce que je suis puni ?
-Tu vas aller présenter des excuses à Brian. Immédiatement et j'aviserai avec ta Maman. Tu peux quitter mon bureau.
Je me redressai et je vis Brian faire de même.
-Qu'est-ce que vous foutez là ?
Mon père. Il avait dû voir la porte menant au grenier ouverte.
-Je cherchais ma batte de baseball. Je voulais aller avec Brian sur le terrain pour lancer quelques balles.
-Oh... Ce n'est pas dans la buanderie ?
-Je ne crois pas, je voulais regarder là avant..
Mon père regarda autour de lui en fronçant les sourcils.
-Dans le coffre à gauche des décorations de Noël tu as regardé ?
Il s'y dirigea et sortit le coffre avec nos affaires de baseball.
-Vous n'aurez qu'à y aller après manger. Il faut que je redescende pour voir si Mary va bien. Vous avez besoin d'aide pour le coffre ? Pour le descendre je veux dire..
-Non, c'est bon, et puis on va peut-être y aller que demain, comme ça tu pourras venir avec nous. Tu lui as dit quoi à Tom ?
-Ça ne te regarde pas Choupi. Brian. Tom te cherche. Tu devrais aller le voir, je sais que tu es fâché contre lui mais ce serait bien.
Brian obéit et mon père me contempla.
-C'est tellement plus facile d'avoir des filles. Toi le pire qui a pu t'arriver avec Sophie c'était de vous tirer les cheveux, pas de vous frapper à coups de poings.
-On peut arranger ça si ça te manque tellement.
Mon père eut un pâle sourire et me tendit la main pour que nous descendions. Mary semblait aller beaucoup mieux, ça se lisait sur son visage.
-Bon et bien, demain ce sera ballerine.
-Ou tongs, lâchai-je.
-Oh oui, des tongs dans un magasine de mode, je pense que je ferai fureur.
-J'espère que ce seront des ballerines de créateurs au moins.
Mary leva les sourcils.
-Chérie, je ne porte que des chaussures de créateurs depuis la fin du lycée. C'est mon père qui m'a offert ma première paire pour aller à mon bal de promo et depuis le budget chaussure est un gouffre chez moi.
Je me tournais vers Brian pour savoir si elle exagérait.
-Non c'est vrai. Elle a un toc avec les chaussures. Elle s'en fout de porter des jeans sans marque par contre, tu la verras pas sans ses Jimmy Choo. Je me souviens, commença à rire Brian, une fois elle m'a dit que si y'avait un incendie chez nous, elle emporterait ses Jimmy Choo en priorité.
-Ah ouais carrément. Quoi que maintenant, j'emporterai mon collier de Noël aussi, faut pas déconner. En plus tu te moques de moi mais toi aussi tu adores tes Jimmy Choo.
Je regardai Brian, il fixait sa mère avec un amour débordant.
-Grave. J'ai jamais dit le contraire. D'ailleurs je devrais les remettre.
Je plissai des yeux d'un air circonspect.
-Tu as une paire de Jimmy Choo ?
-J'en ai deux. Des basket de la collection « Brian » parce que ça faisait rire Maman et une paire de bottes en cuir façon motard.
-Tu pourras les mettre demain au lycée ? J'ai trop envie de voir ça.
-Pas mes bottes, elles ne sont pas cirées et j'ai la flemme de le faire ce soir mais ouais. Demain tout le monde en Jimmy Choo.
Mary sourit et tapota dans ses mains. Elle appela mon père pour savoir s'il avait besoin d'aide dans la cuisine et je me levai de table immédiatement pour l'aider. Mon père était entrain de siffloter dans la cuisine et me demanda d'apporter la soupe sur la table.
-Quand as-tu trouvé le temps de faire tout ça ?
-Organisation mon petit amour. En fait, j'ai quelque chose à vous dire, dans deux jours, il y aura des ouvriers du côté de la maison pour l'agrandissement du garage.
-Ah oui ! m'exclamai-je. J'avais une remarque à te faire à ce sujet, par rapport aux plans, au lieu de faire un toit plat, on pourrait pas faire une extension ?
-Une extension ? Tu ne trouves pas que la maison est suffisamment grande ?
-On n'a pas de salle de billards Papa. De salle de jeux. Si tu fais une extension à la suite de ta chambre noire, on pourra tout décaler et on pourra se mettre des fauteuils et un billard de compétition et Brian et moi on aurait notre coin à nous.
-Tu sais que tu es entrain de me demander de modifier les plans de la maison pour inclure un billard ?
-Je ne suis pas contre, lâcha Brian. Bon je sais que j'ai pas mon mot à dire, mais c'est vrai que si on avait notre propre billard, ce serait grave cool.
-Et puis sérieusement Papa, on a toujours dit qu'on mettrait un billard dans le salon mais comme on a remis le piano, y'a plus la place.
