Je ne suivais rien du tout pendant ma matinée de cours, je dormais intérieurement. J'avais juste hâte d'être en tête à tête avec Sophie. C'était trop énorme, je ne pouvais plus garder ça pour moi. Pendant le cours de maths, je m'installai dans un angle mort, du côté du mur. Sophie était juste à côté de moi et je la regardais qui travaillait d'un air consciencieux. Je sentis mon téléphone vibrer. C'était un message de Clive. Il m'envoyait une photo de Ray entrain de dormir en travers de son lit, de la bave lui sortant de la bouche. Je trouvais ça à la fois ridicule et touchant. Je faillis éclater de rire et je repensais à la vidéo de Ray que je n'avais pas encore publié. Je m'ennuyais tellement. On frappa à la porte de la salle de cours et la prof sortit quelques minutes. Je plissai des yeux, c'était maintenant ou jamais. Je publiai la vidéo sur mon compte Youtube et renvoyait à Clive un laconique y'en a qu'ont de la chance, avec comme illustration de mon désespoir, la photo de mon cours. Je retournai ensuite à mon exercice. Étrangement, il me parut un peu plus clair que je ne le pensais. Le génie des maths était-il entrain de m'envahir ? Ou alors c'était la fatigue qui me faisait délirer. Il me restait 10 minutes avant la pause du déjeuner. Ma prof était revenue et quand elle demanda un volontaire pour répondre à l'exercice, je levais la main. Elle me regarda comme si je venais d'une autre planète. Sophie aussi. J'allai au tableau de manière mesurée. Je ne pouvais pas aller plus vite, la fatigue de la journée commençait à se faire sentir. Je lui pris le crayon des mains avant de répondre au problème affiché. Je me reculais d'un pas et je remarquais que j'avais fait une erreur. Je l'effaçais et recommençais les calculs de tête. Mon téléphone vibra dans ma poche et la prof le vit. Je fis comme si je n'avais rien vu. Mais pas elle.

-McAllister, je dois vraiment vous rappeler que les portables doivent être éteints pendant les cours.
Elle me tendit la main pour récupérer l'objet du délit. Je le sortis de ma poche et juste avant, je regardai le message. C'était un message de mon père en plus. Rappelle-moi c'est assez urgent. Le comble de l'ironie. J'allais me faire confisquer mon téléphone au moment où je devais rappeler mon père. Sauf que je n'avais pas pensé que ma prof le verrait aussi. Mon téléphone vibra alors qu'elle l'avait toujours en main. Elle le regarda et leva un sourcil.
-Vous resterez à la fin du cours.
-Oui madame.
J'espérais que ce ne soit pas Clive, ou Ray parce que j'avais leurs photos en gros et ils étaient plus que reconnaissable dessus. Ma prof examina la solution au tableau et me regarda d'un air perçant. 
-Vous voyez quand vous voulez faire des efforts que ça paye. Vous pouvez retourner à votre place. 
Pfffff. Je détestais cette prof. Viscéralement. Mais il y avait quelqu'un que je haïssais plus qu'elle encore. La copine de Brian qui venait de me faire un croche-pied, me permettant ainsi de me ridiculiser devant tout le monde en retombant comme une masse. 
-Pétasse, marmonnai-je suffisamment fort pour qu'elle m'entende ainsi que les gens autour. 
Sophie m'aida à me relever.
-McAllister, cessez de vous donner en spectacle et retournez à votre place. 
Je ne pus réprimer un bâillement à ce moment là et la prof me regarda d'un air horrifié
-Dehors. Vous prenez vos affaires et vous sortez de mon..
La cloche sonna à ce moment là. Ma prof fulminait. Et je devais rester avec elle en plus pour récupérer mon portable. 
-J'ai un truc à déposer au secrétariat, rendez-vous à la cafèt ? me demanda Sophie.
J'acquiesçai et j'allai vers le bureau professoral alors que tout le monde sortait. 
-Je peux savoir ce que vous avez ? 
-Excusez-moi madame. J'ai été malade toute la nuit et je n'ai pratiquement pas dormi. Et pour mon téléphone, j'ai juste oublié. Ce n'était pas contre vous ou pour vous manquer de respect, croyez-le bien.

