Party in the USA
-Je peux entrer ?
-Non.
-Tu es certaine Sarah ?
-Oui.
-Je veux juste savoir si tu veux..
-Non. Je ne veux rien.
Je m'étais balancée sur mon lit en remontant. Et Mary ne voulait pas comprendre que ce n'était pas le moment de venir jouer les psys avec moi.
-Je t'ai préparé une robe pour ce soir. Je la pose sur ton bureau. Si tu me cherches, je suis dans ma chambre.
Je mourrais d'envie de lui dire que c'était la chambre de mon père mais je ne pouvais pas. Mes yeux étaient gonflés par les larmes. Je ne pouvais pas aller à la fête de Paul. Pas avec Brian et son maudit téléphone dans les parages. On frappa à ma porte.
-Mais c'est pas POSSIBLE !! ON NE PEUT PAS ÊTRE TRANQUILLE DANS CETTE MAISON !!
C'était Sophie. Elle passa sa tête dans l'embrasure de la porte et elle entra tout de même.
-Ta belle-mère m'a appelée. Parait que tu aurais besoin d'une assistance extraordinaire.
Mary avait fait ça ? Je m'en voulais de l'avoir rudoyée. Je glissai sur le bas de mon lit et lui racontai tout. Sophie était choquée au début mais elle me fit un grand sourire;
-Je n'ai qu'une seule chose à te dire. On va leur en mettre plein la vue ce soir.
N'avait-elle pas compris ce que je venais de lui dire ? Ma vie était foutue. Brian m'avait en sous-vêtement dans son téléphone.
-Ne me regarde pas comme ça Sar'. On va leur en mettre tellement plein la vue que la photo de Brian sera inutilisable. Montrons lui que tu peux être sexy en dépit de ta malheureuse garde-robe. Heureusement que j'ai pensé à toi.
Elle saisit son sac et sortit un soutien gorge opaque noir.
-J'ai vu ta brassière pourrie pendant le cours de sport de tout à l'heure et j'ai pensé que tu n'avais plus de soutien-gorge digne de ce nom à porter. Alors tiens. Tu me le rendras après.
Je me jetai dans les bras de ma meilleure amie. Elle était juste formidable. Par contre, elle avait un bonnet de plus que moi.
-J'ai essayé de prendre le plus petit que j'avais. À la limite, tu peux toujours le rembourrer. Tu crois que ta belle-mère a des coussins d'air ? Tu pourrais lui demander...
-Tu plaisantes là ?
-Non. Moi parfois je prends ceux de ma mère, tu le sais très bien.
Sophie était l'archétype de la blonde californienne. Elle avait une peau parfaite, des dents parfaites. Elle allait chez le coiffeur toutes les semaines. Elle était grande, mince, et faisait du 95C. Elle avait tout pour être populaire mais elle ne l'était pas. Pourquoi ? Parce qu'elle s'enlaidissait pour ne pas que je sois toute seule. Du moins c'est toujours ce que j'avais pensé. Elle portait de grandes lunettes d'intello pour "se donner un air intelligent". Elle considérait que quand on était blonde avec de grands yeux bleus, les gens nous prenait forcément pour des filles superficielles et débiles.
Elle s'attachait les cheveux ,ce qui ruinait sa coupe de cheveux. Elle ne portait pas de marque comme le faisait pleins de filles qui étaient pourtant moins riches qu'elle. Elle trainait son vieux Eastpack bleu délavé depuis des années et elle mettait parfois des jeans troués. Personne ne pouvait voir que c'était des jeans qui devaient coûter 200$ pièce qu'elle massacrait toute seule, sauf moi. Elle ne mettait pas un brin de maquillage et ne se faisait pas remarquer. Sauf en cours par ses notes excellentes.
-Allez ! va lui demander et je..
Son téléphone sonna et elle répondit en levant les mains au ciel.
-Oui maman. Je vais rester dormir chez Sarah ce soir. Oui on va à une fête. On ne rentrera pas tard et je ne prendrais pas une goutte. Tu sais bien que je conduis. Oui.. Oui.. Tout de suite ? Hum.. Ok ok. Il faut que j'y aille. Ma mère a un petit problème. Je reviens dans 30 minutes pour t'emmener chez les McDust. N'oublie pas. Éblouissante.
Elle m'embrassa sur la joue et quitta la pièce avant que je ne dise le moindre mot. Je levai les yeux au ciel et regardai le soutien-gorge. Je n'en avais pas d'aussi beau. C'était la mère de Sophie qui lui achetait ses soutiens-gorge et elle avait du goût. Je ne manquais pas d'argent mais je n'avais pas vraiment de goût pour ces choses là. Du moins pas jusqu'à aujourd'hui. Je me levai pour me mettre devant ma psyché. Je plaçai le soutien gorge sur mon pauvre 90B. Oui, il faudrait peut-être que je me penche sur la question des soutiens-gorges. Il faut dire que je n'avais pas eu de mère pour m'apprendre ce genre de choses et que ça passait totalement au-dessus de la tête de mon père. Ou alors il ne voulait pas penser au moment où je deviendrais une vraie femme et qu'un garçon verrait ladite lingerie. Le fait de penser à ma mère me fit sourire tristement. Elle était morte quand j'avais 11 ans. Elle avait juste eu le temps de m'apprendre ce qu'était la puberté chez les femmes et elle était décédée dans un stupide accident de la route. Elle envoyait un texto à mon père pour lui dire qu'elle arrivait. Ironie du sort ? Elle n'était jamais arrivée. Je secouai la tête, je ne devais pas penser à elle. Pas maintenant.