-Non mais en soit c'est une bonne idée, répondit Mary. Avoir un petit coin à part dans la maison où ils pourraient s'amuser.
-Je vais voir ce que je peux faire avec l'architecte demain.
Je tapai dans la main de Brian et Tom lui, ne disait rien. Je le trouvais très triste ce soir là. Je ne comprenais pas pourquoi. Au moment de son coucher, je me glissais dans sa chambre.
-Tom ?
Il se retourna dans son lit. Il avait une petite croix en bois dans sa main. J'étais gênée de l'avoir interrompu pendant sa prière.
-Oui ?
-Je voulais te dire que si tu as envie de venir me parler tu peux venir me voir quand tu veux.
-Okay.
Je me penchais vers lui pour l'embrasser et je retournai dans ma chambre. Je ne m'attendais pas à ce qu'il se glisse dans mon lit en pleine nuit. Il avait l'air troublé et fatigué.
-Sarah ?
-Oui mon chou ?
-Tu connais les courses de caisses à savon ?
-Oui. J'en ai fait quand j'étais petite avec Paul et Sophie.
-Et bah y'a une course à l'école qui va se faire mais je peux pas y participer parce que j'ai pas de Papa pour faire ma voiture. J'aurais pu le dire à Brian mais c'est pas pareil et puis il a pas le temps..
-Et bien pourquoi tu demandes pas à Papa ?
-Parce que c'est pas le mien..
Je n'avais pas fermé les volets et je vis de grosses larmes dans les yeux de Tom. C'était pour ça qu'il allait aussi mal pendant toute la soirée.
-Bien sûr que si. Tu vas lui demander dès demain matin et vous ferez la voiture et tu gagneras.
-Je ne peux pas faire ça. Parce que si ça se trouve il va dire non. La dernière fois que j'ai demandé à un petit ami de Maman, il m'a dit non.
-Il ne refusera pas. Mais te fais pas de souci pour ça mon chou. Faut que tu dormes... tu veux rester avec moi ?
Il hocha la tête et se retourna. Il arriva à dormir mais pas moi. Le lendemain, j'entendis le pas de mon père dans le couloir. J'ouvris ma porte de chambre. Mon père était en bas de pyjama.
-Je t'ai réveillé ? Désolé. Nous avons dormi en bas pour Mary. Je lui prends des vêtements, tu viens m'aider ?
Je refermai doucement la porte et je le suivis dans le dressing, Il se choisit des vêtements et je pris ceux de Mary.
-Papa.. tu as déjà songé à adopter Tom ?
Mon père se tourna vers moi.
-Pourquoi tu me demandes ça ?
-Tu sais que c'est la seule chose qu'il ait jamais voulu dans sa vie. Avoir un Papa alors.. si tu veux l'adopter pour devenir son père légalement, moi, je ne te dirai pas que tu fais une connerie. Tu devrais y songer.
-J'y ai déjà songé. Ça fait des semaines que j'y pense mais je voulais en parler avec Mary avant. Je ne sais pas ce qu'elle en penserait. Je ne veux pas faire de fausses joies aux garçons.
-Tu pourras pas le rendre plus triste qu'il ne l'est déjà.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Il est venu pleurer dans ma chambre en pleine nuit. C'est pour ça qu'il était pas bien hier soir. Il y a une course de caisses à savon et.. il n'a pas de Papa pour faire la voiture avec lui et il n'ose pas te demander. Il a peur que tu refuses comme les ex de Mary.
Mon père était attristé.
-Je vais arranger ça ma chérie. Merci de m'en avoir parlé. Ne t'inquiètes pas, il ne saura pas que c'est de toi. Tu commences tard aujourd'hui, je crois. Tu peux aller te recoucher si tu veux.
-Je n'ai plus sommeil. Je vais rentrer tard ce soir, je veux avancer sur l'algèbre et Cameron a accepté de m'expliquer certains points..
Nous étions dans le couloir et mon père passa sa tête dans ma chambre pour voir si Tom dormait toujours.
-Tu as de l'argent ? me demanda-t-il en repoussant doucement la porte.
-Oui, j'ai de quoi lui payer tout le café qu'il veut. En fait tu crois que ce serait possible qu'il vienne manger à la maison avec Sophie après ?
-Pourquoi vous ne venez pas directement à la maison pour bosser ? Ce sera plus simple non ? Vous vous installez dans mon bureau.
-Ce serait super. Merci Papa. Sophie va venir me chercher parce qu'elle doit passer le prendre avant. Salut Mary ! Tu as l'air d'aller beaucoup mieux.
-Je n'ai presque plus mal. C'est le bonheur. J'aimerai bien que tu me masses mon amour avant que j'y aille.
-On va aller se laver avant et je le ferai. Tu veux que je te conduise au magazine ?
-Oui, je veux bien.
ils s'embrassèrent. Et moi j'étais morte de rire. « On va aller se laver avant ». C'était trop chou.