Elle plongea son regard dans le mien et je ne sais pas ce qu'elle lut au fond de mes yeux à ce moment là mais elle me tendit mon portable et elle me dit que je n'avais pas l'air bien dans mon assiette et que ça passait pour cette fois-ci, mais que la prochaine fois, elle sévirait. Je sortis de la salle et je vis qu'Alexandra et sa bande de copines étaient là. 
-Recommence ça. Et je te pète le nez la fausse rousse.
-Ce n'est pas de ma faute si tu es incapable de tenir debout. 
Je tournai les talons et me dirigeai vers mon casier. Je l'ouvris en me demandant s'il allait être piégé lui aussi. Il y avait juste une affiche pour le bal qui était posée dessus. C'était la troisième vidéo sur le bal et elle était encore mieux. Je ne savais pas qui l'avait faite mais c'était un coup de génie. J'ouvris ma porte de casier et je vis la dernière personne au monde que j'avais envie de voir en le refermant.
-Brian.
-Tu as reçu le même message que moi de John ? 
Il me montra son téléphone et il y avait le même message que moi écrit dessus. J'hochai la tête.
-Tu l'as rappelé ou pas ? 
-Non, j'étais en algèbre, déjà qu'il a vibré alors que je résolvais un exercice au tableau alors..
Brian hocha la tête et appela mon père dans la seconde. Ça me faisait bizarre, mais en même temps j'avais bien appelé sa mère pour qu'elle vienne me chercher.. Il l'appelait sur FaceTime, et je me demandais bien pourquoi. C'était pour que mon père voit ma tête crevée ? Il le faisait exprès pour m'enfoncer ? 
-Salut Brian, fit mon père.
-Salut John ! Je suis avec Sarah, c'est quoi le problème au juste ? Ça avait l'air assez urgent. 
Mon père était dans un taxi. 
-Je suis désolé de te l'apprendre comme ça Brian mais ta grand-mère vient d'avoir un assez grave accident de voiture Brian. Ta mère est à l'aéroport et elle ne savait pas si elle arriverait à te joindre avant de monter dans l'avion pour la Floride.
-Ah. 
Brian restait froid. C'était incroyable. Sa grand-mère venait d'avoir un accident... C'était juste atroce et lui il ne ressentait rien ? Il restait de marbre ? 
-Comme je suis à Seattle pour mon...
-QUOOOI ?

Je pris le téléphone des mains de Brian qui me laissa faire sans broncher.
-Comment ça se fait que je ne sois pas au courant ! 
-Si tu n'avais pas déserté hier soir ma chérie, tu l'aurais su, j'ai une opération importante. Je serais revenu dimanche. Mais comme Mary vient de partir, il faudrait que vous vous occupiez de Tom ce soir, le temps que ma mère arrive.

-Grand-Mère va venir ? Mais pourquoi ? hoquetai-je en pensant tout de suite à mon WE raté si elle arrivait.
-Elle a raison John. On peut garder Tom deux jours. Il est pas difficile de toute façon. Et puis si on a un problème on va voir les voisins. Tu sais, c'est déjà arrivé que je garde Tom pendant les voyages de Maman et ça c'est toujours bien passé. 
Mon téléphone sonna. C'était Mary. Je montrais à Brian et il hocha la tête.
-Sarah ? Est-ce que tu as vu Brian ? J'essaye de le joindre mais il est occupé apparemment.
-Il est au téléphone avec Papa. Je suis désolée pour ta mère Mary. 
-Merci.. John vous a prévenus alors ! 
Elle paraissait un peu soulagée. 
-Est-ce que vous pourriez juste garder Tom ce week-end ? 
-Oui bien sûr. Si tu pouvais envoyer un message à Papa pour lui dire qu'on a pas besoin de l'aide de Grand-mère ce serait bien parce qu'il nous prend pour des gosses apparemment.
-Attends je raccroche, je vous rappelle dans deux secondes. 
Je retournais auprès de Brian qui était entrain de discuter avec mon père. Il leva les yeux vers moi et il fronça ensuite les sourcils. Je me rapprochai de lui pour voir ce qu'il se passait. Il y avait une vidéoconférence avec nos deux parents. Le bonheur de la technologie. 
-Pas besoin de faire venir ta mère John. J'ai toute confiance en Brian pour garder son frère, il l'a déjà fait et tout c'est très bien passé. 
-Mais..commença-t-il à protester.
-Papa, on est responsable, tu le sais très bien.. enfin pour Brian je sais pas mais moi tu me connais, et j'ai déjà fait du baby-sitting pour les voisins. 
-Je suis très responsable. On ne va pas faire brûler la maison.
-Manquerait plus que ça. Bon, très bien mais au moindre problème, vous appelez...
-Oui, on appelle Grand-mère, l'interrompais-je avec précipitation. Il faut qu'on y aille mais on se parle plus tard. Tu n'auras qu'à vérifier qu'on est toujours en vie, on t'envoie un SMS toutes les deux heures si tu veux. Bisous.
Je raccrochai et rendis le téléphone à son légitime propriétaire. 
-Tu peux aller chercher Tom ce soir ? J'ai un entrainement et il va finir vers 19h. 
-C'est ton frère, je te rappelle. Et je suis collée à cause de ta stupide blague de morve de troll. Alors..
-Je vais aller voir la surveillante générale. C'est l'entraineuse des chearleaders et elle m'adore. Elle te fera sortir plus tôt. Alors ? 