J'enfilai mon peignoir et j'allai voir Mary. Je frappai et rentrai dans la suite parentale. Mary était dans la salle de bain. Je pouvais entendre de la musique classique sous la porte.
-Salut, tu aurais des coussinets à air pour un soutien gorge ?
-Oui bien sûr, regarde dans mon tiroir à sous vêtements.
J'allai dans le dressing et j'hallucinai en voyant ce qu'il y avait dedans. Un tas de culottes, strings et parures sexy. Je ne pensais pas qu'elle était comme ça. En même temps, elle avait bien réussi à mettre le grappin sur mon père..
-Sarah ? Tu as essayé la robe que j'ai mise sur ton bureau ? me fit la voix de Mary depuis la salle de bain.
-Non pas encore !
-Essaye la ! Il est possible qu'elle soit un peu grande pour toi, il faudrait que je la retouche légèrement. Tu as trouvé ce que tu voulais ?
Sa voix était juste derrière mon dos et je lâchai le string que j'avais saisi. Mary me souriait gentiment.
-Non pas encore, je ne sais pas où c'est.
-Sous mes soutiens-gorges dans une pochette.
Je la trouvai et la remerciai avant de filer dans ma chambre. Elle avait différentes tailles et je prenais ceux qui me semblaient le plus adapté. Je m'approchais du bureau et vis la robe que Mary m'avait apporté. Elle était courte, moulante (en théorie) et fuchsia. Elle était super belle mais je doutais pouvoir réussir à la mettre. Ce n'était pas du tout mon style. Je l'essayai quand même. Elle était un peu trop large pour moi et elle m'arrivait mi-cuisse. Ma belle-mère frappa à la porte et passa sa tête.
-Pile comme je l'avais imaginé. Il faudrait juste l'ajuster un peu pour qu'elle te moule un peu plus les..
-Hum.. non. Ça va aller. Je ne suis pas assez mince pour ça. J'ai pris du poids.
-Non. Pas du tout. tu n'as pas changé depuis que je te connais. Tu es sûre que..
-Mary, c'est ta robe. Je ne veux pas la dénaturer. Elle est bien comme ça.
-Je reviens dans une minute.
Je me regardai dans le miroir de profil. Comment Mary pouvait avoir de tels habits dans sa penderie ?
-Quand j'étais célibataire, je sortais avec mes copines et c'est tout à fait le genre de choses que je portais. Tiens, mets cette ceinture noire au niveau de ta taille et serre la au maximum. Tu as des escarpins noirs ?
-Heu.. non.
-Hum. Il va vraiment falloir qu'on fasse du shopping. Mais bon, c'est une fête d'ado, des ballerines devraient suffire. Tu as besoin d'aide pour la coiffure ?
-Non, merci Mary. Je vais finir de m'habiller seule.
Je nouai mes cheveux en queue de cheval comme d'ordinaire et regardai mes maigres produits de maquillage étalés dans ma salle de bain. J'avais un mascara, des gloss et de la crème hydratante. Bon d'accord, la crème n'est pas exactement un produit de maquillage mais grâce à elle, je n'avais pratiquement plus de boutons et c'était vraiment génial ! J'allongeai mes cils avec du mascara et mettait une touche de gloss. J'étais une fille naturelle.
-Non. Je ne peux pas te laisser sortir comme ça.
La voix de Mary venait de résonner derrière mon dos. Je me retournai. Brian était déjà parti à la fête de Paul McDust. Mon père passa sa tête et me regarda.
-Salut Papa !
-Je suis désolée ma chérie mais tu ne peux pas sortir comme ça. C'est juste pas possible.
-Qu'est-ce qui ne va pas ? J'ai suivi tous tes conseils !
-Tu ne peux pas sortir sans une pochette.
Elle revint avec un clutch et me le tendit. Elle me souhaita une bonne soirée et me poussa dehors au moment où Sophie arriva.
-Wow Sar' ! Tu ne fais pas les choses à moitié toi ! Tu vas en mettre plein la vue de Marc, y'a pas de souci ! Tu as piqué des fringues à la belle doche ?
-Elle m'a passé ses fringues, avouais-je en montant dans la voiture.