Je remontai avec un cappuccino dans ma chambre. Tom se fourra dans mes bras. Il ressemblait vraiment à Brian quand il dormait.
Mon père frappa doucement à ma porte alors que je commençais à somnoler.
-Tom, mon grand chat, c'est le moment de se réveiller.
-Encore cinq minutes.
Il le souleva dans ses bras et Tom continua à dormir.
-Tu peux t'assoir dans mon rocking chair si tu veux pour lui faire un câlin.
-Merci.
Mon père s'installa dans le fauteuil et Tom se réveilla petit à petit.
-Tu as bien dormi ?
-Je suis fatigué encore. Je suis obligé d'aller à l'école ?
-Oui. Mais tu sais quoi ? Ce week-end, on restera au lit et ensuite on passera samedi juste tous les deux.
Tom se réveilla d'un coup.
-C'est vrai ? sourit le petit garçon.
-Oui. On fera ce que tu veux !
-On pourra aller à la plage et jouer au foot ? Manger de la glace et courir après les moineaux ?
-Oui. On fera tout ce que tu voudras. Mais on va laisser Sarah dormir.
-Oui, il faut qu'on aille se raser.
Tom entraina mon père hors de ma chambre et ce dernier m'envoya un baiser. Je buvais mon cappuccino en lisant le Maître du Jeu de James Dashner quand Brian ouvrit ma porte de chambre.
-Salut !
-Je n'ai plus assez d'essence..
-Tu peux prendre ma voiture mais je ne veux pas qu'Alexandra monte dedans.
-En fait je voulais juste savoir si je pouvais siphonner une partie de ton réservoir mais je veux bien conduire une jaguar..
-Ou alors tu peux aussi demander à ta mère sa Maserati.
-Je lui ai déjà demandé et elle a fait sa tête « je dis que je suis d'accord mais si y'a une trace de boue sur une roue t'es mort ».
-Ah ouais je connais cette tête, c'était celle de mon père quand je prenais sa voiture avant. Non mais oui, tu peux prendre de l'essence si tu préfères. Je comprends que tu veuilles rester avec la Batmobile. Oh en fait Sophie et Cameron vont venir dîner ce soir.
-Okay.
-Je ne veux pas que tu sois désagréable avec Cameron;
-Je ne suis pas désa.. okay. Je verrai.
On sonna à la porte, et de ma chambre, j'entendis la voix de Paul. Brian fronça les sourcils. Visiblement, il ne savait pas que Paul devait venir. Je me levai et je descendis les escaliers.
-Salut Paul ! Oh bonjour Line !
Line n'avait pas l'air de rire et Paul n'avait pas l'air d'aller très bien.
-Je vais t'examiner Paul, lui dit mon père, on va aller dans le salon.
Je croisais le regard de Paul. Il voulait que je me taise.
-Je suis désolée de te déranger pour mon idiot de fils John.
-T'inquiète, je suis là pour ça Line. C'est pas beau à voir ça mon garçon.
Mon père m'envoya chercher des crèmes et des bandages. Line avait disparu, elle était dans la cuisine entrain de parler avec Mary. La mère de mon petit ami se tourna vers moi d'un air suspicieux.
-Toi tu sais pourquoi il est comme ça ?
-Heu.. non ? Il a sûrement dû se prendre de vilains coups au basket, Brian est déjà revenu avec des bleus.
-Tu te rends compte que tu es entrain de couvrir son agresseur.
-Line, je vous adore, mais je sais pas ce qu'il s'est passé, j'étais pas là. En fait, je vous vole votre fils aîné la moitié du week-end...
-Ah ? Très bien. Tu sais mon fils est majeur, il fait bien ce qu'il veut. Oh mon Dieu, cette bague est absolument magnifique.
-C'est Grand-Mère Amélia qui me l'a offerte. Je l'adore.
-Ta grand-mère a toujours eu un goût très sûr. C'était mon modèle quand j'avais ton âge.
-Heu.. okay. Je vais aller me laver, je me sens un peu en décalage avec tout le monde là.
Une douche bien chaude plus tard, je me sentais mieux. Je mis une touche de parfum et une robe. J'étais prête à aller au lycée. Quand Sophie arriva avec Cameron pour passer me prendre, Paul était toujours là avec sa mère.
-Heu.. vous savez qu'on commence plus tard ? fut la première chose que je leur dis en ouvrant la porte d'entrée.
-J'ai une réunion de théâtre 30 minutes avant le début des cours
-Et moi je voulais échapper à mon cousin. Du coup, on squatte.
-Cool. On va dans la salle à manger. Oh en fait Line et Paul sont là.
-Cool, répondit Sophie d'un air pseudo enjoué.
En passant devant la cuisine, je vis que Brian était entrain de faire des pancakes en sifflotant. Paul avait sa tête dans mon réfrigérateur.
-Mais qu'est-ce que vous foutez ?
Paul se retourna et je vis son regard se poser derrière moi.