Comment devais-je prendre cette proposition de Brian ? Il voulait m'aider ? Bon certes, c'était aussi dans son intérêt mais quand même ? Je sentais que j'allais le payer un jour ou l'autre. J'hésitais vraiment mais voir mon calvaire avec Alexandra prendre plus tôt fin me décida.
-Okay. Mais je choisis le menu de ce soir.
-Ça me va. Mais je déteste les choux bruxelles, alors autant te le dire que si tu en fais, je te les balance à la figure et je me commande une pizza que je ne partagerai pas avec toi. 
-Ça me va, j'ai assez mangé de pizza pour toute la semaine de toute façon. 
J'allais partir pour aller à la cafèt quand il me retint par le bras en plein milieu du couloir qui commençait à se remplir de monde.
-En fait, tu n'étais pas avec Sophie cette nuit, n'est-ce pas ? 
-Si, dis-je en rosissant malgré moi. 
-Je le savais, finit-il par dire en plissant des yeux après quelques secondes de silence. Parce que Sophie porte le même parfum que toi et que là, tu ne sens pas comme d'habitude. Sans oublier que ta copine ne porterait jamais un T-shirt aussi masculin, et encore moins un T-shirt qui sent l'after-shave.

C'était un constat. Un simple constat mais je n'arrivais pas à le nier et il sourit d'un air que je trouvais machiavélique. Il me lâcha le bras et partit sans se retourner dans les couloirs, me laissant seule, toute rouge et dégoûtée qu'il m'ait percé à jour aussi rapidement. Je me tournai et vit qu'Alexandra l'attendait et qu'elle me regardait avec dédain. Ce n'était pas si grave que ça en fin de compte. Peu importait. Je rejoignis la cafet' en réfléchissant à ce qu'impliquait un WE seule avec Brian et Tom. Ça n'était jamais arrivé et j'avais un peu peur de ne pas réussir à survivre. Sophie m'attendait assise à notre table et il n'y avait personne à côté d'elle. Je la rejoignis avec mon plateau et elle fronça les sourcils en me voyant. Elle avait son téléphone dans la main. Elle l'agita alors que je m'asseyais à côté d'elle. 