Sophie portait un jean slim, des ballerines, un bustier et un blouson en cuir. Elle avait gardé ses lunettes et sa queue de cheval. Elle était vraiment jolie comme ça. Nous arrivâmes devant l'immense maison des McDust où la musique s'entendait en extérieur. La moitié du lycée était là. C'était juste impressionnant. Je levai les yeux vers la maison de Paul. Je n'étais pas venue ici depuis des années. Paul, Sophie et moi étions amis à une époque. Avant le collège et le lycée. On passait notre temps ici, dans la cabane derrière sa maison et un jour, tout avait changé. Il avait changé. Il avait juste petit à petit arrêté de nous parler après son voyage d'été à New York. Nous n'étions plus assez cool pour lui sûrement. Il avait commencé à traîner avec les gens populaires et maintenant, il l'était.
-Salut les filles !
Paul arriva vers nous et stoppa en nous voyant. Il nous avait prises pour d'autres personnes. Du moins je le pensai jusqu'à ce qu'un grand sourire s'affiche sur son visage !
-Hey ! Bienvenue à la maison ! Ça faisait longtemps dis donc ! C'est cool au moins je n'ai pas besoin de vous indiquer le chemin. Jolie ta robe Sarah.
-Merci Paul.
-Je suis content de vous voir mais je dois m'occuper de ravitailler les troupes.
-Tu as besoin d'aide ?
Je regrettais de l'avoir demandé au moment où le son franchit ma bouche. Je voulais draguer son aîné, pas jouer les serveuses mais en même temps, le sourire de Paul à ce moment là me rappela mes jeunes années. Il nous entraîna avec Sophie dans la réserve de la cuisine.
-Je vous fais grâce de la bière, vous pouvez prendre les crackers ?
-Oui bien sûr. C'est fou. Rien a changé ici, fit Sophie.
-C'est vrai. Ma mère est très conservatrice tu sais. Je crois qu'il y a encore des photos de nous trois dans son bureau, répondit Paul en soulevant le tonneau de bière qui semblait vraiment super lourd.
Nous remontâmes dans la cuisine et la musique était très forte, voir assourdissante. Nous posâmes les affaires et il nous dit d'aller nous amuser. Je n'allais pas me priver. Il fallait que je trouve Marc et je comptais bien m'amuser aussi. Tout était comme dans les films. La musique, les gens qui dansaient, l'alcool dans les gobelets rouges... tout. Je buvais plus que de raison et je finis par goûter des choses sans vraiment savoir ce que c'était. C'est alors que je le vis. Marc. Il était encore plus beau que la dernière fois. Il avait coupé ses cheveux et ses yeux verts étaient très bien mis en valeur.
-Vas-y, me poussa Sophie. Vas lui dire bonjour.
-Je.. Oui.
Je me frayai un chemin vers lui. J'étais prête. J'allais lui faire LE regard. Vous savez ? celui qui fait craquer les mecs dans les films dès que l'héroïne le fait ? Et bien j'allais le faire et il allait devenir accro à mon regard de braise, allongé par mon mascara. C'était évident. Mais dans mon insouciance, j'avais oublié une donnée. Une donnée que je n'aurais pas du oublier. Jamais. Parce qu'elle me pourrissait la vie au quotidien.
-Tiens tiens tiens, petit bateau ? Qu'est-ce que tu fais là ?
C'était Brian. Petit Bateau. J'avais envie de le tuer. Je me retournai aussi vite. Il était devant moi, visiblement éméché mais avec les yeux qui pétillaient. Il porta le gobelet à ses lèvres et me fixait de ses grands yeux bleus.
-Je m'amuse et je t'interdis de me pourrir la vie comme ce que tu fais depuis que tu es venu dans ma vie tout piétiner !!
Je tournais le dos à mon cauchemar et me dirigeais vers Marc.
-Sa... commençais-je...lut.
Je venais d'être bousculée et le verre que je tenais à ma main venait de se renverser sur ma robe fuchsia en une grosse trace marronasse. Je ne pouvais pas me présenter comme ça. J'étais immonde. Ça faisait vraiment la fille incapable de boire sans en mettre partout. Je filais dans la salle de bain la plus proche. Elle était pleine de monde. Je montai les escaliers. Il y avait une salle de bain par chambre. J'allai vers celle de Paul. Elle était vide. Je soupirai. Ouf. Au moins, personne ne m'avait vue. J'allai dans la salle de bain et je m'enfermai. Je retirai la robe et je commençai à la nettoyer avec beaucoup, beaucoup d'eau. Sûrement trop parce que je pouvais l'essorer mais au moins, comme Paul avait un sèche-cheveux, je pourrais avoir une robe à peu près décente. Il valait mieux avoir une tâche d'eau, qu'une tâche de coca. J'enclenchai le sèche cheveux et le bruit était totalement masqué par la musique. Je me trémoussai au passage. Ma robe était pratiquement sèche au bout d'un quart d'heure. J'allais arrêter avec le sèche-cheveux quand j'entendis du bruit dans la chambre.
-Arrête ! disait une voix féminine un peu ivre.
-Tout ce que tu veux.
-Non, arrête pas..
Je poussai légèrement la porte et je vis un couple entrain de se tripoter sur le lit. Je me repoussai dans la salle de bain. Ce n'était pas possible.. Qu'est-ce que j'allais faire ?
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