-Salut vous deux ! Vous n'avez plus de bacon ?
-Si en bas à gauche, répondit Brian. Vous avez déjà pris votre petit déjeuner ?
-Si tu as fait les pancakes selon la recette de ta mère Brian, je te dirai non ! se mit à rire Sophie en s'asseyant sur un des tabourets.
-Évidemment.
Je croisai le regard de Cameron.
-Oh attends, je crois que j'ai encore un cours à toi en haut, tu viens ?
Je l'entrainai dans ma chambre.
-Tu m'as rendu tous mes cours.
-Oui, je sais. Mais je sais aussi que Brian t'insupporte, il m'insupporte aussi la plupart du temps, mais je sais aussi que Sophie est amoureuse de toi et que tu n'as pas de souci à te faire.
-Ce n'est pas Brian Miller qui m'insupporte, mais Paul.
-Ah. Paul. T'inquiètes pas, ça va...
Ma porte de chambre s'ouvrit.
-Vous êtes sérieux là ?
Sophie fronçait les sourcils.
-Vous vous êtes enfuis sans moi. Line m'a pincée les joues. Elle ne l'aurait pas fait si vous aviez été là. Alors maintenant, vous descendez avant que je tue un McDust, d'accord ?
Cameron hocha la tête et moi j'étais goguenard. Line, Mary, mon père et Tom ne tardèrent pas à partir nous laissant tous les cinq. Cameron se contentait de boire son thé alors que Sophie se refaisait un deuxième petit-déjeuner. Comment faisait-elle pour rester aussi mince alors qu'elle mangeait comme quatre ?
-JE VAIS ÊTRE EN RETARD AU THÉÂTRE. Sarah, t'es prête ?
-Tu te fous de moi Harper ? Non mais partez tous les deux, je vais partir avec eux tout à l'heure.
-T'es sûre ?
-Oui ?
Elle m'embrassa sur la joue, prit la main de Cameron et claqua la porte en sortant.
-Ta copine est une bombasse qui sort avec un boulet. Je comprends pas.
-Ta gueule Brian.
-Ouais arrête Brian. Il doit bien avoir des qualités si Sophie sort avec lui, elle est loin d'être stupide. Ça doit être un gars bien.
-Ouais, ça reste à prouver. Bon Sarah.. tu comptes aller au lycée habillée comme ça ?
-Bah.. oui, qu'est-ce qu'il y a ? soupirai-je.
-Rien du tout. Je trouve que ça te va bien. J'ai l'impression de déteindre sur toi. N'oublie pas de mettre des Jimmy Choo.
-Je.. n'en ai pas.. ?
-Oh. taxe les lunettes de soleil de ma mère alors, elle t'en voudra moins que si tu lui taxes ses chaussures.
Je le fis uniquement parce que je trouvais cette paire absolument splendide et parce que j'étais contente, dans le fond, que Brian me dise que j'étais bien habillée. Il ne fut pas le seul d'ailleurs. Cathy m'en fit la remarque aussi, du moins c'est ce que je pouvais déduire de son « ta robe est une merveille ».
À la sortie du lycée, j'eus l'étrange impression d'avoir oublié quelque chose de capital. Je ne savais plus quoi. C'est en voyant Chris entrain d'embrasser son mec que je m'en souvins. Je n'avais pas reçu de message de Chris pour mettre fin à notre guerre. Elle la voulait mais cette fois-ci, elle n'allait pas la gagner. Je ne la laisserai pas faire.
Sophie, Cam et moi, nous allâmes directement à la maison pour bosser. C'était tranquille et nous avancions bien, jusqu'à ce que Tom arrive.
-Coucou ! John veut savoir si vous voulez prendre le goûter avec nous.. vous faites quoi ?
-Des maths.
-Sarah déteste les maths.
-Non, je déteste ma prof de maths.
-Brian aime bien ta prof de maths. Il dit que c'est une bombasse. Alors vous venez ? On a acheté des éclairs à la pistache et au caramel et au chocolat en revenant à la maison.
-On arrive Tom.
Mon père avait fait des folies dans la pâtisserie. Tom était entrain de parler de foot avec Cameron et Sophie parlait avec mon père... jusqu'à ce que son téléphone sonne.
-Oui.. tu as fait quoi ? Mais t'es complètement con ou tu le fais exprès ? Ne touche plus à mon patient, sombre crétin. J'arrive. Désolé les enfants, je dois y aller, je vais botter le cul de mon résident et je reviens.
-Je peux venir ? demanda Tom.
-Je ne préfère pas, je vais être très vulgaire et si tu répètes ça devant ta mère, je suis mort. Par contre, si vous pouviez me faire une tarte pour quand je reviendrai, je vais avoir besoin de manger un déprime gâteau.
Tom était enthousiaste, je l'étais vachement moins. Mais il mettait du cœur à l'ouvrage en faisant la pâte pour la tarte que j'allais faire à mon père. Il avait enfilé son petit tablier que mon père lui avait offert.