-Je peux savoir comment tu as pu publier sur Youtube une vidéo inédite de Ray McClunsky alors que tu étais en cours de maths ? 
-Bah, j'avais mon portable allumé, je te rappelle. Alors c'était facile.
-Arrête de me prendre pour une idiote Sarah. Tu sais parfaitement que je..
-C'est en rapport avec ce que je devais te dire, la coupai-je. Quand Brian m'a humiliée en public au lycée, j'ai appelé Mary et elle m'a emmené avec elle à une interview. C'était celle de Ray et on a sympathisé. Et il m'invité au cinéma hier et on y est allé avec..
-Tu es entrain de me faire croire que tu es amie avec Ray McClunsky ? Tu sais quoi Sarah ? Tu n'as pas besoin de me mentir, je croyais qu'on était comme des sœurs et les sœurs ne se mentent pas.
Je sortis mon téléphone et allai dans mon appareil photo, assez énervée qu'elle ne me croit pas. 
-Alors comment je peux avoir ça dans mon téléphone ? 
Je lui montrai le selfie qui avait fait le tour du monde il y a quelques jours et ceux d'après, je lui montrai ceux avec Bob, avec Clive et je lui remontrai la vidéo de la chanson. Elle resta silencieuse pendant un moment.
-C'est une blague ? 
-Non pas du tout. C'est probablement l'un des gars les plus sympa de notre âge. Il est adorable. Vraiment et il va m'envoyer des pass VIP pour son concert le lendemain de Halloween. 
-Sérieusement ? 
-Ouais. Le 1 novembre, on va au concert du siècle ma chérie.
-Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ? 
-Je ne pouvais pas, j'étais avec Ray et.. non. Je n'ai aucune excuse. Pardonne-moi So'. Et merci d'avoir gardé le secret pour hier soir.
-Enfin, secret, secret, tu n'étais pas très discrète en moto ce matin, je pense que la moitié du lycée t'a vue. Attends.. c'était..
-Oui.
Mon téléphone vibra alors qu'elle allait parler. C'était lui justement. Ray. Je saisis mes écouteurs et en mettais un dans l'oreille de Sophie.

-Salut, bien dormi ? demandai-je en riant.
-Clive t'a envoyé une photo pourrie, je viens de la voir... Je suis un peu deg mais bon. Je voulais savoir si je pouvais poster ta photo en mode Lana Del Rey, du cinéma.
-Oui bien sûr, de toute façon on ne sait pas que c'est moi.

Je voyais Sophie qui commençait à prendre son téléphone et à taper rapidement. 
-En fait je voulais te demander ce qu'avait dit ton agent ce matin quand elle m'a vue sortir de la salle de bain.
-Que j'étais inconscient de ramener une fille dans ma chambre, que je ne me rendais pas compte de l'image que j'allais renvoyer. Du coup je lui ai dit la vérité. À savoir qu'on a juste été au cinéma et que ça avait duré toute la nuit et que tu étais juste venue prendre une douche.
-D'ailleurs en parlant de ça. Il faudrait que je te rende tes habits un de ses jours.
-Oh tu sais..
-J'insiste, tu imagines la tête de mon père si il voit un caleçon de mec dans ma chambre ? Tu veux que je me fasse détruire ou bien ?

Sophie se mit à rire un peu et elle me montra son téléphone. Demande lui s"il veut faire une partie de tennis au Club demain après-midi. 
-Mais non voyons. Et bien écoute, tu peux les déposer demain à l'hô..
-En parlant de demain.. Avec ma meilleure amie on voulait aller faire du tennis, bon, on est des quiches mais bon, ce sera assez drôle, tu veux te joindre à nous.. enfin je veux dire vous voulez vous joindre à nous avec Clive ? 
-Ça aurait vraiment été avec un grand plaisir mais les autres membres du groupe arrivent demain matin et on va commencer les répétitions pour le concert à partir de l'après midi. On se fait ça une autre fois, promis. Tu n'es pas trop déçue ? 
-Je vais juste ne plus jamais te parler, mais à part ça, non je ne suis pas déçue. 
-Moi aussi je.. J'ai une conversation privée là. Tu peux me laisser ? C'est trop demandé d'avoir un peu d'intimité ? lâcha-t-il sèchement à une personne de son staff. Excuse-moi. Oui, ne sois pas trop déçue Sarah, de toute façon on se voit la semaine prochaine. Tu voulais deux pass VIP accès backstage, c'est ça ? Il me faudrait juste le nom de ta copine pour que je l'écrive sur la liste. Ah oui, aussi, après le concert, on fête ça, comme d'habitude, je compte sur toi.. enfin sur vous deux. Ça se passera au Dragon Fly. Il a été privatisé pour l'occasion. 
-En gros tu me dis qu'il faut que je fasse du shopping pour la semaine prochaine, histoire que je te fasse pas honte avec mon jean et mes Converse.
-Sarah. Tu viens comme tu es. De toute façon, moi aussi je serai en Converse. J'en porte toujours pour mes concerts, ce sont mes chaussures porte-bonheurs. Il faut vraiment que j'y aille là, si non je vais me faire assassiner. Salut ! 
-Okay. Bises ! 

Il raccrocha et Sophie retira son écouteur. Elle était abasourdie.