-On la fait à quoi ?
-Chocolat, caramel, noix de pécan.
-Je n'ai jamais fait de caramel. Maman n'a jamais voulu, elle dit que c'est dangereux.
-C'est le cas. Tu peux mettre la pâte à reposer dans un torchon ?
-Est-ce que je pourrais l'étaler ?
-Bien sûr. Tu peux aller chercher Cameron et Sophie ?
Il fila et revint avec mes amis.
-Est-ce que vous voulez rester dîner ce soir ?
-Je ne pourrais pas, répondit Cameron, ma mère m'a bien fait comprendre que je devais être là ce soir. Sinon je vais me faire fouetter. Mais j'aurais adoré. Tu me garderas une part de tarte ?
-Oui bien sûr. Et toi Sophie ?
-Je vais demander à Papa tout de suite.
Elle prit son téléphone et le mit sur haut-parleur.
-Salut mon ange, tu es sur haut-parleur.
-Toi aussi, se mit à rire Sophie. Est-ce que je peux rester manger chez les McAllister ce soir ?
-Tu peux rester dormir si tu veux. Ta mère reçoit son groupe de lectures ce soir, j'ai l'intention de sortir avec les mecs ce soir..
-Ils sont au courant ?
-Pas encore, mais qui refuse d'aller au cinéma ?
-Heu.. les gens qui ont une famille.
-Vous savez Nicholas, si vous avez envie de venir dîner à la maison pour échapper aux critiques littéraires de bas étage, moi j'y vois pas d'inconvénient. On mange à 20h.
-Je serai là. Je vais prévenir John.
J'étais déjà entrain d'envoyer un message groupé à ma belle-mère et à mon père.
-C'est fait. À tout à l'heure, je suis entrain de faire une tarte de la mort qui tue.
-Trop cool, répondit le père de mon amie, j'ai mon rendez-vous qui est arrivé. Je vous laisse, bisous les enfants.
Je finis de faire ma tarte avec l'aide de Tom pendant que Sophie raccompagnait Cameron chez lui. Brian revint de son entrainement de basket complètement crevé.
-On mange quoi ce soir ?
-Je ne sais pas trop. Mais les Harper viennent dîner avec nous. Tu peux envoyer un message à ta mère pour lui demander ?
-Je..
Il n'en eut pas besoin parce que ma belle-mère arriva à ce moment là. Elle embrassa son fils qui lui demanda directement comment allait son dos.
-Et bien écoute, tout va bien, le kiné de John a fait des merveilles. Je suis repassée le voir ce midi comme convenu et.. je n'ai plus rien. Est-ce que tu crois que des lasagnes ça leur ira ? J'ai envie de manger des pâtes depuis tout à l'heure.
-Ce sera parfait. J'ai fait une tarte pour le dessert, tu veux que je t'aide Mary ?
-Oh non c'est bon, j'ai mon bébé Brian avec moi.
-Et si j'avais pas envie de t'aider ?
-Depuis quand tu refuses de cuisiner avec ta maman chérie d'amour qui a souffert pour te mettre au monde ?
-J'adore cuisiner avec toi. Alors voilà ce que je te propose. On se la fait Masterchef. Tu fais une version, je fais une version et ce soir, on voit laquelle est la meilleure. T'es okay ?
-Je vais te ratatiner mon gars. Je vais mettre mes décennies d'expérience culinaire de mon côté.
-Et moi mon talent pour la cuisine. Sarah. Mets le chrono sur mon téléphone, il n'est pas verrouillé.
-On met combien de temps ? demandai-je.
-1h30 de préparation.
Brian était entrain de mettre un tablier. Toute trace de fatigue avait disparu. Mary était entrain de faire craquer ses doigts.
-À vos marques.. Partez !
Ils se précipitèrent dans la cuisine en riant. Je leur laissai le chrono et je rejoignis Tom. Il était entrain de regarder des dessins animés en français et riait comme un fou. Il arrêta quand j'arrivai.
-Tu veux regarder avec moi ? C'est Tom-tom et Nana.
-Je ne suis pas sûre de tout comprendre.
-Je vais mettre des sous-titres en français avec, si tu comprends pas, tu me demandes.
Il s'installa dans mes bras et nous entendions des rires venant de la cuisine. Sophie arriva en même temps que mon père, je les entendais parler. Tom et moi étions enroulés dans une couverture polaire sur le canapé. C'était sympa comme tout comme dessin animé. Ma meilleure amie s'installa à côté de Tom qui tira sur la couverture polaire pour l'inclure dedans. C'était gentil de sa part.
-Tu as mis vachement de temps Papa, lui dis-je.
-Je suis hyper énervé. Je suis content que Nick vienne, il va me changer les idées.
Nous entendîmes des hurlements de rire de la cuisine et Mary appela mon père à l'aide.Je me levai pour aller voir et je vis Mary avec de la farine sur la tête. Brian n'était pas mieux.
-Tu as attaqué à ta mère ? demanda mon père en hallucinant.
-Elle a essayé de saboter mon travail.
-Non c'est faux.
Je vis alors Mary prendre de l'eau et lui verser sur la tête.
-Tu as vu ce que je subis avec ma mère John.
-J'ai souffert pour te mettre au monde, j'ai le droit de te faire souffrir. Na. Bon, vu qu'on a fini, tu ranges la cuisine. Merci chaton.
-Okay mais avant Maman..
Il lui jeta de l'eau sur la tête et Mary se mit à rire.
-Je vais prendre une douche, tu viens avec moi mon amour.
-Putain mais vous êtes sérieux ? m'exclamai-je. Je veux pas entendre ça !
-Qui aurait pu croire que ta fille serait aussi puritaine !
-Ouais c'est clair. Tu vas dans la salle de bain du bas ?
-Oui, tu peux aller me chercher des habits ?
Elle l'embrassa et nous laissa dans la cuisine. Brian me faisait un peu pitié mais je le laissai seul pour ranger la cuisine, je devais m'occuper de Sophie, non ?
Nicholas arriva avec deux bouteilles, une de rouge et une de blanc, et une boîte de ces nougats que j'aimais particulièrement. D'ailleurs, il me les tendit en me faisant un clin d'œil. C'était très prévenant de sa part. La soirée se déroula extrêmement bien.
-Désolée Mary, mais sur les lasagnes, je vais devoir voter contre toi. Les lasagnes au saumon sont extraordinaires.
Mary me décocha un regard noir alors que Brian se pencha vers moi pour me faire un bisou retentissant sur la joue.
-Je te l'avais dit. Le talent l'emporte toujours sur l'expérience.
-Rappelle-moi de qui vient ta recette ?
-De Gyôsei.
-Et à ton avis qui lui a donné sa recette de lasagnes à l'origine.
-T'es sérieuse ? Pourquoi tu me l'as pas apprise alors ?
-J'ai perdu ma recette au poker avant ta naissance et les siennes étaient meilleures, il n'a jamais voulu me donner son ingrédient secret mais maintenant, je le connais.
-Tu as fait exprès pour piéger Gyô ?
-Il est ultra têtu, c'est pas de ma faute. Et puis comme tu es une extension masculine de moi-même..
-Je t'appartiens pas.
-Tous les enfants appartiennent un peu à leurs parents. C'est comme ça, tu n'y peux rien.
-Vu que je suis une extension de toi, ça veut dire que j'ai accès à ton argent aussi ?
Mon père, celui de Sophie et Mary se mirent à rire.
-Bien essayé mais on ne peut pas soutirer de l'argent à une femme mon garçon, répondit Nicholas.
-Mais par contre les femmes peuvent te soutirer ton argent, continua mon père avant de trinquer avec son ami.
-Ça veut dire quoi ça ? demanda Sophie en regardant son père avec le sourcil levé.
-Disons qu'une femme a toujours plus de chance de soutirer de l'argent à un homme que le contraire. Parce que les femmes sont plus intelligentes et elles ont des atouts qui peuvent faire craquer n'importe quel homme.
-Qu'est-ce qu'on doit pas entendre ! m'exclamais-je. Mais par contre vous vous êtes bien rattrapé Nicholas. Parce qu'on est vraiment plus intelligente.
Brian me regarda d'un air goguenard.
-Ça dépend qui hein.
-Tu vas finir avec des lasagnes en pleine face si tu continues.
-Sarah, arrête de menacer Brian, s'il-te-plaît. Oh, en fait Tom, j'ai vu un truc intéressant en venant te chercher à l'école..
-Ah bon ?
-Oui, une course de caisse à savon, je voulais te dire que si tu as envie d'y participer, je suis le roi des voitures. Sarah a toujours gagné quand elle était petite.
-Minute McAllister, elle n'a pas toujours gagné.
-Ma fille était meilleure que la tienne en course de voiture,
-N'importe quoi. Déjà elles se faisaient toutes les deux exploser par le petit McDust et en plus, mes voitures allaient plus vite.
-T'es sérieux là Papa ? J'ai perdu une roue, une fois.
-Et Sarah a perdu son volant.
Mon père et celui de Sophie hurlèrent de rire. Nicholas essuya une larme et se tourna vers Tom.
-La seule fois où un des trois a gagné une course importante c'est parce qu'on s'était mis à trois sur la voiture. Paul a explosé tous les autres enfants. Alors si tu veux y participer, on se met dans mon garage parce que le votre est en travaux et tu auras les trois meilleurs coachs du monde.
-Mais je veux pas que vous perdiez votre temps.
Tom paraissait embêté et il baissa la tête. Mon père le vit et posa sa main sur la tête de Tom pour lui ébouriffer les cheveux.