-C'est un truc de fou. Tu te rends compte de ce que cela veut dire ? 
-Pas vraiment non. Mais je suis sûre que tu vas l'adorer.
-Je suis déjà une fan. Et maintenant ma meilleure amie a dépassé ce stade, elle est son amie. Je.. je ne peux pas m'en remettre. Je veux que tu me racontes tout en détail.
Je ne me fis pas prier et en plus de ça, j'avais l'impression d'être libérée d'un grand poids.
-C'est pour ça la vidéo qu'il a faite et qui a fait le tour du monde en quelques heures ? 
-Je n'ai pas vu les retombées en fait. Elle a fait le tour du monde ? 
Sophie prit son téléphone et tapa le #TrollSnotStyle dans Twitter. Il y avait des milliers d'occurrence. C'était juste effarant et j'en étais d'autant plus reconnaissante à Ray d'avoir fait ça pour moi.
-Et tu veux voir la meilleure ? me fit Sophie en riant. 
Elle alla directement sur le profil d'Alexandra.
-Non. Je n'y crois pas..

-Oh si, sourit-elle.
Elle enclencha la vidéo et voir Alexandra se prendre un seau de peinture à la tête était juste jouissif ! J'hurlai de rire avec Sophie et je vis que Brian m'observait de loin et il éclata de rire. Peut-être qu'il ne me regardait pas après tout. Je m'étais peut-être fait une idée. En tout cas, cela me revigora de manière spectaculaire. Elle n'allait plus pouvoir m'appeler Troll Snot maintenant. Je me sentais légère. Mais plus le temps passait plus j'étais décalquée. Et en plus je terminais la semaine par sport avant ma colle.

-Sarah ? Ça va ? 
Sophie me regardait d'un air inquiet alors qu'elle retirait son haut pour enfiler un T-shirt de sport. 
-Ce sont les effets d'une nuit blanche apparemment. Je suis crevée. Je ne sais pas comment je fais pour rester debout. 
Je commençai à me déshabiller et je pliai le Tshirt de Ray pour ne pas l'abîmer avant de le mettre dans mon casier. Je retirais mon jean et commençais à me remettre du déo quand les jacassements normalement incessant des filles s'arrêtèrent. Je me retournai et je vis qu'elles me regardaient toutes dont Alexandra, la bouche grande ouverte. J'enfilai mon T-shirt et secouai la tête mais elles n'avaient pas repris leur bavardage.
-Je peux savoir ce qu'il y a Alexandra ? Tu n'as jamais vu de caleçon de ta vie, c'est pour ça ? Ne t'inquiète pas, ça viendra un jour.. ou pas.
J'enfilai mon short et je sortis des vestiaires avant qu'elle ne dise quoi que ce soit. Sophie était morte de rire. Elle l'était beaucoup moins quand Alexandra m'envoya le ballon de volley droit sur le nez de toutes ses forces et que pour la seconde fois depuis le début de l'année, je tombai au sol avec un énorme mal de crâne. Cette garce allait me le payer amèrement, un jour ou l'autre. J'avais été désignée pour ranger la salle avec d'autres et quand je rejoignis le vestiaire, les filles se mirent à ricaner. Je regardais Sophie qui ne comprenait pas.
-Tu sais quoi McAllister ? Je trouve un peu pitoyable que pour attirer l'attention sur toi, tu te sentes obliger de piquer un caleçon à ton père pour faire croire que tu as un mec, dit Alexandra alors que ses « Alexandrinettes » pouffaient de rire à côté.

Je ne devais pas répondre pas à ça. Je le savais alors je laissais courir. Je me rhabillai et sortis des vestiaires. Mais juste avant je lui lançai un Pense ce que tu veux, c'est sûr que toi tu risques pas de piquer ceux de ton mec, il faudrait déjà que tu passes une nuit avec pour ça. Je devais retourner dans le gymnase parce que j'avais posé ma bague dans un coin et je l'avais oubliée en revenant aux vestiaires.

À la sortie, je vis Brian avec sa copine qui le tenait serrer contre elle, entourée de sa bande de greluches. 
-Sarah attends ! me lança Brian. 
Il venait vraiment de me parler ? J'allai vers lui d'un air suspicieux suivie de Sophie qui me souffla de ne pas l'envoyer bouler sans l'écouter. 
-Je ramène le dîner ce soir en fait, ça m'arrange, c'est sur mon chemin.
-Tout sauf des pizzas.
-Ok. Je me suis arrangé, tu peux sortir à 16h50 de ta colle. Par contre.. tu me dois un service maintenant.