-Où est-ce que tu as vu que passer du temps avec toi était une perte de temps mon garçon ? On s'y met ce week-end si tu veux.
Les yeux de Tom pétillèrent et je vis un réel soulagement sur son visage. Tout le monde le vit d'ailleurs. Quand j'envoyais Tom chercher la tarte pour le dessert, mon père lança à Nicholas un regard qui voulait clairement dire qu'il lui expliquerait plus tard. Tom tombait de fatigue. Mon père le souleva et il le mena au lit. Mary se tourna vers moi.
-Tu sais ce qu'il se passe ?
-Tom avait peur que Papa refuse de l'aider.
-Comment tu sais ça toi ? me demanda Brian en revenant de la cuisine avec une théière et des tasses.
-Parce qu'il me l'a dit. Il ne voulait pas t'embêter avec ça Brian. Quelqu'un veut un nougat ? Ce sont les meilleurs nougats de la planète.
Je voulais changer de sujet et je ramenais la boîte de nougats.
-Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion d'en manger, mais ils sont extraordinaires.
-La boutique a ouvert quand on avait 17 ou 18 ans, sourit Nicholas, et depuis, j'ai converti Sarah. C'est pas trop ton truc à toi ma chérie, ajouta-t-il en posant sa main sur la main de sa fille.
-Je préfère les chocolats. Mais je ne suis pas contre un nougat de temps en temps. Mais c'est mauvais pour ma ligne.
Mon père venait juste d'arriver et il s'arrêta.
-Sérieusement Sophie ? T'as un corps de mannequin, qu'est-ce que tu as à parler de ta ligne ?
-Je ne voulais pas dire ligne pour dire ligne. Je voulais dire que c'est pas très bon pour la santé. Un esprit sain dans un corps sain. Je ne veux pas avoir des artères pourries.
-Okay, je te pardonne alors, je ne continuerai pas ma.. remontrance.
-Remontrance, terme qui n'est plus utilisé depuis le 16è siècle.
Mon père m'ébouriffa les cheveux pour me venger et il taxa mon dernier morceau de tarte.
-Vengeance. Ta tarte était super bonne ma chérie. Tu m'en refais une quand tu veux.
-Est-ce qu'on peut aller se promener Sarah et moi ? demanda Sophie. Juste faire un tour de quartier, histoire de digérer.
-Je vais venir avec vous, répondit Brian. La dernière fois que Sarah est sortie tard, on se souvient tous de ce qu'il s'est passé...
-Tu parles du concert ou du mec qui m'a suivi quand je courais.
-Bah du mec.
-Ah ouais. mais bon, il fait jour là. C'est pas pareil.
Il nous accompagna tout de même. Visiblement dans leur délire de gros machos, ça rassurait nos pères. Je ne pouvais pas parler à Sophie comme je le voulais. C'était ennuyant. D'autant plus que Brian était bon pour converser.
-En fait Sarah, c'est quoi ce délire avec Chris ? Il parait que tu l'as menacée ?
-Quoi ????
-C'est ce qu'elle a dit à Alexandra. Je devais rien te dire mais j'ai trouvé ça tellement hallucinant que je veux savoir si c'est vrai ou si elle a halluciné.
-Je.. je ne l'ai pas vraiment menacée.
Sophie s'arrêta et me regarda.
-Tu n'as pas été chez elle ? demanda Brian.
-Si mais.. je voulais juste qu'on mette les choses à plat. Je lui ai demandé d'arrêter de me harceler et je lui ai dit que si elle continuait, elle aurait des soucis. C'est tout.
-Hum. Chris a exagéré encore. Je ne sais pas trop à quoi je m'attends avec cette fille de toute façon. C'est une affabulatrice.
-Alors pourquoi tu ne dis pas à Paul de la quitter ? demanda Sophie. Tu sais bien que ce n'est pas une fille comme ça qu'il lui faut.
-Je sais. Mais le souci c'est qu'on ne dicte pas à son cœur qui l'on doit aimer. Et c'est très douloureux de ne pas être avec la personne qu'on aime.
-Mais il vaut être seul que mal accompagné, rétorquai-je.
-C'est plus facile à dire qu'à faire. Je ne connais pas le degré d'amour que ressent Paul envers Chris. Alors je ne lui dirai rien. Je préfère le voir dans un bonheur même éphémère plutôt qu'à se lamenter.
-Qui te fait croire qu'il ne serait pas heureux sans elle ?
-Tu me poses vraiment la question Sophie ?
-Oui.
Brian s'arrêta et la regarda d'un air sérieux.
-Tu veux savoir ce que je pense Sophie ? Ça risque de ne pas te plaire.
-Je pense qu'on est suffisamment grand et proche pour que tu sois honnête, non ?