-Je fais du baby sitting pour toi je te rappelle. Je pense que ça vaut bien une heure de colle en moins, non ? 
-Non pas vraiment. Parce que tu l'aurais fait de toute façon. Alors un jour je te demanderai une faveur et tu devras m'aider. 
-Je veux un délai raisonnable pour l'exercice de cette faveur.
-Un an, finit-il par dire.
-Non, tu as jusqu'à la fin de l'année civile pour me demander cette faveur et si elle est dégradante, je pourrais refuser sans avoir de représailles. Et si c'est une faveur sexuelle que tu me demandes, la réponse est même pas en rêve. 
-Okay. Même si il faudrait bien que je sois complètement drogué et alcoolisé pour te demander une faveur sexuelle. 
-Cela va s'en dire mais comme tu ne bois absolument jamais, ça ne risque pas d'arriver. 
-Tu es con McAllister quand tu t'y mets.
-Toi aussi Miller. À ce soir du coup.

Je tournai les talons pour aller à ma colle. C'était juste pas possible. Il ne pouvait pas me parler sans finir par une insulte ou une pique. Je trouvais ça agaçant. Sophie avait décidé de se porter volontaire pour les décorations du bal pour ne pas que je sois toute seule. Elle était vraiment gentille et en plus elle était appliquée. Vers 16h30, son téléphone sonna c'était sa mère. Elle leva les yeux au ciel.
-Sarah, ma mère demande si je peux dormir chez toi ce soir ? 
-Oui bien sûr. Demande lui si mon père ne peut pas t'adopter comme ça tu n'aurais pas besoin de demander la permission pour venir à la maison. 
Sophie se mit à rire en me faisant les gros yeux.
-Oui. Oui. Bonne soirée maman, dit-elle en raccrochant.
-Envoie un message à Brian pour lui dire que tu es là ce soir, j'ai pas envie de le faire. 
Je continuai ma peinture jusqu'à ce que l'heure d'aller chercher Tom arrive. J'allai me laver les mains et avec Sophie, on se rendit à l'école primaire. Tom arriva en courant avec un de ses copains.
-Salut ! Je croyais que c'était maman qui venait me chercher ! 
Je me penchais à son niveau et lui caressait un peu la joue. 
-Tom.. Ta grand-mère a eu un accident et ta mère est partie pour voir comment elle allait. Alors tu restes avec Brian et moi ce week-end. 
-Mais Clark devait venir dormir à la maison ce soir.
-Ça ne change rien. On te prend avec nous. Plus on est de fou, plus on rit.
Je vis une femme qui avait à peu près l'âge de Mary s'avancer vers moi avec son tailleur chic et ses hauts talons. 
-Excusez-moi mademoiselle, vous êtes la sœur de Tom ? 
-Hum..oui. Il y a un souci ? 
-Absolument pas, mon fils voulait inviter votre frère à dormir demain soir à la maison. Je voulais demander à votre mère mais elle n'est pas là.
-Non, en effet, ma belle-mère a dû se rendre au Texas de toute urgence et Brian et moi devons garder Tom ce week-end aussi, si vous voulez le prendre demain soir, je n'y vois pas d'inconvénient. 
-Oh et bien c'est ce que je voulais savoir, sourit la working-girl. Comme ça cela vous libèrera d'une obligation. Je viendrai le chercher vers 18h..
-Très bien. Est-ce que je peux prendre votre numéro en cas de souci de dernière minute ?

Elle me le donna et après un petit signe, elle rentra dans sa Audi avec chauffeur. Sophie et moi casâmes tout le monde dans sa voiture en direction de la maison où elle nous déposa avant de repartir chez elle pour quelques heures. Tout ce que j'espérais c'était que le baby-sitting de Tom et de son copain allait bien se passer. J'envoyai quand même un message à Brian pour lui annoncer que l'ami de son petit frère restait là. Finalement, j'étais bien contente que Sophie revienne le soir. Parce que entourée de garçons, je ne savais pas vraiment comment j'allais m'en sortir.