-Paul n'est pas fait pour être seul. Il a besoin d'avoir une petite amie pour le soutenir et l'aimer. Et non, il ne serait pas heureux sans Chris parce que tu es en couple. Je ne sais pas s'il aime Chris plus qu'il ne t'aime toi ou s'il vous aime autant l'une et l'autre...mais il ne la quitterait que pour toi, Sophie Harper. Et il n'a pas eu besoin de me le dire, je le sais. Tu lui dirais demain de quitter Chris, il le ferait sans une hésitation s'il avait la certitude que toi tu serais là pour l'attendre. Ou alors, il la quitterait si Sarah lui demandait de le faire. Parce que si Sarah ne lui adresse plus la parole, tu ne lui adresserais plus la parole. Tout se ramène toujours à toi Sophie. Et si tu veux tout savoir, parce que ça je le sais, ça lui a fait grave chier d'appeler ton petit ami, mais comme ton bonheur compte à ses yeux, il l'a fait. Mais il n'y avait aucun intérêt pour lui si ce n'est que tu ne lui aurais plus parlé et qu'il préfère encore vivre dans un monde où il n'est que ton ami plutôt que de vivre dans un monde où tu ne serais pas du tout là. Ça c'est mon analyse mais j'analyse plutôt bien les gens. Alors non, je ne lui dirai pas de quitter Chris.
-Tu sembles oublier quelque chose dans ta super analyse Miller. Il a choisi Chris. Il lui a couru après pendant des semaines. Et l'amour n'est pas à sens unique. Et moi je ne l'aime pas comme ça. Pas du tout. Il est comme mon frère. Et s'il ne quitte pas Chris, c'est parce qu'il l'aime. Et s'il ne veut pas qu'on se fâche c'est parce qu'on se connait depuis notre plus tendre enfance et tu as vu la proximité de nos parents ? On est une famille. Paul n'a pas de sentiments amoureux envers moi.
-Tu peux penser ce que tu veux Sophie pour te protéger mais Paul est attiré par toi. C'est peut-être juste passager. Je ne dis pas le contraire. Peut-être qu'il aime Chris plus qu'il ne t'aime toi. Je ne dis pas le contraire. Il peut t'aimer et être amoureux de Chris. Mais crois-moi, une partie de lui, même infime aimerait sortir avec toi. Ce n'est peut-être pas grand chose. Peut-être que je me trompe mais je pense ce que je dis en tout cas. Tu as le droit d'être en désaccord avec moi.
-Encore heureux. Parce que je pense que tu te plantes.
-Qui vivra verra. Tu n'es pas fâchée contre moi Sophie, n'est-ce pas ?
Brian lui toucha le bras et la Millerisa. C'était gros comme une maison. Il lui fit son sourire en coin et ma copine lui assura qu'elle ne lui en voulait pas. Moi, je lui aurais dit ça, elle m'aurait fait la gueule pendant une journée. C'était le pouvoir de Brian.
Quand nous rentrâmes à la maison, mon père et Nicholas étaient entrain de boire un whiskey dans le salon et Mary un thé.
-Sophie, tu conduis mon ange. Tu as l'air un peu fatiguée ma chérie. Je finis mon verre et on y va ?
-Oui s'il-te-plaît.
Brian lui avait filé un coup sur le moral. Je lui en voulais. C'est d'ailleurs pour ça que le soir même, j'ouvris sa porte de chambre et lui balançai un coussin dessus.
-Tu étais obligé de parler comme à Sophie ?
-Elle voulait que je sois honnête. Je l'ai été.
-Il ne fallait pas que tu sois honnête. Sophie est un être doux et fragile. Ça va la travailler toute la nuit ce que tu lui as dit. Elle n'a pas besoin de remise en question à propos de Paul alors que c'est lui qui ne voulait pas d'elle.
-De quoi tu parles ?
-Bah oui gros malin ! Monsieur Paul a flirté avec Sophie, l'a embrassée et s'est remis avec Chris le lendemain matin. Tout n'est pas aussi facile. Il a fait un choix entre Sophie et Chris et elle en a souffert au fond d'elle, j'en suis certaine. Alors c'était loin d'être cool de lui dire ça.
-Comment je pouvais le savoir, tu ne partages pas les infos que tu as banane !
-Je croyais que tu étais doué pour analyser les gens pourtant ?
-Si je n'ai pas toutes les cartes en main, je ne peux pas deviner, je suis pas medium, je te signale. En plus, excuse-moi, mais Sophie est souvent hyper froide avec Paul.
-Elle fait ça pour se protéger. Mais ça tu le saurais si tu savais vraiment analyser les sentiments d'autrui. Par exemple, là, ce que je ressens c'est pas de la colère envers toi, mais un profond dégoût, tu l'avais vu venir ça ?
Je refermai la porte de sa chambre et m'enfermai dans la mienne. Bon, j'étais aussi énervée mais il avait une telle tête étonnée que je ne pouvais pas lui dire.
Cette journée m'avait apprise deux choses. La première c'était que Brian n'aimait pas Chris et la seconde c'était que j'allais devoir agir rapidement contre cette pouffe. Très rapidement.
Annotations